31.8.06


VINGT ANS DE BONHEUR

De 1978 à 1996, cela ne fait que 18 ans, mais c’est évidemment pendant vingt ans et plus que la famille Anfosso nous a gâtés de ses superbes obtentions d’iris de toutes sortes. 102 variétés au total : une majorité de grands iris, mais aussi plusieurs iris de bordure, plusieurs iris nains standards, des spurias, quelques arils, mais surtout, peut-être, des iris de Louisiane, dont il n’y a pas d’autres exemples en France. Pourquoi, depuis dix ans, l’ensemble de la famille a-t-elle brusquement cessé de s’intéresser à l’hybridation des iris ? C’est une question que tous les amateurs se posent avec plein de regrets. Car chaque année, ils attendaient avec impatience la nouvelle récolte. Et chaque fois c’était pour constater le chic et la grâce des iris Anfosso. L’un des plus ardents admirateurs de ce que nos provençaux produisaient, était Keith Keppel, celui dont le goût et le flair ne font aucun doute. Il fut le premier sans doute à importer les iris Anfosso aux Etats-Unis et à en faire activement la promotion par son catalogue. Par la suite d’autres ont suivi son exemple et encore aujourd’hui, dix ans après la cessation de toute nouvelle obtention, on trouve des iris Anfosso dans la plupart des grandes collections américaines, ce qui est un gage de qualité et de succès, dans un pays où la nouveauté est toujours recherchée en priorité.

Dès l’apparition de LORENZACCIO DE MEDICIS (P.C. Anfosso 78), les connaisseurs ont vu que quelque chose d’important allait se produire. Les obtentions suivantes, plus sophistiquées et peut-être trop originales, n’ont pas connu une brillante carrière commerciale. Pourtant CHILOE (M. Anfosso 79), blanc au cœur rose, MALDOROR (P. Anfosso 80), bleu marine uni, ou SONATE D’O (P. Anfosso 80), brun façon PAGAN, avaient-ils tout pour plaire. En revanche SANSEVERINA (P.C. Anfosso 81), jaune tilleul centré de blanc bleuté, ou BATEAU IVRE (P.C. Anfosso 82), étrange gris rosé à large flamme bleue, étaient-ils plus destinés à des amateurs avides de coloris qui sortent du commun. EVASION (P. C. Anfosso 80), délicat néglecta bleu mauve, à la texture un peu fragile, BELLE EMBELLIE (P. Anfosso 81), sorte d’amoena jaune pâle inversé, et NUIT BLANCHE (P. Anfosso 80), blanc pur, doucement ondulé, ont eu plus de succès. Mais d’ores et déjà on savait que les iris Anfosso ne seraient jamais indifférents.

Serait-ce en raison des circonstances qui ont entouré son apparition, où parce que c’était un iris classique mais bien sous tous rapports, toujours est-il que CALAMITÉ (P. Anfosso 82) est resté longtemps au catalogue. C’est aussi le premier iris très foncé d’une série qui comportera plusieurs belles réussites.

Le plus achevé des iris Anfosso des premières années est sans aucun doute ECHO DE FRANCE (84). Ce nom lui a été donné en hommage au travail sur les bicolores effectué en Australie par Barry Blyth. Il a été dès son apparition largement utilisé en hybridation, chez nous par Bernard Lecaplain, en Grande Bretagne par C.E.C. Bartlett et aux Etats-Unis (Fred Kerr, George Sutton…). Il figure toujours dans plusieurs catalogues américains, ce qui en dit long sur son succès auprès des amateurs.

Un autre cultivar de valeur, proposé en 84 également, est OPIUM (P. C. Anfosso). Cet iris très classique de forme, dans ses habits roses et mauves, a de la classe et de l’originalité. Il descend de l’étrange BATEAU IVRE et a particulièrement séduit Lawrence Ransom, qui en a obtenu plusieurs de ses plus intéressantes variétés, notamment les frères de semis CON FUOCO (94) et ULTIMATUM (94).

CARMEN X (P. Anfosso 85) est un orange assez soutenu, très bien formé, ondulé et frisé, ce qui est rare en ce coloris. C’est aussi un des plus vendus en Amérique. Des iris proposés en 86, il y en a trois qui m’ont particulièrement intéressé : ECUME (M. Anfosso), BAR DE NUIT (P. Anfosso) et MARGINAL (P. Anfosso). Le premier est une fleur très féminine, où se mêlent le blanc et le rose ; le second est un « noir de chez noir » puisqu’il provient du croisement Calamité X Superstition ; le dernier, en bleu tendre cerné de jaune tilleul est véritablement séduisant, et je me demande pourquoi il n’a pas eu plus de succès.

