12.9.08







AVANT ‘CAHOKIA’

Si le bleu est la couleur la plus courante et la plus appréciée chez les iris, il n’a été ni simple ni facile qu’elle atteigne la perfection. A l’inverse d’autres couleurs qui ont progressé par étapes majeures, le bleu a évolué lentement, se purifiant ou s’approfondissant peu à peu. Cela ne veut pas dire qu’aucun iris marquant ne soit apparu. Mais ceux auxquels ont pense résultent d’une évolution constante et n’ont constitué que des points de passage, sans qu’il y ait une véritable rupture.

Le bleu le plus pur, c’est à dire exempt de violet, existait bien avant que l’on ne découvre les puissants iris tétraploïdes. Ces derniers, que l’on qualifie souvent de bleus, sont plus violacés que réellement bleus, et l’influence de ce coloris a été telle qu’il a été difficile de s’en débarrasser et de retrouver le bleu azur des anciens diploïdes.

Parmi ces derniers, le bleu était bien représenté. Dès 1858, ‘Céleste’ (Lémon) avait atteint une délicieuse pureté. Près d’un demi-siècle plus tard, ‘Mady Carrière’ (Millet 1905) n’arrivait pas à faire mieux !

C’est dans les années 20 que, sur le sol de France, de nouveaux bleus très jolis voient le jour A commencer par ‘Sensation’ (Cayeux F. 1925) qui est l’équivalent des meilleurs bleus américains du moment, comme ‘Conquistador’ (Mohr 1920) ou l’incontournable ‘Santa Barbara’ (Mohr-Mitchell 1925), un bleu clair tétraploïde à l’origine d’une grande partie des bleus actuels après une vingtaine de générations. ‘Sensation’ a été précédé par une variété très belle bien que beaucoup moins connue : ‘Idéal’ (Cayeux F. 1923). Quelle délicatesse, quelle profondeur dans la couleur ! Dans la même lignée on trouve ‘Zampa’ (Cayeux F. 1926), qui se présente avec les mêmes qualités. Enfin, toujours en France, c’est la maison Millet, rivale des Cayeux, qui, pour une fois, remporte le pompon, en 1930, avec ‘Paulette’.

La main passe. Les années trente sont, en matière d’iris bleu, avant tout américaines, avec des variétés qui ont fait le tour du monde, comme ‘Santa Clara’ (Mohr-Mitchell 31), ‘Sierra Blue’ (Essig 32 – DM 35) et, surtout, les deux grands champions que furent ‘Missouri’ (Grinter 32 – DM 37) puis ‘Great Lakes’ (Cousins 38 – DM 42). Quels que soient leurs mérites, je pense néanmoins que le bleu de ces fleurs-là est moins pur et moins joli que celui des français de la décade précédente.

La tentation était grande d’unir ‘Missouri’ et ‘Great Lakes’. L’union a eu lieu. En est résulté un troisième vainqueur de la DM : ‘Chivalry’ (Wills 43 – DM 47), puis, à la génération suivante, un quatrième : ‘Blue Sapphire’ (Schreiner 53 – DM 58) – une belle famille !

Des magnifiques iris français, les Américains ont surtout retenu ‘Sensation’. C’est ainsi que cette variété, mariée à un autre bleu d’origine américaine, ‘Gloriole’, se trouve à l’origine du bleu très pâle ‘Helen McGregor’ (Graves 43 – DM 49), lequel, uni à un descendant de ‘Great Lakes’, a donné naissance à ‘Jane Philips’ (Graves 49), le point de départ d’une longue lignée de bleus. Celle-ci arrivera à être unie à celle générée par ‘Cahokia’ (Faught 46), issue d’une autre branche de la famille de ‘Santa Barbara’ et ‘Santa Clara’, pour créer les grands bleus des temps modernes. Mais ceci est une autre histoire, qui a d’ailleurs déjà été contée ici.

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