12.3.09







COMMENT CRÉER UN “BROKEN COLOR”

Chuck Chapman est un hybrideur canadien qui se crée petit à petit une intéressante réputation dans le petit monde des iris. Il s’est fait connaître en premier lieu dans le domaine des iris nains SDB. Après l’avoir « loupée » deux ans de suite (2004 et 2005) son SDB ‘Ruby Eruption’ (97) ¹ a décroché la Cook-Douglas Medal, sommet de la catégorie, en 2006. Au cours des même années son ‘Forever Blue’ (96) a disputé la préséance au précédent, ce qui n’est pas mal non plus. Dans le domaine des grands iris, ‘Artist’s Palette’ (2000) et surtout ‘Sergeant Preston’ (2000) ont été remarqués dans les compétitions tant américaines qu’européennes.

Il est à l’origine d’une théorie concernant l’inhibition des pigments anthocyaniques qui a fait l’objet ici d’une chronique publiée en 2006, dont voici un extrait : « … la pureté idéale représentée par le modèle glaciata pourrait être encore plus dégradée que dans le cas des luminatas qui constitueraient un premier degré de dégradation. A un second degré, seule une zone franchement blanche, sous les barbes, serait nettoyée des pigments anthocyaniques. Au troisième degré, il n’y aurait plus que les barbes à être franchement blanches. Enfin, lorsque l’inhibition est totalement absente, on serait en présence d’une fleur parfaitement envahie par les pigments anthocyaniques et donc d’un bleu, d’un violet ou d’un brun (à cause de l’effet conjugué des deux familles de pigments) sans trace de blanc, un anti-glaciata, en quelque sorte. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement ‘gouachés’ d’anthocyanine. » Jusqu’à présent personne ne l’a contredit.

Actuellement il s’intéresse aux iris aux couleurs brisées (BC) et a proposé il y a quelques semaines sur le forum « iris-photos » les trois images ci-dessus qui montrent bien l’évolution aboutissant à un BC à partir de deux plicatas très différents, tous deux apparentés à des BC.

L’un des parents est ‘Eramosa Blushing Bride’ (Chapman 2005) lui-même issu du croisement entre un luminata-plicata non enregistré et un BC particulièrement spectaculaire, ‘Autumn Years’ (Ensminger 95). Pedigree : (Colortart x Gigolo) X Autumn Years. L’autre est un autre semis non enregistré provenant d’un plicata classique violet/blanc et d’un BC violet/rose, ‘King Tush’ (Kasperek 97). Le pedigree du semis 06-578-1 s’écrit donc : Eramosa Blushing Bride X (semis plicata x King Tush).

On voit bien que ‘Eramosa Blushing Bride’ n’est pas très typé plicata. Il est d’ailleurs décrit de la façon suivante : « Pétales rose pâle, teinté de bleu argenté ; Sépales rose pâle lavés de bleu argenté, lignes plus sombres autour des barbes et aux épaules, légères griffures sur les bords ; barbes mandarine… » Quant à l’autre parents, numéroté 03-446-1, jaune, son caractère plicata se limite à des stries brunes aux épaules et sous les barbes. Le semis issu de ce croisement rassemble les traits de ses deux parents tout en revenant aux origines BC de ceux-ci. Le résultat, à première vue, n’est pas franchement satisfaisant car la fleur à l’air bien banal, et ses couleurs ne sont pas assez contrastées, mais son intérêt est plus pédagogique qu’esthétique. Il met à la portée de n’importe quel amateur la possibilité d’obtenir des iris aux couleurs brisées. Les avis son très partagés sur les avancées présentées par ces sortes de fleurs, pour lesquelles la sélection doit être particulièrement rigoureuse afin de ne garder que les iris « techniquement » et esthétiquement réussis. Sur ce point, le semis Chapman ne devrait pas constituer une étape marquante, mais c’est un cas d’école bien instructif.

(¹) ‘Ruby Eruption’ est un enfant du SDB de Paul Black ‘Chubby Cheeks’ dont le portrait a été esquissé ici en janvier 2009.

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