27.7.07







RÉCOMPENSES AMÉRICAINES 2007

Dykes Medal

A Jouy en Josas, pour FRANCIRIS® 2007, ‘Queen’s Circle’ (Kerr 97) (photo) était trop avancé pour prétendre disputer la finale. Mais la compétition pour la Médaille de Dykes ne se déroule pas sur quelques journées mais sur un long marathon qui, en l’occurrence, a duré 10 ans. Dix ans au cours desquels les juges américains ont vu et revu la plante et pu l’apprécier dans le temps, ce qui confirme ses qualités. Dès le départ, les personnes avisées avaient remarqué que cet iris avait toutes les chances de faire un parcours des honneurs sans faute. La couleur franche et nette de la fleur, la vigueur de la plante, son aptitude à fleurir dès la première année de plantation et la force avec laquelle elle se multiplie, on vite été connus des amateurs. Dans tous les concours où il a été présenté ‘Queen’s Circle’ s’est fait remarquer. N’a-t-il pas enlevé la Franklin Cook Memorial Cup(1) dès 2001, en Pennsylvanie, pour récidiver en 2005, à St Louis ? Un évènement de cette taille ne s’était pas produit depuis 1991 quand ‘Dusky Challenger’ avait enlevé la FCC pour la deuxième fois, après sa victoire en 1986. Cela présageait une destinée des plus brillantes. Le nom de ‘Queen’s Circle’ est apparu encore au moins deux fois dans les palmarès de compétitions :
2eme à Florence en 2005, et Wister Medal (meilleur grand iris) en 2006 ! Après cela, on ne peut pas être surpris du résultat de la DM de 2007 !

Derrière ce « winner » comme disent les Américains, c’est une nouvelle fois l’IB ‘Starwoman’ (M. Smith 97) qui vient se placer, ratant ainsi pour la deuxième fois la plus haute marche du podium (mais pour un iris autre qu’un TB, c’est néanmoins une performance exceptionnelle). Le numéro trois a été attribué à ‘Golden Panther’ (Tasco 2000), un iris or à reflets bronze.

Wister Medal

Le podium de la Wister Medal, qui récompense le meilleur grand iris (TB) de l’année, est allé d’abord à ‘Starring’ (Ghio 99), qui est un iris blanc/noir. Du moins est-il très contrasté : un assemblage de couleur qui excite beaucoup les obtenteurs depuis quelques années. L’obtention de Joë Ghio est, dans ce sens, très réussie. Depuis 2003, l’iris qui a obtenu l’année A la Wister Medal, obtient la Dykes Medal l’année A+1. Ce fut le sort de ‘Crowned Heads’, ‘Splashacata’, ’Sea Power’ puis ‘Queen’s Circle’. ‘Starring continuera-t-il la série ?

Ses dauphins sont ‘Ring Around Rosie’ (Ernst 2000), une variété d’un coloris vraiment original, décliné depuis en maintes versions par Rick Ernst, et ‘Daugther of Stars’ (Spoon 2000), un excellent luminata.

Ces trois variétés font preuve d’une grande originalité. Les coloris de ‘Starring’ ou de ‘Ring Around Rosie’, nouveaux, n’ont encore jamais été récompensés au plus haut niveau. Et le modèle luminata n’est jamais non plus parvenu au sommet. La DM des prochaines années devrait couronner des iris qui sortent de l’ordinaire.

Knowlton Medal

Le meilleur BB de l’année est ‘Go for Bold’ (Black 2000), un variegata aux sépales élégamment striés de blanc.

Sass Medal

‘Delirium’ (M. Smith 99) est un habitué des podiums. C’est un iris intermédiaire (IB) issu du croisement d’un grand iris, FLIGHTS OF FANCY (Keppel 92), et d’un iris nain standard (SDB), BRASH (Gatty 74). L’étrange FLIGHTS OF FANCY, qui est blanc crémeux infus de rose orchidée, associé au jaune deux tons de BRASH, a donné naissance à un iris aux pétales jaune d’or fumé et aux sépales dont le fond jaune est largement couvert de violet, avec un fin liseré jaune et des barbes minium. J’en ai décrit le pedigree ici même en 2003.

