27.6.08




ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le concours de Münich

Pour les Grands Iris :
Après deux ans de culture
:
Compétition Internationale
1.Médaille d’Or = Sdlg. HTB-T/4 (non encore nommé) - Zdenek Seidl, CZ
2.Médaille d’Argent = PLACEBO - Ladislav Muska, SL 2002
3.Médaille de Bronze = CHELSEA BLEU - Richard Cayeux, FR 2004
Compétition Nationale
1.Médaille d’Or = ORLAPERLE - Wolfgang Landgraf, 2005
2.Médaille d’Argent = LYDIA SCHIMPF - Manfred Beer, 2006
3.Médaille de Bronze = Sdlg. 9/95/3 (non encore nommé) - Günter Diedrich,
Après une année de culture :
Compétition Internationale
Médaille dArgent = MIDNIGHT TREAT – Schreiner, US 2006
Compétition Nationale
Médaille d’Argent = ECHINOR - G. Boffo, 2006
Pour les iris Nains Standard :
Après deux ans de culture
:
1.Médaille d’Or = PARADIGM SHIFT - Chuck Chapman, Canada 2006
2.Médaille d’Argent = FIRE CORAL - Terry Aitken, USA 2007
3.Médaille de Bronze = PINK LATTE - Terry Aitken, USA 2006
Après une année de culture :
Médaille d’Argent = FROSCHKONZERT - Frank Kathe 2007

A noter que le semis Sdlg. 9920 – 14 de Michèle Bersillon, est arrivé 4eme dans la compétition internationale TB un an.



IV. A la manière de la presse magazine (1)

Le retour de l’Europe

« C’est quelque chose de jamais vu ! » s’exclame Jean Gérard, celui qui, en France, enregistre tous les nouveaux iris obtenus par les hybrideurs. « Il n’y a jamais eu autant d’enregistrements en une même année : cinquante et un ! Et des plantes qui sortent de l’ordinaire ! » Gerda Kanthe, est chargée des enregistrements en Allemagne. Elle tient à peu près le même discours : « Ce qui me frappe, dit-elle, c’est que les hybrideurs qui osent enregistrer leurs iris sont de plus en plus nombreux. Jusqu’à la fin des années 90 seuls quelques hybrideurs chevronnés jouaient le jeu ; les autres n’osaient pas proposer leurs iris à l’enregistrement. » Quant à Zdenek Kusek, l’enregistreur Tchèque, il se réjouit de constater que les pays d’Europe Centrale disposent aujourd’hui d’obtenteurs dont la renommée dépasse les limites de la vieille Europe : « Un homme comme Anton Mego, explique-t-il, a obtenu une récompense majeure aux Etats-Unis, ce qui n’était jamais arrivé à un Européen. »

L’Europe serait donc en train de faire son retour sur le devant de la scène mondiale des iris. Une place qui fut la sienne au cours des années 1920 et 1930, grâce à des obtenteurs aussi fameux que Ferdinand Cayeux, en France, Goos et Koenemann en Allemagne, Amos Perry en Grande-Bretagne. Mais la guerre 39/45 et ses conséquences ruinèrent le travail des obtenteurs européens. Ils furent immédiatement supplantés par les américains qui, déjà très impliqués dans l’hybridation, saisirent l’occasion pour imposer au monde entier leurs excellents produits. Violetta Ravelli, qui règne, à Florence, sur le plus important concours d’iris du monde, le Concorso Firenze, a ressenti cette mainmise américaine : « Le concours a débuté en 1957, remarque-t-elle, mais la première victoire européenne n’est intervenue qu’en 1973, la seconde en 85 et la suivante en 99 ! Les deux dernières années, ce sont des iris européens qui ont triomphé : un italien ’Recondita Armonia’ en 2006, puis un français, ‘Aurélie’ en 2007. J’espère que cela va continuer ! »

