22.11.02

DENVER MINT

Il existe des variétés qui, a priori, ne présentent pas un intérêt évident. Disons qu’elles ont l’air banal. DENVER MINT (Knopf 62) fait partie de celles-ci. D’ailleurs elle n’a pas fait un parcours sensationnel dans la course aux récompenses, et n’a pas dépassé le stade de l’Award of Merit, qu’elle a obtenu en 1967. Dans la Bible des iridophiles, « The World of Irises », on n’en parle même pas ! C’était tout de même un bon iris. Surtout, les hybrideurs ont eu vite fait de remarquer la qualité de ses descendants et ils ont été nombreux à l’utiliser en ce sens. De sorte qu’aujourd’hui, DENVER MINT figure au nombre des variétés que l’on trouve dans l’arbre généalogique d’un très grand nombre d’iris modernes.

DENVER MINT est originaire de Californie, de Potter Valley exactement, là où demeurait son obtenteur, Maynard Knopf. Il est décrit très simplement, comme on le faisait à l’époque, « Dresden yellow self », c’est à dire jaune pâle. Aucune indication sur la couleur des barbes. Pas de photo non plus sur le site de la HIPS (Historic Irises Protection Society). Pas facile de se faire une idée sur l’aspect de cet iris ! Mais en fin de compte, ce n’est pas cela qui est le plus intéressant. On peut dire deux mots de ses origines, et surtout s’attarder sur sa descendance.

Il est le fils d’un frère de semis de MISSION TRAILS ( dont je n’ai pas de traces) et de GLITTERING AMBER (Hamblen 57), qui est un iris abricot à barbes oranges et qui est issu de PALOMINO (Hall 51), fameux iris bitone rose clair liseré de rose cuivré, et d’un frère de semis de JUNE MEREDITH (Muhlestein 54), l’un des premiers rose flamant à barbes mandarine. On est donc parti de roses, pour aboutir au jaune, ce qui n’est pas un parcours spécialement original. DENVER MINT a d’autres qualités : ses descendants ont tous été des iris du premier rang. Commençons par BRIDE’S HALO (H. Mohr 73 – DM 78), que tous les amateurs connaissent pour sa blancheur et son liseré doré. Continuons par GOLD TRIMMINGS (Schreiner 75), original jaune lavé de blanc, LAUNCHING PAD (Knopf 67) de la longue lignée des iris à pétales jaunes et sépales blancs bordée de jaune, WEST COAST (Knopf 68), superbe bitone or bien connu, et, surtout, PONDEROSA (Ghio 70), bicolore, rose-mauve et brun, que son obtenteur a utilisé par la suite pour l’essentiel de sa production.

A la seconde génération, les descendants de DENVER MINT sont tout aussi intéressants. Témoins : BRIDAL CROWN (Schreiner 81), blanc marqué de jaune aux épaules, tout comme GOLD BURST (Palmer 80), MANDOLIN (Ghio 77) célèbre orange clair, qui descend aussi de PONDEROSA, PISTACHIO (Ghio 74), un iris tendant vraiment vers le vert, ORANGE GLAZE (Gibson 77) couleur souci, proche cousin de BRIDE’S HALO, PUNKIN (Keppel 81), véritable orange, STARRING ROLE (Palmer 73) ou CATALYST (Keppel 80), vraiment jaunes… On ne compte pas les enfants et petits enfants de PONDEROSA. Je n’en énumérai que quelques-uns, tous fort connus, tous sortis du jardin de Joe Ghio à San José : BICENTENNIAL (76), BUBBLING ALONG (93), CHUCKLES (87), COFFEE HOUSE (77), DESIGNER GOWN (85), ENTOURAGE (77), FLARE UP (78), HOT STREAK (88), INDISCREET (88), PARIS ORIGINAL (81), SAN JOSE (78), VENEER (81)… On en voit de toutes les couleurs ! et c’est sans compter la longue série des jaunes et orangés, a partir de WELL ENDOWED (79), suivi de FINANCIER (80), TROPICA (82), MALAGUENA (85), MONTEVIDEO (87), ESMERALDA (88), GUADALARAJA (89)… Véritablement, PONDEROSA est la base de la cuisine compliquée et raffinée inventée par Joe Ghio.

BRIDE’S HALO n’est pas resté sans descendance, pour n’en citer que trois, parlons du délicat plicata bleu ciel CLOUD BALLET ( L. Fort 90), du bitone orange ORANGE FLOAT (K. Mohr 85), et de celui qui ressemble le plus à son géniteur, AMAZON BRIDE (Hager 88).

