14.5.04

Gordon W. PLOUGH
Sur la route du Paradis


Eden Road, la route du Paradis, c’est là que Gordon W. Plough a ouvert en 1954, son propre jardin d’iris. On est à WENATCHEE, au bord de la rivière Columbia, dans le nord-ouest des Etats-Unis, à 150 Km à l’Est de SEATTLE, la capitale de l’état de Washington, de l’autre côté de la chaîne des Cascades. Le lieu n’a pas usurpé son nom d'Eden : c’est une région somptueuse, fraîche mais protégée des pluies excessives venues du Pacifique.

Gordon Plough est né en 1909 à Wilbur, environ 100 Km plus à I’ouest. Après des études d’architecture, il n’a trouvé de travail (on est dans les années de la grande crise) que chez son père, pépiniériste à Wenatchee. Il y restera, s’intéressera aux iris, et vers la quarantaine, se lancera dans l’hybridation.

Son premier iris, un arilbred, s'appellera LAUREL HILL. Par la suite il produira plusieurs autres arilbreds, avant de s’intéresser aux grands iris de jardin. Dans cette catégorie sa première introduction se nommera SAFARI (1955). Ce sera le début d’une très importante production qui durera jusqu’en 1989.

Les iris obtenus par Gordon W. Plough, pour œ qui est de leur aspect, sont des plantes caractéristiques, pas très grosses, pas trop frisées (sauf BEAUX ARTS), simples comme leur créateur, sans vraiment de fantaisie, mais aussi sans excès. Sans doute de ce fait n’ont-ils pas rencontré un succès considérable auprès des juges dans les concours de l’AIS, malgré cela ils ont connu un formidable succès commercial à travers le monde. L’espèce d’ostracisme de juges n’a pas découragé Gordon Plough qui va continuer, dans son ravissant jardin d’Eden Road, son petit bonhomme de chemin, un peu à l’écart des autres, créant chaque année quelques-uns uns des iris qui vont être parmi les plus vendus, mais qui, néanmoins, retiendront l’attention de ses collègues qui les utiliseront abondamment dans leurs travaux d’hybridation. On peut être ignoré des uns et apprécié des autres…

En France ses obtentions ont été bien accueillies par les amateurs et les collectionneurs. Encore aujourd’hui on en compte beaucoup dans nos jardins. Essentiellement des grands iris. Depuis celui qui a été l’un des plus recherchés, STUDY IN BLACK (68), ce « noir » (par le grenat) si souvent rencontré, jusqu’à LA ZANZARA (82), joli amoena, ou TRADER’S GOLD (82), jaune pamplemousse à barbe d’ or.

Dès ses débuts, Gordon Plough s’est beaucoup intéressé aux iris « noirs ». En 58 il a introduit EDENITE, un « must » dans ce coloris, qui est le géniteur de SWAHILI (65) et de STUDY IN BLACK (68). SWAHILI a donné CHARCOAL (Plough 69), et de ces trois variétés découle un tas de beaux iris sombres parmi lesquels on peut citer BLACK FLAG (Stahly 84), ROYAL KINGDOM (Hamner 82), BLACK MARKET (Plough 73), DARK ALLURE (Plough 73), INTERPOL (Plough 73), MASTER TOUCH (Schreiner 80), ROYAL CRUSADER (Schreiner 85), SATIN SATAN (Weiler 86), ainsi que les descendants, innombrables, de ces variétés.

Il s’est également essayé à bien d’autres sortes d’iris, en coloris comme en catégories. Son jaune d’or RAINBOW GOLD (59) est à l’origine de BRIDE’S HALO (Mohr 73 – DM 78) ; son orange SON OF STAR (69), toujours l’un des oranges les plus purs, se trouve derrière un autre orange, SUPERSIMMON (Parker 78) et des fameux bicolores comme SWEET MUSETTE (Schreiner 86) et GOODBYE HEART (Schreiner 89) ; son variegata BON VIVANT (63) a donné SOSTENIQUE (Blyth 75) et par conséquent les très nombreux et superbes descendants de ce dernier, tandis qu’un autre variegata, FREEDOM ROAD (77) précède EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93).

Toutes ces fleurs, nées au jardin d’Eden, le paradis de cet homme tranquille, qui, sans faire grand bruit, s’est hissé dans le Gotha des hybrideurs, dans lequel il figure toujours comme l’un des plus doués et dont nous parlerons encore longtemps.

Cette biographie est la reprise –modifiée - d’un article publié dans le numéro 121 d’Iris & Bulbeuses.

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