30.4.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


SALEM

L’un des obtenteurs dont les noms suivent n’est pas installé à SALEM (Oregon). Lequel ?

· Paul BLACK
· Sterling INNERST
· Keith KEPPEL
· Bob SCHREINER
· H. N. TRAGITT

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

EN MUSIQUE

SIMFONIYA n’est pas une variété américaine, mais un iris en provenance d’Ouzbékistan (Volfovitch-Moler 1992).

SCHREINER 2004

Le catalogue Schreiner de 2004 ne déroge en rien aux règles que la maison s’est imposée depuis plusieurs décennies. Le nombre de variétés nouvelles est stable, quinze pour cette année, et parmi les seize coloris ou catégories traditionnels il n’y a que le jaune et le noir qui soient absents ; l’orange n’est présent que dans un original amoena du style FONDATION VAN GOGH baptisé CHANGING SEASONS, et le pourpre n’est qu’à demi représenté, sous la forme d’un bicolore-plicata (NO OTHER LOVE).

L’iris blanc de l’année s’appelle DIAMOND BRACELET. Le « rouge » est RED MASTERPIECE, le rose CODI’S ANGEL FACE, le mauve MORNING FROST, le bleu marine BLUEBERRY BLISS ; le bleu vif est un néglecta, DANGEROUS MOOD qui rappelle l’ancien TROPICAL NIGHT ; néglecta aussi le bleu clair, SKY SPIRIT. On trouve deux amoenas, un blanc/beige orangé, CHANGING SEASONS dont j’ai déjà parlé, et un « faux plicata » du genre SIXTINE C., CAN’T TOUCH THIS. Il y a ensuite deux plicatas, l’un en magenta, WONDERFUL WORLD, l’autre en bicolore-plicata rose, blanc et magenta, NO OTHER LOVE. Il reste encore deux variegatas, l’un clair, CRAZY IN LOVE, l’autre plus foncé, MEXICAN HOLIDAY, et deux bicolores à base de rose (ou d’orangé) et de pourpre (ou de prune), FASHION QUEEN et MADE OF MAGIC.

A mon avis la seule variété qui soit vraiment intéressante est CAN’T TOUCH THIS. Parce que ce n’est pas un plicata, mais qu’il a néanmoins les traits du modèle EMMA COOK, avec des pétales bien blancs, des sépales au cœur blanc, largement bordés de bleu vif, avec des barbes orangées. CHANGING SEASONS est également original, mais les teintes sont un peu mièvres. Quoi qu’il en soit, je ne vois pas dans le cru 2004 un produit en mesure de remporter une grande récompense.
PETIT TOUR DES CAPITALES D’EUROPE

Il est amusant de constater que les obtenteurs d’iris fantasment sur certains noms et pas sur d’autres. Quand ils pensent à l’Europe, par exemple, ils voient d’abord Paris, mais quelques fois ils évoquent une autre ville, le plus souvent une capitale.

Ainsi Barry Blyth, l’Australien, a songé à un notable britannique quand il a nommé LONDON LORD (86), un bicolore bleu glycine sur violet pourpré, avec barbe rouge. Keith Keppel, quant à lui, a surtout imaginé une élégante danseuse pour donner le nom de VIENNA WALTZ (2000) à un iris tout frisé comme une somptueuse robe de bal. Mais à quoi pensait Les Peterson, à Salt Lake City, lorsqu’il donnait à l’une de ses obtentions le nom de GALA MADRID (67) ? Il est possible que les rutilantes couleurs de ce variegata aient évoqué pour lui les splendeurs de l’Espagne.

Bien sûr, il arrive aussi que les Européens fassent allusion à leurs propres capitales quand ils baptisent un de leurs iris. Témoin, Augusto Bianco qui a donné le nom d’HOTEL ROMA (2000) à l’une de ses plus gracieuses obtentions, un iris aux pétales roses lavés de mauve, au-dessus de sépales ondulés et frisés de ce même mauve léger ; les barbes rose corail complètent avantageusement cet ensemble. Tomas Tamberg, le Berlinois, a appelé BERLIN GLOW (93) l’un de ses grands iris. C’est une belle fleur orange vif. Pourquoi BERLIN GLOW ? Le ciel de Berlin a-t-il de ces reflets orangés ? C’est probable, notamment l’été, lorsque la pollution à l’ozone vient ternir l’éclat du soleil ! Du côté de Hyères, en France, chez les Anfosso, on a rêvé comme en Amérique, où Paris est associée à la vie en rose, quand il s’est agi de désigner un joli cultivar rose de deux tons inversés, avec une grosse barbe rouge, et on s’est écrié PARIS PARIS (95) !