GOLD TRIMMINGS a été encore plus prolifique. Les Schreiner l’ont utilisé à tour de pincettes : AVALON SUNSET (94), CHAMPAGNE WALTZ (94), FALL FIESTA (92), HARVEST KING (90), OLYMPIC CHALLENGE (90)… Uni au rose SUR DEUX NOTES, le Docteur Ségui en a obtenu son superbe VIA DOMITIA (93).

WEST COAST a surtout donné des jaunes, comme MONEY (Bernice Roe 77), RADIANT SUMMER (Schreiner 78), GOLD GALORE (Schreiner 78), DAZZLING GOLD (Anderson 81).

Il serait lassant de passer aux générations suivantes. Mais sachons que nos obtenteurs français ne sont pas en reste. TERRE DE FEU (Cayeux 97), REFLETS SAFRAN (Cayeux 98), JUBILEE RAINIER III (98) sont des lointains descendants de DENVER MINT, tout comme VOLEUR DE FEU (Anfosso 88), BASTILLE (Anfosso 89), LASER (Anfosso 90), ou SAMSARA (Ransom 96). On s’apercevrait, en fin de compte, que c’est une bonne partie des iris que nous cultivons aujourd’hui qui descendent plus ou moins directement de DENVER MINT ou de PONDEROSA. Ce qui démontre bien qu’il n’y a qu’une poignée d’iris qui ont engendré tous ceux que nous connaissons.

16.11.02

LES SITES FRANÇAIS CONSACRÉS AUX IRIS


Il a fallu un certain temps pour que les producteurs français s'intéressent à Internet. Mais aujourd'hui ils s'y sont mis et même on peut dire qu'ils ont largement rattrapé leur retard. Peut-être même ont-ils en ce domaine égalé leurs homologues américains. En effet il n'y a plus qu'un seul producteur français à ne pas posséder son site, et encore murmure-t-on qu'il est sur le point de s'y mettre. Un coup d'œil sur ce travail n'est pas désagréable à donner.

Pour ne froisser personne prenons-les dans l'ordre alphabétique.

- Anfosso (Iris en Provence), n'est pas le plus ancien, mais d'emblée il a présenté un site complet et parfaitement illustré. ( www.iris-en-provence.com);

- Bourdillon n'est pas en reste, plusieurs fois remanié, son site est maintenant complet, c'est à dire qu'il renseigne le visiteur sur tout ce que l'on peut rechercher, renseignements généraux, photographies, commerce en ligne. (www.bourdillon.com);

- Cayeux s'est mis le premier sur les rangs. Le site, tel qu’il se présente aujourd’hui, est un peu décevant, en particulier au plan des illustrations (images trop petites). (www.cayeux.fr);

- Lanthelme, ce producteur atypique, a fait un gros effort.. Son site est simple, mais complet et intéressant car il propose des variétés anciennes, introuvables ailleurs. (www.irislanthelme.com);

- Ransom (Iris au Trescols) a hésité avant de se lancer, mais le site qu'il a concocté est très joli, encore à améliorer et à compléter, mais tout à fait prometteur. (www.iris-au-trecols.com);

- L'absent est dont Ségui (Iris de Thau). Cette entreprise familiale, qui possède la plus belle collection d'iris classiques, possède déjà une adresse internet. Cela laisse à penser qu'à brève échéance nous aurons un nouveau site ;

- La SFIB (Société Française des Iris et plantes Bulbeuses) vient d'ouvrir son site institutionnel. Il faudra lui donner du corps, mais le début est encourageant. (www.sfib.org);

- Et puisque vous lisez ce texte, vous savez qu'il existe un weblog dédié exclusivement à l'iridophilie, je crois même qu'il est le seul au monde à aborder ce sujet sous cet angle.


Le tour est fait. On ne peut qu'être satisfait. Dans aucun autre pays européen on ne rencontre un tel choix. Les sites britanniques sont rares et succincts ; en Allemagne je n'en ai trouvé qu'un, celui de la maison Zeppelin, et il nous laisse sur notre faim car il ne comporte ni vente en ligne ni photographies, cependant la GDS (l'équivalent de la SNHF), et sa section Iris, proposent un site institutionnel très bien fait ; en Italie, la situation est meilleure, mais pour deux producteurs, il n'y en a qu'un qui ait fait l'effort de créer un site complet, même s'il est à améliorer, l'autre n'est qu'une adresse où commander un catalogue papier. En Europe de l'Est, il faut aller en République Tchèque pour trouver le site de Sdenek Seidl, un peu artisanal, mais très présentable, et celui de l'EIS (East European Iris Society), de la même eau.
UN JOLI LIVRE

De l’un de ses derniers voyages à Londres, mon fils aîné m’a rapporté un bien joli livre. Il se nomme « Iris, the classic bearded varieties », et a pour auteur Claire Austin, qui n’est autre que la fille du grand rosiériste David Austin.