La plus étonnante nouveauté de l’année 88 a été celle d’un iris de Louisiane, TEQUILA (P. Anfosso). A ma connaissance, c’est la première fois qu’un obtenteur français propose un iris de Louisiane. Il faut dire que ces plantes-là ne sont pas franchement adaptées à notre sol et à notre climat : elles exigent un terrain meuble, fortement enrichi en humus, et des étés chauds et humides, ce qui correspond à un climat tropical, ou presque ! TEQUILA, mauve avec un signal doré, est la première variété d’une courte série qui comprend aussi BERENICE (Besse 88), CASSIOPEE (L. Anfosso 88), BARBARE (P. Anfosso 89), BOURGOGNE (E. Besse 89), COSI FAN TUTTE (L. Anfosso 91) et MISTRAL ROUGE (L. Anfosso 92). Il m’apparaît que les plus réussis sont les « louisianas » de Laure Anfosso, notamment CASSIOPEE (voir photo), avec ses grands sépales pourpre profond ornés d’un gros signal d’or, et ses pétales rose orchidée, larges et ondulés.

Sans que nous en soyons conscients, nous avons déjà dépassé la moitié des années d’activité d’hybrideurs de la famille Anfosso ! Mais ce sont les années les plus riches qui vont maintenant arriver. 1989 sera, sous le signe de la Révolution Française, l’année de variétés excellentes, comme CITOYEN (P. C. Anfosso) et REVOLUTION (P. Anfosso). Le premier est un « blend » étrange et attachant, où l’or des pétales le dispute aux couleurs variées des sépales ; le second est presque un iris bleu-blanc-rouge ; c’est plus un néglecta qu’un amoena, mais l’ensemble, vivement contrasté, annonce la série tricolore de Richard Cayeux. 1990 marquera le sommet de l’art des Anfosso. FONDATION VAN GOGH (M. Anfosso) sera le clou de l’année, avec un succès qui dure encore ; LASER et MATAMORE (P. Anfosso) seront le résultat d’une tentative d’obtention d’iris rouges au moyen d’une irradiation des graines. 1991 sera l’année Mozart où, à côté du Louisiana de Laure COSI FAN TUTTE, en deux tons de violet pourpré, sont apparus le TB rose à éperons bleus FLUTE ENCHANTEE (Laure Anfosso) et le variegata rutilant MARCHE TURQUE (P. C. Anfosso) qui ne sera certainement pas égalé par l’ANDALOU de la Maison Cayeux (95), dans les mêmes couleurs mais avec une fleur moins bien coiffée et des sépales à la base trop étroite. A partir de ce moment les nouveautés vont aller en s’amenuisant. SAMARCANDE (P. C. Anfosso 92), frère de semis de MARCHE TURQUE, est le portrait craché de son ancêtre SHAMAN ; LUMIERE D’AUTOMNE (E. Besse 92) est une variété merveilleusement frisée et ondulée, en un ton de tabac doré plutôt rare. Les deux « sib » noirs NUIT DE CHINE (P. Anfosso 93) et NUIT FAUVE (P. Anfosso 94) marquent-ils l’extinction de la flamme des Anfosso ? On serait tenté de le penser, car les variétés postérieures n’atteindront pas la même perfection, et d’ailleurs leurs obtenteurs ne se donneront même pas la peine de les enregistrer.

La belle aventure s’achève. Les amateurs en restent malheureux et frustrés, car une belle histoire, on voudrait qu’elle n’ait pas de fin, et celle-ci a été trop brève pour qu’on n’ait aucun regret.
PETITS CONSEILS ENTRE AMIS

Une série de réflexions qui pourront intéresser les débutants.



L’Été des iris

Pendant l’été, les iris se reposent, puis reconstituent leurs réserves en vue de la floraison de l’année suivante. A l’automne, après une première pousse qui amorce ce que sera la saison suivante, ils cessent toute activité jusqu’au printemps.

Pendant la période de dormance (depuis la fin de la floraison jusqu’à la mi-juillet environ), il n’y a rien à faire, si ce n’est, en cas de besoin, enlever les feuilles complètement desséchées.