Des autres capitales d’Europe, je n’ai pas trouvé de trace : Bruxelles, Riga, ni même Lisbonne n’ont inspiré les obtenteurs. Il existe bien, chez Barry Blyth, un certain SOFIA (2002), aux pétales blancs et aux sépales centrés de jaune et cernés de blanc, mais allez savoir si ce nom évoque la capitale de Bulgarie plutôt que quelque charmante petite Australienne ?

24.4.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


EN MUSIQUE

Les noms de variétés qui suivent comportent un « intrus ». Lequel ?

· MORNING HYMN
· SOONER SERENADE
· SUNSET SONATA
· EVENING CANTICLE
· SIMFONIYA


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

AU MEXIQUE

MANAGUA n’est pas une ville du Mexique, mais la capitale du Nicaragua.

CAYEUX 2004

Le catalogue 2004 de notre grande maison française ne diffère pas, dans la forme, de ceux des années précédentes. Le classement des variétés se fait par couleurs, ce qui ne me paraît pas forcément judicieux. A mon avis le classique classement par ordre alphabétique, abandonné depuis plusieurs années, avait l’avantage d’amener le lecteur à feuilleter obligatoirement tout le catalogue, et permettait un repérage facile. Mais il faut bien de temps en temps apporter un peu de nouveauté !

A propos de nouveauté, parlons des variétés qui apparaissent cette année, qui sont au nombre de dix-sept :
· BLUE CRUSADER – Schreiner 98 – bleu sombre uni ;
· COUNTRY CHARM – Schreiner 98 – variegata jaune souffre sur bordeaux sombre ;
· DIABOLIQUE – Schreiner 97 – grenat pourpré barbes assorties ;
· FASHIONABLY LATE – Keppel 98 – violet fuchsia, barbes vermillon ; tardif ;
· FEATURE ATTRACTION – Schreiner 94 – bleu lavande, spot et barbes blanc ;
· LENTEN PRAYER – Schreiner 98 – pourpre betterave, barbes plus foncées ;
· MAGICAL ENCOUNTER – Schreiner 99 – rose intense à barbes saumon ;
· MARIPOSA AUTUMN – Tasco 99 – plicata blanc à dessins amarante ; remontant ;
· MIDNIGHT OIL – Keppel 98 – noir intense, barbes bordeaux ;
· MONET’S BLUE – Schreiner 98 – bleu clair très pur, barbes blanches ;
· ORANGE EMBERS – Shockey 93 – orange avec un spot rose sous les barbes minium ;
· RIPPLING RIVER – Schreiner 95 – entièrement bleu marine ;
· ROMANTIC EVENING – Ghio 96 – pétales fuchsia, sépales aubergine et barbes brique
Et du côté des produits « maison » :
· CHATEAU D’AUVERS / OISE – Cayeux R. 2004 – amoena blanc et abricot ;
· FANFRELUCHE – Cayeux R. 2004 – variegata clair, jaune paille et lilas rosé ;
· MYSTERIEUX – Cayeux R. 2004 – néglecta indigo clair sur noir, barbes bronze ;
· ROUCOULADE – Cayeux R. 2004 – blanc / abricot, bords et flamme blanc.

Ces nouveaux choix sont éclectiques et excellents ; ils dénotent le goût très sûr et la grande maîtrise de Richard Cayeux dans la sélection de ce qu’il veut vendre. Je ne lui fais qu’un seul reproche – une nouvelle fois – c’est de ne pas indiquer, en dehors du sien, le nom des obtenteurs.