Après un premier chapitre qui présente les iris en général et explique les choix de l’auteur, celle-ci, en deux longs autres chapitres, décrit un certain nombre de variétés, grands et petits iris, qu’elle a sélectionné en raison de leur esthétique. C’est aussi l’occasion d’en présenter des photos, remarquables, de l’artiste Clay Perry. Les textes sont agréables à lire, les photos, superbes. Il s’agit en général de gros plans, en léger contre-jour, assez proche du travail réalisé par un autre photographe, Josh Westrich, pour le chef d’œuvre qu’est « L’Iris », avec les passionnants commentaires de Ben Hager. Les variétés décrites sont aussi bien des iris modernes archi-célèbres, que des variétés anglaises moins connues de nous, ou des iris anciens comme en raffolent nos voisins. C’est en cela que ce livre est original.

Le dernier chapitre traite de la place des iris barbus au jardin. C’est très britannique, très intéressant. Cette fois le travail se rapproche de livre de Suzanne Weber « Iris ».

En me faisant ce cadeau, André-François Ruaud, beaucoup plus versé dans la SF et la Fantasy que dans la botanique, a fait un choix judicieux et agréable. Comme il n’est pas nécessaire, pour lire ce livre, d’être un habile pratiquant de la langue anglaise, je puis le recommander à tous les amateurs d’iris, même francophones.

Iris, the classic bearded varieties, par Claire Austin, photographies de Clay Perry, Quadrille Publishing Ltd, Alhambra House, 27-31 Charing Cross Road, LONDON WC2H 0LS – publié en 2001.

8.11.02

TERRE DE FEU


La famille Cayeux est éclectique dans ses recherches et nous a donné des iris dans presque toutes les couleurs possibles. On connaît particulièrement ses bleus ( FALBALA, HORIZON BLEU, MER DU SUD, PRINCESSE CAROLINE DE MONACO…), ses récents tricolores (BAL MASQUÉ, MARBRE BLEU, PARISIEN, VIVE LA FRANCE…) et ses roses (BUISSON DE ROSES, LA VIE EN ROSE, PREMIER BAL, STARLETTE ROSE, SUCCÈS FOU…), mais il ne faut pas oublier ses efforts dans les teintes vives, et, notamment, ce TERRE DE FEU, apparu en 1997. TERRE DE FEU est un iris flamboyant, décrit officiellement comme : « Pétales rouge cuivre brillant, sépales cuivre rouge, grand cœur violet métallique, barbes bronze. » Il faut y ajouter des reflets dorés qui accroissent l’intensité du coloris. C’est une fleur par ailleurs traditionnelle, ample, légèrement ondulée, avec des sépales très larges aux épaules et des pétales bien coiffés qui dénotent l’origine purement Schreiner de la plante. En effet les parents de TERRE DE FEU sont deux célèbres iris Schreiner : SUPREME SULTAN (88) et GOLD GALORE (78). Le premier est un variegata aux grosses fleurs ocre et acajou, le second un jaune d’or intense.