Les hybrideurs américains continuent de dominer le monde des iris ; ils disposent de très grands professionnels, comme Keith Keppel, Paul Black ou George Sutton, et leur puissance commerciale est énorme : la firme Schreiner, et sa rivale Cooley’s Gardens, sont des entreprises industrielles qu’aucun producteur européen n’est prêt d’égaler. Mais en Europe, ce n’est pas la taille des pépinières qui fait leur succès, mais le génie de leurs propriétaires. A défaut de surface ou de marché, on a des idées, et de l’audace. Que ce soit en France, en Allemagne, en Italie ou en Europe Centrale, les hybrideurs sont le plus souvent des amateurs très éclairés qui savent effectuer les croisements les plus gratifiants et les sélections les plus fines. Mauro Bertuzzi, l’obtenteur de ‘Recondita Armonia’, Florin d’Or 2006, est quelqu’un d’important dans le monde agricole milanais, mais les iris ne sont pour lui qu’un loisir, et si Richard Cayeux est, en France, un véritable professionnels, Bernard Laporte, lui, est un retraité de la Poste. Le plus souvent, les jardins où poussent les iris européens sont minuscules. La réussite des obtenteurs n’en est que plus méritoire car plus on sème de graines, plus on a de chance d’obtenir l’oiseau rare ; réussir un bel iris quand on n’a réalisé que quelques semis est une gageure que seuls les Européens savent relever. Parce que les Australiens, les autres champions des iris, disposent de plantations pratiquement aussi étendues que celles des Américains.

Cependant quand on parle des iris européens, il ne faudrait pas négliger ceux qui sont obtenus en Russie et en Ukraine. Par là aussi on se passionne pour les iris et un hybrideur comme Aleksandr Trotsky, du côté de la mer Noire, à Nikolajev, propose des iris qui font rêver. Quant aux hybrideurs russes, ils ont une production monumentale et qui semble devenue de qualité ; un jour elle pourra envahir le marché quand les lourdeurs administratives issues de l’ancienne URSS auront été levées et les exportation rendues possibles.

Pour ne s’en tenir qu’au nombre de variétés enregistrées, en 2007 l’Europe a inscrit 355 variétés nouvelles, contre 577 pour les Etats-Unis. Elle a déjà, en ce domaine, conquis une seconde place qui la situe a un niveau qui correspond à son rang dans le monde. Comme dit Violetta Ravelli, « il ne lui reste plus qu’à s’imposer dans les compétitions américaines pour retrouver l’autorité que la seconde guerre mondiale lui a fait perdre », mais ce sera difficile parce qu’au plan de la diffusion de ses produits outre Atlantique, l’Europe peine à trouver des distributeurs. La réussite d’Anton Mego, l’obtenteur de Bratislava dont le ‘Slovak Prince’ a pu décrocher un Award of Merit, aura du mal à se renouveler.

(1) Les noms des personnes supposées être citées dans cette parodie ont été modifiés.

20.6.08


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

‘Dance Recital’ (Keppel 2006) est un enfant du fameux ‘Fogbound’. Cela se reconnaît tout de suite aux barbes orangées qui ornent cet élégant amoena inversé, que la photographe a mis subtilement en valeur.










UN PETIT NOIR

La mode du noir ne concerne pas seulement la façon qu’ont les gens de s’habiller. Les fleurs aussi s’y sont mises et notamment les iris. Pour ce qui concerne les grands iris des jardins, le début du noir n’est pas récent. Dès les années 1930 les hybrideurs ont essayé d’obtenir des fleurs le plus noir possible. Peu à peu, lentement, il sont parvenus à leurs fins et certains iris récents comme ‘Hello Darkness’ (Schreiner 92 – DM 99) ou ‘Anvil of Darkness’ (Innerst 98) sont vraiment proches du noir absolu. Mais qu’en est-il chez les iris de petite taille ? Ont-ils vécu une évolution similaire ? La présente chronique va tenter de répondre à ces questions en évoquant le cas des iris nains standards (SDB) les plus nombreux et les plus appréciés des iris nains.

Les SDB proviennent du croisement de grands iris et d’iris nains comme I. pumila. Ils ont donc hérité des capacités des uns et des autres et, en matière de couleur des fleurs, ils ont atteint une diversité et une fantaisie supérieures à celles de leur parent de haute taille.