Je serai moins élogieux en parlant du nouveau site Internet de la maison Cayeux. A mon avis c’est un flop absolu : page d’accueil étriquée, textes pauvres et écrits trop fin, images disparates, souvent floues, couleurs mal dosées, ensemble criard. En ce domaine, les autres sites français sont nettement plus alléchants.
ROSE COMME AVRIL

Les associations d’idées jouent un grand rôle dans le choix des noms de variétés d’iris. Ainsi le blanc fait-il penser à la pureté, donc à la neige, à la glace …et aux anges ; le bleu est immédiatement associé à l’eau et au ciel ; le jaune à l’or et au soleil ; le vert au feuillage …et à l’Irlande. Et le rose ? Il n’y a aucun doute quant à son association à l’idée de douceur, de tendresse, à la femme et au jeune enfant, mais pourquoi, dans la vision de certains hybrideurs américains est-il aussi souvent relié au mois d’avril ? Pour moi, avril signifie surtout vert tendre (les jeunes pousses), mauve (les scilles et jacinthes…) et jaune (les jonquilles, les ajoncs, les genêts et les forsythias). J’y vois aussi le blanc des cerisiers, pruniers et poiriers, le blanc des narcisses, mais il est vrai qu’il y a aussi le rose vif des pêchers et le rose tendre des pommiers. Néanmoins quand je pense avril, ce n’est pas le rose qui me vient d’abord à l’esprit. Tel n’est pas le cas, semble-t-il, aux USA, où des obtenteurs donnent quelquefois à leurs iris roses un nom où apparaît le mot « april ». Dans ma base de données iconographique, qui contient aujourd’hui 4700 photos de grands iris, j’ai fait une plongée à la lettre A et sur les 357 images qui s’y trouvent j’ai fait cette découverte que les quatre iris dont le nom commence par « april » sont roses.

Ce sont APRIL IN PARIS (Wood 92), un joli rose vif, bien ondulé, à barbes rouges, qui allie deux idées : celle d’avril, bien sûr, et celle de Paris, synonyme de fantaisie et de plaisir, APRIL JEWEL (Lauer 99), rose tendre ourlé de pêche, avec de petits éperons bleutés, APRIL MELODY (Gibson 67), un plicata rose orchidée, variété fétiche de Keith Keppel qui l’a accommodé à toutes les sauces plus de trente fois, et APRIL VISION (Sutton 2001), une version rose du modèle « dark top », très classique de forme.

J’ai essayé de voir, en feuilletant les check-lists des décades précédentes, si le lien entre avril et rose était permanent. Eh bien non ! Un seul autre grand iris rose est enregistré avec un nom commençant par « april » : APRIL LOST (Tompkins 82), un enfant d’APRIL MELODY lui aussi. La plupart des autres APRIL… sont blancs ou bleutés. La liaison entre avril et rose est donc soit fortuite, soit, tout au moins, récente dans l’imaginaire des hybrideurs.

Cette navigation dans les méandres de la lettre A m’a permis par ailleurs de redécouvrir des iris roses bien jolis. Par exemple AFFLUENCE (Hager 86) entièrement rose soutenu, même les barbes, ce qui est rare, AIDA ROSE (Ségui 88), un peu désuet, AH CA IRA (Anfosso 89), qui n’a de révolutionnaire que sa forme assez écrasée. Mais aussi ALICE GOODMAN (Roderick 88), frisé, rose tendre, rehaussé de barbes cerise, ALLURING (Gartman 89), rose corail, AMOUR (Corlew 85), rose très clair centré de blanc, ANGEL’S TOUCH (Tompkins 88), rose uni traditionnel. Il ne faut pas oublier non plus le superbe ANNA BELLE BABSON (Hager 85), l’un des plus beaux rose pur, fils de BEVERLY SILLS, ni ANNUITY (Eleanor Kegerise 2000), tout frisotté, ni l’Italien ACQUA DI ROSA (Bianco 99), clair et lumineux. Enfin disons un mot de ARTISTE (Ghio 78), AWEKENING (Joyce Meek 94), tous deux très clairs et un peu bleutés, tout comme ATIKA (Anfosso 87), plus foncé et surtout abondamment frisé. Et l’on terminera par ASPECT OF LOVE (Schick 98), rose dragée, aux contours finement laciniés et ondulant comme un bouillonné de dentelle.

On s’est un peu éloigné de l’idée de départ et des fleurs du mois d’avril, mais on en a profité pour faire un agréable voyage au pays des iris roses, à l’heure où, dans les bordures on scrute les touffes encore basses pour découvrir les prémices de la floraison à venir.

16.4.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


AU MEXIQUE

Quelle est des variétés listées ci-dessous celle qui n’a rien à voir avec le Mexique ?

· MEXICAN MOTH
· MANAGUA
· ACAPULCO GOLD
· GUADALAJARA
· VIVA MEXICO
· TAMPICO


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

INNOCENCE

INNOCENZA est une ancienne variété diploïde obtenue par Lémon en 1854.