Ce qui peut se révéler amusant est de savoir pourquoi (ou comment) on est parvenu à ce rouge cuivre lumineux à partir de variétés qui, apparemment, ne mènent pas directement à cette couleur. On restera quand même un peu sur notre faim car, à plusieurs endroits, la biographie de TERRE DE FEU comporte des parents inconnus ou des semis mal identifiés. SUPREME SULTAN est un dérivé d’un autre variegata très coloré qui se nomme PEKING SUMMER, lequel à une identité « maternelle » bien arrêtée, mais est aussi un enfant de père inconnu. Il arrive assez souvent que les iris Schreiner comportent cette ambiguïté. C’est paradoxalement un souci d’authenticité qui aboutit à cette situation, la maison Schreiner ne souhaite pas qu’une origine hasardeuse ou incertaine puisse passer pour formellement affirmée. Du côté maternel, donc, PEKING SUMMER descend d’iris roses ou mauves, et en particulier du fameux AMETHYST FLAME (Schreiner 58 – DM 63). C’est peut-être de ce côté là qu’il faut chercher la marque violacée des sépales de TERRE DE FEU. Pour ce qui est de la teinte cuivrée, peut-être doit- on se tourner vers GRACIE PFOST (R.Smith 61) et WILD GINGER (Gibson 62) qui figurent dans le pedigree de GALLANT MOMENT (Schreiner 80), le géniteur femelle, brun-rouge, de SUPREME SULTAN. Pour la chaleur du coloris, il y a sans doute à glaner du côté paternel de TERRE DE FEU. GOLD GALORE est issu de deux grands jaunes d’or, qui sont WEST COAST (Knopf 68) et WARM GOLD (Schreiner 72). WEST COAST provient de DENVER MINT(Knopf 62), un jaune très utilisé en hybridation et de CELESTIAL GLORY (Reckamp 61), un iris chamois, chez qui l’on retrouve le rose MARY RANDALL (Fay 50 – DM 54) et le jaune pâle TECHNY CHIMES (Reckamp 55), lui aussi maintes fois utilisé et, anecdotiquement, le premier jaune clair à barbes mandarine. Quant à WARM GOLD, également jaune et brillant, la seule chose dont on soit sûr est que son « père » s’appelle KINGDOM (Fay 63) et qu’il s’agit d’un iris jaune clair, avec une plage blanche sous les barbes, assez voisin de son propre père le TECHNY CHIMES déjà découvert parmi les ancêtres de WEST COAST. Du côté féminin, la seule indication du pedigree fournie par la maison Schreiner est un numéro de semis…

La parenté de TERRE DE FEU laissait espérer un jaune ou ocre vif et riche en pigments, ou un robuste variegata. La nature a décidé autrement et fait apparaître cette variété somptueuse, l’une des plus colorée de la production de la famille Cayeux. Le travail d’hybridation apporte bien des surprises. C’est tant mieux quand ces dernières sont aussi intéressantes que dans le cas qui nous occupe aujourd’hui. Mais chacun sait que pour un iris réussi il y a une quantité de rebuts. L’art de l’hybrideur, c’est aussi de savoir sélectionner ce que la nature a produit de plus joli.

2.11.02

C’EST LE CHIENDENT

Si l’on se fie aux propos échangés par les amateurs d’iris américains dans les « chatches » qu’ils tiennent sur le net, la culture de l’iris aux Etats Unis n’est pas une sinécure ! Il n’est question que de pourriture (rot), ravageurs (borers), dessèchement (scortch) et autres maladies plus ou moins incurables. On parle peu, cependant, des mauvaises herbes, si ce n’est pour gloser sur le plus efficace des désherbants.

Il ne me semble pas que les problèmes soient les mêmes chez nous. En tout cas pas dans mon jardin. Ce n’est pas que mes chers iris n’y soient pas en danger, mais les adversaires ne sont pas de même nature. Cette année, par exemple, je n’ai eu aucun cas de pourriture du rhizome, et aucune attaque de criocère. En revanche je dois lutter contre des envahisseurs que je trouve, malgré tout, plus sympathiques. Que ce soit le chiendent, un ennemi intraitable (au propre comme au figuré), ou d’autres plantes aux noms qui annoncent bien leur ruralité : je veux parler de la pimprenelle, de la marjolaine, de la verveine, du bec-de-grue ou de la carotte. Au gré des conditions micropédologiques, je rencontre telle ou telle espèce sur quelques mètres carrés, telle ou telle autre un peu plus loin. C’est le charme du désherbage manuel. Au ras du sol, j’arrache ces petites touffes odorantes, avec un réel regret, parfois, car je pense que chaque espèce devant avoir sa chance de vivre, j’ai peut-être tort de privilégier celle-ci plutôt que cette autre. Et quand j’enlève des petits pieds de fraisiers des bois, je me dis que je me prive du plaisir de savourer les fruits si parfumés qu’ils auraient pu m’apporter, mais j’ai choisi les iris, alors… Les longues racines blanches de la carotte sont quelquefois un peu dures à extirper, celles de la pimprenelle s’enfoncent aussi profondément dans la terre. Les retirer dérange les vers qui croient trouver leur salut hors du sol et apparaissent précipitamment de dessous les rhizomes. Ils disparaissent aussi rapidement dès qu’ils pensent être en sécurité. C’est fou ce que ses êtres frustres et apparemment faibles, lents et sans défenses, peuvent faire preuve de vélocité quand il s’agit de sauver leur peau ! Et mon ami le rouge-gorge ? Il se tient à deux mètres de moi, prêt à se précipiter sur les petits arthropodes que mon travail a dérangés.

