31.5.02

LE COUP DE CHANCE DE MADAME REES

Comme tous les microcosmes, celui des iris est peuplé d’aventures extraordinaires qui prennent avec le temps des allures mythiques. Le coup de chance de Madame Rees fait partie de ces mythes.

Chacun a en mémoire l’histoire de Clara Rees qui a croisé PURISSIMA, un tétraploïde blanc, avec le rose (et français) THAIS, et obtenu seulement deux graines. Il n’y a qu’une de ces deux graines qui a germé, mais le produit a dépassé toutes les espérances. , Un iris blanc, tétraploïde, impeccablement coiffé, ondulé, bref une fleur parfaite. Aussitôt qu’il a vu cet iris en fleur, le producteur Carl Salbach a été à ce point subjugué qu’il a acheté la totalité du stock pour le mettre en culture et l’introduire sur le marché. On est en 1939.

Au demeurant, SNOW FLURRY n’est pas une plante très fertile, il produit peu ou pas de pollen, mais heureusement il se comporte en bonne génitrice et les enfants qu’il a eus son tous formidables. Avec lui Madame Rees avait obtenu le plus fameux iris blanc des temps modernes. Ce n’est pas pour autant que le monde des iris ait tiré son chapeau à la chanceuse Clara Rees. SNOW FLURRY n’a jamais obtenu la Médaille de Dykes. Ce n’est qu’en 1974, trente cinq ans plus tard, que le staff de l’AIS a attribué à cet iris extraordinaire le premier AISBDA (American Iris Society Board of Directors Award). Mais ce n’est là qu’une récompense de circonstance, qui ne répare pas vraiment l’injustice qui a frappé SNOW FLURRY. Heureusement l’anecdote est restée, et, finalement, c’est peut-être encore mieux pour la notoriété de la plante et de son obtentrice.

SNOW FLURRY est à l’origine d’une foule de descendants, dans un grand nombre de coloris. Parmi ceux-ci, au premier rang, on trouve cinq variétés de premier plan : NEW SNOW, TRANQUILITY, CELESTIAL SNOW, REHOBETH et SNOW GODDESS qui, tous, reproduisent les qualités de SNOW FLURRY. NEW SNOW (Fay 46), entre autres, est dans le pedigree de RIPPLING WATERS (Fay 61 – DM 66), bleu-mauve à barbes mandarine, dont j’ai déjà décrit la descendance. Mais il s’est particulièrement distingué dans les iris blancs avec notamment CLIFFS OF DOVER, lui- même père de HENRY SHAW (Benson 59) et, de ce fait à l’origine de la lignée de blancs obtenus par Benson comme ARCTIC FURY (64), NIGHT FROST (69), ou, plus près de nous, ELVIS PRESLEY (82). Parmi les bleus ses plus beaux descendants sont peut-être VAN CLIBURN (61) puis VICTOR HERBERT (77), toujours chez Benson. Joë Ghio, comme bien d’autres, a également utilisé NEW SNOW pour sa lignée de blancs initiée avec FROSTED STARLIGHT (61) et poursuivie avec FIRST COURTSHIP (62) et NINA’S DELIGHT (64). CELESTIAL SNOW a eu aussi une brillante descendance dans laquelle on découvre ERMINE ROBE (Schreiner 69), FLIGHT OF ANGELS (Terrell 68), ANGEL CHOIR (Schliffert 70), ANGEL UNAWARES (Terrell 70) d’où provient HEAVENLY ANGELS (Gatty 79). REHOBETH est celui dont la descendance est sans doute la plus remarquable, avec en premier lieu WINTER OLYMPICS (O. Brown 63 – DM 67), lui-même abondamment utilisé comme parent essentiellement pour des blancs ou des bleus – DOVER BEACH (Nearpass 72), BARBARA DAWN (Neubert 74), FLAIR (Gatty 76), EMMANUEL (Boushay 76), ANGEL SYMPHONY (Meek J. 79) – mais aussi pour des jaunes – BIG DIPPER (Brown O. 81), PRECIOUS MOMENTS (Gatty 84) – ou même un « noir » - WEDDING SUIT (Mohr H. 74) !

Le nom de SNOW FLURRY se trouve aussi dans le pedigree d’autres variétés célèbres comme ARCTIC FLAME (Fay 60), blanc à barbes mandarine ; CLOUD FIRE (O. Brown 83), FILOLI (Corlew 82), SHOWMAN (Corlew 80) tous les trois également blanc à barbes rouges ; BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53 – DM 58), bleu à barbes jaunes ; LORD BALTIMORE (Nearpass 69), néglecta bleu. Cependant c’est sans doute CHAMPAGNE MUSIC (Fay 64), amoena bleu, qui a eu lui-même la plus abondante descendance. Parmi celle-ci j’ai relevé des variétés très connues comme ALPINE SUNSHINE (Blyth 75), TRANQUIL STAR (Blyth 78) qui est à l’origine d’une grande partie des nombreuses variétés récentes sélectionnées par Barry Blyth (ALPINE JOURNEY, ELECTRIQUE, CHOCOLATE VANILLA, IMPRIMIS, INCA QUEEN…), LOUISIANA LACE (Schreiner 78), GYPSY WOMAN (Schreiner 84) et le petit français NEIGE DE MAI (Cayeux 78) lui-même parent de CREME GLACÉE (Cayeux 94).

Parmi les variétés les plus récentes il y a encore des gènes de SNOW FLURRY ou ses descendants. Citons, rien que chez Schreiner, ART FAIRE (93), BLACK TIE AFFAIR (93), GYPSY ROMANCE (94), LIGHTSHINE (2000), STASHIP ENTERPRISE (99), THUNDER SPIRIT (96)…

On ne finirait pas de parler des enfants, petits enfants et autres de SNOW FLURRY. Madame Rees, si elle était encore là pour le constater, pourrait être fière de sa réussite. On peut dire que, de tous les grands noms des iris, le sien doit être placé tout en haut de la liste.