Il faut bien reconnaître, cependant, que le noir n’est pas la couleur de prédilection des obtenteurs de SDB. Celui qui y a mis le plus de cœur me semble être Ben Hager. Avec ‘Demon’ (71) il a présenté une variété proche du noir, issue de semis où l’on trouve, à la troisième ou quatrième génération le fameux ‘Black Forest’ (Schreiner 45), un grand iris très foncé, qui est considéré comme à l’origine de tous les « noirs ».

Un des traits particuliers des SDB est qu’il n’y a que quelques générations entre les espèces d’origine et les variétés d’aujourd’hui. Dans le cas de ‘Demon’ on y arrive dès la deuxième ou la troisième. ‘Demon’ a pour parent femelle ‘Zing’ (Brizendine 60), une variété jaune d’or très appréciée des connaisseurs et qui obtenu le Médaille Cook-Douglas (la plus haute récompense pour un SDB) en 66. Il a pour « père » un semis non dénommé de (Dark Fairy’ (Brown A. 60) X ‘Shine Boy’ (Brizendine 61). ‘Shine Boy’ et ‘Zing’ sont frères de semis et proviennent d’un I. pumila récolté en Roumanie dans les années 30. Aussi bien du côté paternel que maternel, ‘Demon’ a donc des ancêtres très saturés de violet, qui lui valent son coloris original. Ce coloris, il l’a transmis à un de ses fils, ‘Michael Paul’ (Jones 79) qui figure parmi les SDB les plus sombres.

D’une couleur assez voisine, ‘Dark Vader’ (Miller) est apparu en 1987. Qui l’a amené à se ranger du côté noir de la Force ? C’est tout simple : côté feminin, il provient d’un iris gris, ‘Mrs. Nate Rudolph’ (Briscoe 72), mais côté paternel on trouve le brun ‘Abracadabra’ (Hager 76), lui-même issu de ‘Kitten Kapers’ (Hager 71) qui est un frère de semis de ‘Demon’. Pas besoin de chercher plus loin.

Quant à ‘Hottentot’ (Marky Smith 93), autre iris nain noir, ou tout au moins très foncé, c’est un enfant de ‘Dark Vader’ : la Force noire est en lui !

Il est peut être abusif de considérer comme « noir » le petit SDB ‘Cassis’ (Ransom 99), mais du moins est-il d’un ton grenat très foncé, et de ce fait porte très bien son nom. Ses origines sont profondément différentes. C’est un approfondissement d’un coloris brun-rouge acajou provenant à la fois de ‘Little Bucaneer’ (Schreiner 73), par ‘Bloodstone’ (Scheiner 80) puis ‘Two Rubies’ (Niswonger 89), et du grand et célèbre ‘Captain Gallant’ (Schmelzer 57), par le SDB pourpre ‘Cherry Garden’ (Jones 66) que l’on trouve également comme parent mâle de ‘Bloodstone’ déjà cité. Il faut reconnaître le mérite et la réussite de Lawrence Ransom dans la recherche du SDB noir puisqu’on lui doit aussi deux frères de semis, ‘Putsch’ (96) et ‘Roman Noir’ (96) qui tendent l’un et l’autre vers cette couleur apparemment difficile à obtenir chez les SDB.

Les iris nains standards sont très agréables à voir, et ils illuminent nos jardins à un moment où l’on n’y trouve pas grand’ chose puisque tulipes et narcisses sont terminés et que les autres fleurs de printemps attendent encore un peu pour s’épanouir. Il est dommage qu’ils ne rencontrent pas plus de succès et restent confidentiellement cantonnés aux dernières pages de catalogues de nos grands producteurs, avec un choix limité, alors qu’ils sont si nombreux par ailleurs. La couleur noire leur va aussi bien que les autres et sa rareté la rend encore plus attractive.

13.6.08


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Fantaisie ou mutation ?

L’image ci-jointe est celle d’une fleur de ‘Gnu’, photographiée ce printemps dans mon jardin. Les couleurs se présentent à l’inverse de ce qui est la coloration habituelle de ‘Gnu’.