Cook-Douglas Medal

Les SDB sont maintenant considérés comme des iris de premier plan (au propre et au figuré !). La médaille qui intéresse chaque année le meilleur d’entre eux est donc très disputée. C’est une variété de Keith Keppel, ‘Music’ (98) (photo) qui l’a emporté cette année. Dans les rares tons de rose abricot tacheté de pourpre, cette variété est représentative de l’originalité du travail de Keppel, quel que soit le type sur lequel il travaille.

Walther Cup

Le meilleur espoir de 2007 est ‘Florentine Silk’ (Keppel 2005) (photo). L’association rose/mauve est très à la mode, mais quand c’est Keppel qui y sacrifie, c’est forcément plein de charme et d’élégance !

Le monde des iris n’est jamais fastidieux. Il se renouvelle avec entrain et l’enthousiasme qu’il suscite n’est pas prêt de cesser.



(1) Meilleure variété en provenance d’une Région autre que la Région organisatrice de la Convention

21.7.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Dykes 2007

La Médaille de Dykes 2007 a été attribuée à ‘Queen’s Circle’ (Kerr 99), qui était la variété favorite pour cette année. La semaine prochaine : détail des récompenses américaines 2007.

Robert Stetson

Robert « Bob » Stetson est décédé brutalement vendredi dernier. Cet obtenteur atypique avait été honoré à Florence en 2001 grâce à ‘H.C. Stetson’, un délicieux iris rose très pâle. En 2005, à Jouy en Josas, FRANCIRIS lui avait décerné un prix pour ‘Finnigan’s Finagling Factor’, un grand amoena à éperons. C’est un Français de cœur qui vient de nous quitter.



INVERSION DES VARIEGATAS

Par définition, les iris variegatas se présentent avec des pétales jaunes (ou dans les tons dérivés du jaune) et des sépales brun-rouge (ou, depuis de nombreuses années, dans les tons de violet ou bleu). Ce modèle est issu des variegatas botaniques qui affichent plus ou moins nettement ces couleurs, avec, en plus, des striations importantes sur les sépales.

Les variegatas sont innombrables. Depuis les petits variegatas signés Goes et Koenemann du début du XXeme siècle, jusqu’aux importantes plantes proposées aujourd’hui par les obtenteurs, comme ‘Andalou’ (Cayeux 95) ou ‘Jurassic Park’ (Lauer 95).

Ces dernières années, on a vu les obtenteurs partir à la recherche de nouveaux variegatas, soit plus contrastés, soit inversés. Dans la première version, la plus colorée, on trouve aujourd’hui des iris spectaculaires, comme ‘Mondsheinserenade’ (Diedrich 2003), que l’on a vu à Jouy en Josas, au concours FRANCIRIS ® 2007 (photo), qui allie des pétales bien jaunes et des sépales presque noirs. Mais ce sont les autres qui font l’objet de la présente chronique.

C’est une jolie performance que d’avoir réussi à obtenir des iris aux pétales bleus et aux sépales jaunes. Mais peut-on parler à leur propose de « variegata » ? Il semble que cette dénomination ne soit pas adaptée, même si le résultat visuel est bien celui d’un variegata inversé ? En effet aucun des iris présentant cet aspect particulier n’est issu d’une famille de variegata !

Prenez ‘Chartreuse Ruffles’ (Rudolph 76), qui est peut-être le premier iris à amorcer ce nouveau modèle (Photo), il descend de ‘Louise Watts’ (Blocher 71), dont aucun des ancêtres n’est variegata. Son descendant ‘Silicon Prairie’ (Stanek 91), lui aussi du nouveau modèle, n’a pas davantage de variegata dans son autre branche d’ancêtres… Il en va de même pour toutes la variétés auxquelles on peut affecter la dénomination de variegata inversé sauf de ‘Apollo’s Robe’ (Carter 2003) qui a pour parent femelle ‘Uriah the Hittite’ (Miller B. 78), un variegata vieil or et magenta.

