30.1.03

INTERMÉDIAIRES, MAIS FERTILES.

On a longtemps affirmé que les iris intermédiaires étaient stériles du fait de leur nombre impair de chromosomes. Dans un article sous-titré « Un mythe anéanti », publié en 1998 (1) dans la revue « The Medianite » dédiée, comme l’indique son nom, aux iris moyens, l’obtenteur américain Marky Smith fait une synthèse de ses travaux sur les iris intermédiaires. Pour démontrer qu’ils n’étaient pas tous aussi stériles qu’on voulait bien le dire, il a effectué de nombreux croisements entre des intermédiaires utilisés comme parent femelle et, soit des nains standards, soit des grands iris. Au début de 98 il a choisi trente-trois IB (intermédiaires) qu’il a d’abord fécondé avec du pollen prélevé sur des SDB (iris nains), alors en fin de floraison, puis, un peu plus tard, avec du pollen de TB (grands iris). Cette expérience a été tentée avec des variétés dont il pouvait espérer obtenir des semis intéressants et dont la fertilité pollinique était reconnue.

Certains des iris fécondés n’ont rien donné, mais les plus nombreux ont produit, au moins dans l’un ou l’autre des croisements, quelques voire de nombreuses graines. Certaines variétés comme BOLD STROKE (E. Jones 93), un bleu drapeau à barbes sombres issu de CODICIL, DARK WATERS (Aitken 92), un self violet foncé, fils de GYRO, PROTOCOL (Keppel 94), un amoena jaune dont le père est AMBER SNOW, ou SMITTEN KITTEN (Aitken 91), amoena rose issu de MARMALADE SKIES, se sont montrés particulièrement performants tant avec les SDB qu’avec les TB. D’autres comme IMPERATIVE (P. Black 97), un néglecta pourpre sombre, PRISM ( M. Smith 95), qui tient de sa « mère » CHUBBY CHEEKS une tonalité violet grisé et des veines bleutées sous les barbes, STARWOMAN (M. Smith 97), un autre plicata grisé provenant également de CHUBBY CHEEKS, et cousin du précédent, ou THIS AND THAT (P. Black 98), très original rose pourpré et argenté, autre descendant du petit CHUBBY CHEEKS, n’ont bien réussi qu’avec les TB. D’une manière générale cette expérience a été un véritable succès.

L’intérêt d’une telle démonstration se situe notamment dans la perspective d’obtenir, par cette voie, des iris de bordure (BB) qui soient plus élégants et mieux proportionnés que ceux enregistrés jusqu’ici, lesquels ne sont que des grands iris déclassés pour cause de tiges trop courtes, et, de ce fait, généralement dotés de fleurs trop grosses pour la taille des plantes. Le mélange IB/TB aboutit à des iris moyens en taille, mais avec des fleurs petites et fines. Un autre intérêt est qu’on peut envisager que des traits caractéristiques des iris nains (SDB) comme la macule brune héritée des I. pumila apparaissent sur des grands iris (TB) ou tout au moins sur les BB de nouvelle génération. De même les couleurs si diverses et riches des SDB pourraient être transmises à des plantes de haute taille, renouvelant le choix de coloris de ces variétés.

En dépit d’un taux de germination des graines provenant des ces croisements assez faible, un champ de recherches original s’ouvre ainsi pour les hybrideurs à l’affût de renouveau. Pouvait-on craindre que l’hybridation finisse par ne plus produire que sans fin les mêmes iris ? Par ce chemin, cette hypothèse est sans doute à négliger.

(1) article repris dans le bulletin n° 313 (avril 99) de l’AIS.

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