10.10.08











MTB : DE PLUS EN PLUS DE SUCCÈS

En américain on dit MTB, qui signifie Miniature Tall Bearded. En français on traduit soit par Grand Iris Miniature (ce qui est plutôt antinomique) ou Iris de Table. On considère que ces iris sont issus principalement d’I. variegata et d’espèces assez voisines, notamment I. rudskyi.

On ne s’attardera pas sur I. variegata, ce petit iris jaune clair et violacé, aux sépales fortement striés qui, par ailleurs, a servi de point de départ à plusieurs autres groupes ou modèles d’iris hybrides. Mais on peut dire un mot de I. rudskyi Horvat 1947.

Certains s’interrogent à son sujet : s’agit-il vraiment d’une nouvelle espèce ou plutôt d’une sous-espèce de I. variegata ? Voici ce que Claire Austin, dans son livre « Irises, a Gardener’s Encyclopedia », écrit à son sujet : « Cette espèce est semblable à I. variegata mais a des fleurs d’un coloris plus soutenu. Les pétales sont caramel et, à bien y regarder, marqués d’un ton plus sombre. Les sépales blancs, très étroits, sont richement veinés de pourpre. Les barbes, plutôt petites, sont blanc pointé de jaune vers l’arrière. Hauteur : 30 cm. » La photo ci-dessus confirme cette description.

Le cocktail MTB contient aussi, selon « The World of Irises », quelques autres espèces :
Iris cengialtii, petit iris diploïde (45cm), bleu à barbes blanches, souvent considéré comme une sous-espèce de Iris pallida ;
Iris illirica, très voisin du précédent, originaire de la côte dalmate ;
Iris perrieri, voisin d’Iris aphylla, mais diploïde, d’un bleu profond, que l’on trouve encore dans les Alpes, dont la description a été faite par Marc Simonet en 1935 ;
Iris reginae, petit iris plicata, voisin de Iris variegata dont il est souvent considéré comme une sous-espèce.
Mais, avec le temps, d’autres espèces ont été ajoutées.

Ces iris ont donné naissance à des hybrides somme toute discrets mais qui ne manquent cependant pas d’intérêt pour les collectionneurs comme pour les fleuristes.

Bien qu’ils soient apparus très tôt dans l’histoire des iris, il fallut attendre les années 50 pour que soient définis leurs traits spécifiques. On parlait déjà d’iris de table dans les années 30, mais la désignation MTB n’est apparue qu’avec la définition du groupe. Ce sont Mary Williamson, au début, puis Alice White, dans les années 50, qui ont misé sur les iris de table, en faisant valoir leur intérêt décoratif tant pour le jardin que pour la fleur coupée. C’est d’ailleurs pourquoi la médaille catégorielle qui est dédiée aux MTB se nomme la Williamson-White Medal.

Ils se présentent avec des tiges fines et flexueuses, atteignant au maximum 70cm de haut (le mieux est de s’en tenir aux alentours de 55cm), portant des fleurs gracieuses ne dépassant pas 15cm de large, et fleurissant en même temps que les grands iris. Beaucoup moins spectaculaires que ces derniers, ils ont longtemps été un peu dédaignés par les hybrideurs. Mais depuis quelques années ils connaissent un regain d’intérêt sensible, surtout depuis qu’ils ne sont plus simplement diploïdes. En effet on trouve de plus en plus de tétraploïdes, plus riches en coloris et plus ondulés ou frisés, obtenus par l’apport de gènes d’iris de bordure (BB). En particulier aux USA, parce qu’en Europe, on n’en voit pas encore beaucoup. Cependant leur vigueur, leurs faibles besoins en surface de jardin, qui autorise leur culture sur un balcon, une terrasse ou une rocaille devrait leur valoir d’apparaître enfin dans les catalogues.

Dans la catégorie des MTB on trouve désormais toutes les couleurs et associations qui existent chez les grands barbus (TB) sur de mignonnes petites fleurs, qui s’épanouissent en grand nombre sur des touffes qui prennent vite de l’importance.

Cette année, la Williamson-White Medal est revenue à ‘Maslon’ (D. Spoon 2002), variegata classique, devant ‘Somewhat Quirky’ (R. Probst 97) amoena bleu tendre, et ‘Yellow Flirt’ (K. Fischer 97), jaune vif à barbes mandarine. Ce dernier obtenteur est accoutumé des récompenses : ses iris ont remporté déjà six fois la Williamson-White Medal ! Par ailleurs ‘Dividing Line’ (Bunnell 2005), amoena violet joli et original, s’est classé troisième pour la Ben Hager Cup.

Les MTB ne semblent guère inspirer les Européens. D’après Lawrence Ransom : « En Grande-Bretagne, à ma connaissance, Olga Wells est la seule personne / hybrideur qui s’est intéressée aux MTB. En France, Jean Peyrard a enregistré ‘Petite Celia’ (2005) ». On ne trouve qu’une autre variété française qualifiée de MTB. Il s’agit de ‘Psy’ (Ransom 94) qui présente la particularité d’être l’enfant d’un couple russo-britannique, puisque sa « mère » est I. astrachanica (une espèce rare, seulement décrite en 1961 par Rodionenko, qui est voisine de I. scariosa c’est à dire un petit iris barbu, proche de I. pumila, de couleur variable mais le plus souvent jaune) et son « père » le MTB ‘Welch’s Reward’ (Welch 87).

Selon L. Ransom, qui en a eu jusqu’à 22 variétés à la vente, les MTB « sont très rapidement suffoqués par les mauvaises herbes, contrairement aux SDB, IB et TB qui eux peuvent survivre même quand très envahis sur quelques années ». C’est peut-être là une des raisons de l’indifférence constatée à leur sujet, alliée au fait que, peu connus, ils ne présentent pas pour l’instant de véritable intérêt commercial. Les Américains règnent donc pratiquement sans partage en ce domaine.

NB : Aux Pays-Bas, le franco-hollandais Loïc Tasquier se fait le champion de ce qu’il faut bien appeler une nouvelle catégorie d’iris qui a été créée par Paul Black. Les fleurs sont petites mais très nombreuses grâce à la multiplicité des tiges florales. Issus de grands iris classiques, d’iris de table (MTB) et de l’espèce I. aphylla, ils allient les traits particuliers de chacun de ces géniteurs pour donner quelque chose de nouveau qui présente des qualités intéressantes pour le jardin et qui pourraient avoir plus de succès que les véritables MTB.

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