16.1.09







POUR PROLONGER LE PLAISIR

avec les spurias

C’est Réjean D. Millette, l’amateur d’iris canadien, auteur de « Les Iris » (Editions de l’Homme, Québec, 2007), qui le dit : « Si vous cultivez des iris barbus avec succès, vous pouvez cultiver des iris spurias, qui ne sont pas aussi difficiles que certaines autres espèces non barbues. » En plus, ces spurias ont la bonne idée de fleurir aussitôt après les grands iris, de sorte qu’ils assurent ainsi une prolongation du plaisir.

Ils ne sont pas très connus, sans doute parce que leur développement ne date que des années 50, ce qui n’est rien à côté des grands iris qui, eux, sont cultivés depuis 150 ans. Pourtant c’est le célèbre botaniste anglais Michaël Foster (1836/1907) qui, vers 1870, fut le premier à s’intéresser aux spurias. En croisant I. orientalis et I. crocea, il obtint un hybride qu’il baptisa ‘Shelford Giant’ qui, outre sa haute taille, avait la couleur blanc crémeux à signal doré de I. orientalis, une espèce originaire de Turquie mais qu’on rencontre aussi dans les îles de la mer Egée, Lesbos ou Samos. Mais laissons la parole à Clarence E. Mahan à propos du travail de Sir Michaël Foster : « Le plus célèbre spuria obtenu par Foster est un cultivar en deux tons de bleu qu’il nomma ‘Monspur’. Ce nom est dérivé de deux espèces dont Foster pensait qu’elles étaient ses parents : Iris monnieri et Iris spuria. » En fait ‘Monspur’ ne proviendrait pas de l’espèce connue de nos jours sous le nom de spuria, mais plutôt d’une sous-espèce, soit halophila soit musulmanica. C’est du moins ce que laisserait à penser l’analyse chromosomique des plants de ‘Monspur’ dont on dispose, mais on n’est pas sûr qu’il s’agisse du vrai cultivar obtenu par Sir Michaël. En tout cas le nom de ‘Monspur’ est pratiquement devenu synonyme de spuria ! En compagnie du blanc crémeux ‘Shelford Giant’ il est à la base des spurias modernes.

Celui qui parle le mieux du développement des iris spurias est Geoffrey Stebbings dans son livre «The Gardener’s Guide to Growing Irises » (David and Charles, 1997). « … le vrai travail d’hybridation des spurias a commencé en Californie dans les années 40. C’est là que Eric Nies utilisa ‘Monspur’ pour créer une série d’iris qui eurent tellement d’importance qu’on a donné le nom de « Eric Nies Award » à la récompense annuelle suprême pour les spurias. Quand il mourut, Marion Walker récupéra son stock et introduisit plusieurs de ses derniers semis, qui restent parmi les meilleurs aujourd’hui et comprennent le bleu-violet populaire ‘Ruth Nies Cabeen’ (40) et ‘Sunlit Sea’ (56), un bleu moyen avec un signal jaune profond sur les sépales. »

Depuis ces temps héroïques, les spurias ont évolué. Les fleurs ont pris de l’ampleur, l’apparence « araignée » des premières a fait place à quelque chose de plus volumineux, aux pétales comme aux sépales, et l’on a vu apparaître quelques ondulations. Le choix des couleurs s’est aussi agrandi : au blanc centré de jaune des débuts s’est ajouté le blanc pur, le mauve, le jaune parfait et le brun, souvent associé au jaune pour une sorte de plicata.

Au temps d’Eric Nies, Carl Milliken a enregistré ‘White Heron’ (48 –E.Nies 58) et surtout le jaune ‘Wadi Zem-Zem’ (53 –E.Nies 56) qui a l’avantage d’être résistant aux attaques de virus, ce qui est important chez des iris qui avant lui étaient très sensibles à ces infections.

C’est à partir des variétés signalées ci-dessus, et de quelques autres de moindre importance, que s’est développée l’hybridation des iris spurias. Après Eric Nies, Carl Milliken et Marion Walker, le flambeau a été repris par Walker Ferguson puis Ben Hager qui a dominé le monde des spurias pendant de nombreuses années avant que Dave Niswonger ne vienne rafler toutes les récompenses (entre 1999 et 2008 il a remporté huit Nies Award, ne laissant la place qu’en 2000 à Ben Hager et en 2008 à Charles Jenkins). Aujourd’hui les grands spurias à 2n=40 chromosomes, du haut de leur 1.00 m. ou 1.20 dominent nos fins de saison dans un choix de plus en plus complet de couleurs puisque même l’orange fait partie de la panoplie. Ils n’ont jamais été adulés comme le sont les grands iris, mais ils tiennent une place qui s’affirme d’année en année.

LISTE DES ERIC NIES AWARDS 1999/2008.

1999 = ‘Sultan’s Sash’ (Niswonger 90)
2000 = ‘Ila Remembered’ (Hager 92)
2001 = ‘Missouri Springs’ (Niswonger 94)
2002 = ‘Sunrise in Missouri’ (Niswonger 95)
2003 = ‘Missouri Sunset’ (Niswonger 95)
2004 = ‘Missouri Rainbows’ (Niswonger 97)
2005 = ‘Missouri Iron Ore’ (Niswonger 97)
2006 = ‘Adriatic Blue’ (Niswonger 96)
2007 = ‘Missouri Orange’ (Niswonger 98)
2008 = ‘Elfin Sunshine’ (Jenkins 98)

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