31.7.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

Iridial Pursuit

Une seule variété d’iris obtenue par un pur amateur français a été largement commercialisée. De laquelle s’agit-il ?


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

A suivre (III)

GALLANT ROGUE (Blyth 90) : il s’agit de la sixième des variétés obtenues par B. Blyth à partir du croisement (Tomorrow's Child x Magic Man).
MARBRE BLEU (Cayeux R. 93) : il s’agit de la quatrième des variétés obtenues par R. Cayeux à partir du croisement (Condottiere x Delphi)x (Alizés x(Condottiere x Lunar Rainbow)).
MARIE KALFAYAN (Ransom 95) : il s’agit de la quatrième des variétés obtenues par L. Ransom à partir des variétés LADY FRIEND et COUP DE CŒUR.

Bernard HAMNER

Bernard Hamner faisait partie de ces hybrideurs nés dans les années 10 qui ont eu une particulière importance dans la création des iris que nous connaissons maintenant. Pourtant ce personnage discret n’est jamais apparu au premier plan… Question de tempérament.

Il est né au fin fond de l’Illinois, un peu au nord de St Louis, mais comme le petit Bernard souffrait d’asthme, ses parents l’ont emmené dans le Nevada ou son père trouva un emploi de muletier dans une mine d’or. Un début d’existence digne d’un western ! Peu après cependant la famille est repartie vers la Californie, parce que M. Hamner avait trouvé un nouveau travail dans les champs de pétrole. Après plusieurs déménagements, la famille s’est finalement arrêtée dans les montagnes situées à l’est de Los Angeles. C’est dans cette région qu’après son bac Bernard Hamner travailla dans l’agriculture, se maria puis acheta sa propre exploitation, un peu plus au sud, à Perris, dont il ne bougera plus. Le couple Hamner mènera désormais une vie exemplaire vouée en partie aux iris, bien sûr, mais encore plus à l’église baptiste. Cette existence typiquement américaine, où la religion avait une part prépondérante, où les plaisirs étaient simples (chasse, pèche, jardinage…), explique que Bernard Hamner n’ait jamais brillé dans les cercles du petit monde des iris en dépit d’un travail dont chacun s’accorde aujourd’hui à reconnaître l’importance.

Car en près de trente ans de carrière, parmi les nombreuses variétés enregistrées par Bernard Hamner, il en existe beaucoup qui ont présenté des qualités que n’ont pas manqué de remarquer ses confrères et que les amateurs d’iris ont appréciées. Chez nous, qui ne connaît AVALON BAY (74), GYPSY BELLE (74), HEATHER BLUSH (76), SPICED HONEY (76), BEAUTY CROWN (77), BRONCO BROWN (82), CROWD PLEASER (83), FLAMENCO WHIRL (88),
AZURE ICICLE (93) et bien d’autres qui poussent dans nos jardins et qui figurent toujours dans nos catalogues. Cependant ses plus importantes réussites s’appellent d’une part WILD JASMINE (83) et d’autre part CINNAMON SUN (93).

WILD JASMINE est un variegata autant qu’un plicata. Du premier type il présente les pétales d’un beau jaune d’or et les sépales où domine le brun rouge. Mais du second il tient le fond blanc qui apparaît sous les barbes –oranges- et les striures qui vont en se densifiant à mesure qu’on approche du bord, celui-ci proposant, en plus, un liseré de la couleur des pétales. C’est une des variétés fétiches de Richard Ernst qui, en l’associant le plus souvent au rose EDNA’S WISH (Gibson 83), en a obtenu tout un tas de variétés très différentes, quelques unicolores, mais surtout des plicatas très originaux. Dans la première catégorie figure AMBER TAMBOUR (91), superbe et majestueux jaune ambré. Dans la seconde on trouve CHIFFON RUFFLES (91), nacre poudré de cannelle, DESERT RENEGADE (92), frère de semis du précédent, classique plicata brun, RING AROUND ROSIE (2000), pétales blancs, sépales constellés de rose pourpré avec un cerne jaune pâle, et SCHIZO (2003), indigo et pourpre, au cœur blanc typiquement « luminata ». Ajoutons que l’étrange OWYHEE DESERT (Pinkston 97), en blanc poivré de brun et liseré de jaune, est aussi un enfant de WILD JASMINE.