27.5.02

LES IRIS SCHREINER RÉCENTS COMMERCIALISÉS EN FRANCE EN 2002

Sauf erreur ou omission involontaire, voici la liste des variétés Schreiner récentes (91/00) commercialisées cette année en France, par les quatre principaux producteurs.

A = Iris en Provence
B = Bourdillon
C = Cayeux
T = Iris de Thau

AVALON SUNSET BC
BLACK TIE AFFAIR BC
BOLD LOOK B
BLUE SUEDE SHOES C
CAJUN BEAUTY B
CAJUN RHYTHM BT
CANNONBALL ABC
CAPTAIN’S JOY B
CASCADE SPRING C
CELEBRATION SONG BCT
CHAMPAGNE WALTZ ABC
CHANGE OF PACE AC
DELTA BLUES C
DREAMSICLE B
DYNAMITE A
FALL FIESTA BC
FIRST INTERSTATE BC
FOOTLOOSE BC
GOODBYE GIRL B
GOODNIGHT MOON AB
GYPSY ROMANCE BC
HELLO DARKNESS ABC
INDIGO PRINCESS ABCT
IN THE MOOD BT
ISLAND SUNSET BC
JAZZED UP BC
JAZZ ME BLUE BC
MADEIRA AB
MARIAH ABT
MIDNIGHT EXPRESS B
MULBERRY PUNCH T
MYSTIC’S MUSE B
NEW CENTURION ABC
NORTHWEST PRIDE B
NORTHWEST PROGRESS B
OH JAMAICA T
OLD BLACK MAGIC A
ORANGE JUBILEE BC
OREGON SKIES ABC
OVERNIGHT SENSATion ABC
PAINT IT BLACK ABC
QUEEN OF ANGELS B
RAMBLIN’ ROSE B
RIDE THE WIND T
RIPPLING RIVER A
RIVERBOAT BLUE C
ROYAL INTRIGUE BC
SATURDAY NIGHT LIVE A
SERENE MOMENT C
SIERRA GRANDE C
SKYLARK SONG C
SKYWALKER B
SMILING ANGEL C
SPELLBREAKER BC
STAR SAILOR ABT
STARLIGHT EXPRESS BC
SWINGTOWN AB
THUNDER SPIRIT AB
UNFORGETTABLE FIRE T
VIGILANTE T
WAR CHIEF B
WILD THING B
YAQUINA BLUE BC
SCHREINER 1991/2000

Savez-vous combien de nouvelles variétés de grands iris la maison Schreiner a commercialisé entre 1991 et 2000 ? 151. Une moyenne de 15 par an.

C’est presque automatique. Entreprise parfaitement organisée, où l’on n’oublie ni l’horticulture ni le business, Schreiner « sort » chaque année quinze iris, dans seize coloris différents. Les exceptions sont rares, les surprises aussi. Schreiner, c’est le classique, c’est également la perfection : on ne donne ni dans le « space age » ni dans le « broken color », mais les iris maison sont tous des produits éprouvés, parfaits sous tous les aspects. Ce n’est pas pour rien que la Médaille de Dykes est pour ainsi dire trustée : quatre variétés Schreiner l’ont obtenue au cours de ces dix années.

