27.8.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

Chacun chez soi (1)

La liste I est celle de lieux où demeurent des obtenteurs connus ;
La liste II est celle de ces obtenteurs.
Remettre chacun chez soi.
Liste I
PORTERVILLE (Californie)
SALEM (Oregon)
VANCOUVER (Washington)
CAPE GIRARDEAU (Missouri)
DOVER (Pennsylvanie)

Liste II
George SUTTON
Sterling INNERST
Dave NISWONGER
Keith KEPPEL
Terry AITKEN

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Espagne

L’intrus est SIERRA NEVADA (Walker 73) qui n’est pas un TB, mais un Spuria.

LE SYNDROME DU POULPE

L’âge de se reproduire est, pour le poulpe, synonyme de mort. Lorsqu’il a accompli l’effort suprême de donner naissance à une nouvelle génération, épuisé, il se laisse tomber au fond d’une crevasse et meurt.

Il semble que chez l’iris un syndrome analogue intervienne quelquefois. Car, pour une raison qui est encore mystérieuse, certains rhizomes ne développent aucune nouvelle pousse, après la floraison, et, par conséquent, disparaissent. Un iris qui pousse bien émet trois bouquets de feuilles (tout va par trois chez les iris). Les deux bouquets latéraux, qui ne s’élèvent d’ailleurs pas exactement à la verticale, vont développer des feuilles qui vont être les poumons de la plante et vont accompagner le bouquet central, qui, lui, prend dès le début une position très redressée, et va donner naissance à la tige qui portera les fleurs. Cependant il arrive que les bouquets latéraux n’apparaissent pas. La plante n’émet qu’un bouquet, qui puise sa force essentiellement dans la réserve du rhizome. La tige grandit, mais n’atteint néanmoins pas la hauteur d’une tige normale. Les fleurs viennent à éclore, mais sont plus petites que les fleurs habituelles, quelquefois elles sont un peu fripées… Lorsque la dernière fleur est fanée, on s’aperçoit que la tige se dessèche très vite : elle a consommé toute l’énergie contenue dans le rhizome, et, faute de nourriture, elle dépérit. En écartant la terre autour du rhizome on découvre qu’il n’y a aucune pousse latérale, gage de renouveau. Adieu, mon bel iris…

Parfois, à bien y regarder, on aperçoit un œil minuscule ou deux. Dans ce cas tout n’est pas perdu. Les spécialistes américains ont émis l’hypothèse que ce développement anormal de la plante serait la conséquence d’un déficit hormonal causé par le fait que, pour se multiplier, les hormones en question auraient besoin d’une obscurité que ne leur donne pas la situation à ras du sol du rhizome. Paradoxe ! Pour mûrir et accumuler des réserves, le rhizome a besoin de chaleur : il la trouve en croissant à fleur de terre, mais ce faisant il empêcherait la synthèse des hormones de reproduction. Dans la plupart des cas, ces hormones sont assez nombreuses et fortes pour assurer néanmoins l’apparition des nouveaux yeux, donc des futures plantes, mais il arriverait que, en quantité insuffisante, les hormones ne puisse accomplir leur travail, d’où le phénomène « bloom out » qu’on peut traduire par « fleur et mort ». Comment obliger la plante à secréter suffisamment d’hormones de reproduction ? Certains ont constaté qu’un rhizome entaillé, accidentellement, réagissait à cette blessure en émettant de nombreux yeux, comme si, menacé de mort par l’accident, il se dépêchait de multiplier ses chances de survie. D’où l’idée d’entailler volontairement le rhizome « bloom-outé » pour le contraindre à utiliser ses dernières forces dans la fabrication de petites pousses. Une autre constatation a été qu’un rhizome arraché et laissé à l’air sur un tas de déchets, réagissait à cette situation de mort annoncée en émettant plus de nouvelles pousses qu’un rhizome en situation normale. Certains producteurs vont même jusqu’à préconiser cette pratique violente pour accélérer la multiplication des plantes. Un rhizome « bloom-outé » réagit-il de cette façon ? Un troisième remède envisagé, et mis en pratique par certains, est de recouvrir d’une forte couche de terre le rhizome récalcitrant pour susciter l’obscurité propice à la sécrétion des hormones.

