20.3.09
















BEAUX BRUNS D’AMÉRIQUE

Brighton Park est un jardin de Chicago qu’administre Carlos Ayento. Ce dernier poursuit le projet de mettre sur le net une photo de tous les iris enregistrés par la maison Schreiner depuis son origine. Tâche ambitieuse et difficile qui est en passe de s’accomplir. Il vient de publier toute une série de photos de variétés anciennes, surtout des années 40 et 50, intéressantes à plus d’un titre. J’ai été frappé par la présence dans ce large choix de nombreux iris bruns, ou cuivre, tous remarquables par la rutilance de leurs couleurs.

Profitons de l’occasion pour faire un voyage dans le temps au pays des iris bruns.

L’histoire des bruns et celle des « rouges » se chevauchent à tous moments. C’est que la différence se situe dans la dose de pigments anthocyaniques qui s’ajoute aux pigments caroténoïdes pour produire du brun. Le « rouge », qui est en fait un brun-rouge, est assez courant chez les grands iris, beaucoup plus que le brun proprement dit ou ses dérivés, cuivre, bronze, ocre… Tenons-nous cette fois à cette couleur mordorée ou cuivrée qui n’est pas si fréquente dans le domaine floral. Il n’y a guère que les chrysanthèmes, avec les iris, à arborer cette robe.

L’un des tout premiers à pouvoir être rangé dans ce coloris est le fameux ‘Jean Cayeux’ (Cayeux F. 1931). Il n’a pas tardé à prendre le bateau pour les Etats-Unis et y a fait souche. L’un de ses premiers descendants à s’être illustré se nomme ‘Copper Lustre’ (Kirkland 1934), qui a enlevé la Médaille de Dykes en 1938. Comparé aux autres variétés de son époque, ce n’était pas une plante bien réussie, mais pour ce qui est de la couleur, en revanche, elle était au top. Cependant celui à qui on doit l’avancée la plus significative en matière d’iris brun est le docteur Rudolph Kleinsorge, de Silverton en Oregon. Pour simplifier, nous dirons que son parcours avec les bruns a commencé avec deux variétés incontournables : ‘Tobacco Road’ (41) et ‘Mexico’ (43). Le croisement de ces deux variétés a donné naissance à de nombreux cultivars bruns intéressants dont ‘Bryce Canyon’ (44), ‘Pretty Quadroon’ (48) et aussi, chez Grant E. Mitsch, ‘Inca Chief’ (52), qui sont à la base de la plupart des iris bruns et mordorés. ‘Bryce Canyon’ est à l’origine de ‘Copper Medallion’ (Schreiner 51) et de ‘Ginger’ (Schreiner 53) ; ‘Pretty Quadroon’ se trouve derrière ‘Tijuana Brass’ (Schreiner 67), en compagnie, d’ailleurs de ‘Inca Chief’, qui a engendré ‘Olympic Torch’ (Schreiner 56), ‘Brass Accents’ (Schreiner 58), ‘Brasilia’ (Schreiner 60), ‘Bronze Bell’ (Schreiner 55), ‘Gaylights’ (Schreiner 65), pour ne faire référence qu’aux variétés Schreiner dont les photos ont été récemment publiées par Carlos Ayento. A la génération suivante, il y a ‘Bronze Bell’ (Schreiner 55) venant de ‘Copper Medallion’, ‘Ginger Snap’ (Schreiner 65) venant de ‘Brass Accents’, tout comme ‘Honey Chiffon’ (Schreiner 71), quant à ‘Roman Copper’ (Schreiner 73) et ‘Hot Line’ (Schreiner 81) ils ont ‘Olympic Torch’ dans leur ascendance.

Parallèlement aux recherches de R. Kleinsorge, d’autres hybrideurs ont aussi été tentés par les iris mordorés. Pour n’en citer que trois, évoquons Jacob Sass (quel domaine lui a été étranger ?) et son ‘Sunset Serenade’ (41) puis Fred DeForest avec ‘Casa Morena’ (41) ou ‘Argus Pheasant’ (47), le second iris brun à avoir été décoré de la Dykes Medal en 52, dont le pedigree est (Casa Morena X Tobacco Road), c’est à dire un pont entre les filières Kleinsorge et DeForest. Le même genre d’union relie la filière Kleinsorge et la filière Sass dans le déjà nommé ‘Copper Medallion’. Le troisième est l’autre frère Sass, Hans ; son ‘Prairie Sunset’ (39), plus vieux rose que cuivre, fait aussi partie des initiateurs des iris bruns, puisqu’on le découvre dans le pedigree de ‘Ginger’, en compagnie de ‘Bryce Canyon’ (filière Kleinsorge) et de ‘Casa Morena (filière DeForest). A noter qu’il est aussi l’un des parents de ‘Sunset Serenade’, ce qui prouve que les différentes filières se sont très vite mariées, chacun profitant des avancées de l’autre.

On pourrait continuer de rechercher les descendants des variétés citées. Mais aujourd’hui les différentes origines sont tellement mêlées que l’on ne démontrerait plus rien du tout, sinon que l’amélioration du coloris mordoré ne s’est pas arrêtée et qu’il y a des gens qui continuent dans cette voie.

1 commentaire:

Carlos a dit…

Greetings Sylvain,

Thank you for posting my photographs. I have some better photographs that I will be posting very soon.

Carlos
Brighton Park Iris