11.6.04

POST MORTEM

Dans l’univers des iris, on ne disparaît pas le jour de sa mort. Prenez l’exemple de Ben Hager. Il nous a quittés en 99 mais depuis son nom continue d’apparaître dans les listes d’enregistrements de l’AIS. C’est son collaborateur et compagnon de toujours Sidney DuBose qui a enregistré pour lui en 2000, puis les jardins Cooley, de Richard Ernst, ont pris le relais pour les grands iris, tandis que la pépinière Adamgrove récupérait tous les autres. Apparemment, ce fond était d’une incroyable richesse. En effet, lorsqu’il s’agit d’un obtenteur plus banal que Ben Hager, l’héritage s’épuise en un an ou deux. Dans le cas présent on n’en a pas encore fini, et cela fait cinq ans que cela dure ! Il faut dire que Ben Hager était un hybrideur forcené et d’un parfait éclectisme puisqu’il hybridait non seulement toutes les catégories d’iris, mais aussi, à ma connaissance, les hémérocalles (il y a même sur Internet un site entièrement consacré aux hémérocalles signées Hager).

Personne ne se plaindra de cette abondance et de cette longévité post mortem. Pour m’en tenir aux grands iris, qui sont un peu ma spécialité, j’ai relevé vingt-six introductions depuis 2000 (mais il faut ajouter les 10 variétés naines).

En 2000 Sid DuBose a proposé quatre variétés commercialisables dès cette année là. Deux sont violets à cœur blanc, CHERISHED FRIENDSHIP, et WORLD WITHOUT END. SOTTO VOCE est un bicolore rose sur améthyste ; mais la variété qui me semble la plus réussie dans ce lot est l’orange rutilant MCKELLAR’S GROVE.

En 2001 Richard Ernst a trouvé six variétés commercialisables, toutes remarquables : un « dark top » délicieux, en bleu glycine sur sépales blancs, ETHEREAL VOICES ; un extraordinaire bicolore, PASSING CLOUDS, aux pétales bleu de lin sur des sépales beige grisé, descendant de l’australien BEHOLD A LADY ; un amoena jaune aux sépales bordés de blanc, GLOWING SMILE ; un mauve à cœur blanc, FALL RERUN, remontant comme son nom le laisse entendre ; un violet sombre uni, ROYAL COURTSHIP, et un superbe amarante à grosse barbe rouge, PLEASANT SURPRISE. Toutes ces variétés, tant par le choix de leur nom que par leur aspect portent la « patte » de Ben Hager.

2002 a vu la mise sur le marché de sept nouveaux iris signés Hager : le jaune pur AMARILLO FRILLS, le vieil or HOT PROPERTY puis, dans le même ton, WESTERN TRADITION, et un amoena jaune, PLAY TO WIN ; MY OLD FRIEND, un iris bicolore mauve et beige, voisin, en plus sombre, de CHASING RAINBOWS, et qui descend, comme ce dernier de MOTHER EARTH ; un joli unicolore améthyste, SIMPLY DELICIOUS, enfin un autre « dark top » dans les tons de mauve, SONGWRITER, petit frère d’ETHEREAL VOICES.

Pour 2003, il reste encore cinq nouveautés à mettre en vente : CARRY ME AWAY, néglecta bleu pâle, FONDNESS, tendre mauve rosé, PINK PINCURLS, intéressant rose vif à barbes rouges, POSH PLACE, entièrement mauve à barbes mauves sur un petit spot blanc, et SPEAKING FREELY, orange relevé d’une zone blanche sous les barbes. Tous ces iris portent la marque caractéristique des iris Hager, c’est à dire des fleurs parfaitement troussées mais classiques dans leur forme.

On croyait en avoir fini, mais non ! En 2004 il y a encore quatre nouveaux iris Hager introduits par Cooley’s Gardens : trois d’entre eux retournent dans les tons de bleu cher à leur créateur, LIFE STORY est bleu moyen, uni, LIKE THE WIND décline deux tons de bleu, avec une barbe rouge, SAY GOODBYE (un adieu ?) possède la même barbe rouge, mais la fleur est entièrement d’un calme bleu glycine ; pour terminer sur une note vive, VIVID LOOK se présente en deux couleurs, rose vif pour les pétales, violet prune, ou amarante foncé pour les sépales, avec la barbe rouge.

Je ne sais pas s’il y a encore de la réserve, mais si l’on ajoute à ces descriptions les 10 iris nains introduits en 2003, en cinq ans les iris posthumes de Ben Hager ont été plus nombreux que ceux enregistrés pendant toute une vie d’hybrideur par un personnage exigeant comme Donald Nearpass, par exemple ! Heureusement, en matière d’iris, comme en tout ce qui touche à l’art, la mariée n’est jamais trop belle, et l’on ne refusera pas les prochaines introductions, s’il y en a.

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