Le tableau ci-dessous donne une idée de la régularité d’horloge de l’offre. Les seize coloris utilisés sont : blanc, jaune, orange, brun-rouge, rose, magenta/grenat, pourpre, mauve/violet, marine/indigo, bleu vif, bleu ciel, noir, amoena, plicata, variégata et bicolore. Seize coloris donc, mais en moyenne seulement quinze nouveautés. Il y a donc une petite marge de manœuvre ! En fait, au cours de ces dix années, Seules trois ont été quelque peu différentes de la normale : 93, avec seulement 14 nouveautés, 97, avec 16, de même que 2000. Il y a eu :
· Sept variétés blanches : SONG OF ANGELS (91), SPARKLING DEW (92), SMILING ANGEL (94), QUEEN OF ANGELS (95), CARTE BLANCHE (96), SEAKIST (97) et ARCTIC AGE (99). C’est peu et cela laisse à penser qu’il n’est pas facile de produire un bon blanc. Pour les dénominations, il est amusant de remarquer que le terme d’ « ange » est le plus souvent utilisé ;
· Douze variétés jaunes, ou jaune avec centre des sépales blanc : FIRST INTERSTATE (91), DAKOTA MOON et ELEGANT IMPRESSIONS (92), BOLD LOOK (93), STARLIGHT EXPRESS (94), GOODNIGHT MOON (95), AUTUMN ACCENT (96), CITYSCAPE (97), CHINA MOON et LUXOR GOLD (98), WEDDING DANCE (99), PICASSO MOON (2000). Pour les Anglo-saxons, l’idée de jaune est associée à celle de lune ;
· Onze variétés oranges : AFRICAN SUNSET (91), FIREBREATHER (92), ORANGE JUBILEE (93), AVALON SUNSET et CHAMPAGNE WALTZ (94), PARTY LIGHTS (95), CAJUN RHYTHM (96), GOOD VIBRATIONS (97), ORANGE BLOSSOM SPECIAL (99), MILLENIUM SUNRISE et SAVANNAH SUNSET (2000). Pour ceux là, l’association d’idées la plus courante est celle de « coucher de soleil » ;
· Onze variétés brun-rouge : CHIEF QUINABY et UNFORGETTABLE FIRE (91), CAJUN BEAUTY et WAR CHIEF (92), NEW CENTURION (93), CANNONBALL (94), RED HAWK (95), SATURDAY NIGHT LIVE (96), TERRA ROSA (98), RIP CITY (99) et SALSA RIO (2000). Qui dit « rouge », pense à « indien » ou à « feu » ;
· Treize variétés roses (un record) : MY GIRL (91), ISLAND SUNSET et JOYOUS MORN (92), INNOCENT BLUSH et MYSTIC MUSE (93), IN THE MOOD (94), DREAMSICLE et GOODBYE GIRL (95), HEAVENLY VISION (96), KENTUCKY WOMAN (97), IVORY BLUSH (98), MAGICAL ENCOUNTER (99), SENTIMENTAL ROSE (2000). Le rose est à la mode. C’est la couleur la plus présente, sous ses deux acceptions : rose « rose » et rose « pink ». Et pour les noms, on trouve une connotation féminine et onirique ;
· Huit variétés magenta ou grenat : ROSA NOVA (91), FESTIVE MOOD et RAMBLIN’ ROSE (93), SHEER ECSTASY (96), DIABOLIQUE (97), SERENE MOMENT (98), MERLOT (99), HOT SPICED WINE (2000). Schreiner vend aussi du vin, et donner à un iris un nom de cépage ou faire quelque allusion au vin permet un lien commercial entre les deux activités !
· Neuf variétés pourpres : SPELLBREAKER (91), MULBERRY PUNCH (92), MADEIRA (93), GYPSY ROMANCE (94), WILD THING (95), SWINGTOWN (96), DYNAMITE (97), LENTEN PRAYER (98) et WINNING DEBUT (2000). Ces deux dernières couleurs, plutôt proches l’une de l’autre, fournissent un fort contingent : c’est très « tendance » ;
· Seulement six variétés mauves ou violettes : FEATURE ATTRACTION (94), GOOD LOOKING (95), EMPEROR’S DELIGHT et GRAPE ICE (97), HIGH STAKES (99) et MERITAGE (2000). Cette couleur doit être moins porteuse, en tout cas c’est la moins représentée ;
· Huit variétés marine ou indigo : ROYAL INTRIGUE (91), INDIGO PRINCESS (92), CAPTAIN’S JOY (94), RIPPLING RIVER (95), THUNDER SPIRIT (96), BLUE CRUSADER (98), DEVIL’S LAKE (99) et TOCKATEE FALSS (2000) ;
· Huit variétés bleu vif : RIVERBOAT BLUE (91), YAQUINA BLUE (92), JAZZ ME BLUE (93), DELTA BLUES (94), MARIAH (95), BLUE SUEDE SHOES (96), CAPITAL CITY JAZZ (97), MONET’S BLUE (98). Dans ce cas c’est la référence à la musique noire américaine qui est présente dans les noms ;
· Sept variétés bleu clair : OREGON SKIES (91), STAR SAILOR (95), SKYWALKER (96), COLOR ME BLUE et MOUNTAIN ECHO (97), BLUE SKIRT WALTZ (99) et METOLIUS BLUES (2000). Le bleu sous tous ses aspects est la couleur favorite de la tribu Schreiner. C’est celle qui lui a valu ses plus retentissants succès ;
· Neuf variétés « noires » : MIDNIGHT DANCER (91), HELLO DARKNESS (92), BLACK TIE AFFAIR (93), PAINT IT BLACK (94), AROUND MIDNIGHT (95), OLD BLACK MAGIC (96), BLACK PASSION (98), BLACK BUTTE (99) et GHOST TRAIN (2000). C’est une couleur qui fait recette, même s’il n’y a pas de véritable progrès parmi les fleurs enregistrées ;
· Douze iris amoenas : RIDE THE WIND (91), SIERRA GRANDE (92), NORTHWEST PRIDE (93), CASCADE SPRING et JAZZED UP (94), OVERNIGHT SENSATION (95), SKYLARK SONG (96), NORTHWEST PROGRESS (97), COASTAL MIST, SUGAR MAGNOLIA et WORLD PREMIER (98), STARSHIP ENTERPRISE (99). C’est dans cette catégorie qu’on trouve, à mon avis le plus d’originalité, SUGAR MAGNOLIA et STARSHIP ENTERPRISE sont là pour le prouver ;
· Douze iris plicatas : CHANGE OF PACE (91), CLASSIC LOOK (92), ART FAIRE et FOOTLOOSE (93), CARNIVAL SONG et DEGAS DANCER (94), AMERICAN CLASSIC (96), ART DECO (97), BOLD FASHION et I’VE GOT RHYTHM (98), RARE QUALITY (99), JUMPING (2000). Pourquoi les noms choisis sont-ils aussi terre-à-terre ?
· Sept variégatas : VIGILANTE (91), CIRCUS WORLD (95), SOMBRERO WAY (96), HARVEST FAIRE (97), COUNTRY CHARM (98), GLORIOUS MORNING (99) et LIGHTSHINE (2000).Cette catégorie est, elle aussi, un peu passée de mode à l’heure actuelle ;
· Onze variétés que l’on peut qualifier d’ « autres » et qui sont essentiellement bicolores : FALL FIESTA (92), CELEBRATION SONG (93), OH JAMAICA (95), SO FINE (96), BRAZILIAN HOLIDAY et LET’S BOOGIE (97), LAST CHANCE et WILD FRONTIER (99), HIGH PROFILE, INSTANT HIT et RUSTIC ROYALTY (2000).