Une seule tige portait ces fleurs mutantes.






LE JOUR SE LÈVE

Le Florin d’Or de 2008 a été attribué à ‘Morning Sunrise’ (Thomas Johnson 2005). La description donnée par son obtenteur est la suivante : « Pétales blancs, fin liseré or ; styles blancs, crêtes dentelées jaune moyen ; sépales blancs, bords et épaules jaunes, lavés de bleu léger passant avec l’âge ; grosses barbes jaune orangé ; parfum doux. ‘Notorious’ X ‘Goldkist’. »

L’analyse du pedigree laisse le déchiffreur sur sa faim parce qu’au delà de la quatrième génération, les « trous » sont plus nombreux que les « pleins ». Mais à vrai dire cela n’a pas d’importance car les informations dont on dispose sont suffisantes pour expliquer le coloris et ses particularités. Le côté blanc avec liserés jaunes a une origine facile à découvrir : il passe par ‘Goldkist’ (Black P. 93), le « père » de ‘Morning Sunrise’, et est apparu chez ‘Old Flame’ (Ghio 75), deux générations auparavant. En fait, les couleurs d’ ‘Old Flame’, qui est une variété largement utilisée dans leurs croisements par Opal Brown, Paul Black et quelques autres, se retrouvent chez de nombreuses variétés des années 80 et 90, comme ‘Creme de Creme’ (Ghio 80), ‘Finishing Touch’ (Brown O. 89), ‘Spring Satin’ (Black P. 88) ou ‘Winterbourne’ (Aitken 91) et son descendant ‘Linda’s Child’ (Innerst 2003). Il n’y a donc pas de surprise à découvrir parmi ses descendants plus lointains une caractéristique génétiquement puissante.

Le léger voile bleuté qui ombrage les sépales arrive tout droit de ‘Notorious’ (Ghio 91) qui, avec ses pétales roses et ses sépales indigo foncé largement veinés de blanc, ainsi que sa barbe rouge, est une amélioration (ou un approfondissement si l’on préfère) de ‘Fancy Tales’ (Shoop 80). On atteint là une variété aux capacités génétiques étonnantes décrites par S. Cancade dans le n° 158 d’Iris & Bulbeuses. Avec ce ‘Fancy Tales’ on est au début d’un coloris nouveau que ses co-signataires, Joë Ghio et Keith Keppel, ont baptisé « distalata » (de « distal », néologisme américain qui peut être traduit par « éparpillé » ou quelque chose comme ça) et qui se caractérise par des pétales blancs, au-dessus de sépales plus ou moins marqués de jaune ou d’abricot et avivés par des veines ou des marbrures bleu violacé, plus ou moins accentué. Les premiers iris de ce modèle ont pour nom ‘Quandary’ (Keppel 2001) et ‘Prototype’ (Ghio 2000). Proche des précédents, ‘Puccini’ a été enregistré par Ghio dès 1998, mais est en réalité un descendant à la première génération de ‘Prototype’, qui n’a été enregistré que deux ans plus tard.

Depuis, c’est à qui enregistrera son « distalata ». S. Cancade cite ‘Magic Happens’ (Ghio 2005), ‘Queen Empress’ (Filardi 2005), issu de ‘Puccini’, ‘Conjuring Cat’ (Black P. 2005), qui arrive en direct de ‘Notorious’, ‘Modern Era’ (Kerr 2005), proche des précédents, et ‘Arctic Burst’ (Duncan 2008), beaucoup plus bleu que les autres. Il ne faut pas oublier les deux frères de semis que sont ‘Wild Angel’ (Johnson T. 2006) et ‘Morning Sunrise’ qui nous intéresse aujourd’hui.