PETIT TOUR DES CAPITALES D’EUROPE

Il est amusant de constater que les obtenteurs d’iris fantasment sur certains noms et pas sur d’autres. Quand ils pensent à l’Europe, par exemple, ils voient d’abord Paris, mais quelques fois ils évoquent une autre ville, le plus souvent une capitale.

Ainsi Barry Blyth, l’Australien, a songé à un notable britannique quand il a nommé LONDON LORD (86), un bicolore bleu glycine sur violet pourpré, avec barbe rouge. Keith Keppel, quant à lui, a surtout imaginé une élégante danseuse pour donner le nom de VIENNA WALTZ (2000) à un iris tout frisé comme une somptueuse robe de bal. Mais à quoi pensait Les Peterson, à Salt Lake City, lorsqu’il donnait à l’une de ses obtentions le nom de GALA MADRID (67) ? Il est possible que les rutilantes couleurs de ce variegata aient évoqué pour lui les splendeurs de l’Espagne.

Bien sûr, il arrive aussi que les Européens fassent allusion à leurs propres capitales quand ils baptisent un de leurs iris. Témoin, Augusto Bianco qui a donné le nom d’HOTEL ROMA (2000) à l’une de ses plus gracieuses obtentions, un iris aux pétales roses lavés de mauve, au-dessus de sépales ondulés et frisés de ce même mauve léger ; les barbes rose corail complètent avantageusement cet ensemble. Tomas Tamberg, le Berlinois, a appelé BERLIN GLOW (93) l’un de ses grands iris. C’est une belle fleur orange vif. Pourquoi BERLIN GLOW ? Le ciel de Berlin a-t-il de ces reflets orangés ? C’est probable, notamment l’été, lorsque la pollution à l’ozone vient ternir l’éclat du soleil ! Du côté de Hyères, en France, chez les Anfosso, on a rêvé comme en Amérique, où Paris est associée à la vie en rose, quand il s’est agi de désigner un joli cultivar rose de deux tons inversés, avec une grosse barbe rouge, et on s’est écrié PARIS PARIS (95) !

Des autres capitales d’Europe, je n’ai pas trouvé de trace : Bruxelles, Riga, ni même Lisbonne n’ont inspiré les obtenteurs. Il existe bien, chez Barry Blyth, un certain SOFIA (2002), aux pétales blancs et aux sépales centrés de jaune et cernés de blanc, mais allez savoir si ce nom évoque la capitale de Bulgarie plutôt que quelque charmante petite Australienne ?
LES FRÈRES SASS

Comme disent les sportifs, il ne faut pas oublier nos fondamentaux ! Les frères Sass, Hans-Peter et Jacob, font partie des fondamentaux de l’iridophilie et leur histoire doit être dans l’esprit de tous ceux qui s’intéressent d’un peu près aux iris.

Hans-Peter et Jacob sont nés en Allemagne, le premier en 1868, le second en 1872. Ils ont émigré aux Etats-Unis avec leurs parents en 1884 et se sont installés dans le Middlewest comme la plupart des immigrants de l’époque. Hans-Peter avait déjà fait des études de botanique en Allemagne et il s’intéressait aux reproductions par semis. En 1903 il a acheté une ferme près de la ville d’Omaha dans le Nebraska, et a commencé à y cultiver toutes sortes de fleurs. Dès 1912 il avait à son actif bon nombre de plantes issues de son travail d’hybridation : des glaïeuls, des pivoines, surtout, mais aussi des hémérocalles, des pavots d’Orient, des lis et des iris. Pourtant ce n’est qu’en 1923, alors qu’il était déjà membre fondateur de l’AIS, qu’il enregistra son premier cultivar, MIDWEST. En 1925 il introduit KING TUT, une variété reconnue maintenant comme faisant partie des incontournables mais qui n’obtint à l’époque aucun succès. La célébrité lui est venue grâce à RAMESES (1930), descendant du précédent, qui a reçu la Médaille de Dykes en 1932. Dès lors la plupart de ses iris ont obtenus des récompenses (HM, AM) jusqu’à ce que, en 1943, une nouvelle Médaille de Dykes vienne couronner PRAIRIE SUNSET (1936). Entre les deux se situe la grande période de production de Hans Sass, avec des variétés importantes comme AMITOLA, ELSA SASS, MIDWEST GEM et son frère de semis MATULA. L’âge n’affaiblissait pas l’infatigable Hans Sass qui nous a encore donné au début des années 40 le fameux MINNIE COLQUITT ainsi que GARDEN FLAME. Un autre titre de gloire pour Hans-Peter Sass est d’avoir eu l’idée de croiser les grands iris avec les petits pumilas et obtenu les tout premiers iris intermédiaires. En cela, comme en bien d’autres domaines, il agissait en compagnie de son frère cadet Jacob.

