4.3.05

UN AUTRE CHEMIN VERS LE ROUGE

Décidément, le rouge excite ! Après l’énergique exposé de Rick Ernst à propos de sa quête de l’iris rouge via une modification génétique, c’est au tour de Don Spoon, dans le numéro d’octobre 2004 du Bulletin de l’AIS, de décrire son approche personnelle du problème et d’annoncer pour bientôt des avancées significatives.

Don Spoon a axé sa recherche sur une voie traditionnelle. Il est parti de la constatation que certains iris, dont deux de ceux qu’il a obtenus, MY GINNY (2002) et SPECIAL RED (2004), présentaient des barbes absolument rouges. Un rouge coquelicot provenant d’une forte concentration de lycopène, le pigment qui fait que les tomates sont rouges. Il en a déduit que ce pigment, lorsqu’il est présent dans une fleur d’iris, peut se trouver concentré à l’extrême dans les barbes, mais ne peut pas se développer de la même façon dans les pétales et sépales parce qu’il est bloqué par un gène particulier. Il imagine qu’il existe deux sortes de gènes inhibiteurs, un pour les barbes et un pour les autres parties, et que ces gènes peuvent exister avec quatre niveaux d’influence : faible, médian, vif et très vif. Le niveau très vif correspond à une quasi-absence de lycopène, donnant une coloration très pâle, proche du blanc. Le niveau vif est synonyme de coloration rose tendre ; le niveau médian abouti au rose soutenu, et le niveau faible laisse le lycopène se développer au maximum, ce qui donne une coloration d’un rose orangé foncé proche du rouge coquelicot. Mais le rouge coquelicot n’est pas le rouge absolu. Il contient une pointe d’orange qu’il faut corriger pour tendre vers la perfection. Cette correction peut être obtenue au moyen d’un trait de pigments anthocyaniques qui adoucit ou rafraîchit la couleur de base.

Ce qui précède résulte d’une extrapolation de données qui n’est pas vérifiée scientifiquement. On reste dans le domaine du possible, voire du probable, mais pas du certain. Il n’empêche que Don Spoon est convaincu qu’en utilisant des parents dont les fleurs ont une forte concentration de lycopène, il est sur le point de parvenir à ce rêve plus que centenaire de l’iris parfaitement rouge. Il a utilisé le fameux « rouge » de Joë Ghio LADY FRIEND (81), ainsi que l’autre « rouge », de Terry Aitken, CODE RED (2003). Il a recommencé l’expérience avec d’autres rouge-orangé, mariés à des rose vif, puis mêlé les deux lignées. Son autre fer au feu se nomme SIGNAL RED (qui ne devrait être commercialisé qu’en 2006), produit de O.K. CORRAL X HORATIO. C’est une fleur mauve rose dont les barbes sont totalement rouges. En croisant MY GINNY et ce SIGNAL RED, il pense qu’il a de bonnes chances de parvenir à son but, l’iris rouge parfait.

Dans un proche avenir nous saurons si les conjectures de Don Spoon se révèlent exactes et s’il a le droit d’exulter. Nous le lui souhaitons, tout comme nous espérons que le monde des iris bénéficie de ce nouveau défi. En tout cas l’iris rouge atteint par cette voie, même s’il n’a peut-être pas le même éclat ou la même pureté que celui obtenu par Rick Ernst (si tant est que l’iris en question soit effectivement rouge), aura sur ce dernier l’irremplaçable avantage de ne pas introduire dans la génétique des iris un intrus (ou un « alien ») dont on a tout autant à craindre qu’à espérer.

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