Il faut noter que le côté nouveau apporté par le modèle « distalata » est souvent relevé par les obtenteurs, dans les noms qu’ils ont donné : ‘Quandary’ signifie « dilemme », « embarras », comme peut en provoquer quelque chose de nouveau, ‘Proptotype’ parle évidemment de nouveauté, ‘Modern Era’ fait allusion à la modernité, ‘Arctic Burst’ évoque une explosion, un jaillissement, et ‘Morning Sunrise’ tout l’espoir que l’on peut avoir dans un jour qui se lève… En couronnant ‘Morning Sunrise’, les juges de Florence ont donné ses lettres de noblesse à un modèle récemment apparu qui suscite beaucoup d’espoir et qui, de fait, a de beaux jours devant lui.
GROSSE FRAYEUR

Les deux dernières semaines de mai ont été exceptionnellement orageuses et pluvieuses. Les iris n’apprécient guère les grosses averses. En une soirée, ce qui était un chatoiement de fleurs multicolores est devenu un amas de tiges couchées et de corolles pourrissantes. Je craignais les conséquences de ces intempéries, mais, engagements pris par ailleurs, je suis parti pour une semaine en Alsace. Semaine d’ailleurs plus arrosée à l’eau de pluie qu’au riesling !

Dès mon retour je suis allé faire un tour au jardin d’iris. En quelques jours toutes les plantes avaient pris leur tenue d’été : feuilles desséchées, rhizomes mûrissant sous le soleil retrouvé. Mais un examen plus précis révélait un grand nombre d’attaques de pourritures, essentiellement là où les hampes florales n’avaient pas pu être coupées avant mon départ. Plusieurs dizaines d’iris étaient atteints. A la hâte, j’ai préparé une bonne dose d’eau javellisée et, au pulvérisateur, j’ai aspergé touffe après touffe. Travail longs et fastidieux, douloureux pour le dos, quand il concerne près de 300 variétés, mais indispensable pour limiter la casse aux rhizomes les plus attaqués et déjà quasi morts. Et l’histoire ne dit pas comment les nombreux escargots qui attendaient la fraîche en somnolant au cœur des touffes ont supporté la douche parfumée façon piscine qui leur a été imposée.

Deux jours après ce traitement, les iris semblent avoir surmonté leur maladie. Pas de nouveaux malades, pas de traces de dessèchement, feuillage conservant son aspect normal… La crise est-elle surmontée ? Il est encore trop tôt pour l’affirmer. Mais il est certain qu’un certain nombre d’iris ne s’en remettront pas !

Cet incident m’ennuie, mais je me dis aussi que je trouvais que ma collection commençait à vieillir. Les iris qui vont disparaître vont faire de la place et l’an prochain je pourrai installer des variétés modernes qui me font envie. A quelque chose malheur peut être bon…

9.6.08


SILENCE

Pas de messages la semaine dernière pour cause de voyage. Mais ce vendredi, IRISENLIGNE sera de retour.

1.6.08

IRISENLIGNE A RAJEUNI

Un coup de jeune sur Irisenligne ! Cela valait bien un peu de retard dans la publication de cette semaine. C'est la troisième fois qu' Irisenligne subit un lifting, en sept ans d'existence (un des plus vieux blogs de la blogosphère !). Il va me falloir encore un peu de temps pour bien maîtriser cette nouvelle présentation, mais déjà l'affichage des photos se trouve amélioré. Dites-moi si vous appréciez ou si vous éprouvez des difficultés d'affichage. Merci.










CRI-CRI

C’est une affaire de goût. Certains aiment, d’autres n’aiment pas ce petit iris que je trouve gai et amusant, avec son ambiance jaune chartreuse ainsi que les barbes bleu lavande et les larges flammes de même couleur qui les prolongent. Avec ce ‘Cri-Cri’ (2003), Augusto Bianco a obtenu une petite plante bien sympathique et d’un coloris somme toute pas si courant. D’où l’idée de tenter de découvrir comment ce coloris a peu être obtenu.

Les iris SDB ou « lilliputs » résultent d’un croisement entre un grand iris (TB) et un iris nain, généralement de l’espèce I. pumila. A l’origine d’une nouvelle variété il y a toujours ce mariage d’un grand et d’un petit, même si, par la suite, des croisements entre SDB ont pu intervenir. On est tout à fait dans ce cas avec le petit ‘Cri-Cri’. Une autre particularité de ces iris est que leur arbre généalogique est en général peu développé : en sept ou huit générations on arrive à l’origine. C’est aussi le cas pour ‘Cri-Cri’.

