27.11.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

FAMILLE ROYALE

Où se situe l’erreur, dans la liste ci-dessous ?

· ELIZABETH (White 50)
· LADY DIANA (Lohman 51)
· LADY SARA (Minnick 80)
· PRINCE CHARLES (Zurbrigg 59)
· PRINCESS ANNE (Zurbrigg 53)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

DE L’OR

YUKON FEVER fait allusion à la Ruée vers l’Or ; les quatre autres s’intéressent plutôt à l’or monnayé !
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QUEEN’S CIRCLE

EMMA COOK (Paul Cook 57) est une variété qui a fait sensation lors de son apparition, avec ses pétales d’un blanc à peine bleuté et ses sépales également blancs mais agrémentés d’un large liseré en dégradé de bleu s’intensifiant vers le bord. Il n’est donc pas étonnant q’un grand nombre d’hybrideurs l’aient utilisé dans leurs programmes de recherche (comme les Cayeux qui en ont fait un des éléments fondamentaux de leur travail). Parmi ceux-ci quelques-uns uns ont essayé de l’améliorer en rendant les pétales plus blancs et le liseré des sépales plus vif et plus net. Paul Cook lui-même s’en est chargé et il a enregistré QUIET SKY (64) qui est tout à fait dans cette ligne. C’est également le cas de MID-VICTORIAN (Nearpass 70). QUEEN’S CIRCLE (Kerr 99) est un aboutissement de cette recherche.

Il n’est que de comparer les deux fleurs pour se rendre compte du progrès obtenu en une quarantaine d’années. QUEEN’S CIRCLE propose des pétales d’un blanc légèrement crémeux, épais et résistants, largement ondulés et finement dentelés. Les sépales ont les ondulations, la consistance et la couleur mate des pétales. Le liseré est mince mais d’un bleu indigo soutenu, et la barbe, orange clair, apporte à l’ensemble un complément de piquant. Pour en arriver là, Frederick Kerr, l’une des étoiles montantes de l’hybridation actuelle aux USA, a choisi un de ses cultivars, VICTORIA CIRCLE (94), blanc liseré de bleu aux sépales et barbes ivoire, et CHRISTIANA BAKER (99) une autre de ses obtentions, qui est un amoena bleu pâle dont le bord des sépales va en s’assombrissant. La particularité de CHRISTIANA BAKER est de ne mesurer qu’environ 70cm, ce qui le classe parmi les BB (Border Bearded). Les parents de VICTORIA CIRCLE sont deux variétés valeureuses, EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93) et LULLABY OF SPRING (Schreiner 89). Ils n’ont ni l’un ni l’autre de lien proche avec EMMA COOK, mais ils disposent, notamment LULLABY OF SPRING, des gènes de la barbe rouge, qui réapparaissent sur QUEEN’S CIRCLE. C’est du côté « paternel », c’est à dire vers CHRISTIANA BAKER, qu’il faut se tourner pour retrouver l’iris mythique de Paul Cook. Du côté masculin, CHRISTIANA BAKER provient de GLISTENING ICICLE (Maryott 82), un célèbre amoena, lui-même descendant d’une lignée d’amoenas réussis : PRESIDENT FARNSWORTH (Muhlestein 74), IVY LEAGUE (Nearpass 68) et LORD BALTIMORE (Nearpass 69). Du côté féminin il est issu d’un autre BB, CLASSIC TREASURE (Burger 83), chez qui se rencontrent non seulement les gènes de l’ancêtre des amoenas, WHOLE CLOTH (Cook 58 – DM 62), mais aussi ceux de l’ancêtre des iris ondulés, SNOW FLURRY (Rees 39), et de l’ancêtre des iris frisés, MAY HALL (Hall 52) ! Tout cela en passant par des variétés du type EMMA COOK : QUIET SKY et MID-VICTORIAN déjà cités, CRYSTAL BAY (B. Jones 65) et LADY OF LOUDOUN (Crossmann 69).

