31.3.06


UN RAZ DE MARÉE

On n’aurait jamais cru qu’un producteur d’iris puisse mettre sur le marché, la même année soixante neuf variétés nouvelles ! C’est pourtant ce que vient de faire Mid-America Iris Garden, de Paul Black et Tom Johnson. Un tel raz de marée ne va pas sans poser de nombreuses questions. Parmi celles-ci j’en aborderai seulement quelques-unes unes, peut-être les plus évidentes.

Depuis qu’il a transféré sa pépinière du Middle West au paradis des iris, dans l’Oregon, Paul Black s’est senti pousser des ailes immenses. Lui et son compère Thomas Johnson accumulent les offres : en 2000 leur catalogue comportait 22 nouveautés ; en 2001, ils sont passés à 24 ; en 2002 ils ont atteint 30 nouvelles variétés, tous types confondus ; en 2003 leur offre a porté sur 39 variétés ; en 2004 ils n’en avaient « que » 37, et une quarantaine en 2005. La première question pourrait être : « Comment font-ils ? » Elle en appelle plusieurs autres, à propos de la quantité de semis qu’ils réalisent chaque année, de la surface de leur exploitation, de la rigueur de leur sélection…

Je n’ai pas la réponse à toutes ces interrogations. Je crois seulement que leur terrain n’est que d’une surface de moins d’un hectare. A comparer avec les 8 hectares de la Maison Cooley et les 24 hectares de Schreiner ! Cela rend encore plus problématique la culture d’une aussi grande quantité de variétés nouvelles chaque année, sans compter les obtentions de confrères qu’ils proposent également à la vente.

A défaut de savoir, donc, comment fonctionne leur affaire, il ne nous reste qu’à admirer ce qu’ils nous proposent. Notre regard ne peut hélas se porter que sur les fleurs qu’ils nous présentent, les qualités végétatives des plantes ne peuvent pas être appréciées. Mais pour ce qui est de la beauté des fleurs, il faut bien dire que nous sommes gâtés ! Pour ne parler que de ce qui nous intéresse au premier chef, les grands iris, le cru 2006, riche de 26 nouveautés, est absolument superbe. A propos des offres de la Maison Schreiner, j’ai établi un choix de quinze coloris ou modèles qui peut être utilisé pour classer les produits de Mid-America. Le classement que j’ai établi est le suivant :

BLANC
BLANKET OF SNOW (J). Blanc à barbes jaunes, très classique ;
IN STYLE (J). Forme classique, très larges sépales frisés, épaules marquées de jaune ;

JAUNE
Rien

ORANGE
FIESTA ORANGE (B). Très classique orange clair avec barbes orange très vif ;

BRUN-ROUGE
Rien

ROSE
BLUSHING BASHFUL (B). Un blanc teinté de pêche, qui fait nettement penser au célèbre PEACH SPOT, des années 60 ;
BRIDAL PARTY (J). Pas vraiment blanc, pas vraiment rose non plus : un iris ivoire, plus vivement coloré de rose orangé au cœur ;

MAGENTA/GRENAT
Rien

POURPRE
I FEEL LUCKY (J). Un iris d’un pourpre sombre, très ondulé, avec une originale barbe bleue ;

MAUVE/VIOLET
BERRY SCARY (B). Étrange coloris, où le violet qui centre les sépales s’éclaircit peu à peu en allant vers les bords, très fortement ondulés ;

MARINE/INDIGO
CLEARANCE SALE (B). Fleur solide et classique, d’un bleu indigo profond, barbes bleu clair ;

BLEU CLAIR
ATHENS (J) – luminata. Une fleur tout à fait originale, d’un bleu vif illuminé de bleu clair, presque blanc, barbes jaunes ;
DOLLAR (B). Bleu grisé un peu terne, rehaussé de barbes orange brûlé, très peu d’ondulations ;
IMAGERY (J). Entre bleu et mauve, fait penser à MARY FRANCES ;

NOIR
Rien

AMOENA
BY POPULAR DEMAND (B). Peut-être bicolore, parce que les pétales sont rose dragée clair, et les sépales violine largement éclaircis sous les barbes mandarine, avec des veines indigo, fleur très classique, finement frisée ;
CAMEO APPEARANCE (B) – inversé. Ondulé et très frisé, avec des airs de FOGBOUND.
DISGUISE (J). Une fleur sombre, avec des pétales rose isabelle sur des sépales pourpre foncé, et des barbes orange brûlé ;
DRESSED TO KILL (B). Sans doute le moins original de la collection : pétales blancs infus de mauve, sépales pourpre profond au centre, devenant améthyste aux bords ;
HALF DOLLAR (B) – inversé. Proche de CAMEO APPEARANCE décrit ci-dessus ;
HOUSE WARMING (J). Une fleur toute froufroutante, aux pétales blanc pur et aux sépales d’un joli mauve, avec barbe rouge pour réveiller le tout ;
WATERFALL MIST (B) – inversé. Encore une réplique de FOGBOUND, avec des sépales immenses ;
WILD ANGEL (J) – type Quandary. Très ondulé, cet iris très original, avec des pétales blancs et des sépales qui, jaune clair aux épaules, deviennent blanc veiné de mauve sous les barbes jaunes, puis plus nettement mauve avant de se terminer par un lacet jaune – voir photo - ;