Pour ce qui est des ancêtres grands iris, ‘Cri-Cri’ en recèle un certain nombre, et pas des moindres puisqu’on relève trois Médailles de Dykes, ‘Great Lakes’ (Cousins 38 – DM 42), ‘Helen McGregor’ (Graves 43 – DM 49) et ‘Stepping Out’ (Schreiner 64 – DM 68). S’y ajoutent quelques incontournables comme ‘Minnie Colquitt’ (H. Sass 42), plicata violacé, ‘Spanish Peaks’ (Loomis 46), blanc uniforme, ‘Black Forest’ (Schreiner 45), l’ancêtre de presque tous les iris « noirs », ‘Galilee’ (Fay 55), bleu moyen, ou ‘Tea Apron’ (Sass 60), plicata léger.

En remontant l’arbre généalogique, côté maternel, on trouve deux SDB importants, ‘Zounds’ (Blyth B. 84) et ‘Stockholm’ (Warburton 71) qui ont l’un et l’autre un joli palmarès de descendants. Le premier ‘Zounds’ est un bicolore lilas sur ocre, à barbes bleues. Le second ‘Stockholm’ est un jaune pâle, également à barbes bleues. Il y a essentiellement des bleus dans les antécédents de ‘Zounds’, jusqu’à ‘Tinkerbell’ (Douglas 57), joli SDB bleu issu du mariage de ‘Helen McGregor’ et d’un I. pumila bleu. Mais bien sûr il faut du brun pour obtenir des sépales de cette couleur, et en l’occurrence il provient d’un très célèbre SDB, ‘Gingerbread Man’ (B. Jones 68). ‘Stockholm’ descend directement de quatre croisements de variétés majeures et d’I. pumila : ‘Great Lakes’, ‘Spanish Peaks’, ‘Black Forest’ et ‘Garden Flame’. Deux seulement des semis résultants de ces croisements ont reçu un nom : ‘Red Dandy’ (Warburton 58) pour ce qui est de ‘Garden Flame’ et ‘Blueberry Muffins’ (Warburton 62) pour ce qui est de ‘Black Forest’ et de ‘Red Dandy’.

Pour en revenir à notre recherche, nous avons du côté maternel, le lilas/ocre de ‘Zounds’ et le jaune de ‘Stockholm’. Mais que trouve-t-on, du côté paternel ? Deux choses intéressantes : tout d’abord, de nouveau le couple ‘Zounds’ X Stockholm’ – et par conséquent tous les ancêtres qui vont avec – et ‘Frosted Angel’ (Th. Blyth 84), un blanc à barbes bleues. Ce dernier est un SDB « du deuxième rang », c’est à dire issu d’un croisement SDB X TB. Ses parents sont d’une part le SDB indigo uni ‘Sapphire Jewel’ (Hamblen 77), de l’autre le TB plicata amarante ‘Veiled Skies’ (Plough 73). Du côté de ‘Sapphire Jewel’ l’originalité provient de la présence dans la généalogie du tout petit MDB ‘Winking Star’ (Greenlee 62), de couleur blanc verdâtre. Quant au côté ‘Veiled Skies’, il est constitué de plicatas comme ‘Stepping Out’, ‘Viet-Nam’ (Plough 66) ou ‘Tea Apron’.

Les mélanges génétiques ne donnent pas toujours naissance à ce que l’on attend : c’est souvent la surprise. ‘Cri-Cri’ aurait très bien pu être un petit plicata. Il a plutôt hérité du coloris de base jaune olivâtre de certains autres antécédents et la couleur bleue qui est présente dans beaucoup d’autres s’est concentrée dans la brillante flamme qui se glisse sous les barbes bleues également (mais là, il n’y a aucune surprise compte tenu des ascendances). ‘Cri-Cri’ est une amusante et élégante opportunité que Augusto Bianco a su saisir pour nous donner l’occasion d’apprécier quelque chose d’original.