J’ai essayé les trois méthodes. J’ai donné des coups de canif à des rhizomes sans yeux. La plupart n’ont pas réagi et sont morts, pour de bon. D’autres ont effectivement émis des pousses latérales, mais pas bien fortes et, par conséquent bien trop à la merci d’un hiver un peu rigoureux. J’ai laissé sans soins des rhizomes, à l’air libre. J’ai constaté que des yeux apparaissaient, mais remis en terre, ces yeux n’ont jamais prospéré. J’ai, enfin, enterré certains rhizomes. Et là j’ai eu la satisfaction de voir mes iris repartir. La chose délicate est de trouver le juste moment où il faut retirer la motte de terre pour permettre à la plante de croître normalement après la médication de choc. Néanmoins, cette méthode donne des résultats tangibles. Cette année, par exemple, le rhizome de PROTOTYPE (Ghio 2000) reçu de l’Oregon l’été dernier, a « bloom-outé ». Dès la fin de la floraison, avec une bonne pelletée de terre, j’ai créé une taupinière artificielle. Je suis allé deux mois après gratter le sol, pour voir : deux gros yeux se sont développés. Je n’aurai pas de fleurs l’année prochaine, mais dans deux ans, s’il n’y a pas de nouveau malheur, mon PROTOTYPE devrait renaître !

A la différence donc, de ce qui arrive au malheureux poulpe, la mort de l’iris qui « bloom-oute » n’est pas forcément inéluctable. Il n’empêche que je constate que les variétés récentes sont très sensibles au « bloom-outage ». Peut-être un affaiblissement de leur vigueur régénérative en raison d’une consanguinité excessive ? En tout cas j’ai l’impression, après plusieurs expériences positives, que la méthode de l’enterrement, est assez fructueuse. Mais vous avouerez qu’il y a là un sacré phénomène : il faut un enterrement bien profond pour que la plante renaisse ! Une sorte de résurrection !

20.8.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

Espagne

Des six iris dont les noms suivent ci-dessous, un diffère grandement des cinq autres. Lequel
CORDOBA
GRANADA GOLD
BARCELONA
GALA MADRID
MALAGUENA
SIERRA NEVADA

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Iridial Pursuit

WHOLE CLOTH a obtenu le Florin d’Or en 1961.

Rudolph KLEINSORGE
Un homme de bruns

Le docteur Kleinsorge, médecin, chirurgien, professeur d’université, et même président de cette Université, fut aussi éminent hybrideur d’iris. Aujourd’hui son nom est un peu oublié de nos jeunes générations, mais au cours des années 40 à 60, sa notoriété a largement dépassé les limites de l’Oregon, Etat où il s’était installé en 1909. Il était originaire de Waterloo (oui !) dans l’Iowa où il grandit et décrocha son diplôme de médecin, en 1908. Il avait 26 ans, et il résolut de tenter sa chance, en tant que chirurgien à Silverton, petite ville de l’Oregon spécialisée dans l’exploitation forestière, mais aussi berceau de la culture des iris.

Son intérêt pour les iris s’était révélé dès 1916, quand il eut l’idée d’en faire planter autour de la maison qu’il venait de se faire construire. Autant par goût que par curiosité scientifique, il se mit alors à effectuer des croisements entre les variétés disponibles à cette époque, essentiellement des iris en provenance de France. Le premier cultivar qu’il sélectionna fut appelé KLAMATH, du nom d’une tribu indienne de l’Oregon. Ce qui était justifié du fait de son coloris : brun rosé.