PLICATA
Rien

VARIEGATA
BROKEN HEART (J). Chamois et violet, plus clair sous les barbes brique ;
BUSHWHACKED (B). Vanille et prune, sépales devenant bruns aux bords, côtes des pétales infus de mauve, zone plus claire sous les barbes orange ;
CHINOOK ARCH (J). Une fleur façon « années 60 », pétales paille, sépales mauves, devenant café au lait vers les bords, épaules miel et barbes orange ;
IMPOSTER (J). Cela pourrait être une amélioration de VILAIN, des années 70. Pétales chamois, sépales pourpre-noir et barbes orange brûlé ;
SECRETARY (J) – var/plic. Quelque chose comme LAREDO, aux très amples ondulations ;
SPICED LEMON (J) – var/plic. On pourrait parler de plicata jaune si ce n’était une appellation erronée. Le jaune vif est infus de brun au cœur et les sépales bordés d’un pointillé de plus en plus dense de la même couleur ;

BICOLORE
FOREIGNER (J). Pétales grenat sur sépales pratiquement noirs : c’est l’iris le plus sombre de la série, mais l’ensemble est très attrayant.

Dans tout cela, la diversité n’est pas dans les coloris, mais plutôt dans les associations de teintes, dont beaucoup sont très originales. En comparaison, l’éventail offert chaque année par Schreiner, la vieille maison de Salem, est d’un classicisme parfait. Ici on a affaire à un choix qui ne relève pas prioritairement du commercial, mais plutôt de l’artistique. Reste à savoir si un peu plus de retenue dans le nombre des enregistrements ne serait pas préférable.
ET APRÈS ? (réponse)

Testez votre connaissance des iris !

Vous avez deviné ?
Cette liste est celle des variétés qui ont obtenu le Premio Firenze (Florin d’Or) à partir de 1980.
Voici la liste complétée :

ENTOURAGE (1980)
BEVERLY SILLS (1981)
GOLD GALORE (1982)
WOODCRAFT (1983)
TITAN’S GLORY (1984).

ET APRÈS ?

Testez votre connaissance des iris !

Voici une liste de quatre noms de variétés de grands iris. Quel est le nom qui vient ensuite dans cette énumération ?

BLUEBERRY BLISS
CANT’ TOUCH THIS
CHANGING SEASONS
CODI’S ANGEL FACE

24.3.06


ENCHÈRES ET CONCURRENCE

Le petit monde des iris se pose des questions, depuis que quelqu’un s’est aperçu que sur un site d’enchères en ligne il y avait des iris à vendre. Cet amateur s’est aussitôt posé des questions : Mais cela ne va-t-il pas faire du tort aux producteurs qui vendent les mêmes variétés ? Et quelle est la légalité de ces ventes ? Et les échanges entre particuliers, peuvent-ils avoir le même impact ? C’est à cela que je vais essayer de répondre dans cet article qui sort un peu de l’ordinaire de mes chroniques.

Les enchères font-elles du tort aux producteurs ?

La réponse est forcément affirmative. Il ne peut pas en être autrement. Celui qui achète un iris sur la toile ne l’achètera pas dans le commerce. Il y a donc bien concurrence. Une de plus. Car les producteurs, au sens où je l’entends ici, ne sont pas les seuls à vendre des iris. On en trouve dans toutes les jardineries, en petits godets étiquetés au nom présumé de la variété. On en trouve dans tous les catalogues de généralistes VPC, identifiés également, ou, parfois, en vrac. On en trouve enfin dans les foires aux plantes, en pots, la plupart du temps, et identifiés, bien entendu. C’est d’ailleurs à ce type de concurrence que s’assimile un peu le commerce aux enchères en ligne. En effet, dans les foires aux plantes ce sont le plus souvent des associations, dont la SFIB, qui vendent des iris fournis gracieusement par leurs adhérents. Le produit de ces ventes vient enrichir un peu leur trésorerie souvent faiblarde. Mais ces ventes-là, concurrentielles, certes, ne vont pas perturber le commerce normal, car elles restent confidentielles. En revanche les ventes sur Internet peuvent prendre des proportions inquiétantes : si de nombreux amateurs internautes se lancent dans les enchères dès qu’ils disposent de quelques rhizomes excédentaires, le trafic peut devenir sérieusement préjudiciable au vrai commerce. D’autant plus qu’il n’y a guère de barrières juridiques ou répressives pour le limiter.

Ces ventes aux enchères sont-elles légales ?