Dans ce choix formidable, deux variétés ont déjà obtenu la Médaille de Dykes (HELLO DARKNESS en 99 et YAQUINA BLUE en 2001) et trois ont été couronnées du Florin d’or à Florence (CELEBRATION SONG en 96, CHAMPAGNE WALTZ en 97 et DIABOLIQUE en2000) pendant que quatre autres remportaient le Florin d’Argent (CLASSIC LOOK en 95, GYPSY ROMANCE en 97, SWINGTOWN en 99 et WORLD PREMIER en 2001). Il faut aussi remarquer que soixante trois de ces nouveaux iris figurent cette année dans les catalogues français. C’est une démonstration de la domination exercée par Schreiner sur le monde des iris. Mais c’est aussi la preuve de la qualité exceptionnelle des produits de cette incontournable entreprise.
MARY RANDALL

MARY RANDALL fait partie des quelques variétés de base du potentiel génétique des iris d’aujourd’hui. Je n’ose imaginer combien de variétés sont issues directement ou par descendants interposés de cet iris obtenu par Orville Fay et enregistré en 1950. Dès cet instant, tout le monde des iris s’est rendu compte qu’un grand pas avait été franchi dans les progrès de l’hybridation. Dès 1954 MARY RANDALL a obtenu la Médaille de Dykes.

MARY RANDALL se présente comme un iris rose vif, infus de crème, avec des barbes oranges. Mais quand on dit « rose », il s’agit de ce rose que les Américains appellent « pink » et que l’on n’a pas de mot équivalent pour définir. Un rose bleuté, que l’on peut qualifier de rose orchidée. Il a fleuri pour la première fois au printemps de 1948. Son pedigree s’écrit : NEW HORIZON X (PINK CAMEO X CHERIE). A son propos son obtenteur a écrit quelques années plus tard : « J’ai su aussitôt que j’ai vu la première fleur, que cette plante était exactement celle que je voulais… combinée avec SNOW FLURRY, PINK CAMEO, FLEETA et NATIVE DANCER, elle est à l’origine de tous mes bleu-mauve à barbes rouges…elle est porteuse d’assez de gènes rouges pour produire de l’orange en la croisant avec des jaunes issus d’une lignée de roses. » Effectivement, dès la première génération on lui trouve des enfants dans ces différents coloris sans compter le blanc. On peut citer par exemple, FLEETA (Fay 56), blanc à barbes oranges, CELESTIAL GLORY (Reckamp 61), rose chamoisé à barbes oranges, APRICOT HONEY (E. Smith 60), dans les tons d’abricot, de même que POMPANO PEACH (Schreiner 63) et LOVELY LIGHT (Tompkins 64) ; dans les roses on trouve CHINESE CORAL (Fay 62) et surtout OVATION (Tompkins 69) ; dans les jaunes il y a l’étrange BAYBERRY CANDLE (DeForest 69), et dans les oranges ROMAN CANDLE (Jones 75)…

Il serait fastidieux d’énumérer la longue liste de ses descendants. Mais on peut tout de même parler des plus connus, comme RISQUE (Gatty 74) en blanc pur, CATALYST (Keppel 80) en jaune, IRENE NELSON en plicata violet… A partir de ces variétés, les petits enfants de MARY RANDALL se comptent par centaines. CELESTIAL GLORY est à l’origine de FLAMING DAY (Schreiner 78), GLAZED ORANGE (Schreiner 69), TANGERINE SKY (Schreiner 76), WEST COAST (Knopf 68). FLEETA a donné LEMON MIST (Rudolph 72), SCHIAPARELLI (Moldovan 72), ESTHER FAY (Fay 61). CHINESE CORAL a engendré plein d’iris oranges comme FLAMING DRAGON (Fay 66), SALMON DREAM (Rudolph 70), SALMON RIVER (O. Brown 71). BAYBERRY CANDLE se trouve dans le pedigree de ADOBE ROSE (Ernst 88), APPOLLODORUS (Tompkins 88), ENVY (Ernst 90), TACO BELLE (N. Sexton 78). OVATION a produit PRETTY PLEASE (Tompkins 72), RISQUE a donné PRETTY LADY (Gatty 82), CATALYST a fourni SAMSARA (Ransom 96)…

Puisqu’on aborde les iris français, ceux-ci ont fait largement appel aux descendants de MARY RANDALL. Voici quelques exemples :
- FLAMING DAY a donné SKY FIRE (Schreiner 80) qui est parent de MANDARIN (Cayeux 90) et FEU DU CIEL (Cayeux 93);
- WEST COAST a donné DAZZLING GOLD ( Anderson 81) qui est parent de LOUIS D’OR (Cayeux 95), et GOLD GALORE (Schreiner 78) qui est parent de REFLETS SAFRAN (Cayeux 98), TERRE DE FEU (Cayeux 97) ou VIN NOUVEAU (Cayeux 96) ;
- SCHIAPARELLI a donné ROSEPLIC (Cayeux 82) et EFFERVESCENCE (Cayeux 95).
- FLAMING DRAGON a donné d’une part ENCHANTED WORLD (Schreiner 79) que l’on retrouve dans BAROCCO (Anfosso 88), FRAMBOISE (Cayeux 94), HELENE C. (Cayeux 94), d’autre part ROGER RENARD (Cayeux 76).
- RADIANT LIGHT a donné d’un côté FEU DE BENGALE (Cayeux 89), d’un autre FLAMING LIGHT (O. Brown 73) dont est issu CARMEN X (Anfosso 85), et MARMALADE (Keppel 79) d’où proviennent BASTILLE (Anfosso 89), JUBILEE RAINIER III (Cayeux 98), LASER (Anfosso 90), VOLEUR DE FEU (Anfosso 88).
- PRETTY PLEASE a donné BELLE EMBELLIE (Anfosso 81), et ADOBE ROSE se retrouve dans FRIMOUSSE (Cayeux 99).
Arrêtons là ! La démonstration est faite que MARY RANDALL mérite bien sa place au firmament des variétés de base du monde des iris d’aujourd’hui, aux côtés de SNOW FLURRY, BLACK FOREST, RIPPLING WATERS et quelques autres.

24.5.02

LA LETTRE D’UN PASSIONNÉ

Chaque printemps, Lawrence Ransom adresse à ses amis et clients sa lettre annuelle, qui est aussi son catalogue. Cela fait onze ans qu’ainsi il nous écrit, racontant sobrement les heurs et malheurs de son exploitation, et présentant à la vente ses propres obtentions et quelques autres variétés, notamment des iris remontants et des iris botaniques.