Pendant la période suivante, qui est aussi celle où l’on peut les diviser et les transplanter (grosso modo du 15 juillet au 15 septembre), il faut leur apporter un peu d’engrais complet, versé en surface de la plate-bande et enterré par un léger grattage suivi d’un arrosage permettant de hâter la dissolution de la poudre ou des granulés.

(à suivre)
FLORENCE

Cette année, le Concours de Florence a récompensé :
1) RECONDITA ARMONIA (Bertuzzi 06) variegata aux pétales jaune primevère sur sépales parme liserés du jaune des pétales, barbes jaunes.
2) HIGH CLASS (P. Black 02) neglecta ciel/pourpre
3) MYTHOLOGY (T. Johnson 02) unicolore indigo, barbes brunes.
RÉCRÉATION

Finies, les vacances, on reprend les bonnes habitudes !


CHACUN SA TRIBU

Les six noms qui suivent font référence à une tribu indienne d’Amérique. Mais l’un d’entre eux n’a pas (encore) été attribué à une variété d’iris. Lequel ?

CHICKASAW SUE
CHIPPEWA MAIDEN
MOHAWK BRAVE
NAVAJO JEWEL
OSAGE BUFF
ZUNI BLANKET

26.8.06


POURQUOI AIMONS-NOUS LES IRIS ?

Quand on lui demandait les raisons de son amitié pour La Boëtie, Montaigne répondait « parce que c’était moi, parce que c’était lui. » Mais si l’on en reste à cette évidence, on n’avancera pas beaucoup dans le sujet d’aujourd’hui. Car s’il est bien vrai que quelque chose d’inexplicable régit nos sentiments, il existe aussi des raisons tangibles de nos choix. Pourquoi les amateurs d’iris aiment-ils cette fleur-là ? Pourquoi bien souvent cet attachement devient exclusif, ou tout au moins dominant ? Voilà des questions auxquelles on peut essayer d’apporter des réponses.

La madeleine de Proust

Quant on interroge un mordu des iris, il explique en général qu’il a été accroché, d’une façon qui ressemble à un coup de foudre amoureux. Quelque fois cette attirance est apparue très tôt dans la vie de l’amateur : il a ressenti un choc, un jour, dans des circonstances variables, mais qui gravitent le plus souvent autour d’une rencontre. Auprès de chez ma grand’mère, à Chinon, dans la falaise qui domine la ville, il y avait (il y a toujours) des touffes de petits iris germanicas, violet foncé, qui s’épanouissaient très tôt en saison, vers la mi-février. J’ai été fasciné par cette fleur superbe, qui accompagnait mes pas vers celle que j’aimais tendrement et que je me dépêchais d’aller rejoindre. Quand j’approchais des iris, c’était l’avertissement que j’arrivais où je voulais aller et c’était le signe avant-coureur du bonheur qui m’attendait. Dans mon jardin d’aujourd’hui, j’ai des iris germanicas qui viennent de ces touffes hâtives du coteau de Chinon, et auxquels je tiens plus qu’à toutes mes variétés modernes et vivement colorées. Aux alentours de la Pentecôte, le jardin de mon autre grand’mère, en Limousin, embaumait du délicieux parfum des grands iris pallidas bleu tendre, aux tiges un peu molles, qui traînaient souvent au sol. Ces fleurs là ont conservé pour moi un sens très particulier et, comme aux précédents, je tiens profondément aux rhizomes de ces iris, que j’ai précieusement rapportés quand il a fallu abandonner la maison limousine…

J’ai lu et étudié les biographies d’un grand nombre d’iridophiles, surtout lorsqu’ils s’étaient taillé une place majeure dans le petit monde des iris en tant qu’hybrideurs de mérite. Dans de très nombreux cas c’est un choc du même genre qui a déclenché la passion. Quelque fois c’est un intérêt plus spécifique, comme une attirance pour la création de variétés nouvelles, qui en est à la base. Mais il s’agit toujours de quelque chose d’irraisonné, tout à fait proche de l’opinion de Montaigne dont je parlais au début ; quelque chose d’inexplicable, de mystérieux, mais néanmoins rattaché par un lien particulier à la personnalité de l’amateur.