J’ai interrogé à ce sujet un juriste qui avait justement sous les yeux un arrêt de la Cour de Cassation concernant une affaire de ce genre. La règle est que la vente par un particulier est toléré dans la mesure où elle reste dans des proportions raisonnables et ne prend donc pas le caractère d’un véritable commerce. Bien des éleveurs ont de tous temps vendu directement quelques litres de lait, souvent on voit le long des routes des producteurs privés proposer aux automobilistes des fruits, de légumes ou des œufs, et jadis les fermières venaient au marché proposer les produits de leur exploitation. Rien de gênant là-dedans. Sur Internet, cependant, ce commerce prend une autre ampleur ! Et c’est à ceux qui pensent être lésés de poursuivre les vendeurs indélicats qui font un véritable commerce déloyal. Il leur faut donc être attentif, venir régulièrement sur les sites d’enchères pour vérifier que ce ne sont pas toujours les mêmes vendeurs qui proposent leurs produits, et que les quantités mises en ventes restent modestes : la tâche n’est pas des plus faciles ! L’abus sera constaté par le juge et le vendeur indélicat sera condamné, y compris à des dommages-intérêts pour celui qui a engagé l’action judiciaire, sans compter sur le redressement que le fisc s’avisera de calculer ! Mais à mon avis le risque est, malheureusement, faible pour le vendeur en ligne.

Les échanges entre particuliers peuvent-ils avoir les mêmes conséquences ?

Dans ces cas on n’est plus dans le même contexte : ceux qui pratiquent les échanges ne tirent pas un profit en argent de leurs transactions, ils ne sont donc ni pénalement, ni fiscalement en infraction. Mais y-a-t-il néanmoins une concurrence vis à vis des producteurs ?

A priori cette concurrence existe. Certes les bourses d’échange entre collectionneurs existent depuis toujours, mais la différence entre échanger des objets et échanger des plantes est que ces dernières se renouvellement pratiquement sans fin : chaque année le propriétaire d’une variété d’iris peut disposer du croît de sa plante et échanger celui-ci contre une variété nouvelle. Les producteurs peuvent don déplorer cette pratique. Ils ont sans doute raison de le faire si les échanges concernent des variétés qui figurent à leurs catalogues. Je crois cependant que, sauf rares exceptions, les variétés qui sont échangées ne sont pas, ou plus, commercialisées en France au moment de l’échange. D’autre part, pour alimenter la pompe à échanger, il faut proposer des variétés que l’on ne trouve pas dans tous les jardins. Il faut donc se procurer continuellement des variétés récentes ou historiques intéressantes. Ceux qui pratiquent l’échange sont donc amenés à acheter chez les obtenteurs-producteurs leurs plus récents cultivars de manière à disposer très vite d’iris qui serviront de monnaie (d’échange !). Par ailleurs, pour obtenir des variétés exotiques, comme celles en provenance d’Asie Centrale ou, plus simplement, de pays d’Europe de l’Est encore extérieurs à l’Union Européenne, il est intéressant de faire envoyer aux hybrideurs ces mêmes variétés françaises récentes introuvables chez eux, qu’ils « paient » en expédiant leurs propres obtentions qu’il leur est techniquement impossible d’envoyer par les voies commerciales (la réglementation russe concernant les exportations, qui date de la période soviétique, n’a pas prévu les échanges commerciaux de faibles quantités : pour être en règle il faudrait expédier plusieurs tonnes de rhizomes !).

En fin de compte, si les échanges créent une certaine concurrence, elle me paraît très subsidiaire et sûrement pas de nature à compromettre l’activité des producteurs nationaux. Ne serait-ce que parce qu’ils concernent essentiellement des variétés rares (les collectionneurs possèdent pratiquement tous les grands classiques lorsqu’ils commencent à faire des échanges) ou ne figurant dans aucun catalogue français. Souvent même ils portent sur des obtentions d’amateurs que ces derniers n’ont aucune chance de diffuser puisque le commerce traditionnel les boude.

Ceux qui se procurent par ce moyen des variétés autrement introuvables ne font de tort à personne, sauf à imaginer qu’à défaut de trouver ce qu’ils recherchent en dehors des circuits commerciaux, les échangeurs se rabattraient sur les produits présents dans les catalogues, ce qui me paraît fort improbable.

Les collectionneurs sont-ils ingrats ?

Mais les producteurs français, dont l’attitude m’interpelle souvent, se plaignent également de ce que certains collectionneurs leur fassent des infidélités en commandant aux USA ou en Australie ces variétés qu’ils ne cultivent pas eux-même. Dans ces cas aussi la concurrence est virtuelle et, je crois, réversible ! En effet, si quelques-uns commandent à l’étranger (je ne crois pas qu’ils soient plus d’une demi-douzaine), il est probable que des amateurs non-hexagonaux passent commande directement aux producteurs français connus dans le reste du monde. Tous les catalogues américains proposent un certain nombre de variétés obtenues par les maisons Cayeux ou Anfosso, celles-ci sont donc bien connues là-bas, elles ont un site Internet accessible de partout et doivent vendre à des particuliers pour un chiffre d’affaire peut-être marginal, mais pas forcément moindre que celui qu’elles pourraient faire avec les amateurs français ! Tout le monde doit profiter de la mondialisation. Le marché français des iris est étroit, peut-être même est-il encombré avec l’apparition de plusieurs nouveaux marchands ces dernières années, et si les producteurs doivent se montrer vigilants en face de pseudo-commerçants sur le Net, ils devraient aussi s’ouvrir sur le petit monde des amateurs passionnés, considérer ces derniers comme leurs ambassadeurs, en constituer leur fan-club en ayant à leur égard des gestes de reconnaissance et de soutien (par exemple en mettant sur le marché les meilleures variétés obtenues par ces amateurs, comme GWENNADEN – Madoré 2001 - voir photo), et en participant directement au destin de la SFIB qui souffre gravement de leur désintérêt. C’est un appel que je leur lance.
ET APRÈS ?