Lawrence Ransom est un passionné. Rien ne l’intéresse que de créer de nouvelles variétés, d’entreprendre de nouvelles recherches avec des hybrides très particuliers. Pour « Iris & Bulbeuses » j’avais recueilli de lui une interview où il se livrait avec une sincérité touchante, décrivant son parcours atypique et expliquant pourquoi il ne recherchait ni la réussite commerciale, ni la course aux honneurs. Sa passion, hybrider les iris, suffit à nourrir son enthousiasme. Il y consacre toute sa vie, avec, comme il le dit lui-même, « beaucoup de travail, de patience… et d’optimisme ». Son bonheur, c’est de voir naître une nouvelle fleur. Il peut, pour cela passer une nuit à attendre l’éclosion d’un nouveau bouton…

La vente de ses iris n’est pas son objectif principal, mais il faut bien vivre. Alors il propose une liste qui ne s’allonge que de ses nouveautés. Pour 2002 elle comprend 22 grands iris, 7 iris intermédiaires, 20 iris nains standards, une nouveauté « ZARBI », qui est un nain miniature, ce que l’on fait de plus petit parmi les iris, puis aussi 12 espèces botaniques. On trouve en plus 10 variétés remontantes américaines. Enfin, pour les plus fidèles de ses amis et clients, il y a une feuille volante où l’on trouve 14 variétés originales, essentiellement australiennes et anglaises, à distribuer en toute petite quantité. Les arilbreds et regelia feront l’objet d’une seconde liste, à paraître en juillet. De ce côté là aussi il n’y aura que des choses intéressantes, mais leur distribution sera encore plus confidentielle et réservée aux spécialistes car ce sont des iris splendides, mais délicats à cultiver.

Je suis un fan des iris de Lawrence Ransom, je cultive plus de la moitié de ses obtentions (grands iris) et je ne m’en lasse jamais. OPERA BOUFFE, CLAUDE LOUIS GAYRARD, SAMSARA, et surtout DESIRIS font partie des variétés que j’emporterais sur mon île déserte. A mes yeux le fait que leur distribution soit assez confidentielle ne fait qu’ajouter à leur valeur, mais je conseille à tous les amateurs d’iris de se procurer ces fleurs de classe. Maintenant on peut en admirer quelques-unes sur le site Internet d’Iris au Trescols. C’est un progrès qui doit attirer de nouveaux amateurs. Consultez-le : www.iris-au-trescols.com vous ne serez pas déçus.

21.5.02

EMULATION

Les deux grands catalogues français d’iris, ceux de Cayeux et Iris en Provence, rivalisent de luxe et de modernité. Chacune de ces entreprises maintient néanmoins cette année encore sa ligne de conduite. Anfosso vise sur une rotation très rapide des variétés proposées à la vente, Cayeux enrichit son offre tout en maintenant un certain classicisme de bon ton.

Depuis fort longtemps le catalogue Cayeux offre de grandes similitudes avec celui de Schreiner’s Gardens aux Etats Unis. La comparaison est flatteuse car Schreiner est toujours la référence en matière de grands iris. Les deux catalogues, tout en couleur, présentent des photos en gros plan, soignées, et des descriptions minutieuses. Depuis quelque temps déjà Cayeux a abandonné l’ordre alphabétique de présentation pour un choix par thèmes. Cela nécessite un cahier supplémentaire qui reprend les variétés dans l’ordre de l’alphabet, pour ceux qui recherchent une variété en particulier et pour faciliter la passation des commandes. Cette année la maquette du catalogue s’est encore modernisée : il est somptueux, …et riche ! Vingt nouvelles variétés font leur apparition : treize sont américaines, une est australienne, et il y a six nouveaux iris maison. Dans l’ensemble, on reste très classique : de toute la collection seulement trois variétés sont des iris à éperons, une seule est un « broken color ». Au reste, on remarque que la description du parfum qui a été un argument choc lors de son lancement n’a pas été poursuivie pour les dernières variétés ; sans doute parce que l’on ne peut pas faire venir chaque année un « nez » pour tester les nouvelles offres… Je regrette toujours que le nom des obtenteurs et l’année d’introduction ne figurent pas dans les descriptions. Certes ce n’est pas un argument de vente, et un catalogue est là pour faire vendre, mais cela ne serait pas un bien gros investissement que de rendre cette justice à ceux qui ont créé ces variétés – d’autant que s’il s’agit d’une obtention maison, cette précision est donnée - et de renseigner du même coup les amateurs un peu plus exigeants. Schreiner le fait, alors pourquoi pas Cayeux ? En dehors de ce petit reproche, on peut dire que feuilleter le catalogue Cayeux est l’assurance d’un vrai moment de bonheur et d’admiration.