Désherber à la main est sans doute fastidieux et pénible, mais lorsqu’il fait beau, que la terre n’est pas trop desséchée, on peut y trouver un certain plaisir, comme chaque fois que l’on se sent proche de la nature.

On est loin des attaques insidieuses de bactéries ou de champignons. Les Américains ont à lutter contre des ennemis autrement plus déplaisants, et ils ne voient pas les choses de la même façon. Ils ne parlent que produits chimiques ou désherbants sélectifs. Il ne semble pas que leur combat soit forcément victorieux. A les lire, on penserait plutôt que la culture des iris est là-bas une vraie galère !
TROIS FRANÇAIS

Parmi les descendants de BROADWAY, dont il a été question ici récemment, il y en a deux, français, récents, …et cousins germains. Il s’agit de RUÉE VERS L’OR (Ségui 92) et LOUIS D’OR (R. Cayeux 95). Le premier est de BROADWAY x CATALAN, le second est de DAZZLING GOLD x BROADWAY. Il n’y a pas à chercher bien loin pour trouver la raison de leur ressemblance. Ces deux iris jaunes griffés de brun sous les barbes, ont une sorte de sosie, français également, un peu plus âgé qu’eux : BASTILLE (P.Anfosso 89). Si l’on place ces trois cultivars côte à côte, on leur trouve un air de famille évident. Pour les deux plus jeunes, pas de problème, ils sont effectivement proches parents, mais le troisième ? Le pedigree de BASTILLE est bien différent : (CARMEN X x MARMALADE) x PUNKIN. Pas trace de BROADWAY, là-dedans, il faut chercher ailleurs

Du côté de CARMEN X (Anfosso 85), alors ? Par là on trouve FLAMING LIGHT (O.Brown 73), un orange qui a eu son heure de célébrité, et HAYRIDE (B. Jones 71), un autre orange, en deux tons inversés. A la génération précédente il y a RADIANT LIGHT (Fay 63), un des premiers oranges réussis, FLAMING STAR (Plough 67), orange marqué de rose, BRIGHT BUTTERFLY (Jones 63), auquel HAYRIDE ressemble beaucoup, et SPANISH GIFT (Shoop 65), encore un orange. Remontons encore d’un cran. Là apparaissent les noms de CHINESE CORAL (Fay 62), ORANGE PARADE (Hamblen 61) et MARILYN C. En remontant la lignée de MARMALADE, on découvre une nouvelle fois RADIANT LIGHT, puis TECHNY CHIMES, le tout premier jaune clair à barbes oranges, et WEST COAST (Knopf 68), toujours de l’orange, issu de CELESTIAL GLORY et DENVER MINT. L’autre branche des ascendants de CARMEN X s’établit à partir de PUNKIN (Hager 81), un orange très saturé, dont on s’aperçoit très vite qu’il est proche parent de MARMALADE, en particulier du côté paternel, avec TECHNY CHIMES et DENVER MINT dans les premières branches de l’arbre.

C’est bien tout cela, mais où est la parenté avec les deux cousins ?

RUÉE VERS L’OR est fils de CATALAN (Ségui 85), lui-même fils de LIMERICK (un rameau de la famille BROADWAY) et de ORANGE CHIFFON (E. Smith 69), dont la « mère » est MARILYN C. , et le « père » CELESTIAL GLORY !

LOUIS D’OR provient de DAZZLING GOLD (Anderson 81), qui a pour parents RADIANT APOGEE et WEST COAST, dont on vient de constater qu’il est le fils de CELESTIAL GLORY !

Ainsi donc nos trois Français, qui se ressemblent tellement ont bel et bien des liens de parenté ; par MARILYN C. tout d’abord et par ce fameux CELESTIAL GLORY (Reckamp 61). Cette variété fait partie de la première génération d’iris oranges, on peut même dire qu’elle en est la pierre angulaire, et elle est un enfant de TECHNY CHIMES (autre produit de Ch. Reckamp) que l’on a rencontré dans les pedigrees de MARMALADE et de PUNKIN. Cependant cette parenté, somme toute lointaine n’explique pas la présence de ces fines rayures brunes qui sont le trait commun de nos trois iris. Pour déterminer d’où vient cette caractéristique il doit falloir entreprendre des recherches sur l’hérédité qui sont hors de ma compétence et de mon propos. Il n’empêche qu’une nouvelle fois on se rend compte de ce que les souches communes ne sont jamais très loin dans les arbres généalogiques des iris modernes.