CINNAMON SUN pour sa part se présente comme un néglecta jaune, mais sur le bas des sépales apparaît un fin réseau de veines ocres. C’est ce trait particulier qui a attiré l’attention de grands hybrideurs comme Keith Keppel et Joseph Ghio. Ils y ont vu l’apparition de quelque chose de nouveau. Les deux compères se sont mis d’accord pour effectuer des croisements entre leurs deux domaines de recherche et ce qu’ils espéraient s’est produit. Voir pour cela leurs enregistrements de 2001 qui ont nom, pour Ghio IMPULSIVE, et pour Keppel QUANDARY. IMPULSIVE est un amoena orange rosé dont les sépales vont en fonçant vers le bord et se terminent par un pointillé grenat. QUANDARY, apparemment plus terne, est un blanc largement marqué de jaune aux épaules, avec de belles barbes orange flamboyant qui surplombent des sépales où l’on distingue un fin réseau de fils pourprés. A partir de cette variété, Keppel nous réserve une nouvelle génération de plicatas originaux.

A partir de ces deux variétés nouvelles il est probable que le nom de Bernard Hamner sortira prochainement de la modeste position qui est la sienne. Mais ce qui est sûr c’est que nous disposons déjà d’une panoplie d’iris remarquables, que nous devons au prédicateur de Californie baptisé Bernard Hamner.

Source : essentiellement Bulletin de l’AIS n°333.

22.7.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE
 
A suivre(III)…
 
Essayez de compléter les trois listes suivantes :
 

IN TOWN, LONDON LORD, MOOMBA, PASS THE WINE, WITCH’S WAND  . . . . .
BAL MASQUÉ, VIVE LA FRANCE, REBECCA PERRET,   . . . .
 

ALIZARINE, AU PAIR, CRI DE CŒUR,   . . . . .
 
 
RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE
 
A suivre(II)…
 

CELEBRATION SONG (DM 2003) : il s’agit des cinq dernières DM obtenues par une obtention Schreiner.
DIABOLIQUE (FO 2000) : il s’agit des cinq derniers Florins d’Or obtenus par une obtention Schreiner,
 Graeme Grosvenor. Il s’agit des obtenteurs des cinq dernières variétés ayant obtenu le Florin d’or. 

I DO et les remontants
 
 
Au risque de chagriner un peu mon ami Lawrence Ransom, je vais écrire que je n’aime pas beaucoup ALIENOR D’AQUITAINE (IB) (Ransom 92). Je trouve les fleurs trop grosses pour un iris intermédiaire et le coloris un peu terne. ALIENOR D’AQUITAINE est un produit de deux variétés déjà anciennes : I DO (Zurbrigg 73) x BABY BLESSED (SDB) (Zurbrigg 79). Deux variétés qui n’attirent pas l’œil par le brillant de leur coloris. En effet BABY BLESSED est un jaune pâle à spot blanc, tandis que I DO est un blanc légèrement teinté de bleu et de vert. En fait l’intérêt du croisement n’était pas tant dans la recherche d’une couleur attrayante que  dans le but d’obtenir un iris intermédiaire remontant. Ce but semble atteint puisque ALIENOR D’AQUITAINE remonte régulièrement en fin d’année pour peu que l’été n’ait pas été trop sec, ou que la touffe ait été bien arrosée.
 
