4.10.07







TOUT PETIT PETIT

Dans une belle envolée lyrique, Barbara Whitehouse, la rédactrice de l’article de « The World of Irises » sur les iris nains miniatures (MDB) commence ainsi son exposé : « Si la vue du premier crocus peut signifier pour beaucoup de gens le retour du printemps, c’est la vue du premier iris nain miniature qui évoque ce retour pour les amateurs d’iris. Premiers des iris barbus à fleurir, les nains miniatures annoncent la saison attendue avec tant d’impatience tout au long de l’hiver ; chaque amateur d’iris devrait en cultiver au moins une ou deux touffes pour cette seule raison. Cependant ils sont tellement mignons qu’une ou deux touffes peuvent devenir par la suite une plate bande ou un massif tout entier. »

Tout ce qui est petit est mignon : les iris ne font pas exception à cette règle, et le texte ci-dessus en est la démonstration. Car, tout petits, les MBD le sont : pas plus de 21cm de haut et le plus souvent bien moins. Leur caractère hâtif et l’abondance de leur multiplication ajoutent à leur attrait. Si l’on complète leur description en disant qu’ils sont extrêmement résistants au gel, on est sûr, avec eux, de posséder une plante délicieuse pour commencer l’année au jardin.

Ces gentilles petites choses, les amateurs les connaissent depuis le début de la culture intensive des iris, c’est à dire depuis les années 1840/1850. Ceux que nous rencontrons aujourd’hui sont le résultat de croisements interspécifiques entre I. chamaeiris, I. olbiensis, I. pumila et quelques autres comme I. lutescens, I.melitta ou I. reichenbachii. Cependant c’est à l’excellent I. pumila, et son aptitude à transférer la tétraploïdie des grands iris barbus dans les iris nains qui a joué le rôle le plus important dans la création des MDB. Ces derniers sont donc des iris tétraploïdes, ce qui leur confère d’immenses possibilités en matière de variété et de combinaisons de couleurs. Malgré cela, ils ne constituent qu’une infime partie des nouveaux iris enregistrés chaque année, et leur culture ne décolle pas : 9 MDB pour 525 TB en 2000, 7 pour 698 en 2006 ! Dans ces conditions leur évolution ne peut pas être bien rapide et ceux d’aujourd’hui conservent un petit air vieillot qui était celui des iris de la première moitié du XXeme siècle. Pourtant de nombreux obtenteurs de grands iris se sont essayés à l’hybridation des petits : Ben Hager, Keith Keppel, George Sutton, Terry Aitken, Brad Kasperek, pour n’en citer que quelques-uns. Mais aussi certains comme la famille Willott s’en sont faits une spécificité.

Ils sont défendus avec enthousiasme par la Dwarf Iris Society, fondée en 1950 par des amateurs passionnés par leur caractère hâtif, leur forme délicate, leurs couleurs fraîches et leur résistance aux intempéries et aux aléas du climat. Ils disposent, comme toutes les autres catégories d’iris, d’une médaille particulière, la Carpane-Welch Medal. A ce titre, ils participent au vote pour l’attribution de la Dykes Medal, mais il est peu probable qu’ils réussissent un jour à réunir suffisamment de votes pour espérer l’obtenir !

En France, les défenseurs des MDB sont peu nombreux. Les catalogues des principaux producteurs ne les commercialisent pas. Ce n’est donc pas facile de faire leur connaissance. Pour donner une idée de ce qu’ils sont, j’ai placé deux photos de récents vainqueurs de la Carpane-Welch Medal, publiées dans le bulletin de l’AIS, ‘Little Drummer Boy’ (A & D Willott 97 – CWM 2005) et ‘African Wine’ (Kasperek 98 – CWM 2006). Le premier est un petit iris de 10cm de haut, blanc avec un gros spot violet, issu directement de I. pumila ; le second dont le nom décrit la couleur, y ajoute une barbe orange brûlé pointée de lavande. Cependant les curieux peuvent se tourner vers le seul catalogue français où se trouvent ces iris, celui de Lawrence Ransom –Iris au Trescols - qui, avec son ami Jean Peyrard, obtient des MDB. ‘Voie Lactée’ (Peyrard 92), ‘Dekho’ (Ransom 93), ‘A Gogo’ (Ransom 93), ‘Passion Bleue’ (Peyrard 95), ‘Bisou’ (Ransom 94), ‘Punk’ (Ransom 98), ‘Zarbi’ (Ransom 2002) et ‘Guilli-Guilli’ (Ransom 2007) (photo) constituent toute la panoplie de leurs obtentions. C’est suffisamment étendu pour être signalé et mériter que l’on félicite ces deux audacieux pour leur éclectisme.

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