Les variétés ne font pas long feu dans le catalogue Iris en Provence. Si vous vous faites envie d’une, n’attendez pas l’année prochaine pour la commander, elle aura peut-être disparu. Cette politique a ses avantages et ses inconvénients pour l’amateur. Un avantage est qu’un grand nombre de variétés, toujours récentes et souvent originales, est ou a été proposé, un inconvénient est, comme je viens de le dire, qu’une variété désirée mais dont l’achat a du être différé peut vous passer sous le nez. Un tel « turn over » est courant dans les catalogues américains (sauf les plus grands) et répond au désir d’une partie du public américain de posséder tout de suite la dernière nouveauté, mais chez nous il s’agit de proposer des iris enregistrés il y a déjà cinq ou six ans, voire plus, et l’on ne peut plus vraiment parler de nouveauté. Sans doute est-ce de la part du producteur simplement le souci de ne pas faire la même chose que ses concurrents. Quoi qu’il en soit, cette année Iris en Provence propose vingt-deux nouveaux iris, choisis parmi les meilleurs des ceux obtenus aux USA. Dommage que, depuis quelques temps, la famille Anfosso ne commercialise plus de nouvelles hybridations maison. Les produits Anfosso faisaient partie de l’élite mondiale, et nombreux sont ceux, comme Keith Keppel, qui se désolent de ce désintérêt. Le catalogue 2002 est sobre, mais l’iconographie est riche (même si l’imprimeur a du mal avecla reproduction des bleus), avec systématiquement neuf photos pour deux pages, mais toujours une large place pour les iris remontants. La mauvaise note, s’il faut en donner une, sera pour le chapitre baptisé « Iris de Bordure » qui, sans hésiter, mélange les vrais iris de bordure et les iris intermédiaires. D’ailleurs ces derniers y sont même en majorité : dix sur quinze. En dehors de cela, le catalogue Iris en Provence, garantit de jolis instants de rêve parmi les plus belles fleurs.

19.5.02

CARNIVAL NIGHT

L’internaute amateur d’iris va peut-être se demander pourquoi évoquer une variété dont seulement quelques dizaines d’iridophiles connaissent l’existence et ont pu le voir en fleur. Tout simplement parce que je fais partie de ce petit groupe, que son obtenteur m’a envoyé cet iris il y a cinq ans, et que je lui trouve plein de qualités.

CARNIVAL NIGHT, malgré qu’il porte un nom américain, est un iris obtenu en Ouzbékistan par Adolf Volfovitch-Moler et enregistré en 1997. C’est une plante robuste, décrite comme mesurant 80 cm, mais qui, chez moi, atteint plus d’un mètre, avec des tiges de plus d’un cm de diamètre qui lui confèrent une bonne résistance aux intempéries. Les fleurs sont volumineuses (14cm de large et de haut), en accord avec l’ensemble de la plante. Leur couleur est un violet pourpré, pas trop soutenu, mais souligné par des épaules brunes et éclairci sous les barbes. Celles-ci sont bleu marine, pointées moutarde. C’est une fleur pudique, en ce sens que les pétales, très larges à leur base, forment un cône clos, dissimulant totalement les parties sexuelles. Les sépales ne s’inclinent qu’à leur extrémité, ce qui constitue des fleurs plantureuses et de longue tenue. Cependant la caractéristique la plus intéressante est que les bords des tépales sont finement frisés et ondulés, ce qui est rare chez les iris sombres. La tige porte trois branches et sept à huit boutons. Si l’on veut faire une comparaison, on peut dire que CARNIVAL NIGHT tient à la fois de MODERNAIRE (Luihn 74) et de DARKSIDE (Schreiner 86).

Du côté du pedigree, on n’ira pas très loin car les parents de cette variété sont KARMEN DANCE (Volfovitch-Moler 95) et le célèbre VICTORIA FALLS (Schreiner 77 – DM 84). De sa « mère », il tient à la fois sa couleur de base, violet pourpré, et le fait d’être à la fois ondulé et frisé ; très certainement, l’éclaircie des sépales, sous les barbes, est un héritage de son père. KARMEN DANCE fait partie des variétés obtenues par l’hybrideur ouzbek du temps où il ne disposait que d’un matériel génétique restreint. Il est le produit de RIPPLING WATERS X SABLE NIGHT. On ne peut pas dire que cela soit des géniteurs de la dernière génération, cependant il ne faut pas oublier qu’ils ont l’un et l’autre obtenu la Médaille de Dykes (SABLE NIGHT en 1955 et RIPPLING WATERS en 1966). Le résultat, en tout cas est excellent et nous vaut le plaisir d’admirer un produit exotique, mais tout à fait digne d’intérêt.

17.5.02

NEW CENTURION (bis)

L’étroitesse de la présentation des textes sur irisenligne rend incompréhensible l’arbre généalogique de NEW CENTURION. En voici une autre présentation mieux compatible avec le format :
Trois branches (a, b, c,) proviennent de TOBACCO LAND
Une branche (d) est issue de MOON TIDE et TRIM
a) TOBACCO LAND
INCA CHIEF
OLYMPIC TORCH
BRASS ACCENTS
OCTOBER ALE
DISTANT FIRE
b) TOBACCO LAND
Semis
TOMECO
VITAFIRE
RABAT RUBY
DISTANT FIRE
c) TOBACCO LAND
BRYCE CANYON
CORDOVAN
GRACIE PFOST
GALLANT MOMENT
CAYENNE PEPPER
d) MOON TIDE
TRIM
FIRE MAGIC
WAR LORD
Semis
CAYENNE PEPPER
Origine immédiate :
DISTANT FIRE +
CAYENNE PEPPER =
NEW CENTURION
D’ITALIE

Comme chaque année depuis cinq ans, j’ai reçu le petit catalogue de l’iriseraie d’Augusto Bianco, à Gabiano (département d’Alessandria, en Piémont). D’année en année, les progrès dans la qualité de l’impression, l’iconographie, sont évidents. Comme toujours ce catalogue fait la part belle aux produits maisons, les iris obtenus par A. Bianco. Rapidement celui-ci est devenu un hybrideur reconnu dans son pays et apprécié jusqu’aux USA où il a réussi à se faire connaître et à être diffusé par Perry Dyer.

Sept ou huit nouveautés apparaissent chaque année, non seulement parmi les grands iris, mais aussi dans les catégories naines et intermédiaires. Cette fois il y a cinq grands iris et deux iris nains standards, tous présentés en photos couleur.
- AALIYAH : plicata pourpre du genre de FILIBUSTER ;
- BURKA : bitone jaune clair avec zone mauve pâle sous les barbes orange doux ;
- KOI : pétales pèche veinés mauve au bord, sépales violet, devenant rose sous les barbes mandarine ;
- MASCALZONE LATINO : violet clair du genre de BLYTHE DEAN ;
- PASSAPAROLA : variegata jaune cadmium / violet liseré de brun, barbes oranges.
Les deux nains sont :
- CUORE : étrange plicata rouille sur fond crème, barbes lavande ;
- DEATH BY CHOCOLATE : original bitone chocolat, barbes brun café.