Avec une constance proprement obsessionnelle, Rudolph E. Kleinsorge entreprit dès lors une exploration systématique des coloris bruns. La grande majorité des iris qu’il enregistra, environ une centaine, sont dans les tons de jaune doré, brun, tabac, miel ou bordeaux. Par deux fois il passa à côté d’une médaille de Dykes. Une première, dans les années 30, quand son iris aril diploïde ORMOHR (37) fut déclaré inéligible du fait que le règlement de l’époque ne prévoyait pas qu’un iris de ce type puisse être couronné ; une seconde en 1946 quand son DAYBREAK (un iris brun dont les sépales se teintent de rouge prune en allant vers le bord) fit match nul avec OLA KALA, ce qui fit que cette année là la médaille ne fut pas attribuée ! On aurait d’ailleurs pu la lui accorder a posteriori deux ans plus tard puisqu’en 48 OLA KALA l’emportait, cette fois sans discussion…

Cependant ce n’est pas à DAYBREAK que le Dr Kleinsorge a du de devenir célèbre dans le petit monde des iris, mais plutôt à TOBACCO ROAD (1941), le premier iris réellement brun, qui a marqué son époque et constitue le point de départ de toutes les recherches sur les iris de cette couleur. A vrai dire, l’histoire a commencé dès 1936 avec l’introduction de FAR WEST, une variété ocre doré avec des influences de lilas qui a été à l’origine d’une foule de semis, dans la plupart des coloris disponibles à cette époque, mais principalement dans les bruns. Parmi ceux-ci il y a le fameux DAYBREAK, cité plus haut, ainsi que d’autres belles réussites comme GRAND CANYON (41), pourpre prune, GOLDBEATER (43), jaune d’or, et, surtout, AZTER COPPER (39), brun rosé. TOBACCO ROAD est un descendant d’AZTEC COPPER, de FAR WEST et du français JEAN CAYEUX.

TOBACCO ROAD, qui poussait médiocrement et était de culture délicate, est néanmoins à l’origine, entre autres, de BRYCE CANYON (44), cuivre rouge, PRETTY QUADROON (48), brun rosé, VOODOO (48) variegata miel/pourpre. Parmi ceux-ci, BRYCE CANYON a acquis la plus grande célébrité et fut un réel succès commercial.

Bien d’autres variétés signées Kleinsorge présentent un évident intérêt. A commencer par RANGER (43), rouge magenta, largement utilisé par les hybrideurs de « rouges », CASCADE SPLENDOR (1944), lumineux brun orangé de deux tons, ainsi que SUNSET BLAZE (1948), riche brun rosé à barbes or, qui obtint la President’s Cup en 1949. BALLET DANCER (49), vieil or, THOTMES III (50), brun café, SOLID GOLD (51) mordoré, TOAST AN’ HONEY (53), brun miel assez foncé, GOLDEN CROWN (54), variegata or et bordeaux, précèdent un grand choix enregistré en 55, qui comprend BEECHLEAF, brun rosé, FULL REWARD, ocre doré, et le très original SURPRISE PARTY, bicolore mauve souligné de sépales ocre. Vinrent par la suite, NUEVO LAREDO (56), cuivre violacé, puis, pour finir, BENGALI (61), amarante cuivré.

Au cours de sa longue carrière le docteur Kleinsorge a démontré que l’on pouvait se contenter d’un seul domaine de recherche et obtenir des variétés superbes dont on constate qu’elles progressent au fil des années pour atteindre une sorte de perfection, provisoire évidemment, mais gratifiante pour l’obtenteur. Rudolph E. Kleinsorge aurait pu tirer gloire de son acharnement et de ses succès, mais il était modeste et se contentait de la considération de ses confrères. Les centaines de semis qu’il réussissait à faire prospérer chaque année dans son minuscule jardin suffisaient à sa satisfaction d’honnête homme.

Sources : biographie de R. E. Kleinsorge, par A. Cooley, in site Internet de Michael Unser ; The World of Irises (AIS).

13.8.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

Iridial Pursuit

En 1962 WHOLE CLOTH a obtenu la Médaille de Dykes. En quelle année a-t-il obtenu le Florin d’Or ?


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

A suivre(IV)…

BALL TRAP (Ségui 81) : Cette année là le Dr Ségui a enregistré quatre variétés dont le nom commence par B.
SIXTINE C. (Cayeux 94) : c’est la quatrième de ses filles à chacune desquelles R. Cayeux a dédié une variété.
LUCIOLE (Anfosso 90) : c’est la quatrième variété issue du croisement Beverly Sills x Sky Hooks enregistrée par les Anfosso.