Le choc des couleurs

A côté de ces chocs émotionnels, il y a d’autres causes à la passion que les iris génèrent. Ils ne sont pas les seuls, d’ailleurs, à déclencher ces réactions : les orchidées, les hémérocalles, les pivoines, les lis, les roses surtout, font l’objet de passions identiques. Il est curieux de constater que ce sont en général des plantes pérennes, encombrantes, majestueuses ; on se passionne moins pour les crocus ou les pensées. Ces aspects de permanence et de taille importante font certainement partie des raisons de l’attirance pour les iris, mais ce ne sont pas les seuls : il y a la forme ternaire de la fleur, le fait qu’elle soit portée par une tige élevée qui la met bien en évidence, le fait qu’elle soit d’assez grande taille elle-même, même chez les iris nains, enfin il y a les couleurs. Je ne connais personne qui soit insensible à la vision d’une iriseraie au pic de sa floraison, ni même à la splendeur d’un catalogue illustré. Ces couleurs exceptionnelles, variées, infiniment déclinées en dessins ou mélanges harmonieux, n’ont pas leurs pareil. Comparez un champ d’iris, chez Cayeux par exemple, et un champ de roses dans une pépinière : une certaine uniformité marque le second, tandis que c’est la variété qui domine dans le premier. Le fait qu’il ne manque que le vrai rouge dans la palette des iris explique évidemment cette différence.

Le mystère de l’hybridation

Presque tous ceux qui cultivent les iris sont un jour tentés par l’hybridation, quand ce n’est pas cet aspect des choses qui a entraîné la culture. Rien de plus facile, en effet, que de créer ses propres variétés. Et l’on n’a pas à patienter trop longtemps avant de jouir de ce que l’on a créé : deux ou trois ans suffisent. On se pique vite au jeu. On n’est pas obligé d’agir méthodiquement, comme font les professionnels, on peut tout simplement laisser libre cours à l’inspiration du moment, au désir de voir ce que pourra donner telle ou telle variété croisée avec telle autre. Le résultat ne sera pas forcément génial, mais le plaisir de créer et l’excitation de voir apparaître la première fleur d’un semis compensent largement la petite déception du résultat. De toute façon, ses iris, on les aime, comme on aime ses enfants dont on ne voit pas l’ingratitude de certains traits ou l’imperfection de certaines silhouettes. Ainsi de ce ‘Tilleul-Menthe’ (voir photo) que je garde, mais qui ne sera jamais enregistré. Ce qui compte, c’est bien autre chose, quelque chose qui vient du cœur. A preuve, il faut une sacrée dose de courage (ou d’indifférence !) pour arracher un semis par trop imparfait. La sélection n’est pas naturelle à qui se prend pour le père !

En guise de conclusion

La passion des iris est née en France, au milieu du XIXeme siècle. Elle a gagné le monde anglo-saxon où elle a prospéré formidablement. Elle est revenue en Europe continentale, a envahi le monde slave, qui est maintenant le plus prospère. Elle s’est aussi installée chez les latins : l’Italie compte un grand nombre de passionnés ; elle atteint les slaves du sud et fait son apparition en Espagne là où le climat permet son expansion, comme la Catalogne ou le Pays Basque. Au Japon, en Australie, en Nouvelle Zélande, elle prend la forme des iris Ensatas ou celle des iris de Louisiane, mais elle a les mêmes fondements. Partout où il est possible d’en faire pousser, les iris s’installent. Cette universalité démontre qu’aimer les iris peut atteindre tous les humains, parce que tous sont sensibles aux phénomènes que je viens de décrire.

18.8.06


LES BONS GÉNITEURS

Il y a quelques semaines, un sujet a parcouru le petit monde des amateurs d’iris : celui des bons géniteurs. Tout est parti d’un constat, certains obtenteurs, dans leurs catalogues, vantent les mérites d’une variété nouvelle en disant qu’elle est fertile, le plus souvent « both way », c’est à dire dans les deux sens. Qu’une variété soit fertile, cela n’a rien d’original, car la plupart le sont. Ce qui, à mon avis, mériterait d’être signalé, chaque fois que le cas se présente, c’est que telle variété est stérile, ou qu’elle n’est fertile que dans un sens, pollen ou ovaire. Pour le reste, dire qu’une fleur est fertile ne veut pas dire qu’il s’agisse d’un bon géniteur. Mais c’est quoi, un bon géniteur ?

