2.4.05

PARENTS INCONNUS

La mentions « parents inconnus » (ou plus exactement puisque les enregistrements sont rédigés en anglais « unknown parentage ») peut dénoter deux choses de la part de l’obtenteur qui se résout à enregistrer une variété avec cette mention : ou bien qu’il ne s’est pas montré très attentif ou soigneux au cours des opérations de croisement, de semis et de culture, oui bien, au contraire, qu’il affecte une attitude scrupuleuse lorsqu’un incident lui a fait perdre la certitude du pedigree.

Le premier cas est celui de bon nombre d’amateurs qui ont fait un croisement sans prendre attachement des noms des variétés croisées, ou qui ont semé les graines d’une hybridation réalisée par les insectes. La plupart du temps ce genre de semis ne donne pas grand’ chose de valable, mais de temps en temps, par chance, le résultat est satisfaisant et la variété mérite son enregistrement. C’est le cas par exemple de DEBBY RAIRDON (65), l’unique variété enregistrée par Lois Kuntz, qui est allée jusqu’au bout du parcours et a obtenu la Médaille de Dykes en 1971. Cependant une telle aventure reste tout à fait exceptionnelle ! La plus souvent les variétés d’amateurs enregistrées avec la mention « parents inconnus » ne présentent guère d’intérêt que pour celui qui les a obtenues. Nadejda et Vitali Gordodelov, les hybrideurs caucasiens, qui ont fait un tas de croisements dans les années 70 et 80, ont enregistré, quand la Russie s’est jointe au concert des nations iridophiles, une foule d’iris sans indication de parentage… Parfois l’enregistrement de ce type de plantes n’a pour but que d’attribuer une certaine garantie de sérieux à un hybrideur soucieux de sa notoriété. C’est le cas des premiers enregistrements de Christian Lanthelme, en France, ce dont l’homme en question ne se cache d’ailleurs pas.

Dans l’autre catégorie se situent les obtenteurs professionnels qui perdent de temps en temps les références de certains de leurs semis. Plutôt que d’attribuer à leurs variétés sélectionnées malgré ce handicap, une origine approximative, ils préfèrent faire l’impasse sur les parents supposés, ce qui ne peut que témoigner du sérieux de leur travail.

La plupart des grands noms de l’hybridation ont ainsi reconnu leur incertitude. Bill Maryott a fait souvent cet aveu, ALMADEN (90), ce superbe iris brun sombre, fait partie de ce lot d’anonymes. Un autre brun, LIONESS (89) de Richard Ernst, est dans le même cas. David Hall, en 1964, a eu la même démarche en ce qui concerne le rose HEARTBREAKER, et auparavant Fred deForest avait fait de même pour le célèbre LULA MARGUERITE (59). Duane Meek a procédé de cette façon pour son IMAGINARIUM (93), ce très agréable rose corail présent dans beaucoup de catalogues de par le monde. CLARENCE (Zurbrigg 91), bleu vif centré de blanc, impeccable et d’ailleurs longtemps en balance pour obtenir la D.M., est aussi né de parents inconnus. Pour toutes ces variétés, plutôt que de parler de parents inconnus, il conviendrait de dire « origines non certifiées » car leur auteur est à peu près certain du nom des géniteurs.

D’autres obtenteurs chevronnés ont usé de l’anonymat des origines : Jim Gibson, par exemple, qui a déclaré de cette manière certains de ses plus beaux iris comme FUNNY GIRL (94), remarquable iris rose, LADY FIRE (92) formidable plicata brun, MAGENTA ROSE (77) plicata amarante, ou TOTAL ELEGANCE (85) plicata encore, mais dans les tons de pourpre. Joë Ghio, le fameux obtenteur californien, n’a pas hésité à donner la qualification de « parents inconnus » à quelques-unes unes de ses plus belles réalisations comme RARE FIND (2002) bitone original, crème et abricot, ou STARRING (99), extraordinaire amoena blanc/noir, des plus contrastés. Le plus célèbre des iris de parents inconnus est sans conteste STEPPING OUT (Schreiner 64). Cela ne l’a pas particulièrement handicapé puisqu’il a obtenu la D. M. dès 1968. D. M. également pour le majestueux DUSKY CHALLENGER (86), en 1992. D’une façon générale ; la grande maison Schreiner ne fait aucun complexe à dire qu’elle ignore les origines exactes de quelques-unes unes de ses variétés. C’est le cas, entre autres, pour BOLD LOOK (93), BURNT TOFFEE (77), CIRCUS WORLD (95), COLOR SPLASH (80), INTO THE NIGHT (89), MULBERRY PUNCH (92), NORTHWEST PROGRESS (97), RED TORNADO (88), ROYAL INTRIGUE (91), WAR SAILS (84) ou WILD THING (95), toutes variétés hautement appréciées.

A ces iris signés de grands noms, dont les origines ne sont pas certaines, je serais tenté de donner le qualificatif de « nés sous X » plutôt que celui de « parents inconnus » car le plus souvent, les parents ne sont pas franchement ignorés, mais l’obtenteur ne tient pas à les révéler car il y a dans ses documents un élément qui laisse supposer un doute ou une erreur. Les vrais parents inconnus sont ceux de la première catégorie.

La liste ci-dessus n’évoque que les variétés dont l’identité des deux parents est passée sous silence. Mais à côté il existe un grand nombre de cultivars dont seulement l’un ou l’autre des parents n’est pas formellement identifié. Celui qui a pratiqué l’hybridation sait combien il peut être facile de perdre les références d’un croisement ou, au cours de la vie des plants non encore baptisés, de voir disparaître un étiquetage. Celui-là ne jettera pas la pierre à l’obtenteur consciencieux qui préfère taire les origines plutôt que de donner une information qui peut être erronée.

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