LA METHODE GIBSON

Quand il a quitté ce monde, en 1985, James Gibson avait écrit un des chapitres les plus importants de l’histoire des iris. C’est lui, en effet, qui a fait accomplir un immense bond en avant à la catégorie des iris plicatas.

C’était un homme persévérant, voire obstiné, qui ne s’est pour ainsi dire jamais détourné du but qu’il s’était fixé, à la suite d’une visite au jardin de Sydney Mitchell, à Berkeley, en face de San Francisco. C’était en 1940 et (James) Jim Gibson pratiquait l’hybridation depuis quatre ou cinq ans déjà. Mitchell était un hybrideur chevronné, déjà réputé pour ses plicatas. Gibson a admiré un semis original, en brun-rouge cuivré, et son mentor lui en a donné une étamine. Sitôt rentré chez lui, à Porterville, Gibson a cherché une fleur d’iris plicata susceptible de recevoir le précieux pollen donné par Mitchell. La seule variété de la catégorie encore en fleur dans sa plantation était le vieux SACRAMENTO (Mitchell 29). Ce croisement SACRAMENTO X semis Mitchell allait devenir une des pierres angulaires du travail de Jim Gibson et orienter toute sa carrière d’hybrideur, qui dura plus de cinquante ans.

Au début, il a fait un nombre considérable de croisements avec tout un tas d’iris différents, mais peu à peu il s’est rendu compte qu’il avait intérêt à limiter sérieusement son matériel génétique, quitte à multiplier les croisements entre ces variétés de base. C’est ainsi qu’il a retenu essentiellement TIFFANY (Hans Sass 38), plicata bronze rosé sur fond jaune clair, SIEGFRIED (Hans Sass 36), premier plicata sur fond réellement jaune, ORLOFF (Hans Sass 37), fort plicata brun rougeâtre sur fond crème, FIRECRACKER (Hall 43) très intéressant plicata bourgogne sur fond jaune, MISTY ROSE (Mitchell 39), bitone rose violacé, et MADAME LOUIS AUREAU (Cayeux 34), le plus beau des plicatas français de Ferdinand Cayeux, auxquels s’ajoute SACRAMENTO, précédemment cité et son semis issu du pollen donné par Mitchell. C’est en croisant et recroisant ces variétés qu’il a conçu les iris qui ont fait sa célébrité et lui ont valu, avec KILT LILT (70), la Médaille de Dykes en 1976. Mais avant d’arriver à cette consécration, bien des variétés superbes étaient nées, depuis le fameux GIBSON GIRL (48), plicata violine sur fond blanc, avec barbes jaune orangé, provenant de TIFFANY X MADAME LOUIS AUREAU, et TAHOLAH (56), en fuchsia sur fond blanc, issu de FIRECRACKER. En 59 étaient apparus CAYENNE CAPERS et CHINQUAPIN, en 64 RADIANT APOGEE, en 65 WILD APACHE, en 66 LORNA LEE, distingué à Florence, autant de variétés qui ont fait carrière chez nous, avant que n’apparaisse APRIL MELODY (67).

Jusqu’à ce moment, les plicatas étaient dotés de barbes blanches, bleutées ou jaune clair. Avec APRIL MELODY, Gibson est parvenu à obtenir un véritable plicata rose à barbes rose orangé, ou mandarine. A partir de là, la famille des plicatas roses n’a plus cessé de s’enrichir, le rose des dessins devenant de plus en plus vif, tournant quelquefois à l’orange. La couleur du fond a également changé : ce que les spécialistes appellent le « facteur mandarine » a en effet joué sur les pigments jaunes, de telle sorte qu’on a peu à peu découvert une infinité de nuances. On a trouvé des iris plicatas à fond crème, ou chamois, ou même rose tendre, ces couleurs acquérant de l’intensité au fil des nouveaux croisements. Pour parvenir à ce résultat, Jim Gibson n’a pas dérogé à sa méthode, il a simplement ajouté, parcimonieusement, à sa ligne de plicatas brun-violacé une petite dose de gènes provenant d’iris roses ou abricot. En particulier de BALLERINA (Hall 50), PALOMINO (Hall 51) et HAPPY BIRTHDAY (Hall 52), de même que du plicata pourpre NEW ADVENTURE (Muhlestein 53). Ces apports ont donné naissance non seulement aux plicatas roses, mais aussi à toute une série de nouveaux plicatas dont APRICOT BLAZE (71), ambre sur fond ivoire, et ANON (75), abricot ambré sur fond blanc. Beaucoup des descendants directs d’APRIL MELODY – sans parler de ceux obtenus par Keith Keppel – sont bien connus en France, et toujours présents dans les catalogues : CASINO QUEEN (71), PORTA VILLA (75), RIPPLING ROSE (70), SMOKE RINGS (72)… Cependant cette voie nouvelle n’a pas été la seule qu’explora Jim Gibson. Tous les autres plicatas l’intéressaient également. Revenons à KILT LILT, en particulier.