I DO, le parent femelle d’ALIENOR D’AQUITAINE  est une variété au pouvoir remontant particulièrement développé, qui résulte d’un croisement de GRAND BAROQUE (Zurbrigg 69) par AMY (Zurbrigg 73). Le premier, amoena chartreuse, assez peu spectaculaire, provient de HENRY SHAW, un célèbre blanc de Clifford Benson, lui-même issu d’un semis de NEW SNOW. AMY, bien moins connu, est un self rose orchidée qui descend d’AMETHYST FLAME. L’un et l’autre ont, du côté maternel des ascendants remontants, de là la qualité essentielle de I DO. C’est cette aptitude qui a intéressé les obtenteurs travaillant sur les iris remontants, comme Ben Hager, Lloyd Zurbrigg ou Monty Byers. Ses enfants sont en général des iris blancs ou blancs légèrement teintés. Chez Hager on trouve par exemple BONUS MAMA (90) qui est un bel iris blanc très pur, et qui a le pouvoir de remonter. Chez Zurbrigg on peut parler de ANEW (83), blanc, BROTHER CARL (83), blanc, et, surtout, IMMORTALITY, sur lequel je reviendrai un peu plus loin.  Chez Byers, il y a CURTAIN UP (88), jaune tilleul infus de mauve, GILDED (89), blanc argenté, SECOND ACT (91), jaune tendre, SECOND SHOW (87) champagne, et surtout HIG HO SILVER (89), argent, le plus réputé de tous. On peut ajouter FROST ECHO (Aitken 96), amoena lavande très pâle, pour terminer cette énumération.
 
Le plus connu et le plus apprécié de tous ces iris est sans conteste IMMORTALITY (Zurbrigg 82) qui a été à deux doigts d’emporter la Médaille de Dykes en 93. C’est une variété qui est considérée comme refleurissant presque en permanence jusqu’aux gelées. Elle est franchement blanche, à peine teintée de vert au revers des sépales, et avec des barbes jaunes très claires. La substance des fleurs me paraît un peu fragile mais elles sont bien formées et ondulées. Mais ce sont ses qualités de remontance qui en on fait un géniteur assez recherché. Monty Byers, notamment, en a fait usage pour obtenir de très beaux remontants blancs comme SECOND WIND (89), WINTERLAND (90) et ZURICH (90), tous trois frères de semis. Plus récemment, Augusto Bianco en a obtenu RIGATTIERE, un autre blanc à barbes jaunes.
 
D’autres descendants de I DO ont aussi été utilisés par les spécialistes des iris remontants. Il s’agit essentiellement de BONUS MAMA, dont Ben Hager a obtenu ANXIOUS (mais via un frère de semis) et surtout TOTAL RECALL (92), un très intéressant iris jaune primevère très clair. Quant à BROTHER CARL, il est l’origine chez Byers de BANANA CREAM (88), crème comme on pouvait l’imaginer, BLUE MOONLIGHT (89), gris bleuté, SAXON (90), jaune champagne, et THEN AGAIN (89) qui se distingue par sa couleur indigo moyen. Lloyd Zurbrigg, de son côté, en a tiré SILVER DIVIDENDS (91), un superbe blanc argenté, amplement ondulé.
 
Tous ces iris sont sensés remonter. Mais l’on sait que la remontance est une tendance capricieuse. Il n’empêche qu’avec I DO et ses descendants les amateurs de remontants sont à peu près sûrs de posséder ceux qui sont parmi les plus fidèles, même si les autres qualités ont été quelquefois un peu oubliées en cours de route.

16.7.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE
 
A suivre (II)…
 
Essayez de compléter les trois listes suivantes :
 

SILVERADO, HONKY TONK BLUES, HELLO DARKNESS, YAQUINA BLUE,   . . . .
TITAN’S GLORY, DUSKY CHALLENGER, CELEBRATION SONG, CHAMPAGNE WALTZ,   . . . . .
Valeria ROMOLI, SCHREINER’S GARDENS, Robert STETSON, Paul BLACK,   . .
 
 
RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE
 
ÇA CHAUFFE
 
Il s’agit de HOT ZIGGEDY (Kerr 99). 
 
RÉCOMPENSES 2004
 
Les résultats des votes pour les grandes médailles américaines 2004 viennent d’être publiés. C’est CROWNED HEADS (Keppel 97) qui remporte la Médaille de Dykes. La Wister Medal (antichambre de la DM) a été attribuée à SPLASHACATA (Tasco 97).
 
