22.12.06


PASSION ROSE

Le rose est l’une des couleurs favorites des amateurs d’iris. Les variétés roses ont peut-être, même, plus de succès populaire que les bleues. Chez les obtenteurs, les choses se présentent différemment. Si la plupart d’entre eux ont enregistré des iris roses, tous n’ont pas travaillé cette couleur avec autant de conviction. Certains en ont fait leur domaine de prédilection, c’est à certains, américains, de ceux-ci que cette chronique sera consacrée.

Au cours des années 30 de nombreux roses apparurent un peu partout, mais c’est surtout à partir des années 40 qu’ils atteignirent le plein succès. Paradoxalement MELITZA (Nesmith E. 40), considéré comme rose, est en fait plus ivoire que rose, mais il eut un rôle important en hybridation, tant chez les véritables roses que chez les iris beiges ou chartreuse. A la même époque, ce sont les frères Sass qui ont présenté le rose le plus vif, baptisé FLORA ZENOR (42), battu sur ce plan par PINK CAMEO (Fay 44) encore plus rose, et de forme impeccable. L’un et l’autre font partie de la base des iris roses d’aujourd’hui.

Le célèbre hybrideur David Hall fut l’un des premiers à obtenir une nette amélioration du coloris rose. Peu à peu la pureté du coloris s’est affinée. Comme on vient de le voir, les premiers iris considérés comme roses contenaient une bonne dose de couleur jaune, donnant naissance à des roses un peu beiges ou pèche, le défi relevé par les hybrideurs a consisté à éliminer le jaune et concentrer le rose. David Hall, en unissant le variegata RAMESES (Sass 29 – DM 32) et le bitone grenat DAUNTLESS (Connell 29 – DM 29) aux descendants de SEASHELL (Loomis 40), le premier iris dit « rose », obtint ses fameux roses flamant. Pour se donner une idée des améliorations successives apportées au coloris, il est intéressant de suivre en photo le chemin qui sépare OVERTURE (Hall 42) de FASHION FLING (Hall 65), en passant par CHERIE (48 – DM 51), HAPPY BIRTHDAY (52) et JUDY MARSONNETTE (62).

Celui qui, dans la quête des roses, a succédé à David Hall s’appelle Nathan Rudolph. Son règne en ce domaine a duré tout le long des années 70. Il a commencé ce règne par un coup de maître, PINK TAFFETA (68 – DM 75), et l’a poursuivi par des variétés largement appréciées et répandues comme PINK SLEIGH (70), CARVED CAMEO (72), PINK ANGEL (73), CARVED PINK (75) et BLUSHING PINK (77). Tous vont du rose dragée au rose orchidée et ont constitué une étape décisive du progrès des roses.

Presque en même temps, Melba Hamblen, au fin fond de l’Utah, s’est aussi attelée à la tâche d’améliorer les iris roses. Et elle a obtenu de brillants résultats. L’un des premiers a été FLAMINGO FLING (72), puis les très roses LOVE SONNET (77) et SUNDAY CHIMES (78). Le plus réussi est sans doute LOVELY KAY (80) – voir photo - , mais CORAL SATIN (81) n’est pas mal non plus, et WHISPERING (90), l’un de ses derniers, allie à un joli rose doux les barbes sombres dont Melba Hamblen s’était fait une spécialité.

Pendant environ trente ans, de 66 à 96, Glen Corlew a poursuivi une carrière d’hybrideur sage et discrète. Il avait une prédilection pour les iris roses et en a obtenu une vingtaine, tous délicats et gracieux. Retenons de cette production quasi exclusive des noms comme CHERUB CHOIR (68), DATEBOOK (72), CHERISHED (73), BIRTHDAY SONG (77), STORYBOOK (80), AMOUR (85) ou DESCANSO (95) – voir photo - .

Les roses de Gatty ont marqué leur époque et fourni des munitions de choix à tous ceux qui avaient l’intention de rendre le rose encore plus rose et les fleurs encore plus élégantes. On ne peut pas tous les citer, mais voici une liste de huit iris qui valent le voyage (comme on dit dans les guides touristiques) : BONBON (77), de forme impeccable, PLAYGIRL (77), universellement connu, SATIN GOWN (78), finement dentelé, PARADISE (80) et CHANTEUSE (80), parmi les meilleurs, SATIN SIREN (87), l’un des plus foncés, FEMME FATALE (88), un peu plus teinté de pêche mais superbement formé, SOFT CARESS (91), l’un des plus clairs, et pour finir en apothéose, COMING UP ROSES (92), le plus proche de la perfection.

Tous les grands hybrideurs ont été tentés d’enregistrer des variétés roses. Que ce soit Schreiner – PINK HORIZON (68), GOODNIGHT KISS (2003), Ghio – ENTOURAGE (77), BUBBLE UP (88) - , Keppel – SOCIAL EVENT (91), HAPPENSTANCE (2000) ou Hager. Ce dernier d’ailleurs a eu l’incroyable chance de voir deux de ses variétés roses obtenir la Médaille de Dykes : VANITY (75) en 82 et BEVERLY SILLS (79) en 85. Mais parmi ces généralistes, Richard Ernst a une place à part car ce n’est que depuis les années 90 qu’il s’est pris d’intérêt pour les roses. Depuis il ne propose un ou deux chaque année, comme : FEMININE FIRE (91), particulièrement bien coiffé, TOO SWEET (95), rose saumoné, JUST FOR SOPHIE (98), plus sombre au cœur, LACY DAY (2000) – voir photo - , rose tendre, très frisé, SHE’S ALL THAT (2001), qui a une éclatante barbe rouge, PASSION FOR PINK (2002), le bien nommé, rose classique jusque dans ses ondulations, LADIES ONLY (2003), classique également, mais dans un ton foncé, et PLUSH AND PINK (2004), rose clair, bien agréable.

On ne peut pas terminer ce tour d’horizon sans parler de Vernon Wood. A l’instar de Glen Corlew ou de Joseph Gatty, c’est essentiellement un homme de roses. Il s’est spécialisé dans cette couleur et a produit des iris roses charmants, qui mériteraient une plus large diffusion et, partant, une notoriété qui pourrait lui donner accès aux médailles prestigieuses. Si vous en avez la possibilité, allez admirer ces petits chef-d’œuvre que sont : EASTER SONG (84), rose clair à barbes rouges, PINK BELLE (84) adorablement frisé, VISION IN PINK (87), rose pur à barbes rouges, APRIL IN PARIS (92), parfait, avec une barbe vermillon qui lui donne tant de piquant, PINK STARLET (93), rose foncé, épaules marquées de brun, barbes cerise, PINK QUARTZ (96), rose tendre, barbes assorties, forme exquise, LARUE BOSWELL (97), plus traditionnel ou VALENTINE’S DAY (97), clair et doux comme un mot d’amour.

On pourrait parler sans fin des iris roses tant ils sont nombreux et souvent délicieux. D’ailleurs dans cette énumération beaucoup et non des moindres ont été passés sous silence. Mais il faut bien se limiter ! Que ces quelques noms fassent seulement regretter que nos jardins ne soient pas plus vastes pour pouvoir accueillir toutes ces merveilles.

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