Si donc le terme de variegata est usurpé, à quel modèle peut-on rattacher celui qui nous intéresse aujourd’hui ? Un examen des pedigrees me convainc qu’il faut les relier aux amoena inversés. Des amoenas inversés dont le blanc ( ou blanc bleuté) des sépales serait remplacé par un jaune plus ou moins saturé. C’est exact pour les quatre variétés les plus marquées. ‘Saddle Up’ (Christopherson 2000), avec ses pétales bleu lavande et ses sépales chamois, est issu de ‘Nancy Glazier’ (Hamblen 85), qui a des pétales bleutés et des sépales blancs influencés de violet au cœur, et de ‘Hula Dancer’ (Shoop 85), qui est amoena inversé aux pétales rouge magenta sur des sépales abricot.Le même ‘Hula Dancer’ se cache derrière ‘Fare thee Well’ (Christopherson 2004). ‘Wonderful to See’ (Kerr 2000) a lui aussi deux amoenas inversés dans son arbre généalogique. Il s’agit d’un côté de ‘Sea Quest’ (Shoop 90) et de l’autre de ‘Little Much’ (Ghio 84). Quant à ‘Apollo’s Robe’ il descend de ‘Bye Bye Blues’ (Sutton 96).

Voilà pour les pétales bleutés. Pour les sépales jaunes, il faut chercher, par exemple, du côté des amoenas jaunes. C’est le cas pour celui qui est sans doute le plus affirmé des iris de ce modèle, ‘Wonderful to See’. Son « père », ‘Arc de Triomphe’ (Kerr 95), est un enfant de notre ‘Echo de France’ bien connu. Mais on trouve du jaune derrière des roses, comme pour ‘Storybook’ (Corlew 80), pour qui il faut remonter loin, mais où l’on finit par trouver l’ancien ‘Snow Gold’ (Evans 57), marqué de jaune à la gorge. Et ‘Storybook’ et le parent féminin de ‘Fare Thee Well’.

Quoi qu’il en soit, le modèle que j’appelle « variegata inversé » n’est pas encore parfaitement fixé. Les couleurs sont un peu ternes et le jaune est rarement franchement jaune, mais on s’approche ! Alors, si le cœur vous en dit, pourquoi vous, amateurs et hybrideurs du dimanche, ou vous obtenteurs patentés, ne tenteriez-vous pas ce nouveau défi ? Les amoenas inversés ne manquent pas, de nos jours, et les amoenas jaunes non plus. La porte est ouverte à de nouvelles aventures.

13.7.07











JARDINS D’IRIS

Les jardins d’iris se présentent sous différents aspects, selon l’effet que recherche celui qui les a créés, et le site dans lequel ils l’ont été.

Les petits jardins

Ce sont généralement des jardins de particuliers, qui ne disposent pas de beaucoup de place. On distingue trois types de jardins : Ceux où les iris sont mêlés à d’autres fleurs, même s’ils y sont majoritaires, ceux qui sont entièrement consacrés à une catégorie d’iris horticoles, et ceux qui préfèrent les espèces botaniques.