*
*    *
 
La première Médaille de Dykes obtenue par une variété signée de Keith Keppel a été pour BABBLING BROOK (69). C’était en 1972 ! Il y a trente deux ans ! Cette fois c’est CROWNED HEADS qui l’emporte, avec une nette avance sur son second, le superbe TOM JOHNSON (P. Black 96) et JURASSIC PARK (Lauer 95). Jamais un tel délai ne s’était écoulé entre deux couronnements pour un même obtenteur. Mais cela démontre deux choses au moins : d’abord l’étonnante longévité du travail de sélection de Keith Keppel, ensuite la qualité de celle-ci. CROWNED HEADS est un iris magnifique, à tous points de vue, qui mérite bien la reconnaissance des juges, comme il a attiré les suffrages du public. C’est en tout cas le premier amoena inversé (ou « dark top ») à obtenir cette prestigieuse récompense. Keith Keppel a consacré son travail des dix dernières années à ce type de fleur et il est parvenu à des résultats exceptionnels. La récompense qui le concerne est amplement méritée au regard de son action.
 
Au départ il y avait cinquante deux variétés qui, cette année, pouvaient prétendre à la récompense suprême. Au dernier pointage, le tableau final était constitué de onze iris valeureux : deux iris intermédiaires , déjà primés dans leur catégorie, BOTTLED SUNSHINE (H. Nichols 94), H and J Sass Medal 2003, et PROTOCOL (Keppel 94), H and J Sass Medal 2002 – mais chacun sait que la probabilité de victoire d’un iris autre qu’un grand est extrêmement réduite - ; neuf TB (grands iris), rangés ici dans l’ordre alphabétique, CROWNED HEADS, DIABOLIQUE (Schreiner 97), FANCY WOMAN (Keppel 95), GYPSY ROMANCE (Schreiner 94), JURASSIC PARK, LOCAL COLOR (Keppel 96), POND LILY (E. Jones 94), SPIRIT WORLD (Keppel 94) et TOM JOHNSON. On remarque que Keppel avait plus d’un fer au feu ! Les exégètes, qui s’amusent à analyser les chances des uns et des autres, s’accordaient à considérer que les variétés les plus anciennes, GYPSY ROMANCE, POND LILY et SPIRIT WORLD, étaient les moins bien placées. Ils composaient le dernier carré avec, dans l’ordre des préférences, CROWNED HEADS, TOM JOHNSON, DIABOLIQUE et JURASSIC PARK, car FANCY WOMAN avait, semble-t-il, laissé passer sa chance l’an dernier, battu dans la dernière ligne droite par CELEBRATION SONG.  La dernière Wister Medal, celle de 2003, avait donné un classement prémonitoire de CROWNED HEADS devant DIABOLIQUE et TOM JOHNSON. C’était donc ces trois variétés qui avaient les faveurs du pronostic. DIABOLIQUE  est dans l’affaire le plus grand perdant puisque JURASSIC PARK, President’s Cup 96, lui souffle la troisième place.
 
Pour la Wister Medal, la victoire de SPLASHACATA n’est pas une surprise. Cet iris plicata a fait une carrière particulièrement brillante, avec l’Award of Merit en 2002 et la Franklin Cook Cup en 2003. Son chemin vers la DM est tout tracé pour 2005. Mais ses deux suivants sont aussi des cultivars de premier plan. WORLD PREMIER (Schreiner 98) est un amoena d’une grande pureté, et POEM OF ECSTASY (Hager 97), un bicolore pêche et lavande ; tous les deux gardent toutes leurs chances, on aurait pu dire la même chose du quatrième, FOGBOUND (Keppel 98), mais ce dernier va maintenant se trouver handicapé par la victoire de CROWNED HEADS. En effet l’un et l’autre sont des obtentions du même hybrideur et se classent tous les deux dans le type « dark top » ! Qui voudra parier sur le succès, deux ans de suite, d’iris aussi proches ?

9.7.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

ÇA CHAUFFE !

De ces cinq variétés de grands iris, l’une n’est pas une obtention de la maison Schreiner. Laquelle ?

· HOT CHOCOLATE
· HOT LINE
· HOT SPICED WINE
· HOT ZIGGEDY
· PIPING HOT

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

MARIAGE

Il s’agit de WEDDING SUIT.

SURF RIDER

On fait habituellement remonter l’origine des iris « dark top », ou amoena inversé, à la variété AVIS (Varner 63) parce que c’est elle qui a été l’une des premières à présenter des pétales bleu-mauve et des sépales presque blancs, ce qui est l’inverse de la situation rencontrée chez les iris amoenas. Mais AVIS n’a pas eut un grand succès commercial. Au contraire, SURF RIDER enregistré en 1970 par James Tucker, obtenteur installé dans l’Illinois, a réussi à s’imposer dans le monde entier.

SURF RIDER a des pétales parme, des sépales d’un blanc laiteux où le bleu resurgit au cœur, et des barbes blanches. La fleur est peu ondulée, mais de texture épaisse ce qui lui confère une bonne tenue. Néanmoins ce qui a fait le succès de SURF RIDER c’est l’originalité de son coloris.
Pour en arriver là, Tucker a utilisé un semis de STEPPING OUT, associé à JOY DANCER. On ne décrit plus le premier, plicata emblématique mis sur le marché par la maison Schreiner en 64 et récompensé de la Médaille de Dykes en 68. JOY DANCER est un autre produit Tucker, enregistré en 69, qui a attiré sur lui l’attention à Florence où il a obtenu la seconde place en 74. C’est une variété mauve lilas à barbes jaunes. Si l’on ne sait officiellement rien des origines de STEPPING OUT, en revanche celles de JOY DANCER sont connues : CRINCKLED BEAUTY (Schreiner 60) x RIPPLING WATERS (Fay 61). L’un et l’autre sont des iris mauve rosé. Mais RIPPLING WATERS ajoute à sa carte de visite le fait d’être devenu l’un des piliers de l’hybridation moderne, comme le savent ceux qui lisent habituellement cette chronique.

Si son originalité et sa fraîcheur ont valu à SURF RIDER une renommée mondiale, elles ont aussi tenté certains hybrideurs qui ont essayé d’en améliorer les caractéristiques. Trois grands noms s’y sont essayés : Joë Ghio, Ben Hager et Sterling Innerst.

Ghio a obtenu LITTLE MUCH (65) et INCANTATION (67). Le premier est décrit comme ayant des pétales bleu moyen, des sépales blancs et des barbes blanc bleuté. Il répond bien à la définition des « dark tops ». Parmi ses antécédents il a des iris prestigieux comme MARY FRANCES (Gaulter 73) et MYSTIQUE (Ghio 75), tous deux couronnés de la D.M., ainsi que SEA VENTURE (Jones 72) qui est aussi un amoena inversé, et qui est un enfant de AVIS ! LITTLE MUCH porte bien son nom, il apporte un petit peu plus au patrimoine de ses illustres devanciers. INCANTATION est un cousin du précédent. Il se présente un peu comme un amoena inversé mais le contraste est atténué car la base des pétales est plus vivement colorée que le haut, pratiquement blanc, tandis qu’on retrouve le bleu des pétales aux épaules des sépales.

BALLERINA BLUE (Innerst 86) a beaucoup de ressemblance avec SURF RIDER, mais aussi avec SEA VENTURE. Il est vrai qu’il est le fruit du croisement du premier par le second, ce qui explique bien l’air de famille ! En dehors de cela ce n’est pas une variété qui apporte grand chose à la problématique des « dark tops ». Les descendants de SURF RIDER obtenus par Ben Hager ont d’autres qualités. TIMESCAPE (90), par exemple, se rapproche nettement de INCANTATION, en plus clair peut-être : même disposition des couleurs et même fleur ample et fortement ondulée. GARDEN ESCORT (91) n’est pas un « dark top » mais un joli néglecta bleu-mauve. Quant à SILVER FIZZ (91), s’il présente des sépales plus clairs que les pétales ce n’est pas non plus vraiment un « dark top », ce qu’il a de remarquable en revanche, c’est l’extrême finesse et densité des dentelures qui entourent toute la fleur. Pour l’amélioration des « dark tops », il ne faut pas trop compter sur celui-là, pas plus d’ailleurs que sur BALLERINA BLUE ou INCANTATION qui ont peu de descendants et seulement dans d’autres coloris. Mais les trois autres variétés citées ont une descendance d’amoenas inversés.

LITTLE MUCH est à l’origine de ALL ABOARD (Christopherson 2003) qui est un « dark top » très clair mais bien net, et de WIDE HORIZON (Gatty 91) qui, sans être exactement au type (il a quelques traits communs avec INCANTATION) s’en approche néanmoins avec, en plus, une touche de jaune pâle aux épaules. L’union entre un descendant de TIMESCAPE et un descendant de GARDEN ESCORT a donné naissance à une variété de toute beauté, pur amoena inversé, baptisée par Ben Hager ETHEREAL VOICES (2001). Il y a là une réelle avancée comme on dit dans les négociations sociales ! D’ailleurs TIMESCAPE est à la base d’une nombreuse famille. Il a été utilisé aussi bien par Hager lui-même (LIVING PICTURE – 98 -) que par Richard Ernst (THAR THE BLUE – 2003 -), mais surtout en Australie par Graeme Grosvenor qui en a fait un de ses géniteurs favoris, sans toutefois en obtenir de nouveaux « dark tops ». C’est le Français Bernard Laporte qui en a tiré le meilleur parti à ce niveau. Son croisement de HONKY TONK BLUES x TIMESCAPE a produit une série de semis, très proches les uns des autres, mais nettement « dark top », avec, ce qui ne gâte rien, des fleurs bien formées et délicatement ondulées. J’espère que cet obtenteur trop timide enregistrera bientôt l’un de ces semis qui apportera quelque chose d’intéressant dans une catégorie difficile mais qui a du succès dans notre pays. Je sais, en particulier, que Michèle Bersillon a utilisé SURF RIDER pour des croisements donc elle attend beaucoup. Qu’un bel iris, issu de ce valeureux pionnier, apparaisse un jour prochain chez nous serait une nouvelle preuve que son succès n’a pas été usurpé.

3.7.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

MARIAGE

Voici cinq noms de variétés de grands iris qui évoquent toutes le mariage. L’une d’entre elles est de couleur noire. Laquelle ?

· WEDDING BOUQUET (Buttrick 51)
· WEDDING CANDLES (Schreiner 82)
· WEDDING DANCE (Schreiner 99)
· WEDDING SUIT (Mohr H. 74)
· WEDDING VOW (Ghio 72)

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Gordon PLOUGH

EDEN ROAD IRIS GARDEN

Bernard HAMNER

Bernard Hamner faisait partie de ces hybrideurs nés dans les années 10 qui ont eu une particulière importance dans la création des iris que nous connaissons maintenant. Pourtant ce personnage discret n’est jamais apparu au premier plan… Question de tempérament.

Il est né au fin fond de l’Illinois, un peu au nord de St Louis, mais comme le petit Bernard souffrait d’asthme, ses parents l’ont emmené dans le Nevada ou son père trouva un emploi de muletier dans une mine d’or. Un début d’existence digne d’un western ! Peu après cependant la famille est repartie vers la Californie, parce que M. Hamner avait trouvé un nouveau travail dans les champs de pétrole. Après plusieurs déménagements, la famille s’est finalement arrêtée dans les montagnes situées à l’est de Los Angeles. C’est dans cette région qu’après son bac Bernard Hamner travailla dans l’agriculture, se maria puis acheta sa propre exploitation, un peu plus au sud, à Perris, dont il ne bougera plus. Le couple Hamner mènera désormais une vie exemplaire vouée en partie aux iris, bien sûr, mais encore plus à l’église baptiste. Cette existence typiquement américaine, où la religion avait une part prépondérante, où les plaisirs étaient simples (chasse, pèche, jardinage…), explique que Bernard Hamner n’ait jamais brillé dans les cercles du petit monde des iris en dépit d’un travail dont chacun s’accorde aujourd’hui à reconnaître l’importance.