Testez votre connaissance des iris !

Voici une liste de quatre noms de variétés de grands iris. Quel est le nom qui vient ensuite dans cette énumération ?

ENTOURAGE
BEVERLY SILLS
GOLD GALORE
WOODCRAFT
….
ET APRÈS ? (réponse)

Testez votre connaissance des iris !

Voici une liste de quatre noms de variétés de grands iris. Vous avez deviné ? Il s’agit des variétés qui ont obtenu la Médaille de Dykes à partir de 1970.
Celle qui suit les quatre indiquées est SHIPSHAPE.

SKYWATCH (1970)
DEBBY RAIRDON (1971)
BABBLING BROOK (1972)
NEW MOON (1973)
SHIPSHAPE (1974).

17.3.06


EXTENSION DU DOMAINE DE LA BARBE
Deuxième partie

Cependant la véritable extension du domaine de la barbe a eu lieu quand, au début des années 60, Lloyd Austin et ses émules ont entrepris de tirer parti de certaines excroissances originales apparues sur les barbes de quelques iris. Austin a dit qu’il avait débuté ses recherches sur les barbes à partir de deux semis qu’il avait remarqués chez son voisin Mitchell L’un de ceux-ci a été baptisé ADVANCE GUARD et fut très certainement le premier du genre à porter un nom. Pourtant les iris à barbes n’étaient pas nouveaux puisque les tout premiers seraient apparus chez Henry Sass dans les années 30 ! Cependant, à cette époque, cela était considéré comme une anomalie et systématiquement rejeté. C’est bien à Lloyd Austin qu’on doit d’avoir su tirer avantage de ces malformations.

Dès le début, il a essayé d’apporter à ces nouveautés toutes les améliorations qui étaient possibles, de manière à ce que les éperons et autres pétaloïdes, confèrent aux fleurs une personnalité excitante mais aussi esthétique. C’est lui qui a inventé l’expression « Space Age » pour désigner ces nouveaux iris, leur attribuant du même coup une identité synonyme de modernité. Le premier des SA qu’il a enregistré s’appelle UNICORN (52), et c’est aussi un plicata. Beaucoup de temps et beaucoup d’efforts plus tard, les S.A. (que je préfère appeler ‘rostratas’ ) ont conquis leur place dans le monde des iris. Mais il a fallu que les promoteurs de ces fleurs vainquent bien des résistances et bien des doutes. C’est avant tout à Monty Byers, le génial obtenteur californien, que l’on doit le fait que les ‘rostratas’ aient été enfin reconnus. La consécration en ce domaine lui est venue post mortem quand CONJURATION (89 – DM 98), puis THORNBIRD (89 – DM 97) et MESMERIZER (91 – DM 2002) ont décroché la Médaille de Dykes.

Aujourd’hui les ‘rostratas’ n’ont plus guère de détracteurs. Richard Cayeux lui-même, qui, dans son livre « L’Iris, une fleur royale » - 1996, déclare : «Ces iris … rencontrent un certain succès dû à leur grande originalité, mais de là à parler de beauté supérieure, il y a un pas que nous ne franchirons pas », l’a tout de même franchi et enregistre maintenant des ‘rostratas’ – CERF VOLANT (2002). Il faut dire qu’ils ont fait des progrès gigantesques et que le principal de leurs défauts à été surmonté. Il s’agit de ce que très souvent l’extension des barbes exerce des tensions sur les sépales qui déforment ces derniers de manière très inesthétique. Mais les obtenteurs ont éliminé les semis ainsi martyrisés pour ne retenir que des fleurs de belle apparence.

Au début, les extensions n’étaient que des éperons, prolongations des barbes par une pointe plus ou moins redressée, apparentes surtout sur les fleurs du haut de la tige, mais moins évidentes sur les fleurs inférieures. Puis vinrent des appendices plus développés, se terminant par des excroissances plus larges, sortes de cuillères. On a trouvé aussi de longs filaments dressés vers le ciel, puis des pétaloïdes plus ou moins larges et de formes variées. A mon avis, ce sont ces développements–là qui apportent et apporteront encore quelque chose d’intéressant puisque cela va dans le sens d’une multiplication des pièces florales, sorte de modèle « flore pleno » des iris. MESMERIZER est une bonne approche de ce modèle, mais des iris plus récents sont encore plus près de la définition, George Sutton, un autre Californien, travaille beaucoup dans cette direction et une variété comme CALIFORNIA DREAMIN’ (2003) en est un nouvel exemple.

