13.1.07


FEMME-ÉTOILE

Un iris intermédiaire réussira-t-il à remporter la Médaille de Dykes ? S’il en est un qui est bien placé pour accomplir cette performance, c’est bien STARWOMAN (Marky Smith 97) – voir photo - .

Certains diront : « Mais qu’a-t-il de particulier ? C’est un plicata archi-classique ! » Sans doute, mais ce coloris, vif et assez chargé, n’est pas si courant chez les iris intermédiaires. En plus il est fortement ondulé, voire bouillonné pour ce qui est des pétales, un peu comme le sont certains grands iris actuels, et cela aussi c’est rare dans la catégorie IB. Enfin STARWOMAN sent bon, est considéré comme robuste et poussant bien, et si on ajoute qu’il s’agit d’une variété fertile, on a fait le tour des qualités peu ordinaires de cette variété.

STARWOMAN est issu d’un iris nain standard, CHUBBY CHEEKS (P. Black 84) et d’un grand iris, en l’occurrence un semis non dénommé réunissant SNOWBROOK (Keppel 86) et un de ses frères de semis. On ne sait pas exactement quel est le coloris de ce semis. S’agit-il d’un plicata type « Emma Cook » comme SNOWBROOK ? Ou d’un plicata ordinaire ? En tout cas il ne peut s’agir que d’un plicata, et vraisemblablement dans les teintes de bleu ou de violet puisqu’on ne trouve presque que ce coloris chez les ancêtres. La vive coloration de STARWOMAN est à coup sûr un acquis paternel.

C’est plutôt du côté maternel que STARWOMAN retient l’attention des hybrideurs. Son parent femelle, CHUBBY CHEEKS (voir photo), est une sorte de plicata, dans les tons de bleu grisé, nuancé de chartreuse aux épaules. Esthétiquement, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est une variété au fort potentiel génétique, et qui a été abondamment utilisée par les obtenteurs de SDB et d’IB. L’une de ses aptitudes est d’engendrer des iris intermédiaires fertiles. Or chacun sait que les Intermédiaires, du fait de leur nombre impair de chromosomes, sont en principe stériles. Pour démontrer qu'ils n'étaient pas tous aussi stériles qu'on voulait bien le dire, l’obtentrice américaine Marky Smith a effectué de nombreux croisements entre des intermédiaires utilisés comme parent femelle et, soit des nains standards, soit des grands iris. Au début de 98 elle a choisi trente-trois IB qu'elle a d'abord fécondé avec du pollen prélevé sur des SDB, alors en fin de floraison, puis, un peu plus tard, avec du pollen de TB. Parmi les variétés choisies pour l’expérience figurait ce STARWOMAN, ainsi que quelques autres descendants de CHUBBY CHEEKS. Et il s’est avéré que STARWOMAN et ses cousins étaient fertiles, cependant ils n'ont bien réussi qu'avec les TB. L'intérêt de cette expérience se situe notamment dans la perspective d'obtenir, par cette voie, des iris de bordure (BB) qui soient plus élégants et mieux proportionnés que ceux enregistrés jusqu'ici, lesquels ne sont que des grands iris déclassés pour cause de tiges trop courtes, et, de ce fait, généralement dotés de fleurs trop grosses pour la taille des plantes. Le mélange IB/TB aboutit á des iris moyens en taille, mais avec des fleurs petites et fines. Un autre intérêt est qu'on peut envisager que des traits caractéristiques des iris nains (SDB) comme la macule brune héritée des I. pumila apparaissent sur des grands iris (TB) ou tout au moins sur les BB de nouvelle génération.

Voilà donc une variété plus originale qu’elle n’en a l’air, qui peut apporter un développement nouveau dans le domaine de l’hybridation. Rien qu’à ce titre elle mériterait bien d’être distinguée lors de l’attribution de la récompense suprême de 2007. Elle est en tout cas remarquablement placée dans la course. Mais ce ne serait pas la première fois qu’un iris exceptionnel passerait à côté de la consécration. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à SNOW FLURRY, au début des années 40. Souhaitons néanmoins à STARWOMAN de devenir une vraie star !

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