21.9.07







UN BRISEUR DE CHARME

On ne peut pas dire que ‘Spellbreaker’ (Schreiner 91) (voir photo) se plaise bien chez moi : acquis en 1998, il n’a fleuri qu’en 2003 puis 2004 ; transplanté cette année-là, il n’a repris la floraison qu’en 2007. Disons qu’il lui faut du temps pour s’installer ! Je ne l’ai donc pas vu souvent, mais à chaque fois j’ai été surpris par la taille de ses fleurs et par sa couleur. Les fleurs, je les trouve un peu trop grosses et, par conséquent, sensibles aux intempéries. Dans le catalogue Schreiner de 91, où il est présenté pour la première fois, l’obtenteur n’insiste pas sur cette caractéristique puisqu’il se contente de dire que les pétales sont larges. C’est une façon un peu brève de décrire la plante, mais il n’est guère commercial, il est vrai, d’insister sur ce qui n’est pas forcément un avantage ! La couleur, quant à elle, est tout à fait remarquable et intéressante. Elle se rencontre assez souvent, cependant, mais dans le cas présent, elle est parfaitement pure, et surtout elle est complétée par une grosse barbe blanche qui fait un effet saisissant sur le pourpre rosé des sépales.

Dans ce coloris vif et attirant, et à la même époque, ce ne sont pas les variétés de valeur qui manquent. En 1985 Opal Brown avait proposé ‘Persian Gown’, qui a une petite zone blanche sous les barbes ; en 1986 Keith Keppel avait présenté ‘Ever After’ (photo), un des plus beaux, enrichi d’une barbe mandarine, et Schreiner s’était fendu de ‘Loyalist’, un peu plus violacé, mais très riche ; en 1988 il y avait eu ‘Thriller’, toujours chez Schreiner, avec une barbe violet foncé ; en 1989, encore chez Schreiner on avait eu droit à ‘Sultry Mood’ et à ‘Rosette Wine’, superbe, avec un poudrage blanc sous les barbes roses. Mais aucun de ces beaux iris n’avaient les barbes blanches de ‘Spellbreaker’. Et c’est le cas de tous les autres beaux rouge fuchsia de ma connaissance : ‘Lady Friend’ (Ghio 81) a les barbes vermillon, comme ‘Mulled Wine’ (Keppel 82) ; ‘Newlywed’ (Ghio 88), et toute la batterie des Schreiner : ‘Mulberry Punch’ (92), ‘Gypsy Romance’ (94), ‘Wild Thing’ (95), ‘Swingtown’ (96) ou Sheer Ecstasy (96) (photo). La variété qui se rapprocherait le plus de ‘Spellbreaker’ serait peut-être ‘Blended Frills’ (O. Brown 86) mais c’est un bitone et les barbes blanches disparaissent sur la zone blanches du haut des sépales.

Pour savoir d’où viennent ces barbes blanches il faut faire un voyage dans le pedigree des ‘Spellbreaker’. Celui-ci n’est pas des plus simples, mais, pour une fois, la firme Schreiner a bien voulu afficher toutes les données. Du coté femelle, ‘Spellbreaker’ descend d’un cocktail de fleurs déjà âgées : ‘Alpenrose’ (Schreiner 59), ‘Anthem’ (Schreiner 58), Amethyst Flame (Schreiner 57 – DM 63), ‘Melodrama’ (Cook 56), ‘Brigadoon’ (Tompkins 55), ‘Stepping Out’ (Schreiner 64 – DM 68) et ‘Jolie’ (Schreiner 67). Si ces deux derniers sont des plicatas violets, tous les autres tournent autour de la couleur mauve fuchsia. Mais les barbes ne sont pas blanches, à part celles de ‘Anthem’, qui sont effectivement claires sinon blanches. Du côté mâle, c’est plus simple, à la génération précédente il y a ‘Raspberry Frills’ (Schreiner 84), un très joli iris violacé, ondulé et frisé (d’où son nom), qui a …des barbes blanches ! Ces barbes, il les tient de son propre « père », ‘Fabulous Frills (Scheiner 76). La couleur fuchsia de ‘Spellbreaker’, c’est donc sa filière maternelle, les barbes blanches, c’est la signature paternelle. Rien d’extraordinaire donc, mais tout de même une belle chance d’avoir réuni ces deux traits dans d’aussi jolies conditions. La chance fait partie de la panoplie de l’obtenteur !

‘Spellbreaker’ n’est peut-être pas une absolue réussite. Mais il a pour lui cette association encore unique d’un coloris très vif et de barbes totalement blanches soulignées d’une fine ligne de la même couleur qui les met encore plus en valeur.

Aucun commentaire: