26.1.07







LA GRANDE VARIÉTÉ DES VARIEGATAS

Curieusement, « The World of Irises », la Bible des iridophiles, ne parle pour ainsi dire pas des iris que nous appelons « variegatas », qui sont, faut-il le préciser, des fleurs aux pétales dans les tons de jaune et aux sépales soit brun-rouge, soit violets, voire bleus.

Pourtant il s’agit d’un modèle qui est maintenant fort répandu et qui attire beaucoup les amateurs. Son origine reste cependant obscure, même si l’on est certains que l’espèce I. variegata est prépondérante. I. variegata est une plante plutôt grande (environ 75 cm) avec des fleurs au contraire plutôt petites, pétales jaunâtres, sépales semblables mais veinés de brun-rouge. Une bonne représentation de cet iris se trouve reproduite dans le cultivar HONORABILE (Lémon 1840), à moins qu’on ne lui préfère le fameux SANS SOUCI (van Houte 1854) qui lui ressemble bigrement, mais dont les veines sont plus violacées. Ces deux iris sont plus proches de ce qu’on appelle aujourd’hui les variegatas-plicatas chers à Jim Gibson et Keith Keppel.

Pour arriver au modèle actuel, avec ses pétales parfaitement jaunes et ses sépales entièrement rouges ou violets, il a fallu travailler dur et ajouter beaucoup d’ingrédients divers à l’espèce de base. Ces travaux se sont orientés dans trois voies. Soit ajouter au modèle initial les gènes d’iris jaunes, brun-rouge ou pourpre foncé. Soit croiser un variegata et un autre bicolore. Soit enfin marier entre eux deux variegatas.

Une toute première approche du modèle se situe chez EXTRAVAGANZA (Douglas 1940), qui a des pétales blanc crémeux et des sépales rouge bourgogne. Croisé avec FRANK ADAMS (Lapham 1937) qui est un brun-rouge apprécié à son époque, il a donné naissance à ce qui reste un des meilleurs variegatas : ACCENT (Buss 52), un iris de haute taille avec des pétales d’un jaune très pur et des sépales d’un brun uniforme ornés de barbes dorées.

Auparavant, une variété comme RAMESES (Sass 1929 – DM 32) présentait cette addition du jaune et du magenta, mais elle n’a pas eu de véritable descendance dans ces coloris. Quinze ans plus tard, ROCKET (Whiting 45) est une autre approche du modèle, mais lui non plus n’a pas été foisonnant en descendant ; on peut cependant parler du Français GAI LURON (Cayeux 58) qui en provient en droite ligne.

C’est à Opal Brown que l’on doit une grande partie du développement des iris variegatas. Elle a en effet sélectionné, au début des années 60, une variété que l’on peut qualifier de variété de base dans ce coloris. Il s’agit de GYPSY LULLABY (O. Brown 60), un iris foncé, caramel / grenat, qui est à l’origine de PIPES OF PAN (O. Brown 63), qui est crème / pourpre, puis de GALA MADRID (Peterson 68), qui est cuivre / pourpre. PIPES OF PAN est lui-même l’un des parents de BARCELONA (O. Brown 67), qui est beige / bordeaux. Ajoutons à ce panel TAMBOURINE (Babson 69), un iris or et grenat, dont on ne sait pas grand chose des origines. Avec les descendants de ces cinq iris-là, on maîtrise une grande partie du pedigree des variegatas modernes.

La plupart des descendants de GALA MADRID sont des variegatas. Pour n’en citer que quelques-uns, connus parce que commercialisés en France, parlons de CAIRO LYRICS (Peterson 73) qui est le portrait craché de son ancêtre GYPSY LULLABY, ORITAM (Hoffmeister 77), CORBIERES (Ségui 82) et GLAD RAGS (Hager 85). BARCELONA a, aussi, une belle progéniture : CAPRICORN DANCER (B. Blyth 78), P.T. BARNUM (J. Meek 79), et surtout GYPSY CARAVAN (Moldovan 78) qui dispose d’une descendance exceptionnelle dans les tons du modèle, avec, entre autres, ALL THAT JAZZ (Denney 81), FIESTA TIME (Schreiner 86), ADOBE ROSE (Ernst 88), INTERNATIONAL INTRIGUE (P. Black 89), VIGILANTE (Schreiner 91) et ANDALOU (R. Cayeux 95). Quant à TAMBOURINE, il est plutôt à l’origine de cette variante du modèle qu’est le rapport jaune/bleu. Il a notamment pour descendants le tendre SWEDISH MODERN (Babson 76), et son cousin MERRY MADRIGAL (Babson 82), ainsi que SHAMAN (DuBose 80). MERRY MADRIGAL est à la base d’une longue lignée de grandes variétés jaune/bleu, et, tout particulièrement, de EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93).

Cet EDITH WOLFORD a pour « père » FREEDOM ROAD (Plough 77) qui est lui-même un variegata jaune /bleu, et dont le pedigree mérite d’être décrypté car il provient d’une autre approche du modèle. En effet il est le fils de GUITAR COUNTRY (Plough 71), jaune moutarde / prune, et le petit-fils de MILESTONE (Plough 65), jaune beurre / pourpre, qui est l’aboutissement d’un croisement entre un iris jaune, RAINBOW GOLD, et un amoena, WHOLE CLOTH. Mais EDITH WOLFORD est surtout important par la richesse de sa descendance qui comporte à ce jour plus de 80 variétés enregistrées, essentiellement dans le modèle variegata. Dans cette belle famille on trouve des variétés aussi intéressantes que JURASSIC PARK (Lauer 95), DISCO ECLIPSE (Johnson T. 2000), les trois frères NOTHING TO LOSE (Ernst 92), PICTURE THIS (Ernst 93), THRILLSEEKER (Ernst 93) et les Français TUMULTUEUX (Cayeux R. 95) et HAUT LES VOILES (CAYEUX R. 99), ou le superbe LYDIA SAFAN-SWIASTYN (Jameson 99) –voir photo-. A côté, certaines variétés plus anecdotiques méritent d’être citées, comme ANNE MARIE CHESNAIS (François 98), MELEN HA GLAS (Madoré 2001) et les Slovaques SUZUKI CHIC (Muska 96) et GIL Y GIL (Muska 99) –voir photos-.

D’autres variegatas, d’une grande diversité d’aspect, ont eu une importante descendance. Il en est ainsi de BETTY SIMON (Hamblen 76), SHOWBIZ (Gatty 79), SMART ALECK (Gatty 87), SUPREME SULTAN (Schreiner 88), SYNCOPATION (Gatty 84), VILLAIN (Keppel 81), WORLD NEWS (Sexton N. 78) ou SHAMAN dont il a été question plus haut et que la famille Anfosso a utilisé pour sa série de variegatas qui ont pour noms ATYS (88), MARCHE TURQUE (91) et SAMARCANDE (92). On pourrait à l’infini poursuivre cette énumération car les iris variegatas sont très nombreux et très variés. C’est un modèle extrêmement courant, qui a encore de beaux jours devant lui et de grands progrès à accomplir. Voyez, par exemple, l’évolution qui donne naissance à des variegatas inversés, comme CREE LADY (Hedgecock 2003), WIDDERSHINS (Roberts M. 99) ou, encore plus évident, WONDERFUL TO SEE (Kerr 2000).

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