Les prix sont forcément, maintenant, indiqués en Euros, et cela permet des comparaisons qui font ressortir que les iris « made in Italy » ne sont pas cher du tout ! Les nouveautés sont à 13 euros et les variétés plus anciennes descendent vite à 1,80 ou 2 euros, ce qui est extrêmement avantageux pour nous, français. Même en ajoutant les frais de port qui, eux, sont élevés. Je ne saurais donc trop conseiller aux amateurs français de se procurer le catalogue et à y faire leur marché, au moins partiellement. Ils auront aussi la certitude d’acquérir des iris originaux, de très belle qualité. J’en porte témoignage car je cultive une douzaine de variétés signées Bianco, que je trouve très réussies, comme ALDO RATTI, AZZURRA, BONET, LUNA NUOVA, PANE E VINO, PIERO BARGELLINI, PIU’ BLU, TE’ ALLA PESCA, que l’on trouve dans le catalogue 2002, et d’autres, écartés cette année mais tout aussi intéressants (CANDELE AL VENTO, MANI PULITE, QUARTA CARAVELLA, RUBACUORI…).

Les internautes peuvent consulter le site Internet d’ A. Bianco : www.biancoiride.com et lui écrire à iride.a@libero.it.

NEW CENTURION

Quand on parle d’iris brun-rouge, puisqu’on ne peut pas parler d’iris rouge, il faut remonter à 1942 et à l’apparition de TOBACCO LAND (Kliensorge). Cette variété, dans les tons tabac brun doré, est véritablement à la base de tous les iris brun-rouge d’aujourd’hui. Par exemple de NEW CENTURION (Schreiner 93) que beaucoup considèrent comme le brun-rouge le plus rouge que l’on puisse trouver de nos jours.

TOBACCO ROAD descend lui-même d’AZTEC COPPER, un brun doré, de FAR WEST, un iris bronze, et de… JEAN CAYEUX, havane nuancé d’or. Parmi ses innombrables descendants, on trouve à la deuxième génération, TOMECO (Suiter), qui descend par ailleurs d’une lignée d’iris grenats. Ce TOMECO est le parent d’un « rouge » unanimement apprécié et encore présent dans les catalogues classiques, VITAFIRE (Schreiner 68) dont l’autre parent est GYPSY JEWELS (Schreiner 63). L’un et l’autre proviennent aussi d’un autre pilier de la filière des « rouges », TRIM (McKee 53), un brun-rouge velouté qui fit sensation dès son apparition, et qui fut à son tour largement utilisé en hybridation. Un autre enfant de TRIM s’appelle FIRE MAGIC. Uni à GYPSY JEWELS, il a donné naissance à WAR LORD (Schreiner 67). Marié à son tour avec VITAFIRE, WAR LORD a produit RABAT RUBY (Schreiner 73). OCTOBER ALE (Schreiner 68) est un descendant de BRASS ACCENTS qui est de la branche « bronze » de TOBACCO LAND. RABAT RUBY et OCTOBER ALE ont donné DISTANT FIRE (Schreiner 83) dont on reparlera un peu plus loin.

A la troisième génération de TOBACCO LAND apparaît un iris très « rouge » qui s’appelle GRACIE PFOST (Smith 61) qui est à l’origine d’une variété bien connue en Europe, GALLANT MOMENT (Schreiner 80), considéré comme l’un des meilleurs brun-rouge de sa décennie. Le croisement de cette variété avec un semis de WAR LORD (encore !) a donné CAYENNE PEPPER 5Schreiner 86) décrit comme bitone rouge, d’aspect velouté, à barbes mandarine.

CAYENNE PEPPER plus DISTANT FIRE, rouge cuivré à barbes dorées, aboutit à NEW CENTURION ! La boucle est bouclée (1). Avec du bronze, du brun, du grenat, beaucoup de persévérance et de chance, la maison Schreiner, qui a produit plein d’excellents bruns rouges, est parvenue à cette somptueuse variété, d’un rouge carminé profond, accompagné de barbes bronze discrètes.

(1) arbre généalogique simplifié :

Inca Chief Olympic Torch Brass Accents October Ale
Distant Fire
Tobacco Land semis Tomeco Vitafire Rabat Ruby
New Centurion
Bryce Canyon Cordovan Gracie Pfost Gallant Moment
Cayenne Pepper
Moon Tide Trim Fire Magic War Lord semis

16.5.02

PASSER À L’ORANGE

L’orange est une couleur qui a eu du mal à s’imposer dans le monde des iris. Son apparition, qui coïncide avec celle du rose, a d’abord consisté en une teinte abricot qui était considérée en général, dans les années 50, comme une imperfection dans la recherche du rose pur. Cette présence de jaune gênait les hybrideurs qui se sont alors évertués à la faire disparaître. Seul un très petit nombre d’entre eux a misé sur cette couleur intermédiaire. La première variété abricot à présenter des qualités réelles a été APRICOT GLORY (Muhlestein 54), un iris abricot, à barbes du même ton, avec uns substance épaisse. Cette variété a été largement exploitée par ceux qui trouvaient quelque intérêt à la couleur abricot. Notamment par Melba Hamblen qui a enregistré en 56 VALIMAR, un iris très réussi. Mais par la suite, on s’est plutôt efforcé d’accroître la saturation de l’orange, et les recherches vers l’abricot ont été plus ou moins délaissées. Il faut rendre cette justice à Jean Cayeux, qu’il s’est attaché à poursuivre son travail dans cette direction, ce qui l’a amené à introduire deux frères de semis, PIROSKA (78) et ROGER RENARD (78), deux variétés remarquables et toujours appréciées.

