22.6.06


UN GRAND MAÎTRE : BENNETT JONES

Il était encore tout jeune, quand, en 1927, un voisin lui fit cadeau d’une revue d’horticulture, parce qu’il avait remarqué qu’il était intéressé par les plantes qui poussaient dans le jardin de ses grands-parents, et en particulier par les iris. Grâce à cette revue, qui devint son livre de chevet, il apprit beaucoup de choses sur les fleurs. Il voulut alors se procurer des catalogues d’iris, et il en fit venir de Californie et de l’Oregon. Mais il habitait au fin fond du Colorado et il fur très chagriné quand il apprit que les grands iris qu’il aimait aurait du mal à survivre dans le rude climat qui régnait chez lui. Il se lança néanmoins à l’aventure, en achetant ses premières variétés chez Schreiner (l’entreprise, qui allait devenir la plus grande du monde, se trouvait alors encore dans le Minnesota), alors qu’il était au lycée. Mais en 1940, puis en 1941, ses fleurs furent toutes détruites par les intempéries… S’en était trop. Un de ses copains, qui était allé faire un voyage en Oregon lui fit une description idyllique de cette contrée et le poussa à aller s’y installer.

Mais à peine était-il arrivé là-bas que commença la 2eme guerre mondiale. Il s’engagea dans la marine et se retrouva, en 1944 cantonné dans l’île de Guam. C’est là que sa mère lui envoya une revue où il était question d’adhérer à l’AIS. Bennett envoya ses 2.5 dollars et reçu peu de temps après son premier bulletin. De retour à Portland à Noël 45, il s’installa définitivement et se constitua un jardin où il planta, dès l’année suivante, un lot d’iris achetés chez Cooley. Il se lança aussitôt dans l’hybridation et n’hésita pas, alors, à entrer directement en contact avec les grands hybrideurs de l’époque, les Fred DeForest, Dr. Kleinsorge, Robert Schreiner, Dave Hall et Tell Muhlestein.
Ses premiers semis fleurirent en 1948. Il s’agissait de petits nains « pumilas ». Mais ces iris et leurs hybrides avaient du mal à pousser dans les hivers trop humides de l’Oregon, aussi fut-il l’un des premiers à se lancer dans las SDB, dès que Paul Cook et Geddes Douglas eurent lancé les croisements entre pumilas et grands iris. Il fit de nombreuses tentatives entre 56 et 63, mais sans parvenir à la perfection qu’il recherchait. Cette perfection, il eut l’impression de l’avoir atteinte avec GINGERBREAD MAN, un unicolore brun à barbes bleues qu’il enregistra en 1968. Sa carrière était enfin lancée.

Elle allait durer près de quarante ans. Avec plus d’une centaines de variétés enregistrées, tant dans son domaine de prédilection, les SDB, que dans celui des grands iris. Dans la première catégorie, on retiendra les noms de variétés comme COTTON BLOSSOM (69), blanc pur comme son nom l’indique ; RAIN DANCE (78), charmant bleu vif ; ORANGE TIGER (87), orange avec une barbe d’un ton plus soutenu ; SUN DOLL (85), intégralement jaune ; CAMEO QUEEN (2001), parmi ses dernières réalisations, rose tendre à barbes oranges. Dans la seconde, il faut citer FANFARE ORCHID (65), en deux tons de rose orchidée ; ELIZABETH STUART (70), en rose et blanc, précurseur des amoenas inversés dans ce coloris ; IRENE NELSON (75), voluptueux iris indigo, presque blanc sous les barbes ; JEANNE PRICE (77), à grosses fleurs jaune tendre ; SEA VENTURE (72), une pierre angulaire dans la recherche des amoenas inversés bleus ; ROMAN CANDLE (75), une avancée dans l’orange (voir photo) ; TREVI FOUNTAIN (77), digne descendant d’ELIZABETH STUART, et ORANGE HARVEST (86), orange, un peu éteint, à barbes orange brûlé.

Bennett Jones, aussi bien dans le domaine des iris nains que dans celui des grands iris, est une personnalité que chacun estime et qui, de ce fait, a reçu tous les signes de reconnaissance possibles. Cela n’est que justice qui lui est rendue.

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