De nos jours de nombreux hybrideurs enregistrent des ‘rostratas’ dont les appendices prennent des formes de plus en plus diversifiées. A cet égard, des fleurs comme IMPRESARIO (Muska 2006) – voir photo - ou SPOONED DEMONSTRATION (Muska 2006) sont tout à fait remarquables. Chez la première les pétaloïdes ont un peu l’aspect d’un champignon (girolle ou mousseron), avec un pied étroit et un chapeau en trompette aplatie, et chez la seconde ce sont de larges quasi-pétales assortis aux sépales lilas.

Le domaine de la barbe a pris récemment une extension à laquelle personne ne s’attendait : taille, couleur, appendices constituent maintenant des champs d’expériences très diversifiés, qui démontrent que la modification des fleurs d’iris n’est pas sur le point de s’arrêter.
ET APRÈS ?

Testez votre connaissance des iris !

Voici une liste de quatre noms de variétés de grands iris. Devinez de quoi il s’agit et donnez le nom de la variété qui doit suivre…
Réponse la semaine prochaine.

SKYWATCH
DEBBY RAIRDON
BABBLING BROOK
NEW MOON
….

11.3.06

FERTILITÉ DES IRIS INTERMÉDIAIRES

Pendant très longtemps on a considéré que les iris intermédiaires étaient stériles. Cependant des expériences récentes, notamment celles de Marky Smith, aux Etats-Unis, on démontré que certains intermédiaires pouvaient être fertiles. A ce sujet, les résultats des expériences de Sergeï Loktev, en Russie, sont particulièrement intéressants. Leur auteur a publié dans le bulletin de l’AIS n° 317 d’ avril 2000, un court article dont voici une traduction.

« Ce fut très intéressant pour moi de lire l’article de Marky Smith « les intermédiaires fertiles » dans le numéro d’avril 99 du bulletin de l’AIS.J’utilise les intermédiaires dans mes hybridations depuis 1996. AU cours des quatre années qui ont suivi j’ai fait 396 croisements avec des intermédiaires en tant que parents. 288 fois (73%) en tant que parent femelle (y compris pour des croisements IB X IB), et 108 fois (27%) en tant que parent mâle (non compris les croisements IB X IB). 49 variétés d’intermédiaires ont été utilisées comme parents femelles et 51 comme parents mâles. 39 de ceux-ci ont été utilisés dans les deux sens. Cela a donné les résultats suivants :
IBXSDB IBXTB IBXIB SDBXIB TBXIB total
Nb de cx 38 167 83 67 41 396
Cx réussis 14 68 5 18 1 106
Tx réussite 37% 14% 6% 27% 2% 27%

A noter que le taux de réussite de mes croisements d’iris barbus est en moyenne de 41%.

Le tableau ci-dessus montre que le taux de réussite de deux catégories, IBXSDB et IBXTB, est à peu près égal au taux de réussite général. Les résultats des croisements SDBXIB ont été presque aussi satisfaisants. Pour les croisements IBXIB et TBXIB, le taux est si bas que j’en suis à me demander si il ne s’agit pas d’un effet du hasard –ou des abeilles !- J’en déduis que la soi-disant infertilité des intermédiaires concerne surtout les croisements IBXIB.

… (suit la liste des variétés utilisées qui ont donné les meilleurs résultats).

Tous ces croisements n’ont donné qu’un fort petit nombre de graines, et il est tout à fait possible qu’aucune de celles-ci ne germe. Mais j’ai l’intention de continuer ce type d’hybridations.

De tous les croisements effectués avec des intermédiaires pendant les cinq dernières années, le nombre moyen de graines par gousse a été de 28, à comparer à la moyenne de 37 atteinte par les croisements TBXTB (le maximum de graines trouvées dans une gousse a été de 90 !) Dans mon jardin je ne constate d’habitude que 7% de germinations la première année. Ce taux monte à 30% la seconde année (y compris celles de la première année, déduction faite des plantules qui sont mortes). Je n’ai jamais eu de germinations dans la troisième année. »
RÉCRÉATION ( réponses)

URSULA VAHL (Tamberg 78) est une belle… allemande.

EXTENSION DU DOMAINE DE LA BARBE

Première partie

Rassurez-vous ! Ce titre houelbecquien n’annonce pas quelque chronique sulfureuse. Il s’adapte en fait fort bien au sujet d’aujourd’hui, qui est l’histoire de la barbe des iris (du moins celle de ceux qui en sont pourvus, qu’on appelle aussi « eupogons »).