D’EMMA COOK à QUEEN’S CIRCLE, le chemin est bien tracé et la recette pourrait être ainsi rédigée : Prenez un descendant d’EMMA COOK enrichi par plusieurs générations d’ « in-breeding » ; Ajoutez une pointe d’amoena pour la pureté du coloris blanc ; Pour la beauté de la fleur, complétez de quelques variétés voisines ayant des fleurs solides, ondulées et frisées ; pimentez d’une barbe vivement colorée héritée d’ARCTIC FLAME, et …comptez sur un peu de chance ! Vous obtiendrez une variété superbe destinée à un bel avenir.
BUMBLEBEE DELITE

C’est la première fois que, dans ces chroniques, il sera question d’un MTB. Dans la classification botanique des iris, les MTB (Miniature Tall Bearded) font partie des séries Intermediae, composées d’iris de taille moyenne, hybrides entre les grands iris et les iris nains. En allant des plus petits aux plus grands, les MTB constituent le quatrième groupe de plantes. Ils mesurent entre 41 et 70 cm de haut, la taille la mieux adaptée étant de 50 à 55 cm, offrent des fleurs de plus de 6 cm de diamètre, sur des tiges fines, harmonieusement équilibrées. Ces fleurs ont la caractéristique d’avoir en grande partie conservé l’aspect des espèces dont elles sont issues. Il y a trois adjectifs dans la langue anglaise qui les définissent très bien : « tiny », « dainty » et « tailored », ce qui peut se traduire par : toutes petites, délicates et ajustées (par opposition à « floues » ou « vaporeuses »).Elles s’épanouissent en même temps que celles des grands iris.

Ces hybrides remontent pour l’essentiel à I. variegata et à I. cengialtii. Le premier a conféré à la plante son côté bicolore, tandis que le second lui a apporté la couleur bleue. D’autres espèces interviennent également, comme I. timofejewii (une forme naine de I. pallida), I. perrieri, I. aphylla, I. mellita, I ; attica… Les premiers MTB apparurent en 1929, aux Etats-Unis. On les appelait à l’époque Iris de Table parce que leurs caractéristiques les destinaient a priori à la confection de bouquets, moins encombrants que ceux constitués de grands iris, et aux plantes en pots. C’est d’ailleurs toujours leur usage, mais leur place se situe aussi, maintenant, sur les petits balcons de nos immeubles modernes. Ils restent néanmoins plutôt rares et les hybrideurs qui travaillent sur ce groupe sont peu nombreux. Ainsi, en 2000, il n’y a eu que 12 MTB enregistrés sur les 902 variétés inscrites cette année là ! Néanmoins dans les récompenses attribuées chaque année par l’AIS, il y en a une pour les MTB, qui s’appelle « Williamson-White Award » en l’honneur des deux promoteurs de ce type d’iris.

Aujourd’hui les MTB n’ont pas encore atteint le degré d’évolution et de sophistication des autres groupes d’iris, TB et SDB notamment. Ce n’est pas forcément un défaut, et BUMBLEBEE DELITE (Norrick 85) en est la démonstration.

Cette variété se distingue en ce qu’elle a très vite été remarquée par les amateurs et a cumulé les récompenses. Ainsi elle a par quatre fois frôlé l’obtention de la Médaille de Dykes ! En 92 tout d’abord puis en 94, 95 et 96. Aucune autre variété ne peut prétendre à un tel palmarès. BUMBLEBEE DELITE se présente avec des pétales jaunes, des sépales, très horizontaux, acajou cernés d’un fin liseré jaune, et une barbe orange. Le haut des sépales est fortement veiné de blanc. La plante est plutôt basse (46 cm) mais bien proportionnée, la fleur est caractéristique dans son aspect rigide qui lui assure une bonne tenue. Pour ceux qui en disposent encore, ils peuvent la voir en couverture du numéro 119 (hiver 95) de la revue Iris & Bulbeuses. Son pedigree s’écrit PEWEE X ORNATE PAGEANT. PEWEE est le modèle même des MTB. C’est une variété historique puisqu’elle a été enregistrée en 1934 ! C’est un des tout premiers MTB sélectionnés. Quant à ORNATE PAGEANT, c’est un hybride enregistré en 1974 par Walter Welch, un obtenteur de l’Indiana. ORNATE PAGEANT se présente dans la même disposition des couleurs que son fils BUMBLEBEE DELITE. Il est issu directement d’un I. variegata diploïde. Quel que soit le côté parental, les espèces de base ne sont pas loin.

BUMBLEBEE DELITE est encore aujourd’hui le flambeau des MTB. Et nous autres Français avons la chance de pouvoir nous le procurer : il est en vente chez Bourdillon. Avis aux amateurs !
Après une semaine de silence pour cause de vacances, voici deux courtes chroniques inédites.

15.11.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

DE L’OR

Des cinq variétés listées ci-dessous, le nom de l’une n’intéresse pas le même domaine que les quatre autres. Laquelle ?

· BILLIONAIRE
· FINANCIER
· MONEY
· SPECULATOR
· YUKON FEVER


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

ANTIGUA SOLEIL fait allusion à une île des Antilles… dans l’océan Atlantique.
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VERS DE NOUVEAUX COLORIS ?
II. Les bicolores

Le domaine des bicolores propose aujourd’hui différentes associations nouvelles qui devraient se développer au cours des prochaines années.