La véritable histoire des oranges commence avec CELESTIAL GLORY (Reckamp 61) et ORANGE PARADE (Hamblen 61). En 63, un enfant de CELESTIAL GLORY, MISSION SUNSET (Reckamp) apporte une première amélioration. C’est un orange doré, à reflets fumés sur les sépales, et des barbes rouges. A partir de ce moment l’orange se développe rapidement. Il atteint un haut degré de perfection avec SON OF STAR (Plough 69), dont la pureté du ton est remarquable, même si la plante elle-même est un peu fluette. Désormais l’orange fait réellement partie de la palette des obtenteurs et une foultitude d’iris de cette couleur va voir le jour, le défi étant d’obtenir des plantes moins fragiles et plus résistantes aux variations climatiques, ce qui reste, malgré tout, le handicap des oranges.

Parmi les plus beaux oranges que l’on peut qualifier d’anciens, citons SPANISH GIFT (Shoop 64), orange uni à barbes minium, TANGERINE SUNSET (Marsh 72), puis SUPERSIMMON (Parker 77) et FRESNO CALYPSO (Weiler 78). Au cours des années 80 on a pu admirer l’original CARMEN X (Anfosso 85), FRINGE BENEFITS (Hager 88) qui est un des plus beaux, HINDENBURG (Maryott 83), LEIBNIZ (Moos 89), un descendants de FRESNO CALYPSO, Florin d’Argent à Florence en 91, MONTEVIDEO (Ghio 87), ORANGE CELEBRITY (Niswonger 84), SKYFIRE (Schreiner 80), et les Français VOLEUR DE FEU ( Anfosso 88) et MANDARIN (Cayeux 89). Les années 90 ont été aussi riches. Par exemple FEU DU CIEL (Cayeux 93), AVALON SUNSET (Schreiner 94), VIVA MEXICO (Maryott 96).

De nos jours l’orange est présent en masse dans les catalogues. On le trouve, bien entendu, dans des variétés unicolores comme celles qui viennent d’être citées, mais aussi dans toutes les autres catégories ; Chez les « selfs » il est associé à des barbes le plus souvent rouges ou minium, mais il y a des variétés à barbes oranges comme ORANGE SLICES (Niswonger 87). Parfois, comme chez certains brun-rouge, un petit spot mauve vient se glisser sous les barbes, pour donner plus de relief à la fleur, c’est le cas de QUITO (Ghio 93). Très souvent il ne s’agit que d’une trace plus claire, tendant vers le blanc, comme chez FRESNO FROLIC (Weiler 80) ou ESMERALDA (Ghio 88).

On trouve maintenant des iris aux pétales oranges et aux sépales où la couleur ne se trouve que sous forme d’un liseré plus ou moins large, le centre étant bien blanc. S’agit-il d’une forme de plicata ? C’est l’aspect que l’on connaît bien chez les iris jaunes du type de JOYCE TERRY, ou chez les roses comme CUTTING EDGE, cependant les oranges de ce type sont encore rares. Citons les récents SIGNPOST (Ghio 91) ou AMBER AMULET (Kerr 99).

L’amoena orange est une combinaison de couleurs difficile à obtenir, mais qui comporte des variétés absolument remarquables comme AMBROSIA DELIGHT ( Niswonger 84) et son descendant PUMPKIN CHEESECAKE (Niswonger 95), mais surtout les obtentions de Barry Blyth, depuis LOVE CHANT (79), jusqu’à BEACH GIRL (83) et ses descendants actuels AMBER SNOW (87) et AZTEC BURST (93). Chaque génération nous apporte des cultivars de plus en plus contrastés, où le blanc est de plus en plus pur et l’orange de plus en plus vif.

Dans la grande famille des plicatas, l’orange a eu encore plus de mal à s’imposer. Le premier vrai plicata orange doit être CAJUN RHYTHM (Schreiner 96) ! Autant dire que la voie est à peine explorée. Mais les iris à fond orange avec dessins plicatas d’une autre couleur se sont développés, depuis le célèbre GIGOLO (Keppel 84) jusqu’au récent TANZANIAN TANGERINE (Kasperek 95), orange aux sépales piquetés de grenat..

Restent les bicolores, où l’on trouve des pétales oranges et des sépales autrement colorés. S’ils ne sont pas légion, ils brillent par leur originalité. A commencer par AFTERNOON DELIGHT (Ernst 85), qui présente des pétales oranges, un peu miel, liserés de mauve, et des sépales où les couleurs sont inversées. Citons aussi, par ordre chronologique, PURGATORY (Moores 87), pétales oranges, sépales bordeaux liseré d’orange brûlé ; ADOBE ROSE (Ernst 88), pétales orange clair, sépales orange rosé, terre cuite, d’où le nom ; KATMANDU (Ghio 91), pétales oranges, sépales chamois plus sombre au cœur ; et l’Anglais WOLF WHISTLE (Scopes 96) orange sombre et rouge fuchsia. On peut encore parler de ce qui peut être qualifié de variégata inversé, comme SPARKLING SUNRISE (Schreiner 70) ou PRIVATE TREASURE (Shoop 93), où l’orange des pétales se marie au jaune des sépales. Enfin, puisqu’on vient de citer George Shoop, rendons hommage à ses recherches de bicolores inversés, et ses réussites qui s’appellent HAWAÏAN QUEEN (86) et ISLAND DANCER (91). Le premier associe le magenta et l’orange, le second, le brun et l’orange !

Il est encore temps de passer à l’orange. Ce domaine n’a pas encore révélé tous ces mystères, et les hybrideurs à la recherche des couleurs qui flashent et des associations nouvelles ont de beaux jours devant eux.