La nature ne manque jamais d’imagination quand il s’agit d’assurer la perpétuation des espèces. Pour certains iris, ceux qui sont dits « eupogons » ou « pogoniris », elle a préparé un leurre étonnant pour convaincre les insectes, et en particulier les gros bourdons qui sont seuls suffisamment volumineux pour pouvoir se charger du pollen de la plante, d’entrer jusqu’au cœur de la fleur. Elle a d’abord créé pour eux une vaste piste d’atterrissage : les sépales, mais pour mettre toutes les chances de son côté, elle a ajouté des guides fallacieux : les barbes. Elles ont l’apparence de ces champs d’étamines où les insectes savent instinctivement qu’ils vont trouver du délicieux nectar. Ils vont donc se poser sur ce champ, mais là, point de nectar, point de pollen non plus. Alors ils s’enfoncent plus avant vers le cœur de la fleur en suivant cette ligne conductrice toute tracée. Ils trouveront enfin ce qu’ils recherchent, mais au passage ils seront passés sous les anthères des étamines, auront provoqué leur inflexion et reçu sur leur dos poilu le pollen de la fleur. Ce pollen, ils le déposeront tout aussi involontairement sur les lames des stigmates de la fleur d’à côté dans laquelle ils pénètreront ensuite. La fécondation croisée se trouve assurée par cet astucieux système pour lequel la fleur à fait preuve d’une rouerie admirable.

Les barbes auraient pu en rester là : assurer le cheminement des bourdons. Mais les hommes, lorsqu’ils ont commencé à jouer eux-même le rôle du bourdon pour ne polliniser les fleurs que dans le sens qu’ils souhaitaient et améliorer par l’hybridation les iris à barbes, ont compris que ces appendices pouvaient présenter un intérêt esthétique. Ils en ont fait un sujet de recherche et d’approfondissement.

A vrai dire, aux débuts de l’hybridation, les barbes n’ont pas particulièrement fait l’objet de l’attention des hybrideurs. Elles étaient blanches, ou jaunes, et c’était très bien comme ça. Il a fallu attendre les années 40, et l’apparition du facteur « mandarine » pour que l’on commence à s’intéresser aux barbes en elle-même. Ce fut avant tout pour tenter de transférer les barbes mandarines vers des fleurs d’une autre couleur ; Les premiers résultats intervinrent quand des iris violets furent ornés de barbes mandarines. Ce fut le cas pour ENCHANTED VIOLET en 1958. Mais pour obtenir un vrai bleu avec des barbes vraiment rouges, il fallut encore attendre longtemps, peut-être jusqu’à ACTRESS (Keppel 76) ou VIVIEN (Keppel 79) ! Entre-temps, les barbes mandarines avaient envahi des fleurs de bien d’autres couleurs : rose, bien sûr, mais aussi amarante, blanc, jaune… Un peu plus tard, même le noir – NIGHT GAME (Keppel 96)a été ainsi agrémenté. Il en a été de même pour la plupart des associations de couleurs ou de teintes, jusqu’à ces fameux iris que l’on qualifie de tricolores (pétales blancs, sépales bleus, barbes rouges) dont Richard Cayeux s’est fait une spécialité – PARISIEN (94), RUBAN BLEU (97), mais pour lesquels les Américains ne sont pas en reste – PATRIOTIC BANNER (Fort 98).

Le travail sur la couleur des barbes ne s’est pas arrêté aux barbes mandarines. Des couleurs originales sont apparues, bleu nuit entre autres, comme le célèbre EVENING ECHO (Hamblen 77) –voir photo - ou CODICIL (Innerst 85) ; moutarde, bronze – TOUCH OF BRONZE (Blyth 83)… Mais le défi le plus difficile a sans doute été d’introduire des barbes bleues dans des iris jaunes ou roses. Le résultat n’est pas encore parfait, mais des variétés comme MAGIC WISH (Hager 90) ou BLUE-EYED SUSAN (Lauer 98) y sont presque parvenues.

Mais certains se sont dit que ces barbes, quelle qu’en serait la couleur, pouvaient être un attrait supplémentaire soit parce que leur importance pouvait donner du caractère à une fleur, soit, au contraire, parce qu’en se faisant discrètes elles permettaient d’attirer l’attention sur les autres qualités de la fleur. De là est né le souci de jouer avec l’importance des barbes. Certains cultivars se présentent avec des barbes proéminentes, épaisses, vivement colorées, d’autre à l’inverse ne sont dotés que de barbes infimes dans les tons de la fleur, pour passer presque inaperçues. Les obtenteurs jouent encore aujourd’hui sur ces traits. Ainsi en est-il chez Richard Cayeux, par exemple : CUMULUS (2000) est un néglecta mauve, où les barbes minuscules laissent la vedette à l’ensemble coquet et élégant de la fleur, alors que chez CHEVALIER DE MALTE (97) les énormes barbes minium s’étalent sur le plastron blanc des sépales et font encore plus ressortir l’apparence tricolore de la variété.