J’ai voulu savoir ce qu’en disait la bible des iridophiles, « The World of Irises ». Mais ce sujet n’y est pas abordé. J’ai donc consulté l’autre bible des amateurs, le livre de Richard Cayeux « L’Iris, une Fleur Royale ». Un paragraphe répond en partie à ma question, page 174, en précisant que le bon géniteur est celui qui convient le mieux au but que l’hybrideur entend atteindre, et que, pour un croisement déterminé il faut « essayer de trouver des parents ayant le plus possible les caractères recherchés, non seulement en eux mais aussi dans leurs antécédents. » Ce qui conduit à effectuer des recherches généalogiques qui « sont très intéressantes en elles-mêmes et riches d’enseignements car elles permettent souvent de découvrir que certaines plantes sont meilleurs parents que d’autres. » En d’autres termes, il n’y a pas de bons géniteurs systématiques, mais des iris qui, en fonction de leurs origines et de ce que l’on souhaite en obtenir, sont meilleurs, ou mieux placés que d’autres. Le rêve du bon géniteur tous azimuts s’éteint, mais s’ouvre le champ de la recherche et du travail généalogique.

Cela dit, il existe cependant des variétés qui, au fil des ans, se sont révélées de remarquables géniteurs, reconnus comme tels par toute la communauté iridophile. Sur ce sujet, la consultation de « The World of Irises » est édifiante. Qui veut hybrider autrement qu’à l’aveuglette doit impérativement avoir lu les chapitres consacrés à l’histoire de l’hybridation. Mais « The World of Irises » est un ouvrage maintenant ancien (1978) et il ne peut pas parler des grandes variétés récentes, celles qui sont à l’origine des iris qui peuplent aujourd’hui les catalogues et les jardins des amateurs.

Pour bien faire il faudrait ajouter une suite à chacun des chapitres de « The World of Irises ». Cette chronique n’a pas ce but ni cette prétention. A ceux que le sujet intéresse, je donnerai seulement quelques pistes issues de mes propres recherches et études statistiques. A commencer par un extrait d’une chronique parue en 2004 et qui s’intitule « Familles Nombreuses ». J’y relève les trente variétés les plus utilisées en hybridation :
1. SKY HOOKS (Osborne 80) – voir photo - (plus de 140 variétés enregistrées en descendent directement)
2. RIPPLING WATERS (Fay 61 – DM 66) (Cité près de 100 fois)
3. PONDEROSA (Ghio 70)
4. PINK SLEIGH (Rudolph 70)
5. NEW MOON (Sexton 68 – DM 73)
6. VANITY (Hager 75 – DM 82)
7. STEPPING OUT (Schreiner 64 – DM 68)
8. QUEEN IN CALICO (Gibson 80)
9. EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93)
10. TITAN’S GLORY (Schreiner 81 – DM 88)
11. SILVERADO (Schreiner 87 – DM 94)
12. HONKY TONK BLUES (Schreiner 88 – DM 95)
13. NAVY STRUT (Schreiner 74)
14. RINGO (Shoop 79)
15. PINK TAFFETA (Rudolph 38 – DM 75)
16. CONDOTTIERE (Cayeux 78)
17. GIGOLO (Keppel 84)
18. AFTERNOON DELIGHT (Ernst 85)
19. SONG OF NORWAY (Luihn 79 – DM 86)
20. MYSTIQUE (Ghio 75 – DM 80)
21. ALLEGIANCE (Cook 57 – DM 64)
22. WHOLE CLOTH (Cook 57 – DM 62)
23. CLAUDIA RENE (Gaulter 63)
24. CHRISTMAS TIME (Schreiner 65)
25. ENTOURAGE (Ghio 77 – FO 80)
26. MELODRAMA (Cook 56)
27. WINTERSCAPE (McWhirter 84)
28. EDNA’S WISH (Gibson 83)
29. VICTORIA FALLS (Schreiner 77 – DM 84)
30. LACED COTTON (Schreiner 80)…

C’est bien intéressant, mais les jeunes tentés par l’hybridation me rétorqueront qu’il s’agit de variétés plutôt anciennes, qu’ils auraient souvent du mal à trouver dans le commerce. Soit. Cherchons alors parmi les variétés plus récentes, sachant que le choix est chaque année plus vaste, ce qui ne facilite pas le travail. Il apparaît cependant que trois ou quatre variétés ont actuellement le vent en poupe :