Ce qui est assuré c’est que les amoenas inversés sont déjà dans le vent. Cette disposition des couleurs n’est pas nouvelle, mais les progrès dans la netteté du contraste sont flagrants. Après SEA QUEST (Shoop 90), on a trouvé IN REVERSE (Gatty 93), puis UPSIDE DOWN (Niswonger 94), ensuite vint CROWNED HEADS (Keppel 97) qui a marqué le départ d’une nouvelle ère d’amoenas inversés, aux pétales toujours plus saturés et aux sépales toujours plus purs. FOGBOUND (97) a été l’étape suivante et s’est révélé être un géniteur de grande classe (voir la chronique « L’effet Fogbound »). Chaque année maintenant on découvre un certain nombre de nouveaux « dark top » qui démontrent que cette recherche est en pleine croissance. Les deux principaux pourvoyeurs de ces iris sont Vincent Christopherson et, toujours, Keith Keppel. Du premier j’ai remarqué TURN THE TIDE (2000) qui descend de SEA QUEST, tout comme IN THE CLOUDS (2001), alors que ALL ABOARD (2003) a pour parent femelle LITTLE MUCH (Ghio 84) et pour ancêtres deux anciens « dark top », SURF RIDER (Tucker 72) et SEA VENTURE (Jones 72). Quant à Keith Keppel, il se donne actuellement à fond dans les amoenas inversés et en enregistre chaque année plusieurs. Ainsi WINTRY SKY (2002) qui est un descendant de CROWNED HEADS, puis FRIENDLY FIRE, issu de FOGBOUND, ALPEN VIEW (2003), de FOGBOUND et CROWNED HEADS. RIPPLE EFFECT (2003), de la même veine, ajoute un reflet chartreuse aux sépales. Mais il n’y a pas qu’aux USA qu’on s’intéresse aux amoenas inversés, en Europe, ALDO RATTI (Bianco 98) a donné le départ et IRIADE (Laporte 2003) est la réplique française au travail de Keith Keppel.

BEL ESPRIT ( Keppel 2002) décline le principe « dark top » dans d’autres couleurs que le bleu et le blanc, puisqu’il marie le rose orangé marqué de mauve sur les côtes, à l’abricot très éclairci sous les barbes minium. Il fait la transition avec une autre avancée dans le domaine des bicolores, celle des variegatas inversés.

En effet l’un des autres thèmes de recherche du début des années 2000 se situe dans cette juxtaposition, tout à fait nouvelle. TRADE SECRET (Keppel 2003) s’ajoute à BEL ESPRIT pour assurer le lien. C’est un étrange iris aux pétales jaune paille largement infus d’indigo fumé et aux sépales également jaune paille, avec des barbes plus orangées. Plusieurs obtenteurs ont enregistré ces dernières années des variétés violet/jaune. L’un des premiers a été Richard Ernst qui, à partir d’AFTERNOON DELIGHT (85) a obtenu RAINBOW GODDESS (94) puis TAUGHT BY MASTERS (2002). A chaque étape le contraste entre les pétales, mauves puis violets, et les sépales, orangés puis jaunes, s’est développé. Son DANDY CANDY (2001), pourpre sur pêche, est une autre combinaison issue d’AFTERNOON DELIGHT.

Une autre base de ce type de bicolore se trouve dans HAWAIIAN QUEEN (Shoop 86). Cette variété a été utilisée par Paul Black pour aboutir à TAUNT (2000) aux pétales beige rosé plus vif sur les côtes et aux sépales d’un beau blond. Une autre approche du bleu sur jaune est apparue cette année avec APOLLO’S ROBE (Carter 2003) qui allie des sépales jaune d’or un peu fumé à des pétales mauve parme infus de jaune sur les côtes. Mais la plus grande netteté dans le contraste est peut-être le fait de WONDERFUL TO SEE (Kerr 2000), avec ses pétales d’un beau bleu lavande, et ses sépales franchement jaune primevère, liserés de blanc. Sans compter le bouillonné de toute la fleur, vraiment réussie. Nous autres Français pouvons être fiers de ce petit-fils de ECHO DE FRANCE (Anfosso 84). Quoiqu’il en soit, la combinaison bleu ou violet/jaune devrait bien être la tendance de cette décennie.

On peut également dire un mot d’une variété étonnante, PASSING CLOUDS (2001), l’une des dernières obtentions de Ben Hager. C’est une fleur commercialisée par Cooley, qui assemble des pétales bleus de lin et des sépales chamois, une juxtaposition unique pour l’instant mais qui pourrait bien donner des idées aux hybrideurs avides de nouveauté originale.