3.3.06


PETIT DICTIONNAIRE DU MONDE DES IRIS

Bicolore
Adjectif et nom masculin.
Pour désigner un iris dont les pétales et les sépales sont de couleurs différentes. Ce qualificatif est attribué en général à des fleurs dont les pétales sont clairs et les sépales plus foncés, mais l’inverse peut également se rencontrer. A noter que si le blanc est l’une des deux couleurs, le terme consacré est amoena (voir ce terme), et si c’est le jaune ou une couleur approchante, on parle de variegata (voir ce terme).
Les associations de couleurs sont aujourd’hui très variées, et pétales et sépales peuvent être non pas d’un ton uni, mais dans un dégradé de la couleur. Les bords peuvent aussi être marqués par un liseré pouvant être clair ou foncé. SWEET MUSETTE (Schreiner 86) est un exemple classique de variété bicolore. (voir photo).
LES LEÇONS D’IRIS DANS UN PARC

Un parcours initiatique dans des jardins imaginaires

Quatrième leçon : les iris du Japon

De la route, c’est à peine si l’on aperçoit le petit château. Non seulement les murs qui l’enferment sont assez élevés, mais il se cache parmi de grands arbres. Derrière c’est immédiatement le flan de la colline ; devant, c’est une grande pelouse qui descend en pente douce jusqu’à la petite rivière. Sur le côté droit, une vaste pièce d’eau reçoit un ruisseau minuscule, qui a contourné la colline et qui, avant d’aller rejoindre la rivière, s’attarde un moment et paresse autour des nénuphars. C’est un peu plus qu’une mare, pas tout à fait un étang. De hauts bambous en occupent toute la rive opposée au château, ils sont si denses qu’il paraît impossible de pénétrer dans ce bosquet. L’endroit prend un aspect si exotique qu’on ne se croit plus en Touraine, mais transporté brusquement bien loin, sans doute au Japon… D’autant plus qu’en ce soir de juillet, de grosses gouttes molles et éparses annoncent un orage qui commence à gronder dans un ciel gris et terne.

A l’abri d’un large parapluie, la maîtresse de maison converse au bord de l’eau avec son ami l’amateur d’iris.
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Ce sont les bambous qui te font penser au Japon ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Oui, évidemment, chaque fois que je reviens ici, je ressens la même impression : calme et sérénité ; le Japon, en quelque sorte. Ou tout au moins, une certaine idée du Japon. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Mais où sont les iris dont tu m’as parlé ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Ils sont commandés ! Tu les recevras fin septembre ou début octobre. Tu as le temps de préparer le terrain comme il faut, parce que ce sont des plantes délicates. Mais je connais tes qualités de jardinière. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Je sais ! Une terre très riche, acide, beaucoup d’eau au printemps, beaucoup d’engrais avant et après la floraison… »
L’AMATEUR D’IRIS : « Mais, dans ces conditions, l’assurance de plantes formidables. Ce n’est pas pour rien que les Japonais cultivent ces fleurs depuis le début du 16eme siècle ; ils avaient repéré une vraie merveille. Et tout cela à partir d’une seule espèce botanique, l’Iris ensata. Au début, il n’y avait que des fleurs simples, avec trois tout petits pétales, trois sépales plus larges et trois styles, d’un violet pourpré veiné de blanc ; aujourd’hui, après cinq siècles de croisements et plusieurs milliers de variétés obtenues, on dispose de fleurs doubles, aux pétales aussi larges que les sépales, étalées à l’horizontale, au bout de tiges fines mais solides. Ces fleurs me font penser aux assiettes que certains jongleurs chinois font tourner à l’extrémité d’une perche. En masse, elles donnent un spectacle extraordinaire. Tu verras cela dans deux ans ! »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Mais il n’y en a que des bleus ! »
L’AMATEUR D’IRIS : « Non. Le bleu est la couleur dominante, mais cela va du blanc, au rose orchidée et même au grenat. La seule couleur qui manque vraiment, c’est le jaune et ses dérivés, l’orange ou le brun. Certains obtenteurs essaient de franchir cet obstacle en croisant les iris du Japon actuels avec l’Iris pseudacorus, l’iris jaune de nos fossés. Mais les résultats ne sont pas encore très intéressants. On trouve aussi des fleurs veinées, marbrées, tachées. Bref le choix n’est pas si restreint que cela. D’ailleurs, tu verras. Je t’ai commandé un panel de variétés très diverses. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : «Ils viennent d’Amérique ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Oui, mais pas seulement. Tu auras des variétés japonaises, bien entendu, et des variétés australiennes. Mais la majorité sont américaines. Quand la passion pour les iris du Japon s’est internationalisée, ce sont les Américains qui ont saisi le flambeau. W. Arlie Payne ou Walter Marx ont consacré toute leur vie à ces iris. D’autres obtenteurs comme Fred Maddocks, ont continué. Puis vinrent le tour de Lorena Reid, de Terry Aitken, de Clarence Mahan, sans oublier le Dr Currier McEwen qui a été le premier à obtenir de iris du Japon tétraploïdes. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Ques aco ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Les ensatas sont naturellement diploïdes, ils n’ont que deux jeux de chromosomes. En traitant les graines à la colchicine, McEwen est parvenu à un doublement du nombre des chromosomes. Du coup, les possibilités d’évolution qui étaient un peu limitées après cinq siècles de croisements, ont été multipliées. On peut dire que les iris du Japon ont de cette façon acquis une nouvelle jeunesse. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « Tu crois qu’il faut les planter auprès de l’eau ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « C’est même recommandé ! Si, au printemps, ton étang déborde un peu et inonde tes iris, ce ne sera pas pour leur déplaire. Ils fleuriront peut-être un peu plus tard, mais cela n’en est que mieux : la saison des iris sera ainsi prolongée en beauté. Et puis, l’été, l’humidité est indispensable. Tu vois qu’au bord de l’eau ils devraient être heureux. »
LA MAÎTRESSE DE MAISON : « J’ai hâte de les voir fleurir ! »

