17.3.06


EXTENSION DU DOMAINE DE LA BARBE
Deuxième partie

Cependant la véritable extension du domaine de la barbe a eu lieu quand, au début des années 60, Lloyd Austin et ses émules ont entrepris de tirer parti de certaines excroissances originales apparues sur les barbes de quelques iris. Austin a dit qu’il avait débuté ses recherches sur les barbes à partir de deux semis qu’il avait remarqués chez son voisin Mitchell L’un de ceux-ci a été baptisé ADVANCE GUARD et fut très certainement le premier du genre à porter un nom. Pourtant les iris à barbes n’étaient pas nouveaux puisque les tout premiers seraient apparus chez Henry Sass dans les années 30 ! Cependant, à cette époque, cela était considéré comme une anomalie et systématiquement rejeté. C’est bien à Lloyd Austin qu’on doit d’avoir su tirer avantage de ces malformations.

Dès le début, il a essayé d’apporter à ces nouveautés toutes les améliorations qui étaient possibles, de manière à ce que les éperons et autres pétaloïdes, confèrent aux fleurs une personnalité excitante mais aussi esthétique. C’est lui qui a inventé l’expression « Space Age » pour désigner ces nouveaux iris, leur attribuant du même coup une identité synonyme de modernité. Le premier des SA qu’il a enregistré s’appelle UNICORN (52), et c’est aussi un plicata. Beaucoup de temps et beaucoup d’efforts plus tard, les S.A. (que je préfère appeler ‘rostratas’ ) ont conquis leur place dans le monde des iris. Mais il a fallu que les promoteurs de ces fleurs vainquent bien des résistances et bien des doutes. C’est avant tout à Monty Byers, le génial obtenteur californien, que l’on doit le fait que les ‘rostratas’ aient été enfin reconnus. La consécration en ce domaine lui est venue post mortem quand CONJURATION (89 – DM 98), puis THORNBIRD (89 – DM 97) et MESMERIZER (91 – DM 2002) ont décroché la Médaille de Dykes.

Aujourd’hui les ‘rostratas’ n’ont plus guère de détracteurs. Richard Cayeux lui-même, qui, dans son livre « L’Iris, une fleur royale » - 1996, déclare : «Ces iris … rencontrent un certain succès dû à leur grande originalité, mais de là à parler de beauté supérieure, il y a un pas que nous ne franchirons pas », l’a tout de même franchi et enregistre maintenant des ‘rostratas’ – CERF VOLANT (2002). Il faut dire qu’ils ont fait des progrès gigantesques et que le principal de leurs défauts à été surmonté. Il s’agit de ce que très souvent l’extension des barbes exerce des tensions sur les sépales qui déforment ces derniers de manière très inesthétique. Mais les obtenteurs ont éliminé les semis ainsi martyrisés pour ne retenir que des fleurs de belle apparence.

Au début, les extensions n’étaient que des éperons, prolongations des barbes par une pointe plus ou moins redressée, apparentes surtout sur les fleurs du haut de la tige, mais moins évidentes sur les fleurs inférieures. Puis vinrent des appendices plus développés, se terminant par des excroissances plus larges, sortes de cuillères. On a trouvé aussi de longs filaments dressés vers le ciel, puis des pétaloïdes plus ou moins larges et de formes variées. A mon avis, ce sont ces développements–là qui apportent et apporteront encore quelque chose d’intéressant puisque cela va dans le sens d’une multiplication des pièces florales, sorte de modèle « flore pleno » des iris. MESMERIZER est une bonne approche de ce modèle, mais des iris plus récents sont encore plus près de la définition, George Sutton, un autre Californien, travaille beaucoup dans cette direction et une variété comme CALIFORNIA DREAMIN’ (2003) en est un nouvel exemple.

De nos jours de nombreux hybrideurs enregistrent des ‘rostratas’ dont les appendices prennent des formes de plus en plus diversifiées. A cet égard, des fleurs comme IMPRESARIO (Muska 2006) – voir photo - ou SPOONED DEMONSTRATION (Muska 2006) sont tout à fait remarquables. Chez la première les pétaloïdes ont un peu l’aspect d’un champignon (girolle ou mousseron), avec un pied étroit et un chapeau en trompette aplatie, et chez la seconde ce sont de larges quasi-pétales assortis aux sépales lilas.

Le domaine de la barbe a pris récemment une extension à laquelle personne ne s’attendait : taille, couleur, appendices constituent maintenant des champs d’expériences très diversifiés, qui démontrent que la modification des fleurs d’iris n’est pas sur le point de s’arrêter.

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