Beaucoup d’amateurs d’iris ne font pas de cette fleur leur attachement exclusif. Ils mêlent avec art les iris et d’autres fleurs, ils choisissent les associations en fonctions de critères artistiques et harmonisent leurs choix au caractère du jardin : jardin boisé, jardin ouvert, jardin d’eau… La présence des iris, structure fortement l’ensemble, leur port dressé et rigide fournit des lignes de force utiles pour mettre en valeur des plantes plus foisonnantes. Lorsque leur saison est terminée, le jardin reste plaisant, car ils sont remplacés par d’autres fleurs qui, en général, jouent le même rôle qu’eux dans la ponctuation de l’espace. Souvent le créateur profite d’un élément particulier, par exemple un ruisseau ou une pièce d’eau, pour installer des iris qui s’accommodent de cet environnement. Ce sont les iris de Sibérie, qui constituent, sur les rives des masses touffues, bien en phase avec, par exemple, les larges feuillages des pétasites. Les iris de Louisiane, là où ils trouvent les conditions de leur végétation peuvent tenir la même place. Les iris du Japon, les pieds dans l’eau, seront superbes en juillet… Et il ne faut pas oublier les iris faux acore (I. pseudacorus), naturels en nos régions, qui se plaisent aussi bien en étant immergés qu’en terrain relativement sec, et constituent des scènes délicieuses avec des fleurs dans les tons de mauve. La photo ci-dessus, prise dans le jardin d’André Eve à Pithiviers, en est une agréable illustration.

Lorsque l’amateur a décidé de constituer un jardin où dominent les grands iris, il le fait soit en constituant des taches d’une même teinte, soit en laissant au hasard le soin de réaliser des scènes multicolores saisissantes. Le problème, avec ce type de jardin c’est que, passée la saison des iris, l’espace qui leur est consacré perd tout intérêt, sauf à l’isoler derrière des fleurs de haute taille qui seront là tout l’été (dahlias, gauras, sauges, perowskias…) Le spectacle est limité dans le temps, mais le temps qu’il dure, c’est un enchantement (photo).

Les grands espaces

Sans parler des jardins publics et des iriseraies spécialisées, les grands espaces sont ceux de quelques amateurs privilégiés qui consacrent une bonne part de leur terrain à des masses d’iris. Dans ce cas on rencontre, ici aussi, trois types de plantation : les plantations linéaires, les blocs plus ou moins aléatoires et les plantations de masse.

Les plantations linéaires relèvent plutôt du jardin d’exposition que du jardin paysager. Ce fut la présentation du jardin de TECOMAH à Jouy, pour FRANCIRIS ® 2007 (photo). Dans ce cas la lisibilité des plantes présentées a plus d’importance que l’aspect du jardin lui-même. Ce qui n’empêche pas un effet à la fois spectaculaire et agréable, pour peu que le jardin et son environnement soient pittoresques ou somptueux. La photo prise parmi les iris de Bernard Laporte en est la démonstration.

Les massifs d’iris disposés de façon aléatoire dans un grand parc ont une destination plus artistique. C’est souvent celle qui est adoptée dans les jardins publics ou les parcs sur le thème de l’iris, comme à Vincennes ou à Oullins. Chez les particuliers cette présentation est plus rare parce qu’elle exige de grandes superficies. Le plus souvent les jardins qui l’adoptent sont destinés à accueillir du public.

Les plantations de masse sont particulièrement spectaculaires. Elles frappent le visiteur qui s’attache davantage à l’effet d’ensemble qu’aux diverses variétés présentées. Il est en effet dans ce cas impossible de s’approcher des plantes situées ailleurs qu’à la périphérie du massif. Prenez l’exemple du tableau d’iris bleus du Parc Floral de la Source, à Orléans. Près de chez moi, en Touraine, au château du Rivau, les visiteurs sont accueillis par une mer d’iris bleus qui garnissent ce qui fut les douves du château. Un autre exemple, très plaisant, est celui du jardin de Loïc Tasquier, aux Pays-Bas, près d’Arnhem (photo). Ces masses d’iris, pour saisissantes qu’elles soient, posent de nombreux problèmes dont le moindre n’est pas celui de l’élimination des mauvaises herbes. Le recours aux désherbants chimiques est pratiquement la seule solution. Autre difficulté : la régénération du massif quand les variétés commencent à se chevaucher ! Enfin, hors saison, le spectacle ne vaut plus le détour…

Quel que soit le choix que l’on fait pour présenter ses iris, l’important c’est la satisfaction, et même le plaisir, qu’en tire le propriétaire des plantes. Alors, amis iridophiles, constituez-vous le jardin d’iris de vos rêves, c’est tout le mal que je vous souhaite !

