30.11.07




JARDINS D’IRIS

I. - LES TUNIQUES BLEUES

C’est un hameau de trois maisons, au bout d’un étroit chemin qui monte, au cœur du parc naturel Livradois-Forez. Le jardin s’étend en partie entre le chemin et la maison, située un peu en contrebas. Les iris ont été plantés en ligne irrégulière, qui suit les méandres et les ondulations du terrain. Comme ce sont des iris bleus ou violets, ils font, ainsi disposés, penser à une colonne de soldats fourbus, rentrant au fort après une journée d’escarmouches. Les Tuniques Bleues…

Ils sont vingt-cinq, récents ou un peu plus anciens, choisis pour leur couleur et la diversité qu’on peut obtenir au moyen d’un camaïeu. Celui qui marche devant, c’est ‘Dusky Challenger’. Il a fière allure dans sa tenue violet sombre : on voit que c’est lui le chef. Il est suivi par un petit émigré italien, ‘Azzurra’ (photo), clair mais vigoureux. Deux vieux grognards viennent derrière, ils évoquent leurs souvenirs des campagnes passées ; ce sont ‘Victoria Falls’ et ‘Sapphire Hills’. L’un et l’autre ont une tenue bleu clair, mais le premier a dénoué au vent sa cravate blanche. La tunique du suivant est encore plus claire, à peine bleutée, avec un soupçon de vert, qui fait un peu penser aux turquoises que travaillent les artisans indiens, c’est ‘Navajo Jewel’. Un petit groupe de trois traîne un peu plus loin : ‘Modernaire’, violet sombre vaguement teinté de pourpre, ‘Crystal Cathedral’ qui n’a de bleu que les barbes et l’extrémité de ses boutons, et ‘Tuxedo’ (photo), un vieux briscard qui garde sa superbe et affiche le noir presque parfait de sa tenue.

Un léger espace de verdure sépare les précédents des trois qui suivent : ‘Aygade’, ‘Falbala’ et ‘Five Star Admiral’. Le bleu lavande du premier est enrichi de l’orange vif de sa barbe, le second, d’un coloris plus soutenu, arbore une barbe franchement rouge, tandis que le dernier, encore plus foncé, étale ses parures jaune moutarde. Celui qui vient après est un chef, à l’évidence, sa haute stature et sa tenue d’argent le signale nettement ; il s’appelle ‘Silverado’. Bien plus petits sont ses successeurs, l’attirant ‘Winner’s Circle’, d’un bleu profond, griffé de blanc au cœur, et ‘Hey Looky’ dont la tunique blanche est barbouillée d’indigo.

Encore un espace et un petit peloton de cinq se présente. Celui qui mène, c’est ‘Honky Tonk Blues’, qui porte beau malgré sa tunique délavée. Deux clairs et deux foncés l’accompagnent : ‘Dreamin’ Blue’ et ‘Flair’ d’un côté, ‘Trapel’ et ‘Stellar Lights’ de l’autre. Tout seul et fatigué, même s’il ne veut pas en avoir l’air, vient le vieux ‘Matinata’. Puis la troupe s’étire un peu plus : l’élégant et puissant ‘Mystique’ est là, auprès du tendre ‘Altruist’. Ils précèdent ‘Aldo Ratti’, encore un italien, qui se singularise par une tenue inversée, la tunique lavande et le pantalon blanc, puis ‘Breakers’, d’un bleu toujours brillant. Et c’est ‘Calamité’ qui ferme la marche. Il a l’habitude des épreuves malgré son air noir et sa barbe bronzée. C’est un solide gaillard : on peut lui confier l’arrière garde.

En cette Auvergne profonde on est loin des pistes poudreuses du Far-West, mais les Tuniques Bleues sont tout de même là, pour la beauté du spectacle.

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