6.2.09







‘PAUL BLACK’
Une plante d’avenir


C’est un ami breton, grand amateur d’iris, qui m’a dit : « Tu devrais faire le portrait de ‘Paul Black’, c’est le plus bel iris que je connaisse. » J’ai donc entrepris mes habituelles recherches généalogiques. Elles n’aboutissent pas à des constatations surprenantes, mais elles démontrent que c’est avec de bons iris qu’on en fait de meilleurs.

‘Paul Black’ (Tom Johnson 2002) est décrit ainsi dans le R&I de 2002 : TB, 42’’ (107 cm), ML. Medium dark purple blue ; beards dark orange ; pronounced spicy fragrance. Tom Johnson X Star Fleet. Traduction : Grand Barbu, (107 cm), Tardif Moyen. Bleu pourpré plutôt sombre ; barbes orange sombre ; parfum épicé prononcé. Tom Johnson X Star Fleet.

Avec sa haute taille et ses larges fleurs, c’est un iris qui en impose. Au jardin il est tout de suite remarqué. D’autant plus que ses barbes flamboyantes ajoutent à son attrait. C’est une variété qui, d’emblée, a retenu l’attention des amateurs et des juges. Son parcours dans la chaîne des honneurs a, jusqu’à présent, été sans reproches : HM en 2005, avec 169 votes, premier nommé et, par conséquent vainqueur de la Walther Cup (meilleur espoir) ; la même année Florin d’or au concours de Florence ; AM en 2007, premier cité, avec 197 votes. On peut parier qu’en 2009 il se trouvera en première ligne pour la Wister Medal (meilleur TB) et en route pour la Dykes Medal ! Ce parcours élogieux dénote un iris des qualités qui dépassent le seul aspect, déjà remarquable. La plante est de bonne qualité, pousse bien et vite, ne souffre pas de maladies… Mon ami s’en porte garant, lui qui l’utilise volontiers pour ses croisements. Il n’est sûrement pas le seul et dans les années à venir nous verrons venir plein de nouvelles variétés issues de ‘Paul Black’. Pour l’instant, il n’y a que Tom Johnson lui-même qui ait enregistré certains de ses premiers descendants.

Le parent femelle de ‘Paul Black’ s’appelle ‘Tom Johnson’ (Paul Black 96). Dans l’équipe Black/Johnson, on s’échange les hommages. Celui-là n’est pas mal non plus et, sans avoir un palmarès aussi prestigieux que celui de son descendant, il a tout de même obtenu le HM dès 98 (4eme position), l’AM en 2000 (3eme position), en 2003 il est 3eme sur le podium de la Wister Medal et, en 2004 puis en 2006 il rate d’un cheveu la Dykes Medal. C’est une fleur très sombre, aubergine, avec des barbes minium.

Le « père » est ‘Star Fleet’ (Keppel 93) HM en 95, et médaille de bronze à Florence en 98. C’est tout. Question coloris, il se présente en indigo foncé, souligné par des barbes vermillon et du brun rougeâtre aux épaules.

Le pedigree de ‘Tom Johnson’ ne présente pas de difficulté d’interprétation : côté féminin, il y a ‘Witches’ Sabbath (Maryott 86), une variété importante dans la recherche des iris « noirs » à barbes colorées. Il n’est pas « noir », à proprement parlé, mais d’un violet pourpré très foncé avivé par des barbes moutarde. Côté masculin, on trouve ‘In Town’ (88), un australien de Barry Blyth, très utilisé en hybridation, issu lui-même d’une grande famille puisqu’il a cinq frères enregistrés (1). C’est un neglecta aux pétales lavande et aux sépales outremer, avec indéniablement un air de famille justifié avec le fameux ‘Cabaret Royale’ (Blyth 76) que l’on découvre derrière ‘Magic Man’ (Blyth 79), « père » de ‘In Town’. Parmi les ancêtres de ‘Witches’ Sabbath’, il y a un vaste panel de variétés remarquables, avec l’inévitable ‘Snow Flurry’, mais aussi le noir ‘Dark Boatman’, le bleu ‘Pierre Menard’ et les Médailles de Dykes ‘Chivalry’, ‘Debbie Raidon’, ‘New Moon’, ‘Pacific Panorama’ et ‘Shipshape’. Rien que du beau monde.

Tout se complique avec ‘Star Fleet’. Celui-ci fait partie des iris signés Keppel qui se trouvent au bout d’une chaîne parentale horriblement compliquée. Il serait bien fastidieux d’énumérer les différents croisements qui, entrecroisés, ont abouti à ce ‘Star Fleet’. Contentons-nous donc de repérer ceux de ses ancêtres qui méritent d’être mis en évidence.

Le premier qui se présente est ‘Intuition’ (Ghio 77), un iris bleu marine orné d’une barbe brun doré. C’est une variété qui transmet à ses descendants la possibilité de barbes brunes ou rouges. De son côté on s’aperçoit que ‘Star Fleet’ a de nombreux ancêtres communs avec ‘Tom Johnson’, et surtout ‘Witches’ Sabbath’ : ‘Pierre Menard’, ‘Chivalry’, Pacific Panorama’, ‘Shipshape’… Mais chez ‘Star Fleet’ il y a également du « rouge », notamment grâce à ‘Orangerie’ (Keppel 82) et ‘Lady Friend’ (Ghio 81). Les épaules grenat qui le caractérisent proviennent très certainement de cette partie de son pedigree.

‘Paul Black’, qui pousse si bien en Bretagne, n’a pas fini de faire parler de lui. Peut-être parviendra-t-il au sommet de la pyramide des honneurs en 2010. C’est en tous cas une éventualité tout à fait envisageable, et ce ne serait pas usurpé car cette suprême distinction rendrait justice à un obtenteur de premier plan et à une association d’hybrideurs, Black et Johnson, comme on n’en rencontre pas tous les jours.

(1) Il en a été question ici en 2004.

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