6.7.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Beverly Sills

Tout le monde connaît ‘Beverly Sills’ (Hager 79 – DM 85). C’est sans doute le rose le plus répandu dans le monde actuellement. Mais peu de gens savent que cet iris a été dédié à Bevely Sills, soprano américaine, qui a connu la célébrité dans les années 70. Cette cantatrice vient de s’éteindre, à 78 ans, en Californie. Tous les amateurs d’iris auront une pensée pour elle.
‘Lilac Champagne’
‘Touché’
Semis n° 2 semis
‘Misty Dawn’ semis
Semis n° 1
semis 3 de ‘Mission Sunset’
‘Touch of Envy’
’Spanish Flair’
‘Crowd Pleaser’
semis 3 de ‘Mission Sunset’
‘Touch of Envy’
’Spanish Flair’
‘Heather Blush’ ’Lilac Champagne’
’Touché’
Semis n° 2 semis
’Misty Dawn’ semis






‘MAMY FRAMBOISE’

Ici même, en septembre 2006, pour illustrer une chronique sur les variétés françaises, j’avais choisi ‘Mamy Framboise’ (Fur/Laporte 2004) parce que je trouvais cette fleur particulièrement jolie. Les juges du concours FRANCIRIS ® 2007 ont confirmé ce choix en lui attribuant le deuxième prix. Cet iris rassemble donc beaucoup de qualités. Il faut dire que lorsqu’on possède au moins quatre vainqueurs de la Médaille de Dykes parmi ses ancêtres, on a de qui tenir !

C’est le cas de ce ‘Mamy Framboise’ qui se présente avec des pétales rose lilacé, des sépales à fond blanc, veinés de magenta – ou framboise – avec réapparition du fond blanc dans le liseré, et des barbes orangées. Un coloris peu banal, très frais, pour une fleur bien formée, légèrement frisée mais peu ondulée, que l’on trouve en abondance sur des tiges solides et bien développées. La végétation de la plante est saine et vigoureuse. Bref, un iris qui peut se mesurer aux obtentions d’outre-Atlantique dans tous les concours du monde.

‘Mamy Framboise’ est le produit du croisement de ‘Marie Kalfayan’ (Ransom 95), et de ‘Crowd Pleaser’ (Hamner 83). Les coloris roses et jaunes dominent dans le pedigree de ‘Marie Kalfayan’, même si cette variété est de couleur mauve parme avec des barbes minium. Sa branche maternelle, avec ‘Coup de Cœur’ (Anfosso 86), donne dans le rose pourpré, avec une fleur délicieuse et féminine. Son côté paternel est plus richement coloré car ‘Lady Friend’ (Ghio 81) est l’un des iris les plus proches du rouge. ‘Coup de Cœur’ est tout simplement le croisement de deux roses fort connus : ‘Vanity’ (Hager 75 – DM 82) et ‘Pink Sleigh’ (Rudolph 70), tous les deux descendant du grand ‘Pink Taffeta’ (Rudolph 68 – DM 75). Pour ce qui est de ‘Lady Friend’, cette variété associe l’ocre de ‘Indian Territory’ (Ghio 80) au jaune sage, centré de blanc, de ‘Countryman’ (Gaulter 75). Derrière ‘Indian Territory’ se trouve le jaune acide ‘New Moon’ (Sexton 68 – DM 73), parmi les ancêtres de ‘Countryman’ il y a ‘Rainbow Gold’ et son parent ‘Mary Randall’ (Fay 50 – DM 54).

