7.9.07







T’ES BIEN TROP PETIT, MON AMI

Doit-on utiliser les termes de cette fameuse chanson de Théodore Botrel à propos de ce qu’on appelle en France les « iris de table » et dans le langage des iridophiles les MTB (Miniature Tall Bearded) ? Ce ne serait pas vraiment justifié, car s’ils sont petits, ces iris ont des qualités qui méritent qu’on parle un peu d’eux.

Voici comment ils sont définis dans « The World of Irises » :
« Les grands iris miniature, ou iris de table, sont des plantes de 41 à 70 cm de haut, avec des fleurs qui ne font pas plus de 15 cm tant en hauteur qu’en largeur, portées par des tiges minces et souples, et qui s’épanouissent en même temps que celles des grands iris. Que le feuillage soit dressé ou retombant, les tiges doivent s’élever nettement au-dessus. On préfère les plantes d’une hauteur de 52 à 55 cm plutôt que celles d’une taille supérieure ou inférieure. Cette catégorie est issue en majorité d’espèces comportant 24 chromosomes, telles que I. variegata ou espèces voisines ; mais il existe aussi des hybrides à 44 ou 48 chromosomes. Les espèces de base sont I. cengialtii, I. illyrica, I. perrieri, I. reginae, I. rudskyi et I. variegata. »

Cette catégorie a eu du mal à s’imposer. Bien qu’elle soit apparue très tôt dans l’histoire des iris, il fallut attendre les années 50 pour que soient définis ses traits spécifiques. On parlait déjà d’iris de table dans les années 30, mais la désignation MTB n’est apparue qu’avec la définition de la catégorie. Aujourd’hui les deux termes sont utilisés indifféremment. Ce sont Mary Williamson, au début, puis Alice White, dans les années 50, qui ont misé sur les iris de table, en faisant valoir leur intérêt décoratif tant pour le jardin que pour la fleur coupée. C’est d’ailleurs pourquoi la médaille catégorielle qui est dédiée aux MTB se nomme la Williamson-White Medal.

Ce n’est qu’en 1966 qu’est apparue la première liste de MTB, depuis, leur implantation s’est affirmée, surtout aux Etats-Unis, d’ailleurs, car, chez nous, ils restent encore bien discrets. Mais de l’autre côté de l’Océan Atlantique il y a actuellement un sensible mouvement de sympathie pour ces petits iris parfaits en bouquets, ce qui est d’autant plus étonnant que le nombre de MTB enregistrés chaque année ne dépasse pas les 10% de l’ensemble des enregistrements ! Un bon exemple de cet engouement est ‘Bumblebee Deelite’ (Norrick 86) (photo) qui a bien failli, par trois fois – en 94, 95 et 96 – remporter la Médaille de Dykes ! Ce joli petit variegata or et noir qui, si l’on en croit son nom, fait les délices des bourdons, attire aussi les juges. Son parcours des honneurs est exceptionnel :
- 1988 = Franklin-Cook Cup à la Convention d’Oklahoma City ;
- 1990 = équivalent d’alors de laWilliamson-White Medal ;
- 1992 = termine en n° 3 dans la course à la DM ;
- 1993 = deuxième triomphe pour la première W-WM attribuée ;
- 1994 = termine en n° 2 pour la DM, derrière ‘Silverado’ ;
- 1995 = termine en n° 2 pour la DM, derrière ‘Honky Tonk Blues’ ;
- 1996 = termine en n° 2 pour la DM, derrière ‘Before the Storm’ !

Le cas de ‘Bumblebee Deelite’ n’est pas isolé. ‘Bangles’ (Lynda Miller 93) s’est offert la Franklin Cook Cup à York en Pennsylvanie en 95 et a remis ça avec la President’s Cup lors de la Convention de Dearborn (Michigan) en 97 ; de même en 2006 ce fut au tour de ‘Sailor’s Dream’ (K. Fischer 2004) d’obtenir la Franklin Cook Cup à la Convention de Fresno, alors que ‘Frosted Velvet’ (K. Fischer 88) avait été qualifié de meilleur espoir grâce à la Walther Cup en 1991 avant de recevoir la Williamson-White Medal en 95. Enfin, cette année, c’est ‘Dividing Line’ (Bunnell 2004) qui s’est adjugé la nouvelle Hager Cup à la Convention d’Oklahoma City. C’est beaucoup pour une catégorie aussi peu représentée.

Dans la catégorie des MTB on trouve toutes les couleurs et associations qui existent chez les grands barbus (TB). Ainsi, ‘New Idea’ (Hager 70’) (photo) se présente-t-il en robe rose bruyère, alors que ‘Frosted Velvet’ (K. Fischer 88 – W-WM 95) joue les amoenas façon ‘Bright Hour’, et que ‘Ace’ (L. Miller 99 – W-WM 2005) est un aimable plicata, tandis que ‘Larry’s Girl’ peut être considéré comme une sorte d’amoena inversé et que ‘Billie The Brownie’ (Burton 91 – W-WM 99) rappelle le célèbre ‘Thaïs’ (F. Cayeux 26).

Les obtenteurs américains semblent être les seuls à s’intéresser aux MTB. L’un des plus éminents dans la catégorie en dehors de Kenneth Fischer dont les iris ont remporté six fois déjà la W-WM, est l’ex-président de l’AIS Clarence Mahan dont les ‘Reminiscence’ (92) (photo) ou ‘Robin Goodfellow’ (93) ont assuré une bonne partie de la renommée. Les français, à ma connaissance, n’ont pas encore travaillé sur cette catégorie d’iris. Quant aux amateurs, curieux, ils n’en trouveront pas, à ma connaissance, dans les catalogues de nos producteurs nationaux, sans doute parce que ces iris ne représentent pas une part de marché intéressante. Il leur faudra, pour combler leur désir d’originalité, se tourner vers las producteurs américains…

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