Car en près de trente ans de carrière, parmi les nombreuses variétés enregistrées par Bernard Hamner, il en existe beaucoup qui ont présenté des qualités que n’ont pas manqué de remarquer ses confrères et que les amateurs d’iris ont appréciées. Chez nous, qui ne connaît AVALON BAY (74), GYPSY BELLE (74), HEATHER BLUSH (76), SPICED HONEY (76), BEAUTY CROWN (77), BRONCO BROWN (82), CROWD PLEASER (83), FLAMENCO WHIRL (88),
AZURE ICICLE (93) et bien d’autres qui poussent dans nos jardins et qui figurent toujours dans nos catalogues. Cependant ses plus importantes réussites s’appellent d’une part WILD JASMINE (83) et d’autre part CINNAMON SUN (93).

WILD JASMINE est un variegata autant qu’un plicata. Du premier type il présente les pétales d’un beau jaune d’or et les sépales où domine le brun rouge. Mais du second il tient le fond blanc qui apparaît sous les barbes –oranges- et les striures qui vont en se densifiant à mesure qu’on approche du bord, celui-ci proposant, en plus, un liseré de la couleur des pétales. C’est une des variétés fétiches de Richard Ernst qui, en l’associant le plus souvent au rose EDNA’S WISH (Gibson 83), en a obtenu tout un tas de variétés très différentes, quelques unicolores, mais surtout des plicatas très originaux. Dans la première catégorie figure AMBER TAMBOUR (91), superbe et majestueux jaune ambré. Dans la seconde on trouve CHIFFON RUFFLES (91), nacre poudré de cannelle, DESERT RENEGADE (92), frère de semis du précédent, classique plicata brun, RING AROUND ROSIE (2000), pétales blancs, sépales constellés de rose pourpré avec un cerne jaune pâle, et SCHIZO (2003), indigo et pourpre, au cœur blanc typiquement « luminata ». Ajoutons que l’étrange OWYHEE DESERT (Pinkston 97), en blanc poivré de brun et liseré de jaune, est aussi un enfant de WILD JASMINE.

CINNAMON SUN pour sa part se présente comme un néglecta jaune, mais sur le bas des sépales apparaît un fin réseau de veines ocres. C’est ce trait particulier qui a attiré l’attention de grands hybrideurs comme Keith Keppel et Joseph Ghio. Ils y ont vu l’apparition de quelque chose de nouveau. Les deux compères se sont mis d’accord pour effectuer des croisements entre leurs deux domaines de recherche et ce qu’ils espéraient s’est produit. Voir pour cela leurs enregistrements de 2001 qui ont nom, pour Ghio IMPULSIVE, et pour Keppel QUANDARY. IMPULSIVE est un amoena orange rosé dont les sépales vont en fonçant vers le bord et se terminent par un pointillé grenat. QUANDARY, apparemment plus terne, est un blanc largement marqué de jaune aux épaules, avec de belles barbes orange flamboyant qui surplombent des sépales où l’on distingue un fin réseau de fils pourprés. A partir de cette variété, Keppel nous réserve une nouvelle génération de plicatas originaux.

A partir de ces deux variétés nouvelles il est probable que le nom de Bernard Hamner sortira prochainement de la modeste position qui est la sienne. Mais ce qui est sûr c’est que nous disposons déjà d’une panoplie d’iris remarquables, que nous devons au prédicateur de Californie baptisé Bernard Hamner.

Source : essentiellement Bulletin de l’AIS n°333.