11.5.07







TROIS MINI-PORTRAITS
D’OBTENTEURS CONTEMPORAINS

Larry Lauer

Il y a trente ans que cet homme et sa famille sont arrivés en Californie, pour se lancer dans la culture. Il pensait alors aux légumes. Mais le destin a voulu que son voisin s’appelle Jim McWhirter, et que ce soit un grand nom des iris. McWhirter était un homme de cœur, toujours disponible pour les autres. Larry Lauer et Jim McWhirter sont devenus amis, puis, même, associés. En compagnie de son mentor, Larry Lauer s’est initié aux mystères des iris et aux arcanes de l’hybridation. Il a sympathisé avec plusieurs obtenteurs californiens et a creusé son trou dans un monde où il a rapidement trouvé sa place. Comme beaucoup d’hybrideurs talentueux, il a été récompensé dès sa première introduction, en l’occurrence l’iris intermédiaire ‘Lemon Pop’ (89) (voir photo) qui a obtenu la Sass Medal en 96.

Son année triomphale a été 99 où ‘Stairway to Heaven’ (93) a gagné la Wister Medal, avant d’atteindre, l’année suivante, la Dykes Medal, tandis que ‘Penny Lane’ (99) remportait la Franklin Cook Memorial Cup, et que ‘Sandy Beach’ (98) se distinguait aux Loomis Awards.

Depuis, Lauer fait partie du gratin des hybrideurs. Chaque année il enregistre de superbes variétés ; depuis ‘Opening Act’ (91), le premier et bien nommé, ‘Speed Limit’ (92) puis ‘Jurassic Park’ (95) ou ‘Lady Jane’ (2001) sont des variétés devenues célèbres.

Vernon Wood

Cet personnage-là, c’est avec raison qu’on le qualifie de « maître des roses ». Il a en effet consacré toute sa vie d’hybrideur aux iris de cette couleur, et on peut dire qu’il est parvenu à y exceller. Après des études à l’Université de Californie, et les années de service militaire qu’il passa en Alaska, ce petit homme jovial s’est lancé dans l’hybridation des iris pour le plaisir. Mais c’est quelqu’un qui aime la perfection, aussi s’est-il rapproché des grands maîtres des années 50/60 pour acquérir auprès d’eux le professionnalisme qu’on lui reconnaît aujourd’hui. Ces modèles se nomment Orville Fay, David Hall, Tell Muhlestein et Nathan Rudolph : des noms qui disent quelque chose à ceux qui s’intéressent aux iris.

Après un long apprentissage et des essais dont le public n’a jamais eu connaissance, Vernon Wood ne s’est décidé à enregistrer une variété qu’en 1969, et ce fut ‘Cherry Jubilee’, son premier blanc à barbes rouges. La chance de sa vie, il la doit à un croisement heureux entre un de ses semis et le fameux rose de Joë Ghio, ‘Bubble Up’. De ce croisement il a obtenu cinq variétés qu’il a enregistrées et qui sont l’épine dorsale de son travail : le blanc à barbes rouges ‘Sly Fox’ (96), et quatre roses magnifiques qui sont ‘Larue Boswell’ (97), ‘Pink Dancer’ (95), ‘Pink Quartz’ (95) et ‘Valentine’s Day’ (97) (voir photo).

Auparavant, déjà, Vernon Wood s’était fait connaître grâce à des iris roses adorables comme ‘Pink Gala’ (90), ‘April in Paris’ (92) ou ‘Pink Starlet’ (93). Par la suite encore des variétés comme ‘Ballet Royale’ (99) et ‘Heidi Alaina’(2000) sont venues compléter une collection exemplaire.

Mais les grands iris barbus ne sont pas la seule catégorie à laquelle Vernon Wood s’intéresse. C’est aussi une sommité en matière d’iris de Californie, et ce n’est pas pour rien que ‘Sea Admiral’ (95) puis ‘Raspberry Dazzler’ (95) ont obtenu la Sydney B. Mitchell Medal, la plus haute récompense pour les iris de Californie.

Jean Ségui

Jean Ségui ne veut pas qu’on dise de lui qu’il est un professionnel de l’iris. Il s’en défend au prétexte que ses iris ne résultent pas d’un programme minutieusement élaboré, ni d’une recherche en un domaine précis. Il agit en fonction de son humeur et de sa fantaisie. Il faut reconnaître que cette humeur et cette fantaisie ont abouti à des résultats intéressants.

La vie professionnelle de Jean Ségui a été consacrée à la médecine, à la gynécologie, pour être précis. C’est assez tard dans sa vie qu’il a pu consacrer assez de temps à son loisir favori, les iris, et pratiquer l’hybridation. Ses premiers iris enregistrés remontent à 1981, lorsqu’il a mis sur le marché les quatre « B » qui sont ‘Baladin’, ‘Balançoire’, ‘Baliverne’ et ‘Ball Trap’, ainsi que l’amoena jaune ‘Sur Deux Notes’. En 82 viendra le riche variegata ‘Corbières’ ainsi que l’un de ses meilleurs, le bleu outremer ‘Trapel’ (photo), apprécié pour la richesse de son coloris et la vigueur de la plante, et le très recherché ‘La Belle Aude’, rose un peu raide mais solide et sans problèmes. En 83 apparaîtra ‘Doctor Gold’, un iris de haute taille, tardif, et d’un rare coloris vieil or qui sera remarqué à Florence où il obtiendra le prix de la variété la plus commerciale. Aujourd’hui ‘Doctor Gold’ a un peu vieilli en raison de ses fleurs un peu petites et sans ondulations. Il sera suivi par un iris flamboyant : ‘Catalan’ (85), puis par l’amusant ‘Aïda Rose’ (88) dont le cœur s’agrémente de curieux appendices en forme de trompette. En 89 on revient au modèle variegata avec ‘Cerdagne’. ‘Trencavel’ est proposé en 90 : c’est un joli plicata pourpre. Il sera suivi par, d’après moi, les deux meilleures variétés de la production Ségui, ‘Ruée vers l’Or’ (92) et ‘Via Domitia’ (93). Le premier rejoint le thème abordé avec ‘Cerdagne’, mais en plus léger, le second est une amélioration de ‘Sur Deux Notes’. ‘Monsieur-Monsieur’ (94), puis ‘Oulo’ (non enregistré) seront les représentants de la période « rouge » de leur obtenteur dont l’activité, l’âge venu, deviendra épisodique avec pour dernier enregistrement le charmant variegata ‘Frisounette’ (98).

Je ne crois pas avoir oublié qui que ce soit de la production de grands iris du docteur Ségui. Mais il n’est pas possible de terminer ce rapide portrait sans rappeler son activité à la SFIB dont il fut le Président après avoir été l’Editeur de la revue « Iris & Bulbeuses ».

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