ROMANTIC MOOD (Ghio 88)
FOGBOUND (Keppel 98)
CHAMPAGNE ELEGANCE (Niswonger 87)
ROMANTIC EVENING (Ghio 96)

Cependant les variétés actuellement enregistrées correspondent à des semis d’il y a au moins cinq ans, voire plus. Il n’est donc pas étonnant qu’on rencontre beaucoup d’enfants de DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86 – DM 92), SOAP OPERA (Ghio 82), MESMERIZER (Byers 91 – DM 2002), et de l’inusable EDITH WOLFORD qui, malgré les années, continue d’avoir la faveur des obtenteurs.

Ces iris intéressent un grand nombre de personnes, mais ils n’ont pas tous les pouvoirs et je répète que celui qui veut hybrider, après s’être fixé sur le ou les domaines qu’il entend explorer, devra beaucoup travailler sur la génétique des iris, en général, et les renseignements généalogiques que l’on trouve dans les « Registrations and Introductions » et les « Iris Check-lists ».

11.8.06


UN AUSTRALIEN, MEILLEUR ESPOIR

Je ne possède pas les résultats de la Walther Cup depuis son institution, mais je suis à peu près convaincu que c’est la première fois qu’un iris non américain est classé à la première place de cette compétition ; en tout cas rien de semblable ne s’est produit depuis 1975. La Walther Cup, qui est accordée à la variété nouvelle qui a reçu, une année donnée, le plus grand nombre de votes pour une H. M. (Honorable Mention, premier degré de la course aux honneurs), est la plus éclectique des récompenses américaines. Elle n’honore pas forcément un grand iris et, dans les années récemment passées, elle est allée aussi bien à un iris de table, FROSTED VELVET, en 91, qu’à un iris de Sibérie, SHAKER’S PRAYER, en 92, des iris intermédiaires, PROTOCOL en 98, STARWOMAN en 2001 et DELIRIUM en 2003, et un iris nain standard, CAT’S EYE en 2004. Cette année elle a été attribuée à une variété australienne de grand iris, DECADENCE, obtenue par Barry Blyth en 2004 et introduite aux USA par Keppel.

DECADENCE (voir photo) est le porte-drapeau d’un nouveau type d’iris, qui allie des ondulations froufroutantes comme un jupon de french-cancan et un liseré clair sur des sépales sombres. Ces caractères sont apparus avec LOUISA’S SONG (Blyth 99), et se retrouve chez ses descendants. Blyth qui exploite sans hésiter tous les semis intéressants qu’il découvre, a fait trois croisements très prometteurs avec ce LOUISA’S SONG, et enregistré une série de variétés bordées de clair et abondamment ondulées. Avec le croisement LOUISA’S SONG X AVONA sib, il a obtenu AFFLUTER (2001), néglecta mauve, STOP FLIRTING (02), étrange gris, et SWEETLY SUNG (03), rose infus de mauve. Le mariage LOUISA’S SONG X SHADOWS sib a donné naissance à BABYLON QUEEN (01), bleu tendre, le moins typique de tous, et LULLABY LIGHT (02), néglecta mauve à barbes rouges. Le croisement inverse est à l’origine de ROMANTIC GENTLEMAN (02), néglecta magenta. Le croisement le plus prolifique a été TEMPLE OF TIME X LOUISA’S SONG. Blyth en a extrait six nouveaux iris, tous super ondulés :
- EASY LIVING (02), néglecta indigo, très proche de son « père » ;
- RACING HEART (01), néglecta bleu ;
- LOVE ACTUALLY (01), néglecta brique ;
- LOOKING BEAUTIFUL (02), bicolor abricot et magenta ;
- HELLO IT’S ME (02), abricot et bourgogne, et enfin
- DECADENCE (04), notre vedette du jour, ambre et grenat. Et ce qui ajoute son intérêt, c’est le ruché de dentelle couleur chamois qui ornemente le bord des sépales.

Le coloris de DECADENCE est à rapprocher de celui de MASTERY (2000) et des sa descendance et, notamment, de INDULGENCE (2002), qui a participé au concours Franciris 2005 et de son frère de semis RULING LORD (2002). Le type ‘MASTERY’ se signale par des teintes plus vives, avec des pétales jaune vif et des sépales grenat largement bordés de chamois ou de jaune, mais avec beaucoup moins d’ondulations.

