31.3.06


UN RAZ DE MARÉE

On n’aurait jamais cru qu’un producteur d’iris puisse mettre sur le marché, la même année soixante neuf variétés nouvelles ! C’est pourtant ce que vient de faire Mid-America Iris Garden, de Paul Black et Tom Johnson. Un tel raz de marée ne va pas sans poser de nombreuses questions. Parmi celles-ci j’en aborderai seulement quelques-unes unes, peut-être les plus évidentes.

Depuis qu’il a transféré sa pépinière du Middle West au paradis des iris, dans l’Oregon, Paul Black s’est senti pousser des ailes immenses. Lui et son compère Thomas Johnson accumulent les offres : en 2000 leur catalogue comportait 22 nouveautés ; en 2001, ils sont passés à 24 ; en 2002 ils ont atteint 30 nouvelles variétés, tous types confondus ; en 2003 leur offre a porté sur 39 variétés ; en 2004 ils n’en avaient « que » 37, et une quarantaine en 2005. La première question pourrait être : « Comment font-ils ? » Elle en appelle plusieurs autres, à propos de la quantité de semis qu’ils réalisent chaque année, de la surface de leur exploitation, de la rigueur de leur sélection…

Je n’ai pas la réponse à toutes ces interrogations. Je crois seulement que leur terrain n’est que d’une surface de moins d’un hectare. A comparer avec les 8 hectares de la Maison Cooley et les 24 hectares de Schreiner ! Cela rend encore plus problématique la culture d’une aussi grande quantité de variétés nouvelles chaque année, sans compter les obtentions de confrères qu’ils proposent également à la vente.

A défaut de savoir, donc, comment fonctionne leur affaire, il ne nous reste qu’à admirer ce qu’ils nous proposent. Notre regard ne peut hélas se porter que sur les fleurs qu’ils nous présentent, les qualités végétatives des plantes ne peuvent pas être appréciées. Mais pour ce qui est de la beauté des fleurs, il faut bien dire que nous sommes gâtés ! Pour ne parler que de ce qui nous intéresse au premier chef, les grands iris, le cru 2006, riche de 26 nouveautés, est absolument superbe. A propos des offres de la Maison Schreiner, j’ai établi un choix de quinze coloris ou modèles qui peut être utilisé pour classer les produits de Mid-America. Le classement que j’ai établi est le suivant :

BLANC
BLANKET OF SNOW (J). Blanc à barbes jaunes, très classique ;
IN STYLE (J). Forme classique, très larges sépales frisés, épaules marquées de jaune ;

JAUNE
Rien

ORANGE
FIESTA ORANGE (B). Très classique orange clair avec barbes orange très vif ;

BRUN-ROUGE
Rien

ROSE
BLUSHING BASHFUL (B). Un blanc teinté de pêche, qui fait nettement penser au célèbre PEACH SPOT, des années 60 ;
BRIDAL PARTY (J). Pas vraiment blanc, pas vraiment rose non plus : un iris ivoire, plus vivement coloré de rose orangé au cœur ;

MAGENTA/GRENAT
Rien

POURPRE
I FEEL LUCKY (J). Un iris d’un pourpre sombre, très ondulé, avec une originale barbe bleue ;

MAUVE/VIOLET
BERRY SCARY (B). Étrange coloris, où le violet qui centre les sépales s’éclaircit peu à peu en allant vers les bords, très fortement ondulés ;

MARINE/INDIGO
CLEARANCE SALE (B). Fleur solide et classique, d’un bleu indigo profond, barbes bleu clair ;

BLEU CLAIR
ATHENS (J) – luminata. Une fleur tout à fait originale, d’un bleu vif illuminé de bleu clair, presque blanc, barbes jaunes ;
DOLLAR (B). Bleu grisé un peu terne, rehaussé de barbes orange brûlé, très peu d’ondulations ;
IMAGERY (J). Entre bleu et mauve, fait penser à MARY FRANCES ;

NOIR
Rien

AMOENA
BY POPULAR DEMAND (B). Peut-être bicolore, parce que les pétales sont rose dragée clair, et les sépales violine largement éclaircis sous les barbes mandarine, avec des veines indigo, fleur très classique, finement frisée ;
CAMEO APPEARANCE (B) – inversé. Ondulé et très frisé, avec des airs de FOGBOUND.
DISGUISE (J). Une fleur sombre, avec des pétales rose isabelle sur des sépales pourpre foncé, et des barbes orange brûlé ;
DRESSED TO KILL (B). Sans doute le moins original de la collection : pétales blancs infus de mauve, sépales pourpre profond au centre, devenant améthyste aux bords ;
HALF DOLLAR (B) – inversé. Proche de CAMEO APPEARANCE décrit ci-dessus ;
HOUSE WARMING (J). Une fleur toute froufroutante, aux pétales blanc pur et aux sépales d’un joli mauve, avec barbe rouge pour réveiller le tout ;
WATERFALL MIST (B) – inversé. Encore une réplique de FOGBOUND, avec des sépales immenses ;
WILD ANGEL (J) – type Quandary. Très ondulé, cet iris très original, avec des pétales blancs et des sépales qui, jaune clair aux épaules, deviennent blanc veiné de mauve sous les barbes jaunes, puis plus nettement mauve avant de se terminer par un lacet jaune – voir photo - ;

PLICATA
Rien

VARIEGATA
BROKEN HEART (J). Chamois et violet, plus clair sous les barbes brique ;
BUSHWHACKED (B). Vanille et prune, sépales devenant bruns aux bords, côtes des pétales infus de mauve, zone plus claire sous les barbes orange ;
CHINOOK ARCH (J). Une fleur façon « années 60 », pétales paille, sépales mauves, devenant café au lait vers les bords, épaules miel et barbes orange ;
IMPOSTER (J). Cela pourrait être une amélioration de VILAIN, des années 70. Pétales chamois, sépales pourpre-noir et barbes orange brûlé ;
SECRETARY (J) – var/plic. Quelque chose comme LAREDO, aux très amples ondulations ;
SPICED LEMON (J) – var/plic. On pourrait parler de plicata jaune si ce n’était une appellation erronée. Le jaune vif est infus de brun au cœur et les sépales bordés d’un pointillé de plus en plus dense de la même couleur ;

BICOLORE
FOREIGNER (J). Pétales grenat sur sépales pratiquement noirs : c’est l’iris le plus sombre de la série, mais l’ensemble est très attrayant.

Dans tout cela, la diversité n’est pas dans les coloris, mais plutôt dans les associations de teintes, dont beaucoup sont très originales. En comparaison, l’éventail offert chaque année par Schreiner, la vieille maison de Salem, est d’un classicisme parfait. Ici on a affaire à un choix qui ne relève pas prioritairement du commercial, mais plutôt de l’artistique. Reste à savoir si un peu plus de retenue dans le nombre des enregistrements ne serait pas préférable.

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