La pluie d’été commençait à s’aggraver, criblant l’eau de myriades de petits impacts. Les deux amis reprirent alors le chemin du château où les attendait une bonne tasse de thé. Japon oblige !
UNE AUTRE FAÇON D’OBTENIR DU ROUGE

Décidément la recherche de l’iris rouge devient de plus en plus d’actualité ! Après Richard Ernst et les milliers de dollars investis dans une tentative de manipulation génétique, après Don Spoon et ses avancées pragmatiques par saturation de l’orange, voici Neil Mogensen et son approche par la biologie moléculaire.

Dans une communication sous le titre de « Another Approach to Red Irises », publiée dans le bulletin de l’AIS n° 340, de janvier 2006, Neil Mogensen, de Arden, en Caroline de Nord, démontre qu’il peut exister une troisième voie pour obtenir du rouge. Il explique que la couleur rouge pure, qui est produite par la pélargonidine (pigment présent dans les géraniums) fait partie de la même série que la delphinidine (pigment qui colore en bleu les delphiniums …et les iris). Ces deux pigments, ainsi que beaucoup d’autres, sont des éléments de la grande famille des pigments anthocyaniques, hydrosolubles, et présents dans le liquide intercellulaire des fleurs. Ils ne se différencient que par le nombre et la position de radicaux OH attachés à l’un des anneaux de base des anthocyanines. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre, parce que je n’ai aucune notion de chimie, et que j’essaie seulement de transcrire ce que l’auteur du texte a dit. Toujours est-il que, d’après les schémas illustrant l’article, la delphinidine a trois radicaux OH, et la pélargonidine seulement un. D’où l’idée, pour obtenir de la pélargonidine au lieu de la delphinidine, de réussir à retirer deux des radicaux OH de cette dernière. On sait cela depuis les travaux de L. F. Randolph, dans les années 50 et 60. Mais le problème n’est pas de savoir ce qu’il faut faire, mais de trouver comment le faire !

Mogensen, très savamment, expose aussi que l’on sait, désormais, où se situe sur les chromosomes de l’iris, l’enzyme qui détermine le nombre des radicaux OH et l’emplacement où ils s’attachent. Il envisage donc la manipulation qui pourrait aboutir à transformer la delphinidine et pélargonidine. Parfait ! Mais rien n’est simple ! Parce qu’aux pigments de base, s’ajoutent des co-pigments et des variations du taux d’acidité du liquide intercellulaire qui rendent l’opération infiniment complexe et très aléatoire dans ses résultats. D’autant plus que, paraît-il, le processus de transformation pourrait être bloqué par une réaction de la plante qui, constatant une anomalie dans les cellules, rétablirait automatiquement la normalité !

Autant dire que la transformation décrite n’est pas pour demain. Mais on peut toujours en rêver. D’ailleurs Neil Mogensen fait justement remarquer qu’il y a cinquante ans on n’imaginait pas que l’on pourrait un jour manipuler les gènes au point où on le fait maintenant.

Après la stratégie adoptée par Richard Ernst, et son idée de transplantation de gènes de lis dans les chromosomes de l’iris pour tenter de lui donner la couleur éclatante d’un poivron, après l’initiative de Donald Spoon de saturer le lycopène des iris roses ou oranges et d’y ajouter une pointe de violet pour donner l’illusion du rouge pompier, vient la troisième approche, celle de la production d’une grande quantité de pélargonidine pour atteindre le rouge du géranium zonale.

L’iris rouge risque donc de ne pas provenir d’une seule source ; mais, au train où vont les choses, il est à peu près sûr qu’il n’est plus loin d’apparaître. Avec toutes les questions que son apparition vont poser : Quel sera le prix de ces plantes transgéniques ? Quelles seront les contraintes imposées aux acheteurs ? Quels seront les risques de dissémination de la mutation génétique pour les variétés de l’avenir ? Celles-là et bien d’autres feront des iris rouges des phénomènes à la fois intéressants et inquiétants.
RÉCRÉATION

Les belles anglaises.
Oui, mais une de ces dames n’est pas anglaise, laquelle ?
CAROLINE PENVENON
ELIZABETH POLDARK
MURIEL NEVILLE
SUSAN BLISS
URSULA VAHL
RÉCRÉATION ( réponses)

FANCY FLIRTING (B. Blyth 2002) est une variété australienne.