DECADENCE a séduit les juges américains. Il avait des arguments pour cela et sa récompense est logique. Mais ce qui est le plus important c’est qu’il s’avère qu’il n’est plus obligatoire d’être d’origine américaine pour être distingué outre-atlantique. Il suffit, mais c’est déjà beaucoup, d’avoir d’indéniables qualités, et d’être bien introduit et distribué par un producteur renommé. Là, on n’est plus dans le domaine horticole, mais dans celui du business…
ECHANGES USA > FRANCE

Les échanges ont repris et des colis en provenance des USA sont parvenus ces jours-ci à leur destinataire français.
RÉCRÉATION

Petit jeu d’été

L'obtenteur en question était SCHREINER.

4.8.06


VOUS AIMEZ LE SERPENT ?

Parmi les lauréats 2006 des récompenses américaines figure, au titre des iris de bordure, la variété ANACONDA LOVE. Les initiés auront compris qu’il s’agit d’une obtention de Brad Kasperek, le spécialiste actuel des iris « broken color », …et des noms malheureusement ridicules.

ANACONDA LOVE a été obtenu en 1998. C’est un petit iris de 60 cm, qui doit tenir cette caractéristique de son parent BABOON BOTTOM (Kasperek 93 – KM 02) et de son ancêtre, frère de semis de PECADILLO (KEPPEL 83). Parmi les « broken color » on trouve des jolies choses et pas mal de vilaines (ou de choses de mauvais goût). Cette fois c’est le premier qualificatif qu’il faut employer. ANACONDA LOVE présente d’élégants pétales roses piqués de mauve et des sépales violet améthyste barbouillés de blanc, avec une jolie barbe orange clair (voir photo).

Ce qui est remarquable dans le pedigree d’ANACONDA LOVE c’est la présence de MARIA TORMENA (Ensminger 86). Remarquable, soit, mais pas étonnant car cette dernière variété a joué un rôle essentiel dans le développement des « broken color ». On la trouve dans les deux maîtresses branches de l’arbre généalogique. D’abord du côté de BABOON BOTTOM, qui est le résultat du croisement de MARIA TORMENA et de DATE BAIT (Duane Meek 85) ; derrière celui-ci il y a RANCHO ROSE (Gibson 74), qui est un autre pilier de la famille d’ANACONDA LOVE. MARIA TORMENA est blanc barbouillé de rose vineux, BABOON BOTTOM est rose crémeux barbouillé de blanc : ce sont eux qui caractérisent la branche maternelle. La branche paternelle semblerait devoir donner naissance à des fleurs dans les tons de jaune et brun, mais TANZANIAN TANGERINE (Kasperek 94) est un plicata rose orangé, très joli. Cette couleur provient évidemment des éléments génétiques de MARIA TORMENA et de RANCHO ROSE qui sont l’un et l’autre présents derrière TIGER HONEY (Kasperek 93) et JITTERBUG (Keppel 87), parents de TANZANIAN TANGERINE. Il semble qu’il faille attribuer la couleur assez sombre des sépales d’ANACONDA LOVE, non seulement à RANCHO ROSE, mais surtout aux nombreux plicatas pourprés qui figurent dans sa branche paternelle : CHINQUAPIN, ROUNDUP, CAYENNE CAPERS …

En résumé, ANACONDA LOVE, vif et gai, joliment ondulé, est un bon exemple de ce que peut donner la catégorie des iris de bordure, lorsque les fleurs ne sont ni trop grosses ni trop lourdes. La Knowlton Medal n’est pas usurpée.