Dans ce cas la méthode Gibson a été appliquée dans toute sa rigueur. Dans le pedigree de cet iris on retrouve tous les ingrédients cités plus hauts. Mais le génie de l’obtenteur a été de déceler et exploiter la tendance à voir réapparaître l’effet variegata qui existait dans les plicatas sur fond jaune de Hans Sass. Le résultat a été cet extraordinaire variegata-plicata aux pétales vieil or flamboyant sur des sépales crème vigoureusement marqués de brun violacé. La lignée a été poursuivie, toujours dans le même esprit et de nombreux autres iris de Jim Gibson sont venus apporter d’infinies variantes, toujours richement colorées. Parlons de AUTUMN ECHO (75), RUSTIC DANCE (80) ou YELLOW BRICK ROAD (92).

Même méthode, même résultat parmi les plicatas violets. Qui ne connaît pas GOING MY WAY (72), BLUE STACCATO (77) ou LICORICE FANTASY (86), le plicata sans doute le plus noir qui existe aujourd’hui. Et que dire encore, à propos de cette parfaite réussite que fut QUEEN IN CALICO (80), dont le fond abricot est densément poudré d’acajou, tout comme ses frères de semis COLUMBIA THE GEM (82) et RED LIGHTNING (83) ?

A sa mort, Jim Gibson n’avait pas terminé la sélection de ses nombreux croisements. C’est Richard Ernst, qui a reçu son héritage et qui l’a fait fructifier. Plusieurs iris excellents comme CALDRON FIRE (95) et RUFFLED COPPER SUNSET (93), sont venus « post mortem » ajouter à la gloire de Jim Gibson, comme pour confirmer un peu plus l’efficacité de sa méthode.

Sources :
Bulletin de l’AIS, Janvier 1994, Some notes on the Gibson plicatas, by K. Keppel ;
The World of Irises (Warburton and Hamblen), 1986, p. 104/106.

6.8.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

A suivre(IV)…

Essayez de compléter les trois listes suivantes :

BALADIN, BALANÇOIRE, BALIVERNE . . . .

ASTRID C., HELENE C., HORTENSE C. . . .

ANTIGUA SOLEIL, CARMAGNOLE, FLUTE ENCHANTÉE . . . .


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Iridial Pursuit

Il s’agit de LUCINOU (Brun 78) longtemps proposé au catalogue Cayeux.

DEUX BEAUX BB

Cette année comme l’année dernière, la Knowlton Medal a été décernée à des iris de bordure qui jouent avec la limite supérieure de taille pour ce type. En 2003 la médaille a été attribuée à LEMON UP (Magee 91), cette année elle est allée à ORANGE POP (Lauer 98). Le premier est mesuré à 69cm, autant dire 70 ! Le second n’atteint, paraît-il, que 66cm. La différence est mince. Tous les deux sont des enfants, un peu râblés de deux grands iris et, a priori, rien ne les prédestinait à rester de petite taille.