Enfin terminons ce chapitre par une autre forme de contraste : le « blanc et noir ». C’est encore une combinaison à la mode. Elle a été engagée par Joë Ghio dès 1993 avec OSAKA, aux sépales acajou très foncé, puis avec COSTA RICA (95) dont les sépales sont, cette fois, violet-noir. SNOWED IN (98) a des sépales bleu nuit nettement veinés de blanc sous les barbes. CONNECTION (99) marque une nouvelle étape par ses pétales pratiquement blancs et ses sépales bleu nuit devenant brun rouge sous les barbes orange brûlé. STARRING (99) est encore plus nettement bicolore : pétales blanc laiteux, sépales grenat aubergine et barbes brique ; il est très apprécié et a obtenu la Franklin Cup en 2002.. Lowell Baumunk a suivi le même chemin et son MIDNIGHT MOONLIGHT (99) présente des pétales à peine bleutés et des sépales d’un bleu marine profond. En Europe c’est le Slovaque Anton Mego qui a pris le relais : son SLOVAK PRINCE (2003) est un superbe blanc/ bleu nuit.

Pour les mélanges de couleurs, on en restera là, mais le sujet n’est pas épuisé pour autant ! Dans une prochaine chronique, on abordera un autre domaine, celui des fleurs poudrées, piquetées, liserées ou autrement colorées.

7.11.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

PACIFIQUE

Toutes les variétés ci-dessous font-elles allusions aux îles du Pacifique ? Sinon, laquelle n’est pas à sa place ?

· ANTIGUA SOLEIL (L. Anfosso 91)
· MAORI LEGEND (Stevens 57)
· MARQUESAN SKIES (Blocher 67)
· POLYNESIAN DANCER (Stevens 57)
· TAHITI SUNRISE (Ernst 65)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

CHIEF MOHAWK est une variété de couleur jaune ; les quatre autres sont de couleur brun-rouge.
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VERS DE NOUVEAUX COLORIS ?
I. Les unicolores

Les années 80 ont vu l’explosion des iris « rostrata » (ou plus communément « space-age »). Les années 90 ont été celles des « maculosa » (alias « broken color). De quoi seront faites les années 2000 ? On peut dès maintenant déceler les pistes qui seront explorées par les hybrideurs contemporains et ce sont ces pistes dont on va chercher ma trace aujourd’hui.

Chacun sait qu’il existe trois domaines sur lesquels on peut agir quand on veut créer de nouveaux iris : la couleur, ou les associations de couleurs, le modèle, ce que les Américains appellent « pattern », et l’aspect de la fleur (ondulations, dentelure, disposition des parties florales…). Dans chacun de ces domaines ont distingue actuellement des évolutions qui laissent à penser que l’avenir des iris, des grands notamment, ne sera pas monotone.

Premier domaine : la couleur. Il y a encore des couleurs qui n’ont fait l’objet que de très peu de recherches, soit qu’elles soient peu commerciales, soit qu’elles soient difficiles à obtenir. Je ne parle pas du rouge, qui ne viendra que si un transfert de pigment est réalisé par manipulation génétique. Mais l’iris n’est tout de même pas une plante qui mérite qu’on la manipule dans un simple but esthétique ; les recherches génétiques se concentrent sur des produits ayant une réelle valeur économique ou industrielle, ce qui n’est pas le cas de notre chère fleur ! A côté, il y a sans doute moyen d’apporter du nouveau par un simple travail d’hybridation. La couleur verte, tout d’abord. Elle provient d’une intrusion de la chlorophylle des feuilles dans les fleurs. Elle est très présente déjà dans des variétés comme BAYBERRY CANDLE (deForest 69) ou FLUTED LIME (Noyd 66), mais plusieurs hybrideurs plus récents s’y sont intéressés. C’est le cas de Hiram Ames, qui a produit EVERGREEN HIDEWAY (91), une variété vraiment verte, ou de Richard Ernst qui a enregistré des variétés à forte influence verte comme ENVY (90), en tilleul clair, et OLIVE BRANCH (90) en vert sombre, teinté chartreuse. A l’occasion, Joë Ghio l’a mis en avant, dans PISTACHIO (74), et dans AL FRESCO (81). De même la firme Schreiner, sans pousser les recherches en ce sens, a obtenu des iris dont le jaune et nettement teinté de vert ; c’est le cas de HELEN BOEHM (77), ou de MOONSTRUCK (79). Enfin, parmi les plus grands, Keith Keppel a commencé à s’y intéresser avec PATINA (78) et COSMIC DANCE (80) ; depuis quelques temps il semble qu’il ait eu pour cette couleur un regain d’intérêt puisqu’il a introduit récemment SUSPICION (99), une variété vraiment jaune tilleul, suivie de SECRET SERVICE (2002), un bicolore sombre aux pétales fortement imprégnés de vert, puis de TRADE SECRET (2003), un enfant de SUSPICION, à la couleur plus concentrée. Quand il s’intéresse à quelque chose, Keith Keppel va jusqu’au bout, il est donc assez prévisible qu’il ne s’arrêtera pas là et que le vert sera une des couleurs des années à venir. D’autant que d’autres hybrideurs font la même démarche que lui, comme le Tchèque Jiri Dudek qui propose dès maintenant quelques variétés franchement vertes comme ZELENY POKATEK (98) et plus encore BRUM BRUM BRUM (2000) et ses frères de semis, issus de SONG OF NORWAY.

