22.8.08











LE FACTEUR MANDARINE

Une des caractéristiques des iris rose orchidée apparus dans les années 30 était de présenter des barbes couleur mandarine. Cette vive couleur avait pour avantage de donner plus d’éclat aux fleurs qui l’arboraient et les hybrideurs de l’époque se sont efforcés de rendre ces barbes d’un orange plus vif, puis de les faire apparaître sur des fleurs d’une autre teinte que rose violacé.

Mais pour arriver au résultat recherché, il y a deux chemins : soit en modifiant la couleur des pièces florales tout en conservant les barbes d’origine, soit en transférant les barbes mandarines vers des fleurs d’une autre couleur. Ces deux chemins ont été utilisés.

Melba Hamblen fait partie de ceux qui ont essayé la première voie. Elle a croisé des roses et des bleus. Par ce moyen elle a obtenu ‘Enchanted Violet’ (57) qui n’est ni rose ni bleu, mais plutôt couleur bruyère, avec des barbes orangées. Mais il lui fallut pas mal d’obstination pour parvenir, quinze ans plus tard, à ‘Tipperary’ (72), qui peut être considéré comme le plus achevé, pour son époque, des iris bleus à barbes rouges.

Orville Fay, lui, a choisi la deuxième voie. Il a décidé de créer des blancs à barbes rouges. Il a croisé des iris blancs, notamment ‘New Snow’, avec des roses orchidée à barbes mandarines, mais le résultat, long à venir, fut plutôt un iris mauve, porteur des fameuses barbes, qui allait devenir l’un des plus utilisés en hybridation de tous les temps : ‘Rippling Waters’ (61). Dans le domaine des mauves – ou violets – à barbes mandarine, il a pour descendants des variétés aussi répandues que ‘San Leandro’ (Gaulter 68) ou ‘Lilac Treat’ (Niswonger 70), mais aussi ‘Raspberry Ripples’ (Niswonger 69), ‘Space Blazer’ (Gibson 76), ou ‘Mulled Wine’ (Keppel 82). Il y a beaucoup d’autres variétés, dans un vaste choix de coloris ou de nuances, qui ont hérité des barbes mandarines de ‘Rippling Waters’, comme par exemple ‘Country Lilac’ (Hamblen 71).

Des blancs à barbes rouges, il y en a eu très vite, et les travaux d’Orville Fay ont payé : à commencer par ‘Lipstick’ (54) et surtout son descendant ‘Arctic Flame (57). ‘Christmas Time’ (Schreiner 65) fait partie de la descendance d’ ‘Arctic Flame’, et on lui doit de très nombreux blancs à barbes minium, comme ‘Startler’ (Schreiner 78), Filoli (Corlew 82) ou les français ‘As de Cœur’ et ‘Neige de Mai’ (Cayeux 78).

Dans l’association bleu + barbes rouges, on est arrivé aujourd’hui à d’excellents résultats, mais le chemin a été long et plein d’embûches. L’une des pierres angulaires de ce coloris fut ‘Marquesan Skies’ (Blocher 67), dérivé d’un frère de semis de ‘Arctic Flame’. Keppel l’a utilisé avec succès pour son ‘Actress’ (76), très apprécié, et ‘Fire Water’ (77) moins connu. ‘Skyblaze’ (Keppel 87 –FO 90) est issu à la fois de l’un et de l’autre, tout comme le très joli ‘Douce France’ (Anfosso P. 88). Parmi ses propres descendants se trouvent les deux frères de semis de Richard Cayeux ‘Eau Vive’ et ‘Princesse Caroline de Monaco’ (97). Celui-ci, en plus de porter l’un des noms les plus longs du catalogue, arbore une barbe rouge minium qui fait son succès.

Le facteur mandarine, qui intriguait tant les hybrideurs des années 30/40 c’est ainsi répandu dans toutes les couleurs. Après les rose orchidée, les blancs et les bleus, on pourrait parler des jaunes, et même des noirs.

Pour les jaunes, on peut même dire que ce n’est pas la barbe mandarine qui leur a été adjointe, mais au contraire que c’est la barbe mandarine qui leur a apporté une amélioration remarquable. En apportent la preuve ‘Techny Chime’ (Reckamp 55), Rainbow Gold’ (Plough 59), puis ‘Temple Gold’ (Luihn 77), ou ‘Flaming Victory’ (Weiler 83). Ce dernier a donné naissance à un tas de jaunes très riches avec des barbes allant du vieil or au mandarine et au rouge vif, comme ‘Throb’ (Weiler 91), ‘Amarillo Frills (Hager 2002) et ‘Lunar Flame’ (Shockey 92).

Les barbes minium ont aussi fait leur apparition sur les fleurs noires. Cela ne date que des dernières années, et ce n’est pas encore parfait, mais c’est une nouvelle avancée. C’est d’Australie que le mouvement est parti avec ‘Witch’s Wand’ (Blyth B. 88). Keith Keppel, le compère de Barry Blyth, lui a emboîté le pas avec ‘Night Game’ (96) puis, cette année, ‘Midnight Passion’ issu de ‘Night Game’.

Ces quelques exemples ne font évidemment pas le tour complet de l’influence du facteur mandarine et de sa charge de lycopène, mais ils ouvrent une vue sur un autre aspect de l’extraordinaire monde des iris.

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