LEMON UP est un iris jaune clair, teinté de blanc sous les barbes. Il a pour parent femelle le bel EASTERTIME (Schreiner 80), et pour parent mâle un semis complexe où l’on retrouve surtout des iris roses comme STRIKE ME PINK (Gordon 61), FAIR LUZON (Hamblen 57) et le célèbre PINK SLEIGH (Rudolph 70), ainsi qu’une touche de jaune abricot, MANDOLIN (Ghio 77). STRIKE ME PINK est lui-même issu d’un croisement de deux iris roses, MAY HALL (Hall 52) – un iris de base chez les roses – et PINK FULFILLMENT (Muhlestein 51) – qui a la particularité de posséder un vieil iris de F. Cayeux dans son pedigree, ALICE HARDING - . FAIR LUZON est une incursion de Melba Hamblen chez les roses. Dans son pedigree on découvre d’une part le fameux CHERIE (Hall 48), premier iris rose à obtenir la DM, en 51, d’autre part un enfant de PINK FULFILLMENT déjà cité, qui se nomme JUNE MEREDITH (Muhlestein 53), autre fameux rose. Le portrait de PINK SLEIGH n’est plus à faire tant est connu ce rose aux sépales légèrement bleutés ; disons qu’il descend de PINK TAFFETA (Rudolph 68 – DM 75), et qu’il a été surabondamment utilisé en hybridation. Quant à MANDOLIN, c’est un superbe iris couleur melon, qui est encore une référence dans ce coloris plutôt rare. EASTERTIME a des origines complexes mais il pour point commun avec le « père » de LEMON UP de n’avoir fait appel qu’à des variétés anciennes (comme quoi on peut très bien faire du neuf avec du vieux) : d’un côté WHITE TAFFETA (Rudolph 65) blanc à épaules et barbes jaunes, et ARCTIC FLAME (Fay 60) blanc à barbes mandarine, de l’autre MAY DELIGHT (Schreiner 66) couleur lilas, CHRISTMAS TIME (Schreiner 65) blanc à barbes rouges, et TINSEL TOWN (Tompkins 67) blanc à cœur jaune. En résumé LEMON UP tient essentiellement son coloris de son côté maternel, le côté paternel étant là pour un renforcement de la couleur et des aptitudes physiques supérieures. Il se présente de façon tout à fait plaisante, mais je ne l’ai jamais vu, pour l’instant, qu’en photo, et, dans ces conditions, rien ne le distingue d’un joli TB jaune.

Pour le vainqueur de 2004, on reste dans les agrumes avec ORANGE POP. Comme son nom l’indique, c’est un iris orange, plutôt foncé. Très classiquement il provient d’une amélioration par « in-breeding » de deux lignées d’iris oranges. Côté femelle il a pour parent ROLE MODEL (Denney 88), et côté mâle il s’agit de GRATUITY (Hager 89). Ce dernier résulte d’une association d’orange tout à fait classique : un croisement de GOOD SHOW (Hager 87), orange rosé, superbe, et d’un semis orange issu de GOLDEN BRILLIANCE (Muhlestein 73), orange clair, et PERFECT ACCENT (Weiler 80) jaune vif à barbes oranges. GOOD SHOW lui-même n’a que des iris oranges dans ses ascendants proches : PUNKIN (Keppel 81), GLITTERING AMBER (Hamblen 85) ou FRESNO CALYPSO (Weiler 78). ROLE MODEL, qui est de deux tons : melon rosé aux pétales, pamplemousse rose aux sépales, a des origines qui expliquent ces couleurs. Il est en effet d’une lignée de variegatas ! ALL THAT JAZZ (Denney 81), WORLD NEWS (Sexton 77) et GYPSY CARAVAN (Moldovan 78) sont tous des variegatas purs. Cependant SPECTACULAR BID (Denney 81), en chamois et bordeaux, tire plus sur le rose, alors que BRANDY (McWhirter 77) est comme on peut s’en douter, d’une teinte uniformément jaune tilleul (ou whisky !). Dans ses origines c’est l’orange qui a pris le dessus. Mais alors que GRATUITY affiche un ton pastel, ROLE MODEL est là pour renforcer la teinte grâce à ses ancêtres brun-rouge (ROYAL TRUMPETER, WAR LORD…).

Avec ces deux beaux BB les amateurs de grands iris ne seront pas dépaysés. L’un et l’autre se situent à la lisière entre grands et intermédiaires et, au gré des conditions de culture, peuvent apparaître comme grands ou moyens, voire un peu petits. Cela prouve une nouvelle fois la fragilité de la distinction entre TB et BB.