16.5.02

PASSER À L’ORANGE

L’orange est une couleur qui a eu du mal à s’imposer dans le monde des iris. Son apparition, qui coïncide avec celle du rose, a d’abord consisté en une teinte abricot qui était considérée en général, dans les années 50, comme une imperfection dans la recherche du rose pur. Cette présence de jaune gênait les hybrideurs qui se sont alors évertués à la faire disparaître. Seul un très petit nombre d’entre eux a misé sur cette couleur intermédiaire. La première variété abricot à présenter des qualités réelles a été APRICOT GLORY (Muhlestein 54), un iris abricot, à barbes du même ton, avec uns substance épaisse. Cette variété a été largement exploitée par ceux qui trouvaient quelque intérêt à la couleur abricot. Notamment par Melba Hamblen qui a enregistré en 56 VALIMAR, un iris très réussi. Mais par la suite, on s’est plutôt efforcé d’accroître la saturation de l’orange, et les recherches vers l’abricot ont été plus ou moins délaissées. Il faut rendre cette justice à Jean Cayeux, qu’il s’est attaché à poursuivre son travail dans cette direction, ce qui l’a amené à introduire deux frères de semis, PIROSKA (78) et ROGER RENARD (78), deux variétés remarquables et toujours appréciées.

La véritable histoire des oranges commence avec CELESTIAL GLORY (Reckamp 61) et ORANGE PARADE (Hamblen 61). En 63, un enfant de CELESTIAL GLORY, MISSION SUNSET (Reckamp) apporte une première amélioration. C’est un orange doré, à reflets fumés sur les sépales, et des barbes rouges. A partir de ce moment l’orange se développe rapidement. Il atteint un haut degré de perfection avec SON OF STAR (Plough 69), dont la pureté du ton est remarquable, même si la plante elle-même est un peu fluette. Désormais l’orange fait réellement partie de la palette des obtenteurs et une foultitude d’iris de cette couleur va voir le jour, le défi étant d’obtenir des plantes moins fragiles et plus résistantes aux variations climatiques, ce qui reste, malgré tout, le handicap des oranges.

Parmi les plus beaux oranges que l’on peut qualifier d’anciens, citons SPANISH GIFT (Shoop 64), orange uni à barbes minium, TANGERINE SUNSET (Marsh 72), puis SUPERSIMMON (Parker 77) et FRESNO CALYPSO (Weiler 78). Au cours des années 80 on a pu admirer l’original CARMEN X (Anfosso 85), FRINGE BENEFITS (Hager 88) qui est un des plus beaux, HINDENBURG (Maryott 83), LEIBNIZ (Moos 89), un descendants de FRESNO CALYPSO, Florin d’Argent à Florence en 91, MONTEVIDEO (Ghio 87), ORANGE CELEBRITY (Niswonger 84), SKYFIRE (Schreiner 80), et les Français VOLEUR DE FEU ( Anfosso 88) et MANDARIN (Cayeux 89). Les années 90 ont été aussi riches. Par exemple FEU DU CIEL (Cayeux 93), AVALON SUNSET (Schreiner 94), VIVA MEXICO (Maryott 96).

De nos jours l’orange est présent en masse dans les catalogues. On le trouve, bien entendu, dans des variétés unicolores comme celles qui viennent d’être citées, mais aussi dans toutes les autres catégories ; Chez les « selfs » il est associé à des barbes le plus souvent rouges ou minium, mais il y a des variétés à barbes oranges comme ORANGE SLICES (Niswonger 87). Parfois, comme chez certains brun-rouge, un petit spot mauve vient se glisser sous les barbes, pour donner plus de relief à la fleur, c’est le cas de QUITO (Ghio 93). Très souvent il ne s’agit que d’une trace plus claire, tendant vers le blanc, comme chez FRESNO FROLIC (Weiler 80) ou ESMERALDA (Ghio 88).

On trouve maintenant des iris aux pétales oranges et aux sépales où la couleur ne se trouve que sous forme d’un liseré plus ou moins large, le centre étant bien blanc. S’agit-il d’une forme de plicata ? C’est l’aspect que l’on connaît bien chez les iris jaunes du type de JOYCE TERRY, ou chez les roses comme CUTTING EDGE, cependant les oranges de ce type sont encore rares. Citons les récents SIGNPOST (Ghio 91) ou AMBER AMULET (Kerr 99).

L’amoena orange est une combinaison de couleurs difficile à obtenir, mais qui comporte des variétés absolument remarquables comme AMBROSIA DELIGHT ( Niswonger 84) et son descendant PUMPKIN CHEESECAKE (Niswonger 95), mais surtout les obtentions de Barry Blyth, depuis LOVE CHANT (79), jusqu’à BEACH GIRL (83) et ses descendants actuels AMBER SNOW (87) et AZTEC BURST (93). Chaque génération nous apporte des cultivars de plus en plus contrastés, où le blanc est de plus en plus pur et l’orange de plus en plus vif.

Dans la grande famille des plicatas, l’orange a eu encore plus de mal à s’imposer. Le premier vrai plicata orange doit être CAJUN RHYTHM (Schreiner 96) ! Autant dire que la voie est à peine explorée. Mais les iris à fond orange avec dessins plicatas d’une autre couleur se sont développés, depuis le célèbre GIGOLO (Keppel 84) jusqu’au récent TANZANIAN TANGERINE (Kasperek 95), orange aux sépales piquetés de grenat..

Restent les bicolores, où l’on trouve des pétales oranges et des sépales autrement colorés. S’ils ne sont pas légion, ils brillent par leur originalité. A commencer par AFTERNOON DELIGHT (Ernst 85), qui présente des pétales oranges, un peu miel, liserés de mauve, et des sépales où les couleurs sont inversées. Citons aussi, par ordre chronologique, PURGATORY (Moores 87), pétales oranges, sépales bordeaux liseré d’orange brûlé ; ADOBE ROSE (Ernst 88), pétales orange clair, sépales orange rosé, terre cuite, d’où le nom ; KATMANDU (Ghio 91), pétales oranges, sépales chamois plus sombre au cœur ; et l’Anglais WOLF WHISTLE (Scopes 96) orange sombre et rouge fuchsia. On peut encore parler de ce qui peut être qualifié de variégata inversé, comme SPARKLING SUNRISE (Schreiner 70) ou PRIVATE TREASURE (Shoop 93), où l’orange des pétales se marie au jaune des sépales. Enfin, puisqu’on vient de citer George Shoop, rendons hommage à ses recherches de bicolores inversés, et ses réussites qui s’appellent HAWAÏAN QUEEN (86) et ISLAND DANCER (91). Le premier associe le magenta et l’orange, le second, le brun et l’orange !

Il est encore temps de passer à l’orange. Ce domaine n’a pas encore révélé tous ces mystères, et les hybrideurs à la recherche des couleurs qui flashent et des associations nouvelles ont de beaux jours devant eux.

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