L’un et l’autre étaient complémentaires, mais autant l’aîné avait la réputation d’être un homme au sérieux et à la rigueur toute germanique, autant Jacob avait celle d’un être généreux, enthousiaste et rempli de joie de vivre. Il était encore plus fier de sa famille que de son travail. Lui et son frère avaient les mêmes objectifs en matière d’hybridation, et des goûts très voisins. Jacob, comme Hans, ne s’intéressait pas qu’aux iris, il a également travaillé sur les lilas, par exemple. A vrai dire ils ne travaillaient pas exactement ensemble, mais ils réunissaient chaque année leur production dans un unique catalogue et cette collaboration a duré plus de quarante ans. Jacob a commencé à enregistrer des iris, comme son frère, dès 1923, mais il a lui aussi attendu longtemps la consécration. Son premier véritable succès à été le blanc WAMBLISKA (1930), puis est venu THE RED DOUGLAS (1934) qui a obtenu la Médaille de Dykes en 1941. Au-delà se situent d’autres réussite notoires comme CASQUE D’OR (1937), BLUE SHIMMER et FLORA ZENOR (1942), puis SUNSET SERENADE (1943) et l’indétrônable OLA KALA (1943), ainsi que SOLID MAHOGANY en 1944. Il a mis sur le marché un grand nombre de variétés, beaucoup plus d’ailleurs que son frère. Il est décédé en 1945, rompant le plus célèbre duo de l’histoire de l’hybridation.

Les terres du Nebraska sont ingrates avec les iris et seules des plantes robustes pouvaient survivre dans ces hautes plaines aux hivers si terribles que, à plusieurs reprises, les intempéries ont détruit presque complètement le travail des frères Sass.. Il n’est pas étonnant que leurs produits soient des plantes d’une résistance au-dessus de tout éloge. Leurs grands iris sont encore souvent présents dans nos jardins. Leurs intermédiaires ont eu sans doute moins de succès, mais ils restent les inventeurs de cette catégorie et il est évident qu’on se devait de donner leur nom à la médaille qui récompense chaque année le meilleur de ces iris. C’est pour toutes ces raisons que les frères Sass sont évidemment à classer dans le monde de l’iridophilie au rang des obtenteurs fondamentaux.

Sources : Bulletin de l’AIS 1950 (article signé Agnes Whiting) et site Internet de l’Historic Iris Preservation Society.

10.4.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


INNOCENCE

L’une des variétés désignées ci-dessous diffère nettement des quatre autres. Laquelle ?

· AGE OF INNOCENCE
· INNOCENT STAR
· INNOCENT BLUSH
· INNOCENZA
· PRESUMED INNOCENT


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

TOUJOURS LA NUIT

NUIT BLANCHE n’est pas dans les tons de bleu ou de violet : c’est un iris blanc.

LES SIX FRÈRES

Que six variétés issues du même semis soient enregistrées et introduites sur le marché, ce n’est pas si courant, et je ne sais même pas si le cas c’est produit d’autres fois. Cette réussite hors du commun mérite bien un petit article.

Les six frères en question résultent de l’union TOMORROW’S CHILD X MAGIC MAN et ont été obtenus en Australie par le prolifique Barry Blyth. Ils ont pour nom IN TOWN, MOOMBA, PASS THE WINE, WITCH’S WAND tous les quatre de 1985, LONDON LORD (86) et GALLANT ROGUE (89) dont j’ai conté récemment l’aventure. Disséquer les origines de cette famille nombreuse n’est pas une mince affaire mais ce travail est très instructif pour qui s’intéresse à l’hybridation des iris.