L’IRIS D’ALGER

Iris d’Alger est l’un des noms vernaculaires de ce que les botanistes appellent Iris unguicularis Poir (voir photo). Ce « Poir » désignant celui qui a fait le premier la description de l’espèce est qui s’appelait Poiret. Dans le n° 111 (Hiver 93) d’Iris et Bulbeuses, le docteur Ségui a fait à son tour une description précise et bien rédigée de cet iris que connaissent bien les amateurs de fleurs hivernales. Voici ce qu’il a écrit : «Fleurs violettes, quelquefois assez pâles, quelquefois violet foncé. Il en existe aussi des blanches. Le pétale est de couleur unie, s’assombrissant et rougissant à sa base. Le sépale forme une petite gouttière rougeâtre sur l’épaule qui s’efface en s’élargissant en une tache jaune et bleue, plus ou moins piquetée de jaune et terminée par une pointe jaune. Pas de barbes. Les sépales des fleurs blanches sont seulement décorés d’un dessin en pointe de sagaie jaune vif qui prolonge la “gouttière”. La fleur paraît à l’extrémité d’une “tige” d’une vingtaine de cm. Mais ce que vous voyez n’est pas une vraie tige. C’est le tube floral. L’ovaire est situé à même le sol, complètement caché par les feuilles de telle sorte qu’il faut plus tard chercher la capsule au profond de la touffe si l’on veut récupérer les graines. Pendant toute l’année il garde un feuillage vert abondant, à feuilles longues (jusqu’à 50 cm et même 80 s’il est trop arrosé) et fines (de quelques mm à 2 cm) qui lui donne l’aspect d’une herbe banale ». Il se met à fleurir vers le 15 novembre et la floraison se prolonge tout l’hiver, avec un parfum doux et bien agréable en cette partie de l’année. L’ennui, c’est que l’iris d’Alger n’est pas rustique, ou pas tout à fait, et qu’il faut soit le protéger du gel, soit, dans les meilleurs cas, le faire pousser au pied d’un mur abrité et tourné vers le sud. Le Docteur Ségui termine son exposé en donnant les conseils suivants : « La culture est facile sur un sol calcaire, bien drainé. Il n’a besoin de rien en été, surtout pas d’eau ; on peut même raccourcir le feuillage pour “cuire” le rhizome. Mais les racines n’aiment pas être dérangées et la reprise peut s’avérer difficile ».

La simplicité et l’agrément de cet iris devraient lui assurer une présence dans la plupart des jardins. S’il ne figure pas encore dans le vôtre, il faut vite vous le procurer.
PETITES NOUVELLES DU MONDE DES IRIS

COMMERCE USA-FRANCE

Sens France > USA


Il est possible d’effectuer des envois d’iris vers les USA. Pour l’instant il n’y a pas de restrictions dans la délivrance des certificats phytosanitaires.

Sens USA > France
Quelques petites infos glanées ici et là par notre obtentrice franco-américaine Michèle Bersillon : il apparaît que les iris ont été re-classifiés ; ils ne sont plus dans la catégorie de "bulbes dormants" mais dans celle de "herbacées vivaces", ce qui implique des traitements encore plus poussés et contraignants avant l'envoi sans parler de toutes les paperasses qui vont avec. Tout cela a un coût, bien sûr et ça sera encore plus cher de commander des plantes aux Etats-Unis désormais. Il semble que ce qui a déclenché l'embargo était un envoi de plantes (de je ne sais quelle catégorie) en provenance des Etats-Unis infestée des "mouches blanches" d'une espèce vraiment méchante. Pas de précisions supplémentaires.

Reste à redouter le comportement des douaniers. Comment vont-ils interpréter la nouvelle réglementation ? Il ne faudra pas s’étonner si les prochains colis d’iris en provenance des Etats-Unis subissent des retards et des tracasseries. Les importateurs vont devoir sûrement s’armer de patience, quant aux producteurs américains, ils vont avoir du mal à fournir en temps et heure les documents que leur Administration va leur demander…

LES CAPRICES DU DANUBE

Quand, cet hiver, la météo nous parlait d’une crue centenaire du Danube, et la télé nous montrait les quais de Budapest renforcés à coup de sacs de sable, on ne se doutait pas que cet événement allait avoir des conséquences catastrophiques pour une partie de l’ « irisdom ». En effet le Danube passe à Bratislava, en Slovaquie. Cette année il a inondé les terres où Ladislaw Muska cultive ses iris et a noyé, déterré, emporté une bonne partie des plantes. Muska parle d’un « iris tsunami » tant les dégâts sont important : il a perdu un grand nombre des variétés en culture et d’autres sont détruites jusqu’à 80%. De nombreuses années de travail anéanties…
RÉCRÉATION

Petit jeu d’été

Le thème des saisons est une source infinie d’inspiration lorsque les obtenteurs d’iris doivent choisir un nom pour leurs variétés.

Pouvez- vous dire quel est celui qui a donné les noms suivants :
LULLABY OF SPRING (89)
PEKING SUMMER (84)
AUTUMN RIESLING (2006)
EDGE OF WINTER (83)