Après le vert, une autre couleur peu utilisée est le gris. Certes le gris est moins flatteur, moins commercial que le bleu ou le rose, mais il offre un autre choix et intéresse sûrement certains collectionneurs. Il existe, malheureusement beaucoup de semis qui présentent un coloris que les Américains qualifient de « muddy », c’est à dire boueux ou grisâtre. C’est un défaut et les iris ayant cet aspect devraient être éliminés au moment de la sélection. Ils ne sont pas véritablement gris, mais leur couleur est impure parce qu’infestée de colorants anthocyaniques qui nuisent à l’éclat de la fleur. Ce n’est pas cela un iris gris, pour celui-là la couleur doit se présenter franchement, sans mélange douteux ; c’est ce qui en fait la rareté. A ma connaissance, il y a peu d’iris que l’on peut qualifier de gris. D’ailleurs à l’heure actuelle il semble que l’enregistrement d’un iris gris résulte plus de l’opportunité que d’une recherche réellement orientée. Et cette opportunité est plutôt rare. Au hasard de ses semis Joë Ghio a découvert un iris original, gris avec du jaune moutarde aux épaules, qu’il a baptisé GHOST STORY (75). Le même hasard a du permettre à Gordon Plough de sélectionner LONDON FOG (75). L’apparition de BATEAU IVRE (Anfosso 82) était plus prévisible, en raison du ton fumé de son parent mâle, GYPSY PRINCE, et c’est, me semble-t-il un gris foncé bien réussi au plan de la couleur. TRAITOR (Jameson 93) et son descendant GHOST (Dyer 99) sont aussi des iris franchement gris ; ils se distinguent, de plus, par une barbe proche du noir très originale. Ils sont peut-être à l’origine d’une famille d’iris gris comme il n’y en a pas eu auparavant. On peut dire la même chose d’une curiosité, pour l’instant, qui se nomme OZONE ALERT (Burseen 97). C’est un iris issu de semis bleu-noir, qui n’est pas franchement gris, mais qui tire vers cette couleur. Cependant, à mon avis, l’iris le plus gris qui soit, s’appelle BEGHINA. C’est l’enfant d’une amatrice italienne, Gina Sgaravitti, qui l’a obtenu dans le début des années 60 mais ne l’a jamais enregistré. Il est gris pur, doré aux épaules et légèrement bleuté sous les barbes qui sont jaunes. L’aspect de la fleur est évidemment daté, mais certains des semis que j’ai obtenus à partir de cette variété sont également gris et laissent présager une descendance réussie dans cette couleur. Avec TRAITOR, GHOST et OZONE ALERT, il permet de penser que le gris sera l’un des domaines de recherche des années 2000.

Pour en terminer avec les unicolores, j’ai remarqué qu’une nette tendance se dessinait pour développer les iris mordorés, des teintes que l’on attribue d’ordinaire aux chrysanthèmes. Je veux parler de ceux qui se situent au-delà de l’orange bien connu, et plutôt près du brun. Ce n’est pas une couleur nouvelle, mais plusieurs hybrideurs s’y intéressent actuellement. A commencer par Paul Black, dont DUDE RANCH (2000) a été couronné à Florence en 2002 qui est couleur caramel. GAME PLAN (2002) est la contribution récente de Keppel à ce coloris. GOLDEN PANTHER (Tasco 2000), NUT AND HONEY (Aitken 2001), OLD SANTA FE (Magee 2003), PENNY LANE (Lauer 99) font partie de cette tendance, et la firme Schreiner ne sera pas en reste, car elle a en attente un semis JJ 1747 A, qui va dans ce sens.

En dehors des iris unicolores (ou « self »), un autre domaine est celui des variétés bicolores. Il en sera question dans la prochaine chronique.