Mais commençons par décrire les six frères en question. IN TOWN est un bitone assez proche des couleurs de son « père » MAGIC MAN, avec des pétales bleu lavande et des sépales bleu pourpré liserés de lavande ; la barbe est orange mandarine. MOOMBA n’est pas très différent, mais le bleu des pétales devient plus sombre vers le cœur de la fleur et les sépales, plus foncés, s’ornent d’épaules presque brunes ; barbe mandarine également. PASS THE WINE est une version plus pourprée de la même figure, avec des reflets fumés. WITCH’S WAND présente sûrement le coloris le plus original de la bande. C’est un iris bitone très foncé, aux pétales violet-noir et aux sépales encore plus sombres rehaussés de la fameuse barbe rouge, caractéristique de la famille. LONDON LORD est le moins connu : pétales bleu glacier, donc très clairs, sépales pourpre noir liserés de lilas, et, bien entendu, barbes mandarine. Quant à GALLANT ROGUE, le mauvais garçon, avec ses pétales lilas rosé et ses sépales grenat foncé bordés de violet striés de blanc sous les barbes, il penche plutôt du côté « rouge », c’est à dire du côté maternel. Il est indéniable que tous ont un air de famille.

La maman de ces beaux enfants, TOMORROW’S CHILD, à vrai dire, ne se présente pas sous une robe tellement différente de celle du papa, MAGIC MAN. Même caractère bitone, même liseré clair sur les sépales, même barbe rouge. Cette barbe rouge vient de loin. Elle est déjà présente dans LATIN LOVER (Shoop 69) l’ancêtre dont le coloris est le plus proche de celui des descendants décrits ; elle provient de ARCTIC FLAME (Fay 60) que l’on trouve dans le pedigree de LATIN TEMPO (Blyth 73), une variété qui est citée trois fois parmi les ancêtres de TOMORROW’S CHILD comme de MAGIC MAN. FANFARE ORCHID (B. Jones 65), un rose orchidée à barbes mandarine, qui descend du blanc à barbes rouges LIPSTICK (Fay 54), est également présent par trois fois dans l’arbre généalogique, dans une branche comme dans l’autre. Le côté bitone, ou bicolore, est venu de LILAC CHAMPAGNE (Hamblen 64), ou de PIPES OF PAN (O. Brown 63) de même que de MELODRAMA (Cook 56) qui se situent derrière LATIN TEMPO ou PANORAMIC (Hamblen 68), lequel est derrière CABARET ROYALE (Blyth 75), lui-même père de MAGIC MAN !

En ce qui concerne leur destin en tant que géniteurs, les six frères ne se trouvent pas à la même enseigne. MOOMBA et PASS THE WINE n’ont pas de descendance (ou très peu), WITCH’S WAND qui est déjà un aboutissement dans la saturation des couleurs n’a pas non plus inspiré les hybrideurs. Je ne lui connais qu’un descendant, mais pas des moindres : ROMANTIC EVENING (Ghio 94), une variété sur laquelle j’ai l’intention de revenir incessamment. Les trois restants sont d’heureux parents. A commencer par IN TOWN qui est la « mère » de BELLE DE NUIT (Cayeux R. 99), chez qui on retrouve nettement les traits de la fameuse famille. Le superbe noir NIGHT ATTACK (Ghio 93) et le remarquable bleu nuit TOM JOHNSON (Black P. 96), qui défend sa chance actuellement dans la course américaine aux honneurs, sont aussi de ses descendants. LONDON LORD, peu connu chez nous, a séduit son obtenteur Barry Blyth qui en a fait un abondant usage et obtenu de lui de jolies choses comme DEVIL’S RIOT (93), un variegata très contrasté, en abricot et aubergine. GALLANT ROGUE, qui a bien failli finir à la décharge, est un des chouchous actuels de Keith Keppel, qui l’a sauvé du broyeur. On lui doit BRAGGADOCIO (97), BROAD SHOULDERS (2001), CHARLESTON (2002), et les deux frères LOCAL COLOR et NIGHT GAME (96). BRAGGADOCIO est un variegata beige sur pourpre (avec la barbe minium). BROAD SHOULDERS est de couleur voisine, un peu plus rose, pour les pétales, un peu plus brun, pour les sépales, mais avec une originale barbe chocolat. CHARLESTON est un plicata indigo, tout simple. LOCAL COLOR, fruit des recherches de son obtenteur en matière de noir à barbes rouge, tient beaucoup de son « oncle » WITCH’S WAND, tandis que NIGHT GAME, dans le même genre, est encore plus sombre. Comme il est habituel dans les familles nombreuses, les six frères vivent des destinées bien différentes.

Il est de plus en plus courant de trouver dans un même semis une quantité de plantes intéressantes. Richard Cayeux, Lawrence Ransom, en France, en ont fait l’expérience. Mais le cas des six frères australiens reste encore exceptionnel.

