29.1.02


BERTHALDA

« The World of Irises » est une bible à laquelle je me réfère chaque fois que j’essaie de reconstituer la biographie d’une variété. Cette semaine j’ai choisi de parler de BERTHALDA. Ce nom ne dira peut-être pas grand chose à ceux qui vont lire cette chronique, tant il est vrai que ce n’est pas une variété incontournable. Mais elle a l’avantage de permettre d’aborder l’hybridation des grands iris en Allemagne, de nos jours.

BERTHALDA a été introduit en 1984 par Erhardt WÖRFEL, un amateur d’iris, fervent jardinier, qui a été pendant de nombreuses années le président de la GDS (Gesellschaft der Staudenfreunde), l’équivalent de notre SNHF, laquelle publie chaque trimestre l’excellente revue « Der Staudengarten ». BERTHALDA est un iris blanc glacier à barbes jaunes. Il n’a rien d’exceptionnel, mais, à étudier sa généalogie, on se rend compte qu’il est d’une excellente lignée, ce qui explique que nous sommes devant une plante grande et solide, avec des fleurs bien formées et doucement ondulées, tout à fait dans le genre de ce que l’on enregistrait dans les années 80. Ses parents sont CUP RACE (Buttrick 63) et ERMINE ROBE (Schreiner 65), qui sont l’un et l’autre des blancs très réussis et appréciés à leur époque. CUP RACE descend d’une lignée de bleus et de blancs dont l’ancêtre est le fameux PURISSIMA, un iris qui doit se trouver dans les gènes de la plupart des iris d’aujourd’hui. ERMINE ROBE est un autre blanc descendant d’un croisement de bleus et de blancs. Sa « mère » est HARBOR BLUE (Schreiner 54), un iris bleu très coté et encore présent dans quelques catalogues, qui a pour parent JANE PHILIPS (Graves 50), lui-même fils de HELEN McGREGOR (Graves 43 – DM 49)… qui vient de PURISSIMA ! L’autre grand parent de JANE PHILIPS est un autre pilier de l’iridologie moderne, GREAT LAKES (Cousins 38 – DM 43). Pour compléter le pedigree de ERMINE ROBE, disons que son « père » est CELESTIAL SNOW, un grand blanc, fils lui-même de l’incomparable SNOW FLURRY. BERTHALDA n’est donc pas n’importe qui. Dans le Bottin Mondain des iris, ses ancêtres lui assurent une place honorable.

WÖRFEL n’a pas enregistré un grand nombre de variétés, mais il faut néanmoins citer ses introductions des années 82/84 :
MASSIANELLO (84) un pourpre à reflets noirs issu de NIGHT OWL et DUSKY DANCER ;
MENGONE (84) un rose, plus clair au cœur, à barbes mandarine ;
PEDRILLO (83) un jaune hâtif, fils de NEW MOON ;
DESPINA (82) un autre blanc, descendant de OUTREACH, NEW MOON et ERMINE ROBE.

Les obtenteurs allemands, jusqu’à ces dernières années, étaient peu nombreux, mais ils n’ont jamais hésité à faire enregistrer leurs variétés. Ils sont, de ce fait, mieux connus que d’autres qui travaillent peut-être tout autant mais ne font pas connaître leurs résultats.

Manfred BEER, un jardinier de Leipzig, a hybridé dans l’ombre, du temps de l’ancienne RDA, et réussi de nombreux croisements qui font de lui, aujourd’hui, le plus important hybrideur allemand. Il est apparu dans le monde occidental en faisant enregistré en 91 un grand nombre de variétés obtenues antérieurement. Citons parmi celles-ci :
ANETT, magenta à barbes mandarine (Fond Wish x Falbala)
JENNY E, amoena bleu à barbes jaunes (Lemon Brocade x Beauty Crown)
CARMEN KNEPPER, rose dragée à barbes rouges (Fond Wish x Pink Taffeta).
Parmi ses variétés plus moderne on trouve :
GITTA –92- , très joli iris champagne (Lemon Brocade x Beauty Crown)
MANDY G –92- aubergine presque noir, issu de (Swazi Princess x Superstition)
SANDRA BERNSCHEIN –95- un beau jaune (Tut’s Gold x Gold Trimmings)
TRINY –98- et JUTTA –99-, variegatas à reflets fumés (Edith Wolford x Sweet Musette)
MELANIE STEUERNAGEL –99- ivoire / bordeaux liseré brun (Edith Wolford x Condottiere), distingué (Zeppelin Pokale) au concours de Frankfurt en 99 ;
LALLENDORFER CARNEVAL –2000-, autre semis de Edith Wolford.

Un autre obtenteur talentueux s’appelle Harald MOOS. C’est un habitué des compétitions internationales ou nationales, qui accumule les récompenses :
LEINEUFER –86- bleu outremer à barbes grises, enfant de Shipshape, a obtenu la Karl Fischer Medaille à Frankfurt en 87 ;
La même distinction a été attribuée en 89 à SOMMERNACHTSTRAUM –87-, or à barbes vieil or (Wild West x Paradise), et en 96 à KRÄHENWINKEL SHOW –97-, cuivre rosé à barbes oranges, descendant de Lady Friend et de Post Time ;
A Florence, LEIBNIZ –87- a obtenu le florin d’argent en 91 ; c’est un orange issu de Fresno Calypso et de Flaming Light. GROSSER GARTEN –93- a quant à lui obtenu le florin de bronze en 94 ; c’est un violet à barbes crème (Jean Hoffmeister x God Bless).

Dietmar GÖRBITZ, lui, s’est un peu spécialisé dans les iris bleus. Le concours de Frankfurt lui a été souvent favorable :
DETMOLDER SOMMER –86- indigo barbes or, a reçu la ZP en 88 (Color Splash x Stepping Out) ;
SONNENGOLD –91-, jaune or à barbes oranges, descendant de Outreach et Gold Trimmings, a reçu la KFM en 93 ;
En 96 LIPPISCHER SCHÜTZE –97-, indigo, (fils de Five Star Admiral) et FÜRSTIN PAULINE –97-, bleu drapeau, (fils de Dusky Challenger) ont été KFM et ZP ; et LIPPISCHER SOMMER –2000-, noir presque parfait, ( autre fils de Dusky Challenger) a été apprécié l’été dernier.

Il ne faut pas oublier Eberhardt FISCHER, dont la plus belle réussite est peut-être BÖRDESSCHNEE –99- un iris blanc très pur (Azucena x Leda’s Lover).

Enfin, parmi les hybrideurs plus anciens, Lothar DENKEWITZ, récemment disparu, a obtenu ALSTERSEGEL –70- un amoena clair (Pierre Menard x Whole Cloth), et Tomas TAMBERG est l’auteur de URSULA VAHL –78- rose dragée à barbes roses. Depuis, il s’est spécialisé dans les croisements interspécifiques, Californie / Sibérie en particulier, et il brille en ce domaine.

Ainsi l’Allemagne, que l’on peut croire peu propice, par son climat, à la culture des iris, se distingue et est devenue une vrai nation iridophile.

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