Arrêtons-nous un instant sur la branche paternelle de ‘Mamy Framboise’, avec ce ‘Crowd Pleaser’ que beaucoup connaissent car il a été commercialisé en France par Iris en Provence. ‘Crowd Pleaser’ est une variété très originale comme on en trouve beaucoup chez l’obtenteur Bernard Hamner : la teinte générale est un rose orangé tendre, entre pêche et abricot, mais les sépales s’ornent d’une réticulation rose amarante remarquable, qu’on n’avait plus vue sur une fleur d’iris depuis le célèbre ‘Color Carnival’ (DeForest 48). Une autre particularité de ‘Crowd Pleaser’ est de présenter un pedigree en miroir presque parfait. Qu’on en juge :

On ne sait évidemment pas quel est le coloris de la fleur de ce ‘semis n° 2’. Il y a tout lieu de penser néanmoins qu’il s’agit d’un bicolore rose/mauve, compte tenu de la nature de ses parents. Quant à ‘Touch of Envy’, il s’agit d’un rose violacé qui est là pour augmenter la saturation des couleurs, de sorte que ‘Heather Blush’ allie des pétales rose orchidée et des sépales violet améthyste. Que dire du ‘semis n° 1’ ? Sinon qu’il a de bonnes chances d’avoir une ressemblance avec son presque frère ‘Heather Blush’. Quoi qu’il en soit, dans ‘Crowd Pleaser’ c’est le rose qui l’emporte, les veines couleur framboise qui sillonnent les sépales rappelant la teinte des sépales de ‘Heather Blush’.

De tout cela, ‘Mamy Framboise’ a hérité sous une forme originale, très seyante, qui fait tout son intérêt.

A ma connaissance, le tandem ‘Marie Kalfayan’ X ‘Crowd Pleaser’ n’a été essayé par personne d’autre que Bernard Laporte. Son intuition lui a offert l’occasion de sortir un iris remarquable. C’est une belle récompense pour un hybrideur modeste et réservé, mais dont il faut tenir compte.

2.7.07

UN PEU DE RETARD

Les habitués de ce blog constateront qu'il y a cette fois du retard dans la publication. Les vacances ne sont pas synonymes de régularité ...



AVIS AUX AMATEURS

Q . = « Vous avez officié en tant que juge au dernier concours FRANCIRIS ® 07 ; quelle impression retirez-vous de ce concours ? »

R. = Avec l’avance prise par la végétation à cause de la douceur du mois d’avril, on a craint un moment que le concours 2007 ne doive être supprimé, faute de fleurs à juger. Mais la première quinzaine de mai a été plus fraîche et les iris ont ralenti leur floraison. De plus un nombre important de variétés en compétition étaient des variétés tardives ou semi-tardives (plus de 40 sur 113). Cela a permis de disposer à l’heure du début des jugements d’un nombre suffisant d’iris en fleur pour émettre un avis valable et garantir que le concours se déroule dans des conditions équitables. Il n’y a donc aucun doute à avoir sur la valeur des résultats. »

Q . = « Que pensez-vous des fleurs que vous avez eu à juger ? »

R. = « Il y avait une cinquantaine d’iris encore en fleur quand les juges ont effectué leur premier passage dans les rangs. Ils en ont retenu tout d’abord un peu plus de trente, puis, d’un commun accord, ont limité la dernière phase de la compétition à vingt-quatre variétés. Il s’agissait des 24 plantes qui présentaient tous les caractères propres à un candidat à une récompense. Un concours comme FRANCIRIS ®, c’est un peu comme l’élection de Miss France : dans le dernier carré ne figurent plus que les meilleurs, et chacun de ceux-ci est étudié selon des critères internationaux très stricts qui visent la plante dans son ensemble et pas seulement la fleur. Le rôle de celle-ci reste cependant majeur parce que les critères la concernant sont déterminants. Il y a par exemple la qualité de la matière, la tenue de la fleur aux intempéries, sa forme, la durée de la floraison… La couleur n’est pas l’élément primordial, et l’originalité du coloris compte beaucoup plus. Mais je dois dire que j’ai été étonné de trouver en compétition des plantes qui présentaient des fleurs manifestement inaptes à concourir. »