2.4.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


TOUJOURS LA NUIT

Il y a nuit et nuit. L’une de celles-ci n’est pas comme les quatre autres. Laquelle ?

· BELLE DE NUIT
· BAR DE NUIT
· NUIT BLANCHE
· NUIT DE CHINE
· NUIT FAUVE



RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

DANS LA NUIT

CHINA NIGHTS n’est pas dans les tons de bleu ou de violet : c’est un iris grenat.

GALLANT ROGUE
Ou le passager clandestin

C’est Keith Keppel qui a raconté dans un N° du Bulletin de l’AIS la curieuse histoire de GALLANT ROGUE (Blyth 89). Une de ces anecdotes qui animent la grande aventure des iris. La voici : « Cet iris a une histoire tout à fait intéressante en elle-même. Il y a des années que j’importe des iris de Tempo Two (NDT : la pépinière de Barry Blyth), mais je n’ai eu qu’un cas de méli-mélo avec les noms. Celui-là est arrivé comme s’appelant MOOMBA, mais il ne correspondait pas à la description, et j’avais vu MOOMBA dans un autre jardin. Quand j’ai écrit à Barry Blyth pour me renseigner, il a compris tout de suite d’où venait l’intrus : un frère de semis de MOOMBA mélangé par erreur dans le stock, alors qu’il pensait l’avoir éliminé. Il avait déjà enregistré cinq semis issus du croisement TOMORROW’S CHILD X MAGIC MAN et il ne se sentait pas d’attaque pour en enregistrer un sixième. (Les cinq sont WITCH’S WAND, IN TOWN, MOOMBA, LONDON LORD et PASS THE WINE).Il m’a donné la permission de dénommer, enregistrer et introduire le nouveau si je pensais qu’il en valait la peine. Blyth utilise parfois des noms de courses de chevaux pour ses iris (par exemple SAPHARINE ou MAGHAREE) et puisque cet iris était un tricheur, quand j’ai trouvé le nom de GALLANT ROGUE dans un document hippique, il m’a semblé tout à fait approprié (NDT : « rogue » signifie tricheur, imposteur)…

GALLANT ROGUE était un choix évident dans un programme de noirs à barbes rouges. Ses pétales sont lilas clair, légèrement doré, ses sépales sont d’un rouge violacé à reflets noirs, avec un liseré rose orchidée et des marques blanches sous les barbes. (Les marques sont si prononcées que j’ai pensé qu’il pouvait s’agir d’un plicata, mais les tests effectués m’ont rassuré là-dessus : ce n’est pas un plicata). Mais il a deux facteurs qui jouent en faveur de mon choix : la partie centrale des sépales est pratiquement noire, et les barbes sont d’un rouge orangé clair et brillant.

Dans un important croisement de WITCHES’ SABBATH X GALLANT ROGUE, deux semis à barbes mandarine sont apparus. Ils ont été enregistrés en 96 sous les noms de LOCAL COLOR (bitone violet-noir, barbes vermillon) et de NIGHT GAME (bourgogne-noir, barbes brique). WITCHES’ SABBATH (Maryott 86)a été choisi comme « mère » à cause de son ton pourpre-noir et de sa barbe saillante vieil or. Pourtant son pedigree n’était pas encourageant : pas une barbe mandarine dans les cinq générations précédentes.

Les ancêtres de GALLANT ROGUE sont abondamment mêlés au plan des couleurs. Ses parents directs englobent un long travail en Australie. B. Blyth m’a dit qu’il trouvait parfois des spécimens très foncés dans sa lignée de bicolores mandarine ; je lui ai demandé comment, dans son travail d’endogamie, il s’était approché du noir, il m’a répondu qu’il mélangeait presque toujours les couleurs dans ce type de croisements. L’arbre généalogique de GALLANT ROGUE doit nous donner l’explication. Dans ses antécédents non australiens on trouve des blancs à barbes mandarine, des orchidée à barbes mandarine, de même que des bleus et violets mêlés, des oranges, des bicolores, à barbes mandarine ou sans, et des amoenas roses. Mais tout cela ne nous donne aucune certitude ! » NDLR : à noter cependant que dans un croisement voisin de celui de GALLANT ROGUE, celui qui a donné ROMANTIC EVENING (Ghio 96), on retrouve un ancêtre commun, SUNSET SNOWS (J. Stevens 65).