Q. = « D’où venaient ces plantes ? »

R. = « Je n’ai pu le savoir qu’une fois le jugement terminé, lorsque la liste nominative des iris en compétition et l’origine de ceux-ci ont été portés à la connaissance du jury. Certains de ces iris « hors jeu » venaient d’Europe de l’Est, les autres avaient été envoyés par certains amateurs français. En ce qui concerne les iris d’Europe orientale, la remarque que l’on peut faire c’est que les obtenteurs de ces pays ne disposent encore tous de variétés modernes pour effectuer leurs croisements. Ceux-là agissent avec les matériaux du bord, c’est à dire avec des variétés américaines des années 60 ou 70. Les plantes qu’ils obtiennent peuvent être belles, solides, de bonne qualité horticole, mais les fleurs elles-même « datent » forcément. Elles pâtissent de la comparaison avec celles des variétés obtenues à partir de cultivars plus récents. Le constat concernant les produits d’amateurs français n’est pas tout à fait le même. Notre pays n’a jamais été coupé du monde et les variétés américaines récentes y ont toujours été commercialisées. Et pourtant on trouve encore des fleurs d’aspect « old fashion ». »

Q. = « A quoi attribuez-vous cette situation ? »

R. = « Il faut compter près de dix ans entre la mise sur le marché américain d’une nouvelle variété et son apparition dans les catalogues européens. C’est normal car les producteurs reçoivent des catalogues américains (ou australiens), font leur marché, réceptionnent les plantes achetées et les mettent en multiplication. Ils ne peuvent pas les proposer à la vente avant d’avoir constitué un stock suffisant pour pouvoir honorer les commandes qu’ils vont recevoir. Le temps passe… Lorsque les amateurs vont recevoir de nouvelles variétés découvertes dans les catalogues, celles-ci seront déjà un peu dépassées par les variétés les plus récentes. Il s’écoulera encore un certain nombre d’années avant que les iris issus de ces variétés dites nouvelles ne fleurissent à leur tour est soient appréciés par leur obtenteur. Le temps ne joue pas en la faveur des non-professionnels. Bien souvent, leurs « enfants » présenteront les caractéristiques des variétés obtenues dix ans auparavant par les obtenteurs professionnels qui auront effectué leurs propres croisements dès réception de leurs commandes. S’ajoute à ce handicap le fait que, pour comparer, les amateurs ne vont disposer que de quelques plantes, au mieux quelques dizaines, et que leur jugement sera de ce fait moins sélectif que celui de quelqu’un qui a devant les yeux des centaines de jeunes cultivars.»

Q. = « Comment faire, alors ? »

R. = « Les amateurs qui veulent participer à des concours du genre de FRANCIRIS ® ne doivent pas se croire battus d’avance. Ils doivent surtout éviter de chercher à faire du neuf avec du vieux. Croiser des variétés anciennes ne leur donnera pas des rejetons modernes . Donc, pour être compétitifs, il leur faut utiliser des armes analogues à celles de leurs importants concurrents. Aujourd’hui ils peuvent se procurer assez facilement des variétés dernier cri : ils les commandent directement outre-Atlantique ou en Australie, via Internet notamment, mais également par les catalogues « papier ». Ils pourront les utiliser en hybridation dès la première année de leur floraison chez eux et se trouver dans la même situation que les professionnels. En croisant des variétés modernes de qualité, ils obtiendront nécessairement des iris valables, pas forcément des compétiteurs, mais des choses dont ils pourront être assez fiers. De temps en temps ils découvriront de véritables iris de compétition qu’ils pourront alors envoyer en concours. C’est ce que font déjà les plus habiles d’entre eux, ceux qui réussissent à se classer en bon rang. Tout le monde peut obtenir ces résultats. »

Q. = « Mais cela doit coûter cher ! »

R. = « Ce n’est pas hors de prix. Les nouveautés valent actuellement autour de 50 dollars pièce. Le change nous est favorable et représente cette année un bonus de 30%. Et puis si l’on veut être compétitif, il faut un peu investir. Mais la résultat a plus de chance d’an valoir la peine. C’est, de plus, bien plus gratifiant que de constater que l’on n’est pas dans le coup. »